16 juin 2022

Guerre d’Ukraine – L’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN est remise aux calendes turques

Tandis que le président français, le chancelier allemand et le président du conseil italien prennent le train pour aller à Kiev, les mauvaises nouvelles s'accumulent pour le camp occidental: les pertes ukrainiennes quotidiennes sur le champ de bataille deviennent gigantesques; l'élargissement de l'OTAN à la Suède et la Finlande est remis aux calendes....turques. Et Siemens n'est pas en mesure, du fait des sanctions, de livrer des pièces réparées à Gazprom pour Nordstream 1, ce qui conduit l'entreprise russe à réduire ses livraisons à l'Europe.

La Bataille d’Ukraine – 

+ Lu sur Axios. Chaque phrase témoigne de la lutte avec le réel qui caractérise depuis trois mois l’Occident. C’est nous qui soulignons: 

Jusqu’à 1.000 soldats ukrainiens sont tués ou blessés chaque jour dans la région de Donbass (…) avec 200 à 500 morts en moyenne et beaucoup plus de blessés, a déclaré mercredi un haut responsable ukrainien.

Le tableau d’ensemble : Le président Vladimir Zelenski a déclaré le 1er juin que 60 à 100 soldats ukrainiens étaient tués chaque jour alors que la Russie intensifiait son offensive dans le Donbass. Ces deux dernières semaines, ce chiffre a considérablement augmenté, selon David Arakhamia, qui dirige les négociations entre l’Ukraine et la Russie et qui est l’un des plus proches conseillers de Zelenski.

L’Ukraine a recruté un million de personnes dans l’armée et a la capacité d’en recruter deux millions de plus, a déclaré M. Arakhamia, de sorte qu’elle dispose des effectifs nécessaires pour poursuivre le combat dans le Donbass, où la Russie a progressivement gagné des territoires.
Interrogé mercredi sur le nombre de victimes ukrainiennes, le général Mark Milley, chef de l’état-major interarmées des Etats-Unis, a répondu qu’il était difficile de l’estimer, mais que les rapports précédents des médias, qui faisaient état d’une centaine de morts et de 300 blessés par jour, étaient “dans la fourchette de nos évaluations”. Il n’a pas répondu à la dernière estimation ukrainienne.
Le Général Milley a également déclaré que la Russie avait subi des pertes “énormes” et que l’Ukraine se battait efficacement.
Ce qui manque à l’Ukraine, a affirmé M. Arakhamia, c’est l’armement et les munitions nécessaires pour affronter la Russie dans “l’un des plus grands combats du 21e siècle”. Il a déclaré : “Nous avons les personnes formées pour attaquer, pour contre-attaquer, mais nous avons besoin d’armes pour cela”.

Notre position de négociation est en fait assez faible, donc nous ne voulons pas nous asseoir à la table si nous sommes dans cette position. Nous devons l’inverser d’une manière ou d’une autre”, a déclaré Arakhamia, soulignant la nécessité d’une contre-opération pour reconquérir les territoires perdus.
(…) M. Arakhamia est à la tête d’une délégation ukrainienne qui se rend à Washington cette semaine pour faire pression sur l’administration Biden et le Congrès afin d’accélérer le rythme des livraisons d’armes et de reconnaître la Russie comme un État soutenant le terrorisme – un sujet qu’ils prévoient d’aborder avec la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Le président Biden s’est entretenu avec M. Zelenski mercredi 15 juin et l’a informé d’une aide militaire et humanitaire supplémentaire, a indiqué la Maison-Blanche. Le milliard de dollars d’armes qui sera expédié à l’Ukraine comprend des roquettes et des munitions d’artillerie.
Lors d’une table ronde organisée mercredi au German Marshall Fund, M. Arakhamia et d’autres membres de la délégation ont fait remarquer que si M. Biden avait signé en mai un programme d’aide à l’Ukraine d’un montant de 40 milliards de dollars, celui-ci ne se traduisait que très progressivement par des livraisons d’armes.
Pendant ce temps, les partenaires de l’Ukraine – en particulier en Europe – commencent à se concentrer sur la reconstitution de leurs propres stocks plutôt que d’armer l’Ukraine, a déclaré M. Arakhamia. Il a noté que le gouvernement allemand était toujours très réticent à approuver les licences d’exportation pour armer l’Ukraine, peut-être en raison d’une “peur interne” de la Russie.
Ce qu’il faut surveiller : Alors que les négociations officielles sont gelées, M. Arakhamia a déclaré que lui et son équipe s’entretiennent par téléphone avec leurs homologues russes “une ou deux fois par semaine” pour faire le point, même si “les deux parties réalisent clairement qu’à l’heure actuelle, il n’y a pas de place pour la négociation.”

