Bataille d'Ukraine - (2) Le Conseil Européen sans boussole (3) L'Arabie Saoudite en "swing state" de la diplomatie internationale
La Bataille d’Ukraine
En s’appuyant sur Southfront.org:
Après l’échec des forces armées ukrainiennes à atteindre la frontière russe au nord de Kharkov, les troupes russes sont de nouveau passées à l’offensive.
L’un des champs de bataille les plus actifs du Donbass est la région de Sviatogorsk. La ville est déjà passée sous le contrôle de la République Populaire de Donetsk, tandis que les affrontements se poursuivent près du monastère de Sviatogorsk, situé sur la rive occidentale de la rivière Severski Donets. Ce sanctuaire est devenu la principale fortification de l’armée ukrainienne dans la ville. Visiblement les Kiéviens respectent aussi peu un monastère que les écoles ou les hôpitaux où ils s’installent ailleurs.
Les forces dirigées par la Russie ont également revendiqué le contrôle du village de Iarovaïa. En conséquence, les forces ukrainiennes à Sviatogorsk ont été encerclées de trois directions. Si elles tentaient de battre en retraite, elles devraient également traverser la rivière sous le feu des Russes.
De lourds affrontements se poursuivent dans les rues de la ville de Severodonetsk, dans la République populaire de Lougansk. Selon les rapports locaux, les unités russes contrôlent environ 80 % de la ville. L’armée ukrainienne, quand elle n’a pas fui, s’est réfugiée sur le territoire de l’usine chimique Azot, où des combats ont déjà été signalés.
La bataille pour Lisitchansk est encore à venir. Les forces dirigées par la Russie entourent lentement la forteresse ukrainienne. Des affrontements ont été signalés à la périphérie de la ville. Toutes les routes d’approvisionnement ont déjà été coupées.
Les belligérants se préparent à la bataille pour Bakhmout/Artiemovsk. Les combats se poursuivent dans les villages de Belogorovka, Iakovlevka et Berestovoïe, le long de la route Artiemovsk-Lisitchansk. L’armée ukrainienne transfère des renforts dans la région, se préparant probablement à contre-attaquer pour tenter de rétablir le contrôle de la route. 1 650 habitants auraient été mobilisés à Konstantinovka, située à l’ouest de Bakhmout. 70 unités de véhicules blindés lourds ont également été transférées à Bakhmout/Artiemovsk.
La défaite ukrainienne est inéluctable. Mais Washington a annoncé l’attribution d’une nouvelle aide militaire de 700 millions de dollars à Kiev, qui comprend la fourniture de HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System) MLRS (Multiple Launch Rocket System) à l’armée ukrainienne. L’Ukraine aurait donné des garanties aux Etats-Unis de ne pas utiliser ces missiles pour des frappes sur les territoires russes, mais Moscou a déjà pris les devants et annoncé qu’en cas de tirs de telles armes sur le territoire de la Fédération de Russie, l’armée russe se réservait le droit de frapper les bâtiments gouvernementaux kiéviens. De l’avantage d’avoir mené une guerre limitée jusqu’à maintenant: il y a de la marge pour l’escalade.
Le Conseil Européen sans boussole
+ Rien ne dit mieux l’échec des sanctions américaines et européennes que le tableau ci-dessus. La balance des paiements russes n’a jamais connu un tel surplus, du fait de l’augmentation du prix des matières premières.
Quand on lit les conclusions du Conseil Européen des 30 et 31 mai, on est frappé par deux aspects:
+
la Russie, qui a pourtant fait partie du concert européen de Pierre le
Grand à Mikhaïl Gorbatchev, est désormais totalement exclue “de
l’Europe”. Par ailleurs, on reconnaît bien la plume de la commère von
der Leyen: “Les atrocités qui continuent d’être commises par les forces russes ainsi que
les souffrances et les destructions infligées dépassent l’entendement“. Un niveau de café du commerce ou de réunion Tupperware, comme on voudra.
