On nous bassine avec le populisme et les gaulois réfractaire mais c’est bien l’élite d’Etat et le grand capital qui veulent transformer leur pays en camp de concentration misérable et numérique. La construction d’une élite babélienne depuis deux générations en Europe a des conséquences apocalyptiques. C’est cette élite qui établit une dictature avec l’appui des juges et des médias.
La situation française est exemplaire, caricaturale. Le pays de la monarchie absolue est devenu celui de la dictature branchée absolue. D’où ces révoltes contre les Marie-Antoinette de la création… On se référera pour illustrer ce que je dis à l’incroyable livre de Raphaëlle Bacqué (une de mes anciennes condisciples à sciences-po) sur Richard Descoings en son temps idolâtré, et qui avait sacrifié sciences-po (mais pas sa royale rétribution) sur l’autel de la mondialisation.
Mais lisons ou relisons quelques grands éclaireurs :
Le célèbre écrivain de SF William Gibson distinguait dans son Neuromancien les élites (qui ont accès aux riches banques de données) et la masse des hommes zombis qu’il nomme la viande. Gibson voit son pays développer une dystopie. La viande on le voit sous nos yeux, c’est la race honnie et méprisable des gilets jaunes – et les élites, bobos ou autres, sont cet agglomérat de technocrates, de fils de riches, d’énarques, de féministes et de bureaucrates mondialisés qui défont la France à la vitesse du vent. Et ce sont ces élites françaises qui, comme les Clinton en Amérique se rebellent en mutant, notamment à partir de Paris et des grosses villes moyennes. Elles se croient au-dessus du lot. Dans son admirable étude sur la révolte des élites, Christopher Lasch écrivait :
« Naguère c’était la révolte des masses qui était considérée comme la menace contre l’ordre social… De nos jours, la menace semble provenir de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie. »
Et pourquoi cette révolte ? Un rappel sur les manipulateurs de symboles chargés de l’altération de la réalité depuis l’avènement de l’informatisation.
Dans le livre du premier secrétaire d’Etat au travail de Bill Clinton Robert Reich (injustement nommé en Amérique The Work of Nations, titré en français, chez Dunod, la Mondialisation), on voit apparaître une race post-bourgeoise créée par la mondialisation, la technologie, le cosmopolitisme massifié, l’exotisme réifié, le « zen emballé sous vide » (Debord), une race éthérée qui vit dans ses condominiums avec ses gadgets et ses fantasmes humanitaires, une race gnostique qui veut refaire son monde ou l’annihiler tant il l’énerve AVEC SA VIANDE ET SES ODEURS. Macron en est le porte-étendard. Il est logique que le pauvre Mr président (c’est le Pen qui le disait un autre jour à Marie d’Herbais) soit devenu le bouc émissaire de toutes nos misères en remplacement du grand nazi de service.
Lasch ajoute :
« Le nationalisme se trouve attaqué par les défenseurs des particularismes ethniques et sociaux et par les soutiens de l’internationalisation de tout, depuis les poids et mesures jusqu’à l’internationalisation artistique.… »
Christopher Lasch trouvait que le livre de Reich, ancien ministre du travail de Clinton, était trop favorable aux élites symboliques, aux « manipulateurs de symboles. » Mais (en version française au moins), Reich parlait des excès de ces manipulateurs de symboles. Et il y a peu, en rappelant l’existence de ce livre essentiel, j’écrivais :
« Il reste que je préfère maintenant la notion de néo-clergé à celle d’oligarchie. Car la domination se veut morale et spirituelle.
