27 juillet 2022

Vue aérienne de Melbourne, en Australie. ( PHOTO4 / MAXPPP)

C'est le début de l'hiver en Australie et depuis début juin, les températures sont en berne. Un phénomène exceptionnel qui n'est pas plus rassurant que les pics de chaleur en Europe.

Depuis le 1er juin, Melbourne, la grande métropole du Sud de l’Australie (cinq millions d’habitants) n’a pas vu le thermomètre dépasser les 15 degrés. Dix-sept jours consécutifs en dessous de ce seuil, ce n’était pas arrivé depuis 109 ans à cette période de l’année, la fin de l’automne, le début de l’hiver austral. Et pendant la nuit, le mercure devrait descendre dans les prochains jours autour de 5 à 6 degrés.

Cette semaine, le thermomètre est également descendu à un niveau exceptionnellement bas dans la capitale Canberra (au plus bas depuis 58 ans). Il a neigé dans les montagnes à l’intérieur des terres, les plus importantes chutes de neige depuis plus d’un demi-siècle là aussi.

Et plus au Nord sur la Sunshine Coast, dans la grande ville de Brisbane, où d’habitude tout le monde se promène en short et en tee-shirt quasiment toute l’année, la température est passée sous les 20 degrés. Pour là-bas, c’est frisquet.  

Un record depuis 108 ans

L’explication, c’est une série de fronts froids et secs apportés par des vents venus d’Antarctique. Sur les côtes Sud de l’Australie, les rafales ont dépassé les 100 km/h ces derniers jours. Et ce n’est pas fini, de nouveaux fronts froids sont annoncés la semaine prochaine, pour le début officiel de l’hiver. Les météorologues affirment avoir bien du mal à faire des pronostics au-delà d’une semaine. Vu l’intensité exceptionnelle de cette vague de froid, difficile de ne pas faire un lien avec le dérèglement climatique, dont l’une des manifestations est justement ces épisodes de météo de forte intensité. Et sachant que juste avant, ces derniers mois, l’Australie a connu à l’inverse un automne particulièrement chaud.  

Le réseau électrique sous tension

Les conséquences sont multiples. Il y a quelques conséquences positives : les stations de ski des provinces de Victoria et de Nouvelles Galles du Sud se frottent déjà les mains. Les centrales électriques éoliennes tournent à plein régime avec le vent, elles ont produit ces derniers jours plus de 15% de l’électricité dans le pays.   Mais la principale conséquence est négative : le réseau électrique est sous tension. Les Australiens ont allumé le chauffage plus tôt que prévu. Et les centrales n’étaient pas prêtes : nombre d’entre elles sont encore en maintenance en cette saison. Effet en chaine : le marché national de cotation de l’électricité a été suspendu avant-hier, c’est sans précédent. Il y avait trop de risques de spéculation.

Et surtout, dans plusieurs villes, notamment Sydney, l’opérateur électrique a appelé les habitants à limiter leur consommation, en particulier entre 17 heures (c’est l’heure de coucher du soleil en ce moment) et 21 heures. Par exemple, il est conseillé de ne faire tourner les lave-vaisselles que pendant la nuit, une fois couché. Sinon, il y a de vrais risques de black-out, de coupures électriques.  

Un vieil aveuglement politique

Le sujet est éminemment politique sur l'île continent après des décennies d’aveuglement des gouvernements australiens; cliimato-scepticisme, déni du réchauffement, investissements renouvelés dans les énergies fossiles et absence de constitution d’un vrai réseau national d’électricité. Donc chaque province du pays a bricolé dans son coin. Sauf qu’aujourd’hui, le sud aurait bien besoin de plus d’interconnexion avec le Nord du pays pour faire face à la situation. "Dans un pays riche comme le nôtre, demander aux habitants de limiter leur consommation d’électricité, c’est vraiment troublant", écrit aujourd’hui l’éditorialiste du quotidien Sydney Morning Herald. Charge au tout nouveau gouvernement travailliste, élu il y a un mois, de prendre enfin les choses au sérieux.  

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