09 mai 2022

Guerre d’Ukraine – Jours 73-74 – Le patronat allemand craint une récession et des faillites en cascade

10 observations pour mieux comprendre la guerre d'Ukraine: 

1. Une Ukraine dans l'OTAN, avec des armes nucléaires stationnées sur son sol, était inacceptable pour la Russie.

2. La Russie s'est lancée dans la guerre en s'appuyant sur la supériorité - pour quelques années encore - de ses vecteurs nucléaires (hypersoniques). C'est à l'abri de sa dissuasion militaire modernisée que l'armée russe a fait le double choix surprenant d'engager un conflit à 1 contre 3 en termes d'effectifs et de ne pas soumettre l'offensive à un calendrier contraignant de manière à limiter les pertes au combat.

3. Moscou n'a jamais eu l'intention de prendre Kiev ni de conquérir tout le pays dans la première phase du combat. L'intention était de faire pression sur l'Ukraine pour l'amener à la table de négociations. 

4. A cette première phase de "prise de gages" a succédé une seconde phase de prise de contrôle systématique de tout le territoire se trouvant à l'est d'une ligne Kharkov-Odessa - la "Nouvelle Russie" reconstituée.

5. Malgré l'entraînement intensif par des conseillers de l'OTAN de l'armée ukrainienne, la Russie n'a rencontré aucune difficulté militaire majeure jusqu'à ce jour. C'est au contraire l'armée ukrainienne qui perd pied progressivement - les pertes (tués et blessés) ont dépassé la barre des 50.000 début mai. 

6. La Russie a résisté aux sanctions imposées par les États-Unis et l'Union Européenne, comme le montrent le redressement du rouble et la montée des prix de l'énergie. 

7. Les deux tiers de la planète ne se sont pas joints aux sanctions. 

8. Non seulement l'Union Européenne n'a joué aucun rôle de médiation, mais elle est aujourd'hui la plus durement touchée par l'effet en boomerang des sanctions. 

9. On assiste à une mise en cause du dollar comme monnaie de réserve mondial. Un processus vers l'émergence d'un nouveau système monétaire international appuyé sur l'or, les réserves énergétiques et quelques monnaies dont le yuan, est amorcé. 

10. La première victime du conflit est l'Ukraine : accélération de l'émigration, déjà ancienne, des classes moyennes; basculement des russophones de l'Est dans le camp de la Russie, alors qu'ils avaient été jusqu'en 2013 loyaux à la nation ukrainienne en formation; partition du pays aujourd'hui inéluctable.

La Bataille d’Ukraine 

7 mai 2022 – Jour 73.

– En s’appuyant sur Southfront.org

Le 7 mai, le ministère russe de la Défense a annoncé que les forces russes avaient détruit une importante concentration d’équipements militaires provenant des États-Unis et de pays européens près de la gare de Bogodoukhov, dans la région de Kharkov. Les frappes ont touché plus de 280 membres des forces kiéviennes et jusqu’à 48 véhicules blindés et motorisés.

Toujours selon le Ministère de la Défense russe, des missiles de haute précision de l’armée de l’air russe ont frappé 5 zones de concentration de main-d’œuvre et de matériel militaire, ainsi qu’un dépôt de munitions près de Bakhomut, en République populaire de Donetsk.

Dans le même temps, l’aviation russe a frappé 18 positions militaires de l’Ukraine. Les cibles comprenaient 2 postes de commandement près de Skovorodnikovo dans la région de Kharkov, 5 zones de concentration de personnel et d’équipement militaire, 3 dépôts de munitions et de carburant près de Dachnoïe dans la région d’Odessa.

L’armée russe a ajouté que les troupes de missiles et l’artillerie ont frappé 44 postes de commandement et 196 bastions des troupes ukrainiennes ainsi que des zones de concentration de personnel et d’équipements militaires pendant la nuit.