Cette élite virtuelle (plus ou moins bien évoquée dans le film Elysée avec Jodie Foster) n’a plus aucune attache avec son pays et ses racines. Elle a été mondialisée, comme le disait Jean-Pierre Chevènement, elle a été convaincue que l’Etat-nation est « une monstruosité » et elle se moque de son cheap ex-concitoyen voué aux gémonies et diabolisé comme populiste, bon à être charnellement jeté dans les poubelles de l’histoire. Le remplacement de population, elle s’en accommode mieux que les autres puisque les populations elle n’est pas pour les côtoyer, mais pour les exploiter. Cette classe bobo-techno est transhumaine sans le savoir… Elle marche plus vite que ses robots. »
Avec les véganiens, les bouddhistes, féministes, antiracistes et autres puristes qui nous gouvernent, nous avons intérêt à changer de trottoir. On est les koulaks des années trente de service, ceux qui furent exterminés-remplacés en temps et en heure par l’élite bolchévique. Lasch :
« Les masses n’ont pas perdu tout intérêt pour la révolution ; on peut arguer que leurs instincts politiques sont plus conservateurs que ceux de porte-parole désignés ou de leurs libérateurs potentiels. »
Et de même que Hitler (j’avais recensé tout cela aussi suivant mon maître libertarien Butler) avait limité la vitesse, interdit de fumer, enfermé dans les camps les harceleurs sexuels, de même que Goering avait protégé les espèces animales sauvages, de même le bobo dénoncé par Lasch ou par Philippe Muray en France ne renonce à rien :
« Ils ont entrepris une croisade pour aseptiser la société américaine : il s’agit de créer un environnement sans fumeurs de tout censurer, depuis la pornographie jusqu’aux discours de haine… »
Cette caste bizarre ne supporte plus le naturel, écrit Lasch. De même :
« Elle a peu le sens d’une gratitude ancestrale ou d’une obligation d’être au niveau des responsabilités héritées du passé. Elle se pense comme une élite qui s’est faite toute seule et qui doit ses privilèges à ses efforts. »
Si des pays comme les USA ou la France sont de plus en plus laids et défigurés, à part quelques zones friquées (Neuilly-Auteuil-Passy ou Biarritz-Chamonix-Luberon), n’en cherchez pas la cause :
« Elles sont sorties de la vie commune, elles ne voient plus l’intérêt de payer pour des services publics qu’elles n’utilisent plus. »
Et Macron est arrivé ici comme la cerise que le gâteau, goutte d’or si j’ose dire qui a fait déborder la vase avec une arrogance, une haine trop visible et audible pour la viande que nous sommes et qui doit disparaître dare-dare. Lasch :
« Lorsqu’ils se trouvent confrontés à de l’opposition devant leurs initiatives, ils révèlent la haine venimeuse qui se cache sous le masque de la bienveillance bourgeoise. La moindre opposition fait oublier aux humanitaristes les vertus généreuses qu’ils prétendent défendre. Ils deviennent irritables, pharisiens, intolérants. Dans le feu de la controverse, ils jugent impossible de dissimuler leur mépris pour ceux qui refusent de voir la lumière…ceux qui ne sont pas dans le coup, pour parler le langage du prêt-à-penser politique »…
Grâce à l’internet-qu’il-faut-censurer les Français ont pu comparer et comprendre qu’il n’y a pas de débat, il n’y a qu’un tribunal d’insultes de Fouquier-Tinville ou de Vychinski, dont BHL reste le plus caricatural pantin. Lasch: « Il n’est plus nécessaire de débattre avec l’adversaire sur le terrain des idées. Une fois que l’on a décrété qu’il est raciste, fasciste, homophobe, sexiste, il est déclaré suspect, inapte au débat. » Ecrit en 1994…
On se souvient des images ignominieuses de l’autre avec sa cour de phénomènes de foire. Lasch :
« Le multiculturalisme leur convient parfaitement car il évoque pour eux l’image d’un bazar universel où l’on peut jouir indéfiniment de l’exotisme…Leur vision est celle d’un touriste, ce qui a peu de chances d’encourager un amour passionné de la démocratie. »
Le reste de la population qui croit encore (même « confusément » comme mon chien préféré Ran-Tan-Plan à la famille, au salaire, à la patrie (travail famille partis !) est décrété déplorable ! Nous n’avons plus droit qu’à de la haine de ces élites interchangeables politiquement et qui restent malgré tout épatées par notre résistance.
Je citerai enfin Chesterton : « Les pauvres ont été, parfois, des rebelles ; des anarchistes, jamais. Ils sont plus intéressés que personne à l’existence d’un gouvernement régulier quelconque. Le sort du pauvre se confond avec le sort du pays. Le sort du riche n’y est pas lié. Le riche n’a qu’à monter sur son yacht et à se faire conduire dans la Nouvelle-Guinée. Les pauvres ont protesté parfois, quand on les gouvernait mal. Les riches ont toujours protesté contre le gouvernement, quel qu’il fût. Les aristocrates furent toujours des anarchistes ; les guerres féodales en témoignent »
C’est dans l’extraordinaire et prémonitoire nommé jeudi, livre codé sur la révolte mondiale des oligarques dont le Grand Reset est un énième avatar.
Sources
Christopher Lasch – La révolte des élites (Flammarion)
Chesterton – Un nommé jeudi (Wikisource)
Raphaëlle Bacqué – Richie (Grasset)
Robert Reich – La mondialisation (Dunod)
http://www.dedefensa.org/article/davos-et-la-montee-sinistre-des-manipulateurs-de-symboles
http://www.dedefensa.org/article/ortega-y-gasset-et-la-montee-eschatologique-de-la-stupidite
http://www.bvoltaire.fr/hitler-les-origines-du-politiquement-correct/
http://www.dedefensa.org/forum/philippe-muray-face-au-desert-des-barbares
http://www.bvoltaire.fr/richard-descoings-et-nos-gaies-elites-dejantees/
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