Le mandat de Macron s'est signalé par son extrême chahut : crise des Gilets Jaunes en 2018, grèves contre la réforme des retraites en 2019, crise du coronavirus avec une large contestation passée sous silence par des médias aux ordres, puis guerre en Ukraine qui permet de remobiliser l'opinion autour d'un nouveau gouffre manichéen. La question est de savoir si le macronisme peut exister sans ce chaos permanent, qui permet de "tenir" les troupes face aux dangers, supposés ou réels. Et si ce chaos n'est pas orchestré pour maintenir un homme très contestable au pouvoir.
D’un côté, il y a les bons, les respectables, ceux qui ont voix au chapitre parce qu’ils aiment tout ce que Macron incarne : le mondialisme, le rejet du “nationalisme”, du “populisme”, du “complotisme”, mais aussi la fascination pour l’argent, pour le progrès technologique, pour les paillettes et leurs dérivés en tous sens (la notoriété, l’affichage, l’ostentation, l’émotion surjouée), bref, une bourgeoisie cupide et triomphante que l’on aurait qualifiée de “parvenue” à une certaine époque, où le mépris de caste tient lieu de boussole en toutes choses.
D’un autre côté, il y a les damnés, que Macron a affublés (et c’est un peu la paresse de cet article, qui se contente de citer la sémantique macronienne) de tout ce qu’il exècre : les riens, les réfractaires, les Amish, le Comorien amené par kwassa-kwassa, les plus vraiment citoyens qui revendiquent le droit au consentement éclairé pour la vaccination.
Longtemps, une légende tenace a voulu que Macron soit un roi-philosophe, le bras droit de Ricoeur, l’agrégé de philosophie issu de Normale Sup, qui rétablirait les Lumières sur ce pays. Comme tant d’autres “narratifs” de la macronie, il s’agit évidemment d’une fake news : Macron a raté Normale Sup, il n’est pas agrégé de philosophie, et il a à peine connu Ricoeur.
La réalité est plus sordide : Macron n’a reculé devant aucun sacrifice, aucun mensonge, aucun déni grossier, pour réussir, et il est un parfait sophiste. Ses mots ne servent que son ambition, et ne sont arrimés à aucun sens pérenne. Ce que les paroles de Macron désignent, ce à quoi elles font allusion, change au gré de ses intérêts.
C’est l’ère du “narratif” qu’une presse aux ordres substitue méthodiquement à la réalité.
Macron, l’homme des ténèbres
Les amateurs de lectures religieuses se souviennent de l’ouverture de l’Evangile selon Saint-Jean : “Au commencement était le Verbe, et le Verbe s’est fait chair”. Saint-Jean précise que le Verbe, c’est la lumière que les ténèbres ne peuvent atteindre.
Si l’on admet l’hypothèse que le Verbe, c’est la sincérité des mots, des discours, alors on comprend que ce qu’incarne le macronisme n’est certainement pas la lumière, mais seulement les ténèbres.
Souvenez-vous de ses phrases chaotiques sur les non-vaccinés qu’il voulait “emmerder”, propos relus au calme par le service de presse de l’Elysée et publiés après mûre réflexion. Durant la campagne illusoire que nous avons vécue, ces propos immondes ont donné lieu à ce déni présidentiel :
« Je n’ai jamais dit que les non-vaccinés étaient des sous-citoyens ! Je n’ai jamais dit ça. Je ne l’ai jamais dit. Ce n’est pas ma formule. »
Comme le pointe Marianne avec pertinence, Macron n’a effectivement pas parlé de “sous-citoyen”, il a affirmé que les non-vaccinés n’étaient plus du tout des citoyens.
Friedrich Hayek, dans la Route de la Servitude, avait très bien montré comment le totalitarisme a besoin de subvertir les anciennes croyances, de les reprendre à son compte pour leur donner un nouveau sens.
Macron n’a pas procédé autrement : il parle beaucoup des Lumières, comme s’il en était issu. Mais ce mot, chez lui, dans sa sophistique totalitaire, renvoie au contraire de ce qu’elles sont : aux ténébres d’une narration mensongère qui fait passer des vessies pour des lanternes.
Le macronisme ou les conditions de l’hypnose
Une question majeure se pose pour comprendre notre époque : comment les catégories socio-professionnelles supérieures, qui sont au coeur du macronisme, qui sont majoritairement éduquées et éprises d’ouverture sur le monde, qui ont accès à l’information en temps réel par Internet, peuvent-elles se laisser embrigader dans ce manichéisme des ténèbres sans le moindre recul critique ?