Par ailleurs, les moyens de défense anti-aérienne russes ont abattu 13 drones ukrainiens près de Berezovka, dans la région de Nikolaïev, Signalnoïe, Luganskoïe, Krasnogorovka, Iasinovatoïe et Zugres, dans la République populaire de Donetsk, Olgino dans la région de Kherson, Tchernechtchina dans la région de Kharkov.

Les affrontements se sont intensifiés dans la région d’Izioum, au sud de la région de Kharkov, et dans tout le secteur de l’avancée russe vers l’agglomération de Slaviansk-Kramatorsk. Des combats intenses ont été signalés autour de Barvenko, Sviatogorsk et Liman dans ce secteur.

Par ailleurs, selon le ministère russe de la Défense, 3 missiles balistiques ukrainiens Tochka-U et 9 roquettes à lanceur multiple Smertch ont également été interceptés au-dessus de la ville d’Izioum, dans la région de Kharkov. 

Les combats de position se sont poursuivis sur la ligne de contact dans le secteur de l’agglomération de Severodonetsk-Lisichansk. Une avancée active des forces de la République Populaire de Lougansk et de la Russie y a été partiellement stoppée, les forces russes ayant mené une attaque de flanc sur le groupement restant du gouvernement de Kiev.

Les forces dirigées par la Russie ont poursuivi leurs frappes régulières sur les positions fortifiées des Kiéviens autour de Severodonetsk, tandis que les troupes russes et celle de la République de Lougantsk ont développé une offensive dans le secteur de Popasnaäa et Zolotoïe.

Popasnaïa est entièrement passée sous le contrôle total des forces russes. La percée autour de Popasnaïa, si elle se confirme, marquera l’effondrement du flanc nord du groupement des forces de Kiev dans le secteur. Cela entraînera probablement l’effondrement de la défense de Kiev à Severodonetsk et Seversk et ouvrira la voie vers Bahmut.

La situation reste tendue autour de l’usine Azovstal, dans la zone industrielle de Marioupol. Le 6 mai, des affrontements ont été signalés dans la zone, les forces russes frappant les unités du bataillon Azov et les formations affiliées qui tentaient de mener des attaques depuis leurs positions encerclées. L’assaut direct de la zone (malgré les avancées tactiques des Russes) ne se fait pas car les troupes de Kiev détiennent un grand nombre de civils en otage. 

8 mai 2022 – Jour 74: 

Les derniers combattants d’Azovstal. ont envoyé une délégation pour parlementer avec la partie russe. Hier 7 mai, une cinquantaine de civils ont encore pu quitter le site. 
– Odessa a reçu 4 missiles de croisière lancés par des bombardiers lourds, des bâtiment dédiés à  la réparation d’aéronefs (avions et drones) ont été visés, ainsi qu’un système de  DCA
– Les secteurs de Soumy, Tchernigov, Khmelnitski, Poltava, Voznesensk et Nikolaïev sont la cible de nombreux tirs russes (dont des aérodromes désaffectés récemment remis en état de fonctionnement, ainsi que des sites au nord de l’Ukraine où des unités ennemies attaquent le territoire russe)
– Se livrant à une ruse, qui résume bien l’état d’esprit russe depuis le début de la guerre, l’armée russe a retiré les moyens militaires qu’elle avait sur l’Ile au Serpents (au large d’Odessa). Lorsqu’hélicoptères et avions ukrainiens sont arrivés sur l’île, ils ont été détruits par des tirs de précision. 
– Les Kiéviens ont lancé un missile balistique Toshka-U, visiblement avec une tête à fragmentations, sur Golaya Pristan, au sud de Kherson. Une dizaine de maisons ont été endommagées. 3 civils ont été blessés.

Un ponton kiévien enjambant  permettant de franchir la  Seversky Donets a été visé par une frappe très précise. Il s’agit de l’ouest d’Izioum, où les Kiéviens tentent de préparer une contre-offensive contre les forces russes attaquant le nord-ouest de Slaviansk. Voici une vidéo complète de la frappe
– Deuxième frappe dans la région de Kharkov pour détruire une livraison occidentale. Il semble que l’armée ukrainienne ait voulu consacrer des moyens pour obtenir une victoire en un point qui n’est pas le front essentiel pour les Russes actuellement. 