Il a déclaré que l’idée de négocier avec la Russie suscitait des réactions négatives au niveau national après les crimes de guerre présumés dans des villes comme Bucha et Mariupol, mais il a également fait remarquer que la guerre devait prendre fin par le biais de “compromis”.
Plus d’informations sur la table ronde :

Arakhamia a déclaré que la Russie utilisait la Géorgie voisine pour échapper aux sanctions, avec l’accord du gouvernement “évidemment pro-russe”, ce que la Géorgie nie.
Arakhamia a déclaré que “nos militaires” s’opposent fermement à l’idée de déminer les ports ukrainiens de la mer Noire en échange de l’autorisation d’exporter des céréales par la Russie, car il n’y aurait “aucune garantie” que la Russie n’utilise pas ces corridors pour attaquer par la mer.
Le négociateur ukrainien a déclaré que la Russie était largement à l’abri des sanctions en raison des prix élevés du pétrole, mais qu’elle en ressentirait pleinement les effets dans trois ou quatre ans. “La question est de savoir si nous (l’Ukraine) serons encore là dans trois ou quatre ans pour profiter du spectacle“.

+ Le plus évident, dans ce tableau, c’est que les pertes ukrainiennes sont d’autant plus élevées que le président ukrainien regroupe ses troupes dans la région de Severodonetsk. Le résumé de la situation sur la chaine Telegram de Xoaqin Flores est limpide: 

“1. Aujourd’hui, 40.000 soldats des forces armées ukrainiennes sont concentrés dans la région de Severodonetsk et de Lisitchansk.

2. 50.000 autres dans la zone de la puissante zone fortifiée Slaviansk – Kramatorsk – Droujkovka – Konstantinovka.

3. Zelenski déploie des forces spéciales d’autres régions d’Ukraine dans la région de Severodonetsk.

4. Les pertes des forces armées de l’Ukraine y sont chaque jour énormes. En fait, là-bas, à Severodonetsk, la destruction de l’armée ukrainienne est en cours.

5. Zelenski veut tenir au moins une partie de Severodonetsk jusqu’à la réunion des ministres de la défense de l’OTAN à Ramstein le 15 juin. Rammstein-3, espère Zelenski, lui donnera beaucoup de nouvelles armes.

6. Les pertes des Forces armées de l’Ukraine à Severodonetsk sont si énormes que le commandant des Forces armées de l’Ukraine Zaloujni exige de retirer les troupes à Kramatorsk et Slaviansk.

7. Mais Zelenski insiste pour défendre Severodonetsk à tout prix. Et il exige des Forces armées de l’Ukraine qu’elles contre-attaquent même.

8. Même les États-Unis et la Grande-Bretagne sont divisés sur Severodonetsk. Le Pentagone propose de se retirer à Slaviansk. Le ministère britannique de la Défense propose de défendre Severodonetsk à tout prix.

9. L’armée russe utilise son avantage et détruit environ 500 personnes des Forces armées de l’Ukraine par jour uniquement à Severodonetsk. C’est ce qui ressort des estimations occidentales. Bien qu’il soit impossible de dire exactement combien de soldats ukrainiens meurent quotidiennement.

10. Dans le même temps, les pertes de l’armée russe et des deux républiques sont désormais faibles. Au lieu de prendre d’assaut les positions ukrainiennes, l’artillerie, les systèmes de lance-roquettes multiples et l’aviation russes écrasent par leurs tirs l’armée ukrainienne.

11. L’armée russe est également en train d’encercler Lisitchansk et Severodonetsk en coupant les routes d’accès pour l’armée ukrainienne.

12. Selon l’Occident, dans la zone de Severodonetsk on trouve maintenant 50% de l’armée russe en Ukraine.

13. L’Occident craint désormais que ce soit à Severodonetsk que se produise le tournant de la guerre“.

L’Occident est habité d’une pulsion suicidaire et le comportement de Zelenski en est une expression chimiquement pure. Il va devenir difficile de refuser la caractérisation du comportement occidental – et en particulier occidental – comme “fasciste”. 

