Dans une tribune publiée dans le JDD, les présidents des trois grandes entreprises énergétiques françaises (Total, Engie, EDF) ont prévenu les Français : il y a un risque de pénuries de gaz cet hiver. Pénurie de gaz, de pétrole et in fined’électricité. Qui dit pénurie dit hausse des prix et blocage de l’économie. Si tel devait être le cas, il faudrait faire des choix et décider quelle zone géographique ou quel secteur économique est « non vital » et pourraient donc être coupés, comme aux temps des fermetures du covid.
Les tentatives pour attribuer à la guerre en Ukraine les responsabilités de cette pénurie tombent à plat. La guerre a amplifié le problème, elle ne l’a pas créé. La situation énergétique tendue dans laquelle nous sommes est le résultat de plusieurs conjonctions : la reprise de l’économie après deux ans de confinements (élément conjoncturel), mais surtout les décisions politiques désastreuses en matière de politique énergétique (éléments structurels). C’est bien toute une série de décisions hasardeuses et absurdes menées depuis une vingtaine d’années qui ont conduit à la situation tendue d’aujourd’hui.
Aveuglement idéologique
Nous payons les conséquences d’un aveuglement idéologique qui a voulu nier la réalité de la politique énergétique. La diminution des investissements dans le nucléaire et la fermeture de centrales sont en grande partie responsable de cette situation. À la place, des investissements couteux et inutiles dans des éoliennes qui non content de détruire les paysages et de poser de graves problèmes de recyclage ne produisent que très peu d’électricité. La fixation sur le « renouvelable », c’est-à-dire pour des énergies intermittentes et peu productives, a fait le reste. L’Allemagne, comme la France, est ainsi contrainte de rouvrir des centrales à charbon. Thierry Breton a même demandé à Berlin de maintenir ses centrales nucléaires « deux à trois ans ». Il ne fallait pourtant pas être grand clerc pour comprendre que leur fermeture provoquerait de graves problèmes au pays. Cette politique socialiste a conduit là où mène toujours le socialisme, à savoir une hausse des prix et une pénurie. Et comme toujours, le socialisme refuse de reconnaitre son échec.
La part de responsabilité en revient aux dirigeants politiques, aux citoyens qui les ont élus, mais aussi aux dirigeants des entreprises énergétiques. Il est particulièrement immoral que les PDG de Total, Engie et EDF demandent aux Français de gérer la pénurie, c’est-à-dire de diminuer leur consommation, alors que c’est eux qui ont échoué dans leur rôle de fournir à la France l’énergie dont celle-ci a besoin. C’est donc eux seuls qui devraient être sanctionnés. Il leur revenait notamment d’alerter l’opinion publique sur les conséquences des décisions énergétiques et des choix politiques plutôt que de les accepter et de les accompagner. Les trois ont vanté l’éolien, le solaire, la biomasse, autant de choses complètement anecdotiques. Au lieu de cela, ils auraient dû mettre les moyens de leurs entreprises pour expliquer l’absurdité des choix politiques et la nécessité d’investir encore et toujours dans le gaz, le pétrole et le nucléaire. Dans un autre registre, celui de l’automobile, Carlos Tavares est le seul, et depuis plusieurs années, à expliquer que la voiture électrique est un non-sens, que les moteurs thermiques sont une solution viable et que les directives interdisant les moteurs à essence et diesel vont provoquer la disparition de la filière automobile. Tous les autres se taisent. Cela fait furieusement penser au roman de Ayn Rand, La Grève : là aussi, les entrepreneurs voient l’absurdité des décisions politiques, mais ils n’osent pas lever la voix. Certains mêmes louent ces décisions. Sauf John Galt et Hank Rearden.
Le capitalisme de connivence est l’une des raisons qui conduisent bien souvent les dirigeants des grands groupes à ne pas s’élever contre les décisions néfastes des bureaucrates : ils ont besoin des liens dans l’administration publique pour faire avancer certains dossiers mineurs.
Demain la décroissance
Le discours de la décroissance est particulièrement diabolique dans son usage : il est une façon de recycler le communisme et de le faire gagner sur le point où il a toujours échoué, à savoir apporter l’abondance. Du début du XIXe siècle aux années 1990, le communisme a promis un monde meilleur qui serait l’abondance obtenue par la bureaucratie et l’abolition de la propriété privée. Ce système a échoué puisque partout où le communisme fut appliqué il a conduit à des famines, des épidémies, des arrestations massives. La victoire du capitalisme est empirique : lui seul apporte l’abondance, c’est-à-dire la capacité à nourrir les populations, à les soigner, à les éduquer.
Face à cet échec, les communistes ont donc renversé leur discours : ils ont critiqué la notion même de croissance et de développement. Oui, le communisme n’apporte pas la croissance aux peuples et c’est justement une bonne chose, telle est l’apologie de la décroissance. Et effectivement, cette idéologie conduit bien à la décroissance des peuples. L’attrait de la décroissance trouve une caisse de résonance importante chez ceux qui ont déjà tout et qui n’ont guère à se préoccuper de se nourrir ou de se soigner. Elle est une idéologie de riches et d’enfants gâtés. Mais comme toujours, ceux qui la vantent ne la vivent pas : la cohérence entre les idées et les actes n’est pas leur fort.
Peur du progrès technique
L’autre leçon du roman d’Ayn Rand est la peur du progrès technique et donc du progrès humain. Quand John Galt invente un meilleur moteur, moins gourmand en énergie et plus productif, il est vivement attaqué, à tel point qu’il finit par détruire son invention. Quand Rearden met au point un nouvel acier, plus léger et plus résistant, il est lui aussi la cible de ceux qui disposent de positions installées et qui se servent de leurs connexions au gouvernement pour le détruire. Cette peur du progrès technique revient aujourd’hui dans les discours de quelques ingénieurs fraichement diplômés qui transforment les remises de diplôme en tribune politique, lors desquelles ils démontrent leur ignorance complète du processus scientifique. La seule solution demeure dans l’amélioration technologique qui permet d’avoir de bien meilleurs rendements. Une berline consommait plus de 12 litres aux 100 km dans les années 1980, nous sommes désormais autour de 6 L. Les ordinateurs, bien que plus puissants, consomment eux aussi beaucoup moins d’électricité que les modèles plus anciens. C’est dans le progrès technique que réside la solution aux défis écologiques. Le rejet de la science est la conséquence du refus du progrès humain. Puisque le développement scientifique est une des voies du progrès humain, et donc de la croissance, il est lui aussi attaqué par ceux qui prônent le retour en arrière.
L’Occident est seul et de plus en plus isolé sur son île. Les pays d’Asie ne le suivront pas dans sa volonté de décroissance et de pénurie. Le risque du déclin est donc réel. L’anxiété écologique qui se développe chez un grand nombre d’étudiants est la conséquence d’un authentique terrorisme écologique qui cherche à terroriser et à faire peur afin d’annihiler les capacités de pensée pour faire prendre des décisions non pas guidées par la logique, mais par l’émotion et l’émotivité. Le mythe prend le pas sur le logos. Eh bien souvent l’ignorance est le terreau de ces peurs irrationnelles, un véritable retour à des âges obscurs. Si les pénuries à venir pouvaient faire voler en éclat ces idéologies et ces mythes, elles seraient finalement d’une grande utilité.
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