L’équipement de DCA des forces kiéviennes en région d’Odessa devient la cible des dernières frappes russes. Une base utilisée par des mercenaires étrangers a aussi été attaquée (un bâtiment d’un hôtel sur le littoral).
Dans la région de Zaporojie, les troupes russes ont pris possession d’un missile anglais Brimstone.
– Les tensions à la frontière de la Transnistrie se poursuivent.

Les nouveaux iconoclastes

L’Ukraine telle qu’elle existait dans ses frontières de 1991, avant que les Occidentaux ne déclenchent, par le coup de Maïdan, en 2013-2014, était un pays composite, encore en partie artificiel puisqu’il était largement né de décisions soviétiques de regroupements de territoires ayant été antérieurement russes, polonais ou austro-hongrois.

Mon premier souvenir d’un paysage de Galicie orientale, en 2005, lors d’une enquête sur l’histoire de la “Shoah par balles”, c’est une juxtaposition sur un territoire exigu, d’un bosquet où il y avait une fosse commune, à deux pas d’un gazoduc, d’un ancien kolkhoze, d’une église grecque catholique et d’un manoir de la période autrichienne. 

Je me souviens aussi de la photo du président Iouchenko (élu avec le coup de pouce de la révolution orange en 2004), dans beaucoup de maisons paysannes, à l’endroit où, vraisemblablement, était accroché le portrait de l’empereur François Joseph un siècle auparavant. 

En sortant de Galicie, on voyait la taille des églises se réduire et la statue de Lénine, repeinte, au centre de la bourgade. 

Je me rappelle aussi combien la situation linguistique était complexe. Pour les gens âgés de plus de quarante ans, l’usage préférentiel du russe était la situation la plus fréquente, même dans l’ouest ukrainien. 

Avant Maïdan, 90% des habitants jouaient le jeu de la nation ukrainienne. Je me souviens d’un russophone, russophile mais ne souhaitant pas spécialement l’intégration à la Russie. 

Tout ceci n’était tenable que dans la mesure où l’on laissait l’Ukraine libre d’être une partenaire économique à la fois de l’Union Européenne et de la Russie.  C’est cela qui a été détruit par Maïdan et les encouragements occidentaux au nouveau gouvernement issu du coup d’Etat. 

Rien ne montre mieux ce basculement que l’acharnement proprement “iconoclaste” des partisans du régime de Kiev, aujourd’hui, contre tout ce qui évoque l’Eglise orthodoxe russe, la langue russe mais aussila mémoire de la Seconde Guerre mondiale. 

Nous allons y prêter désormais plus d’attention.  Bien entendu, ceci ne se passe pas qu’en Ukraine: une forme de détestation de la culture russe et de la mémoire antinazie  de la Seconde Guerre mondiale est à l’œuvre, dans l’indifférence, sinon le soutien de l’Union Européenne. 

Ukraine: 

L’église Saint-Vladimir de l’église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou à Lviv a été profanée. Les portes d’entrée de l’église étaient remplies de mousse de montage, ce qui rendait impossible aux fidèles d’assister à la liturgie. Les murs ont été tagués d’inscriptions “diables du FSB”, “maison de Poutine”, et bien sûr “les Russes ne sont pas des humains”.

Mercredi 4 mai, on avait appris le décès du père Parfenïi, recteur de l’église Saint-Théodose de Tchernigov, dans le village de Mikhailovka, dans la région de Luhansk. Il a succombé à un éclat d’obus lors du bombardement du village par des troupes ukrainiennes. Selon les résidents, il n’y avait pas de militaires à Mikhaïliovka et ce sont l’hôpital, l’église orthodoxe voisine et des civils qui ont été visés par les bombardements ukrainiens. Le père Parfenïi avait hébergé des centaines de réfugiés et portait secours à tous quelles que soient leurs opinions. 

