S’il est encore trop tôt pour établir le retour d’expérience [RETEX] de l’invasion de l’est de l’Ukraine par la Russie, il apparaît cependant que, d’après ce que l’on peut avoir via les réseaux sociaux, les chars de combat sont à la peine.
Ainsi, certains estiment que, en trois semaines, les forces russes auraient perdu au moins 270 chars T-72 et autres T-80. Et cela pour au moins deux raisons : l’efficacité des missiles antichar livrés aux forces ukrainiennes [Javelin, NLAW] et les difficultés d’approvisionnement en carburant, les convois logistiques étant régulièrement pris pour cible par les soldats ukrainiens.
D’où l’intérêt de réduire la consommation en carburant des blindés, via une motorisation hybride. Et, au-delà des considérations écologiques [qui ne pèsent pas bien lourd quand il s’agit de faire la guerre…], celle-ci présente d’autres avantages, comme celui de réduire significativement la signature thermique et sonore d’un véhicule, de donner une « capacité d’esquive » en combinant la puissance de deux moteurs et d’être « résilient » sur le terrain, avec, en quelque sorte, un moteur de secours. Tout cela ne peut qu’avoir des effets sur la manœuvre tactique.
En la matière, et après avoir présenté le VAB Electer, en 2016, issu d’un Plan d’études amont [PEA] qui lui avait confié la Direction générale de l’armement [DGA], le groupe français Arquus a récemment lancé le premier véhicule blindé à propulsion hybride, à savoir le SCARABEE et dévoilé un groupe motopropulseur [GMP] hybride destiné au Véhicule blindé multi-rôles [VBMR] Griffon et reposant sur machine électrique de 150kW, associé à un moteur thermique de 400 chevaux.
Dans un entretien paru dans le dernier numéro de la revue « DefTech », un conseiller « innovation » d’Arquus, François Deloumeau, a indiqué que l’industriel travaille actuellement sur l’hybridation des chars, avec l’objectif de monter à bord du programme franco-allemand MGCS [Main Ground Combat System], pour le moment embourbé à cause de désaccords entre Nexter Systems et Rheinmetall.
« Pour l’hybridation des chars, nous disposons de deux composants essentiels : une batterie lithium-ion et une machine capable de produire de fortes quantités d’énergie », a confié M. Deloumeau. « Une batterie lithium-ion peut être chargée à deux fois sa capacité, et en trente minutes seulement, avec une machine adaptée. Nous disposons de cette machine qui produit au moins 60 kW, moteur au ralenti. Ce qui est énorme », a-t-il assuré.
Selon M. Deloumeau, un tel dispositif permet de réduire significativement le temps de fonctionnement du moteur thermique, et donc la consommation de carburant. Et de citer le cas du char Leclerc, qui engloutit « 40 litres par heure au ralenti, contre 8 litres par heure » avec le nouveau système d’Arquus « quand le moteur tourne ».
« Nous sommes en mesure de réduire la consommation du char de 60% », a insisté M. Deloumeau. Et donc de tripler son autonomie… Ce qui fait qu’avec un seul plein, le char est « largement opérationnel durant trois jours de combat », a-t-il conclu.
Et le stock de munitions pour ces 3 jours ? Une petite remorque derrière le char ?
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