+ Vladimir Zelenski, le 13 juin au soir:Je demande à tous ceux qui en auraient l’occasion de communiquer avec les gens du sud occupé… dites qu’il y aura une libération. Dites-le à Gorlovka, Donetsk, Lougansk. Dites-leur que l’armée ukrainienne va certainement venir. Bien sûr, nous libérerons également notre Crimée. Que chaque fonctionnaire russe qui a saisi des terres précieuses en Crimée se souvienne : ce n’est pas la terre où ils auront la paix… “. Sinistre commentaire des bombardements de Donetsk et Gorlovka. 

+ Deux mercenaires américains ont été faits prisonniers il y a quelques jours. Ni la partie russe ni la partie ukrainienne ne communiquent officiellement sur la réalité des volontaires ou mercenaires occidentaux faits prisonniers. 

Erdogan paralyse l'OTAN

+ Il est profondément triste de voir ce qu’est devenu ce qu’on appelait il y a une génération “le monde libre”. Un exemple de plus  de la liquéfaction intellectuelle du président polonais:La Pologne demande à ce que du matériel militaire lui soit transféré d’urgence à la place de celui envoyé à l’Ukraine. Varsovie a fourni à Kiev des chars, des équipements, de l’artillerie et d’autres armes pour une valeur de 1,7 milliard de dollars. Et maintenant, elle a besoin d’aide elle-même, a déclaré le président Andrzej Duda.

“Nous demandons aux alliés de nous donner des armes, pas nécessairement des armes neuves. Nous avons donné du matériel usagé et nous sommes prêts à accepter la même chose”, a-t-il déclaré“.

+ Merci de transmettre le dernier éditorial de Bhadrakumar à Madame Colonna avec copie pour Manu. (Avec l’aide d’Olaf et de Mario, il devrait arriver à le déchiffrer dans le train qui les emmène à Kiev):

La “grande voix virile” du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, est devenue plutôt discrète lorsqu’il a publiquement admis lundi que les demandes d’adhésion à l’OTAN de la Suède et de la Finlande pourraient ne pas être résolues à temps pour le sommet de l’alliance qui se tiendra à Madrid ce mois-ci, en raison de l’objection de la Turquie.

S’exprimant lors d’une conférence de presse avec la première ministre suédoise Magdalena Andersson à Stockholm, M. Stoltenberg s’est défendu : “Le sommet de Madrid n’a jamais été une date limite, mais en même temps, nous travaillons pour trouver la solution le plus rapidement possible. Mais lorsque de nombreux pays ou plusieurs pays sont impliqués, il n’y a aucun moyen de dire exactement quand ces pays vont pouvoir se mettre d’accord.”

Il s’agit d’une rétractation massive par rapport à son ton optimiste du 18 mai, lorsque Stoltenberg a salué la soumission officielle de la demande d’adhésion par la Suède et la Finlande ce jour-là comme un “moment historique que nous (l’OTAN) devons saisir.”

Un Stoltenberg rayonnant avait déclaré, alors qu’il se tenait aux côtés des ambassadeurs de Finlande et de Suède auprès de l’OTAN : ” C’est une bonne journée à un moment critique pour notre sécurité. ” Le contexte était en effet vraiment dramatique – la Russie avait exigé en décembre la garantie légale que l’OTAN cesse de s’étendre vers ses frontières, ce que l’alliance a simplement ignoré ; Stoltenburg annonçait avec défi une nouvelle expansion de l’OTAN.

Stoltenberg était pour ainsi dire gonflé à bloc puisqu’il avait le soutien du président américain Joe Biden qui, flanqué du premier ministre suédois Magdalena Andersson et du président finlandais Sauli Niinisto, dans la roseraie de la Maison Blanche le même jour, le 18 mai, a également annoncé que les deux pays nordiques avaient le “soutien total, entier et complet” des États-Unis pour leur demande d’adhésion à l’OTAN.

M. Biden a déclaré qu’il envoyait le même jour des documents au Congrès pour faciliter la ratification de leurs candidatures et a proclamé : “La Finlande et la Suède rendent l’OTAN plus forte. Et une OTAN forte et unie est le fondement de la sécurité de l’Amérique.” En effet, la fête était géniale.

Mais ni Biden ni Stoltenberg n’ont prévu qu’un ver dans la pomme gâcherait la fête. Ils n’ont pas prêté attention au fait qu’une semaine plus tôt, alors que l’on annonçait une nouvelle expansion de l’OTAN, le président turc Recep Erdogan a émis une note légèrement dissidente : “Nous suivons les développements concernant la Suède et la Finlande, mais nous ne sommes pas d’un avis favorable.”