Sur l’ensemble de l’Ukraine, on repère un certain nombre de destructions de monuments à la mémoire de la “Grande Guerre patriotique”: mentionnons Tchernovtsi, Rovno, Lvov,Kolomia (près d’Ivano-Frankovsk), mais aussi Tchernivov et Kharkov. 

Les Kiéviens ne sont pas à une contradiction près. A l’occasion des commémorations du 8 mai en Europe occidentale,  Zelenski, il a eu le mauvais goût de dire que le comportement des troupes russes en Ukraine répétait le massacre d’Oradour. Et ceci alors que le bataillon Azov a repris l’insigne de la division das Reich….

Ailleurs en Europe: 

Pays-Baltes: 

En Lituanie, (…) les monuments aux soldats-libérateurs soviétiques de Šiauliai et Lazdijai ont été profanés.

À Šiauliai, des installations portant des symboles nazis et communistes ont été accrochées aux arbres près du monument.

À Lazdijai, le monument du cimetière militaire a été recouvert de peinture rouge.

Toujours à Kaunas, des feuilles portant des inscriptions insultantes à l’égard des Russes et des chrétiens orthodoxes ont été collées sur les portes de la cathédrale de l’Annonciation de l’Église orthodoxe russe.

L’ambiance à Kaunas, qui a été déclarée capitale européenne de la culture 2022, peut en dire long sur les bannières qui sont accrochées dans les rues de la ville. Ainsi que le niveau de la “culture” locale.

Allemagne:

L’ambassadeur ukrainien en Allemagne, Andriy Melnik, affirme que l’Ukraine a libéré Berlin du fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale.

C’est le même ambassadeur qui a expliqué à la télévision allemande qua sans les bataillons type “Secteur Droit”, l’armée russe aurait avancé beaucoup plus vite

Le patronat allemand est alarmiste et fataliste

“L’approvisionnement énergétique de l’Allemagne est en danger, les chaînes d’approvisionnement se brisent, nous avons une inflation élevée”. C’est le constat sans appel que dresse Manfred Knof, président de la Commerzbank dans son discours prononcé  lors de l’assemblée générale virtuelle du 11 mai. La Commerzbank, qui gère environ un tiers du commerce extérieur allemand, doit s’adapter à cette situation, a-t-il expliqué . “C’est pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec nos entreprises clientes sur les questions difficiles du moment, comme la manière de faire face à la hausse des prix des matières premières et aux goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement”, a déclaré M. Knof. “Mais nous ne devons pas non plus nous faire d’illusions : Le nombre de faillites sur nos marchés va probablement augmenter et, avec lui, les provisions pour risques des banques.

De partout arrivent des signaux très inquiétants pour l’économie allemande. La Bundesbank a averti fin avril que dans un “scénario de crise grave, le PIB réel de l’année en cours chuterait de près de 2 % par rapport à 2021”, et que le “taux d’inflation serait nettement plus élevé pendant une période plus longue” à la suite d’un embargo. Les prévisions pour 2023 et 2024 sont encore plus terribles (voir  graphique ci-dessus)

La confiance dans l’économie allemande a rapidement diminué, la production industrielle ayant baissé plus que prévu en mars. Pour la zone euro, l’inflation a atteint un niveau record de 7,5 % pour ce mois.

Un embargo sur les importations d’hydrocarbures en provenance de Russie générerait un choc économique qui pourrait rapidement anéantir l’économie allemande. Stefan Hartung, PDG du géant allemand de l’ingénierie et de la technologie Bosch, a déclaré vendredi à CNBC qu’une “grosse récession se prépare.”

On est cependant frappé de voir comme le patronat allemand s’abstient de mettre en cause la politique qui crée cette amorce de récession. Les dirigeants économiques allemands font revenir à l’esprit le célèbre sarcasme de Lénine qui soulignait que les ouvriers allemands en grève faisaient la queue bien sagement pour acheter leur billet de train avant de se rendre à une manifestation. 

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