+ alors que l’Union Européenne est censée servir la paix, elle prend parti dans le conflit. Bruxelles et les Etats-membres les plus actifs contre la Russie se discréditent totalement.
+ Si l’on veut comprendre dans quel univers mental vivent les décideurs de l’UE, qui se sont rendus, pour la plupart, totalement dépendants des seules sources ukrainiennes, on lira cette déclaration d’Alexeï Arestovitch, conseiller du président Zelenski. Alors que l’armée ukrainienne ne tient plus que 20% de Severodonetsk, il annonce une contre-offensive ukrainienne et déclare:” L’offensive est menée de telle manière que les envahisseurs subissent de très lourdes pertes. En d’autres termes, ils ont pu être attirés dans le “piège” et y être touchés. Mais cela ne signifie pas que nous allons reconquérir Severodonetsk. Il est fort probable que nous ne le ferons pas. Et cela ne signifie pas que les Russes n’occuperont pas Severodonetsk d’une manière ou d’une autre”
+”Nous avons pris note de la déclaration du chancelier allemand Olaf Scholz qui a affirmé que l’Allemagne deviendrait la principale force militaire de l’Union européenne“, a déclaré Sergueï Lavrov le 1er juin 2022. “J’ai déjà lu les réactions d’observateurs qui se sont dits sérieusement déconcertés par le fait que de telles déclarations aient été faites par le dirigeant allemand. (…)Cela suscite quelques réflexions car c’est loin d’être la seule preuve de la résurgence des aspirations dominantes en Allemagne”, a ajouté le plus haut diplomate russe.
De telles déclarations “doivent être entendues par les autres membres de l’UE et doivent devenir le sujet d’une discussion sérieuse“, a conclu M. Lavrov. “Une discussion sur la manière dont l’Europe va continuer à se développer et comment elle va continuer à tirer les leçons de sa dure histoire des siècles passés”.
+ Cependant, on peut se demander si les Russes ont des raisons d’être inquiets quand on assiste au dialogue suivant entre le porte-parole du gouvernement allemand, M. Büchner, et les journalistes:
“Büchner – Le chancelier Scholz a annoncé la décision de fournir à l’Ukraine le système de défense aérienne le plus avancé, le système Iris-T.”
Un journaliste : “Pour autant que je sache, c’est un système de missiles air-air. Mais il n’y a presque plus d’avions en état de marche en Ukraine pour le monter. Il n’y a donc aucun intérêt à fournir de tels missiles ?
Büchner : “Je vais devoir passer cette question car elle est de nature technique.“
Les Etats-Unis essaient d'empêcher l'Arabie Saoudite de se rapprocher de la Russie
Voilà un papier sur la portée de la rencontre de Lavrov avec le Conseil des pays du Golfe, le 31 mai, et de sa discussion approfondie avec le Ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite rédigé par un diplomate indien que nos lecteurs connaissent bien, désormais, M.K. Bhadrakumar. On aimerait bien lire un papier aussi informé et de cette qualité sous la plume d’un ancien diplomate européen:
“Les dernières informations publiées dans les médias américains font état de l’intérêt de M. Biden à se racheter personnellement auprès du prince saoudien en se rendant à Riyad et en le rencontrant. Jusqu’à présent, Biden avait refusé de parler avec le prince ou d’avoir des relations avec lui sous quelque forme que ce soit !
La volte-face de Biden dans son approche de l’Arabie saoudite doit être attribuée à la prise de conscience par Washington que pour isoler la Russie et affaiblir ce pays de manière permanente, il est impératif de prendre le contrôle du marché mondial du pétrole, ce qui nécessite la rupture de l’accord russo-saoudien qui régissait la production mondiale de pétrole ces dernières années.
En un mot, l’Arabie saoudite est devenue du jour au lendemain un “État pivot” dans le calcul stratégique des États-Unis, dont la position sur le conflit ukrainien va avoir des conséquences importantes pour le programme de l’administration Biden visant à affaiblir la Russie.