Erdogan a depuis expliqué son opposition en citant le soutien effronté de la Suède et d’autres pays scandinaves aux militants kurdes et à d’autres personnes que la Turquie considère comme des terroristes. Il a ajouté qu’il ne voulait pas répéter l'”erreur” commise par la Turquie lorsqu’elle a accepté de réadmettre la Grèce dans la branche militaire de l’OTAN en 1980 et que l’alliance a ensuite permis à la Grèce “d’adopter une attitude contre la Turquie” avec le soutien de l’OTAN.

Erdogan n’a pas dit qu’il bloquerait toute tentative d’adhésion des deux pays nordiques, mais son allusion était suffisamment inquiétante, étant donné que l’OTAN est tenue de prendre toutes ses décisions par consensus. Le secrétaire de presse de la Maison Blanche a simplement noté que Washington “s’efforçait de clarifier la position de la Turquie”. Le secrétaire d’État Antony Blinken devait rencontrer ses homologues de l’OTAN, dont le ministre turc des Affaires étrangères, ce week-end en Allemagne.

Il est concevable que la Maison Blanche, qui a l’habitude de prendre toutes les décisions majeures et la plupart des décisions mineures au nom de l’alliance, ait sous-estimé qu’Erdogan était en train de piquer une nouvelle crise de colère et qu’un massage de son ego le calmerait. Les ministres des affaires étrangères suédois et finlandais se sont donc rendus à Ankara pour un voyage symbolique.

Mais à ce moment-là, Erdogan avait réfléchi et la Turquie avait des demandes spécifiques à formuler concernant le rapatriement des militants kurdes qui jouissent d’une liberté de mouvement dans les pays scandinaves. Erdogan savait probablement qu’elles étaient difficiles à satisfaire. La Turquie a présenté 10 demandes d’extradition à la Finlande entre 2019 et 2022 et Helsinki n’a accédé qu’à deux d’entre elles. Quant à la Suède, son gouvernement a besoin du soutien des législateurs kurdes pour rester au pouvoir et l’accord que les sociaux-démocrates au pouvoir à Stockholm ont conclu avec les députés kurdes en novembre dernier comprenait un engagement public à cet effet.

Washington et Bruxelles (ainsi que Stockholm et Helsinki) ont manifestement été déconcertés. Dans le calcul d’Erdogan, l’OTAN ou les États-Unis ne peuvent se permettre un affrontement avec la Turquie, non seulement en raison des bases irremplaçables de l’alliance en Turquie, mais aussi en raison du contrôle par la Turquie de l’accès à la mer Noire en vertu de la Convention de Montreaux concernant le régime des détroits (1936). En outre, Erdogan estime que c’est le moment idéal pour nettoyer les bases des groupes militants kurdes (affiliés au PKK) dans le nord de la Syrie, le long des régions frontalières.

En d’autres termes, la Turquie tire parti de son statut d'”État pivot” dans le contexte multipolaire actuel en planifiant une nouvelle opération dans le nord de la Syrie, où les factions kurdes soutenues par Washington et Moscou s’étaient précédemment opposées aux objectifs d’Ankara.

Le 30 mai, lors d’un appel avec Ibrahim Kalin, porte-parole et conseiller principal d’Erdogan, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a insisté sur “la poursuite des discussions directes de la Turquie avec la Suède et la Finlande pour résoudre les problèmes liés à leurs demandes d’adhésion à l’OTAN, que les États-Unis soutiennent fermement” et a également “réitéré l’importance de s’abstenir de toute escalade en Syrie pour préserver les lignes de cessez-le-feu existantes et éviter toute nouvelle déstabilisation”.

Toutefois, selon le compte rendu turc, M. Kalin a répliqué en soulignant que “les pays qui cherchent à devenir membres de l’OTAN devraient adopter les valeurs et les principes de l’Alliance en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme” et que la Suède et la Finlande “doivent prendre des mesures concrètes concernant les organisations terroristes qui menacent la sécurité nationale de la Turquie”.

En ce qui concerne l’opération prévue dans le nord de la Syrie, M. Kalin a déclaré que “l’organisation terroriste PKK/PYD/YPG continue de représenter une menace pour la sécurité nationale de la Turquie et l’intégrité territoriale de la Syrie” et que la Turquie “poursuivra avec détermination sa lutte contre toutes les organisations terroristes.”

