Un drame chassant l’autre, surtout à Marseille où ils sont légion, gageons que les médias oublieront vite ce père de famille ayant fait l’objet, mardi, d’une sauvage tentative d’égorgement. À l'heure où j'écris ces lignes, il est pourtant encore entre la vie et la mort.
Alban, brillant médecin militaire - radiologue et professeur agrégé - âgé de 41 ans, a été poignardé une dizaine de fois (selon Le Figaro) sous les yeux de ses enfants de 3 et 7 ans qu’il venait de récupérer à l’école. Affecté depuis l’été dernier à l’hôpital d’instruction des armées Laveran de Marseille, peut-être avait-il fait le choix de ce groupe scolaire catholique au nom fleurant bon la France d’avant - Sévigné - pour leur garantir une relative tranquillité… Aucun média, aujourd’hui, pour s’inquiéter du traumatisme de ces tout-petits. La victime n’est pas un délinquant poursuivi par la Justice, la souffrance des siens restera tue.
Son agresseur, en revanche, était connu de la Justice pour usage de stupéfiants. Agé de 23 ans, Mohammed L. aurait hurlé avoir agi « au nom d’Allah », selon le site Actu 17, « au nom de Dieu », selon d’autres médias, mais il n’y aurait, si l’on en croit l’AFP, aucun indice à son domicile de radicalisation terroriste ou religieuse : cette piste serait donc « définitivement écartée ». Il est fou, et c’est tout. On ignorait, jusqu’à ces dernières années, que la folie était une maladie contagieuse. Une véritable épidémie de délires mystiques à pulsions criminelles par arme blanche. Mais nous sommes priés de nous arranger avec ces explications boiteuses.
Pas plus que la mort du fils du chef étoilé, percuté, sur son scooter à l’arrêt par une voiture volée, la tragique agression de ce médecin de haut vol ne fera descendre des foules indignées dans les rues. Car c'est ainsi. Dans notre monde aux valeurs inversées, il est frappant de constater que les manifestations surmédiatisées réunissant des dizaines milliers de personnes sont réservées aux délinquants et à la dénonciation des « violences policières ». Les braves gens enterrent leurs morts en silence, sèchent leurs larmes dans le huis clos familial. Comme si demander des comptes était vulgaire, indigne, ou inutile. Comme si la délinquance, le terrorisme et l’islamisme étaient une fatalité et non le fruit d’une politique.
Un phénomène étrange et contre-nature qu'analyseront sans doute, dans quelques dizaines d’années, sociologues et historiens lorsqu'ils se pencheront sur la mortifère apathie, la paralysie généralisée, l’incapacité de réagir d’une société occidentale arrivée au bout de sa vie.
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