En effet, le potentiel de l’Arabie saoudite en tant qu'”État pivot” est en gestation depuis 2006, lorsque feu le roi Abdallah a profité de son premier voyage en dehors du Moyen-Orient depuis qu’il est devenu le souverain saoudien pour se rendre en Chine et en Inde. C’était la première visite d’un roi saoudien en Chine depuis que les deux pays ont établi des relations diplomatiques en 1990, et la première visite de ce type en Inde depuis 1955. Les observateurs perspicaces ont vu dans la tournée du monarque saoudien le présage d’une ère de réduction de l’influence des États-Unis à Riyad et d’une amitié saoudienne avec un éventail de plus en plus large de nations en Asie.
Ce changement, émanant de la volonté de s’éloigner d’une situation monoculturelle – avoir un grand ami l’Amérique, un grand produit (le pétrole), et basé sur une grande idée, l’idée islamique – s’est déroulé à un rythme glacial au cours de la décennie suivante jusqu’à ce que le prince Mohammed bin Salman soit nommé prince héritier en juin 2017, faisant de lui l’héritier présomptif du trône.
Sous la direction du prince Mohammed, la transformation du KIngdom a commencé à s’accélérer, et a acquis un ancrage idéologique de nationalisme saoudien. Le renforcement des relations avec la Russie et la signature d’un accord en 2016 pour coopérer avec la Russie sur les marchés pétroliers mondiaux dans une matrice qui a ensuite été connue sous le nom d’OPEP+ a été une manifestation précoce de ce changement.
Il a coïncidé avec le lancement de la Vision 2030 portant l’imprimatur du prince héritier, incarnant l’orientation stratégique du pays pour les 15 prochaines années. D’un point de vue historique, on peut considérer que la Vision 2030 marque l’abandon de la dépendance saoudienne à l’égard d’une économie rentière. Dans le domaine de la politique étrangère, son impact s’est fait sentir par une affirmation constante de l’autonomie stratégique du Royaume.
Dans un contexte géopolitique aussi tumultueux, il n’est pas surprenant que la confrontation des États-Unis avec la Russie place l’Arabie saoudite dans l’œil du cyclone. Le voyage de Lavrov en Arabie saoudite a tiré la sonnette d’alarme à Washington. La veille de l’arrivée de M. Lavrov à Riyad, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a téléphoné à M. Al Saoud, apparemment pour discuter du Yémen et d’autres questions régionales.
Le compte rendu du département d’État indique notamment que “le secrétaire (Blinken) a souligné l’importance du soutien international à l’Ukraine, qui défend sa souveraineté et son intégrité territoriale, et a insisté sur la nécessité d’une réponse mondiale à la crise de la sécurité alimentaire résultant de la guerre brutale du président Poutine.”
En clair, M. Blinken a sollicité le soutien des États du Golfe à la “réponse mondiale” dirigée par les États-Unis à la crise alimentaire temporaire, qui vise à faire porter le chapeau à la Russie pour avoir créé la pénurie actuelle de blé. De toute évidence, les dirigeants saoudiens ne sont pas tombés dans le piège. En tout cas, sous les auspices de l’ONU, la Russie et la Turquie ont commencé à travailler à la mise en place de couloirs humanitaires à travers les eaux de la mer Noire, qui ont été minées par l’Ukraine. Le secrétaire général des Nations unies a demandé aux États-Unis d’assouplir les sanctions afin de permettre les exportations russes de céréales sur le marché mondial.
Pour détourner l’attention du voyage réussi de M. Lavrov à Riyad, la “guerre de l’information” menée par les États-Unis a concocté une fausse nouvelle selon laquelle l’Arabie saoudite “envisagerait” de retirer la Russie de l’OPEP+. Les entretiens de Lavrov à Riyad soulignent qu’au contraire, la Russie et l’Arabie saoudite signalent que l’OPEP+ se porte bien. Le message ne peut être perdu pour Washington“.
+ Les témoignages s’accumulent selon lesquels une partie des armes livrées par l’OTAN se retrouve en Syrie.
+ Le gouvernement turc continue de bloquer le processus d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.