Nous avons évoqué cette semaine l’émergence de ce fascisme ordinaire de la caste qui semble fonctionner sous hypnose.
Il faut chercher à comprendre comment un personnage dont la biographie est une suite de mensonges sur tant de choses, y compris des choses privées insignifiantes comme sa relation à Paul Ricoeur, a pu fanatiser autant de gens intelligents, jusqu’à les transformer en fauve de la bêtise et de l’ignorance.
Sur l’étendue des dégâts, il suffit de lire la prose moyenne du macroniste ordinaire à propos du Président ukrainien, qui serait un chantre de la démocratie, face au “taré” Poutine (qui est désormais confondu avec Hitler) pour comprendre quelle outrance idiote et inaccessible au moindre argument de bon sens a pris le pouvoir en France.
De notre point de vue, cette bascule de la majorité bien-pensante dans un extrêmisme d’essence totalitaire ne s’explique que par la stratégie du chaos, prônée depuis de nombreuses années par le Deep State américain, dont les préceptes sont diffusés dans le monde, et surtout en Europe, par des officines comme Mc Kinsey.
Pour venir à bout d’une résistance, rien de tel qu’un choc psychique qui insécurise et assure le gouvernement par la peur et la recherche magique de boucs-émissaires.
Macron, les clivages et le chaos
En réalité, avant même son élection, Macron avait compris que la meilleure façon de s’accrocher au pouvoir est de cliver et de jouer l’archipel majoritaire contre le reste de la population. Et en toutes choses, Macron a systématiquement cherché à monter des majorités de circonstance contre des minorités réfractaires, en usant et abusant de ses soutiens achetés dans la presse à coup de subventions pour convaincre que ces clivages étaient naturels et non artificiellement créés.
Pour cristalliser ces majorités de circonstance, Macron a un truc bien rôdé : il crée le chaos et joue sur la fièvre sécuritaire pour souder la majorité des possédants autour d’une réaction défensive.
Cette stratégie explique que Macron soit indétrônable auprès des retraités, qu’il a pourtant initialement maltraité en relevant la CSG. C’est sur eux qu’il s’est appuyé pour justifier la mutilation des Gilets Jaunes les plus virulents. C’est encore sur eux qu’il s’est appuyé durant le confinement, puis la vaccination, en leur expliquant qu’il fallait sacrifier la jeunesse pour épargner les vies des plus fragiles.
L’industrialisation des ténèbres par Mc Kinsey
Ces techniques de clivage ne sont pas nouvelles.
Mais longtemps, elles étaient en conflit (comme Chirac l’a montré) avec l’idéologie anciennement dominante selon laquelle un Président de la République devait rassembler son peuple au lieu de le diviser et d’attiser ses clivages.
Avec Macron, la France a franchi un double saut.
Premier saut : le clivage est devenu une règle et non une honte.
Deuxième saut : la fabrique des clivages a bénéficié d’une industrialisation systémique selon une logique à la Mc Kinsey.
Sous Macron, le narratif politique est devenu une forgerie quotidienne destinée à transformer l’histoire en une épopée d’un Macron luttant contre des dragons et des chimères qui menaçent la cité.
Ainsi, on a eu les Gilets Jaunes qui ont tenu la rue pour effrayer la majorité silencieuse, puis les nostalgiques des régimes spéciaux qui indignaient les bons bourgeois, puis la guerre contre le COVID qu’il fallait terrasser par tous les moyens possibles, et maintenant la guerre contre l’horrible Poutine, que Macron va instrumentaliser pour justifier la mise en place d’une écologie punitive et pour continuer l’agenda du Great Reset.
Organiser le chaos, l’attiser, pour resserrer les coudes de tous ceux qui font appel à l’union sacrée contre les dangers : telle est le moteur du macronisme, et telle sera sa tentation jusqu’au bout.
Nous avons posé la question de la capacité d’Emmanuel Macron à structurer une opposition à sa politique pour légitimer ses décisions autoritaires. Nous sommes assez convaincus que, s’il est réélu dimanche, il aura besoin d’un désordre mélenchoniste dans les rues pour obtenir une majorité parlementaire. Et nous sommes assez convaincus que ce désordre aura lieu.
Fabriquer des menaces, elles détournent l’attention et font oublier vos défauts.
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