Entre-temps, Erdogan s’est fréquemment entretenu avec le président Poutine sur toute une série de questions concernant l’Ukraine et la coopération bilatérale turco-russe, et il est tout à fait concevable que la candidature de la Suède et de la Finlande à l’OTAN fasse de la figuration. La Turquie a refusé de sanctionner la Russie et autorise même le système de paiement Mir en contournant SWIFT. Tous les projets russes en Turquie suivent leur cours, y compris la centrale nucléaire d’Akkuyu, d’une valeur de 20 milliards de dollars, qui devrait produire environ 10 % de l’électricité turque.

Récemment, la Turquie et la Russie ont commencé à travailler sur l’exportation de céréales hors d’Ukraine, mettant à mal les plans occidentaux visant à forcer la Russie à lever son blocus maritime des ports ukrainiens de la mer Noire. Le ministre des affaires étrangères, Sergey Lavrov, s’est rendu en Turquie dans son avion pour discuter de cette question. Erdogan prévoit de s’entretenir avec Poutine la semaine prochaine sur la mise en place d’un “corridor céréalier” à partir de la mer Noire.

D’autre part, Erdogan a commencé à critiquer ouvertement les politiques occidentales en Ukraine et tente de consolider son rôle de médiateur dans les négociations russo-ukrainiennes. Il est impossible d’expulser la Turquie de l’OTAN et Moscou y voit des avantages. Erdogan reste l’homme politique le plus populaire de Turquie. De toute évidence, il n’a aucune raison d’avoir peur de parler d’égal à égal avec Biden ou Stoltenberg.

Le 13 juin, Erdogan a répété que la Turquie ne ferait aucun compromis sur l’adhésion de la Suède et de la Finlande. Et Stoltenberg a dû finalement admettre publiquement que l’OTAN, tout en promettant à la Finlande et à la Suède une entrée rapide dans l’alliance, ne s’attendait pas à une position aussi dure de la part de la Turquie.

C’est dans ce contexte d’affrontement meurtrier avec l’ordre mondial multipolaire émergent que deux réunions consécutives sont prévues aujourd’hui et demain à Bruxelles – le format dit de Ramstein, qui sera présidé par le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, et la réunion des chefs de la défense de l’OTAN. Le choix qui se pose à l’OTAN est celui de l’augmentation ou non des livraisons d’armement lourd à Kiev.

Les États-Unis ont notamment proposé d’établir une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine occidentale avec l’aide des forces aériennes de l’OTAN, qui pourrait être utilisée pour des livraisons à grande échelle en provenance de l’UE et des États-Unis. L’idée est restée dans les limbes en raison du risque perçu d’un conflit direct avec la Russie. Mais les États-Unis ne peuvent pas se permettre de rendre l’OTAN inefficace”.

Gazprom réduit encore le flux de gaz vers l'Union Européenne

Gazprom a déclaré mercredi qu’elle allait encore réduire la capacité d’approvisionnement en gaz via le gazoduc Nord Stream à 67 millions de mètres cubes par jour. La société a expliqué qu’elle devait interrompre l’exploitation d’une unité de pompage de gaz Siemens supplémentaire sur le gazoduc.

“En raison de l’expiration du délai avant révision (conformément aux instructions de Rostekhnadzor et compte tenu de l’état technique de l’unité), Gazprom interrompt l’exploitation d’une autre unité de pompage de gaz Siemens à la station de compression de Portovaïa”, indique le communiqué de l’entreprise énergétique. Il précise que les réductions de débit commenceront le 16 juin à 01h30 heure de Moscou (22h30 GMT).

(…)  Gazprom a déclaré qu’elle avait dû réduire les livraisons de gaz naturel via le gazoduc Nord Stream parce que Siemens n’avait pas renvoyé les unités de pompage de gaz après réparation. L’entreprise allemande a déclaré mercredi que les unités de pompage de gaz réparées pour le gazoduc Nord Stream ne pouvaient pas être renvoyées de l’usine de Montréal en raison des sanctions du Canada contre la Russie. Le gazoduc Nord Stream, qui passe sous la mer Baltique et achemine le gaz russe vers l’Europe, relie la station de compression de Portovaïa en Russie à un équivalent à Greifswald, dans le nord-est de l’Allemagne. Il approvisionne le marché européen avec environ 55 milliards de mètres cubes de gaz par an.

Les prix du gaz en Europe ont grimpé de près de 25 % à la suite de la nouvelle, dépassant 1 300 dollars par millier de mètres cubes pour la première fois depuis le 27 avril, selon les données de la bourse ICE de Londres“.

Oui, décidément, Emmanuel Macron n’a que de bonnes raisons d’aller à Kiev. 

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