Le Forum de Davos 2022 a commencé hier, et a donné le ton de l'ensemble de l'exercice. Le président ukrainien Zelenski a fait une intervention vidéo qui a reçu une standing ovation, et la Russie était exclue des débats. On ne pouvait mieux illustrer l'alliance étroite entre les mondialistes et le complexe militaro-industriel américain. Mais Schwab a donné la parole à Henry Kissinger sur la question des relations avec la Russie et la Chine. C'était l'occasion de souligner les dangers du bellicisme qui anime le Deep State américain.
Bien sûr, il fallait participer à la grande communion solidaire avec l’Ukraine, et Schwab a fait le job. Il a fait intervenir le président ukrainien en vidéoconférence pour que l’homélie officielle soit dite au peuple des croyants : la Russie a unilatéralement envahi la petite Ukraine si gentille et si pacifique, ce qui met Poutine et ses sbires, et même ses concitoyens, au ban de la communauté internationale.
D’ailleurs la Russie est exclue du Forum de Davos désormais.
Zelenski a donc pris le micro pour remercier les Occidentaux de leur soutien, et pour leur demander d’augmenter leur aide. On se demande parfois si le président ukrainien a réellement cru qu’un seul Européen ou un seul Américain viendrait mourir pour son pays. En tout cas, il donne le change et le fait croire.
Davos gêné par le prix à payer pour une guerre américaine ?
Derrière cette liturgie de bisounours qui passe délibérément sous silence la responsabilité américaine dans ce conflit, les difficultés commencent à apparaître. La guerre saigne durement les économies mondiales et le spectre à la fois de l’hyperinflation et de la crise alimentaire devient de plus en plus angoissant.
D’ailleurs, le World Economic Forum a produit une carte du monde particulièrement instructive :
Comme on le voit, l’Afrique devrait être lourdement frappée par la crise alimentaire, et l’Occident par l’hyperinflation. Quant à la Russie… elle a disparu de la carte.
Sur tous ces points, il faut désormais délivrer le service après-vente de la CIA, tant que ce service est encore audible.
On a donc entendu le gouverneur de la Banque de France tenir des propos totalement hallucinés qui ont fait polémique dès leur parution.
Depuis le premier jour de l’invasion de l’Ukraine, les Européens et les démocraties en général ont fait un choix économique courageux. Nous savions que cela signifierait moins de croissance, plus d’inflation, mais d’une certaine façon, c’est le prix à payer pour défendre nos valeurs, pour défendre l’Ukraine et sa liberté.
Visiblement, le bon François Villeroy de Galhau, inspecteur des Finances et enfant des beaux quartiers, a une conception extensive du “nous”. Car si lui savait que la guerre ukrainienne tout entière née d’une provocation américaine systématique causerait une inflation importante en Europe, peu de Français, parmi ceux qui ont hurlé contre la méchanceté de Poutine et qui ont pleuré sur le sort des Ukrainiens, avaient compris dès le début qu’ils seront les dindons de cette farce.
Et la caste sent bien (du moins une partie d’entre elle, la plus lucide, pas celle à laquelle Villeroy appartient) que les explications à fournir pour justifier le soutien à l’Ukraine vont devenir de plus en plus complexes à entendre.
Davos fait donner Kissinger dans la bataille
Fine mouche, Schwab a bien compris le danger qui s’annonce : celui d’une démondialisation accélérée parce que les peuples seront de moins en moins prisonniers du “narratif” officiel. Il y a donc urgence à modérer les ardeurs bellicistes des Etats-Unis, surtout à l’approche de la grande confrontation avec la Chine autour de Taiwan.
D’où une demie-heure de téléconférence avec Kissinger dont on connaît la théorie émise dans les années 70 : empêcher la Russie de faire un axe avec la Chine, en gardant en permanence une relation privilégiée avec elle. L’inverse de la stratégie suivie par le Deep State depuis la chute du Mur.
Personne mieux que Kissinger ne pouvait donc faire passer le message officiel d’une nécessaire mesure dans la stratégie pour les mois à venir :
‘Les États-Unis’, dit-il, ‘doivent se rendre compte que la compétence stratégique et technique de la Chine a évolué. Les négociations diplomatiques doivent être sensibles, éclairées et viser unilatéralement la paix’.
‘Nous sommes confrontés à la réalité que les technologies modernes placent les pays dans des situations dans lesquelles ils ne se sont jamais trouvés auparavant’, a déclaré Kissinger. Les puissances nucléaires et les nouvelles technologies militaires, sans critères de limitation établis, pourraient être catastrophiques pour l’humanité.’
Tiens ! la caste commence à comprendre que la mondialisation pourrait très bien déboucher sur la décivilisation…
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