Le ton des Etats-Unis face à la Russie a changé, c'est en tout cas ce qui est affirmé aujourd'hui dans le New York Times : mener ce combat en Ukraine pour faire tomber la Russie, pour qu'enfin le monopole de la gouvernance atlantiste ne soit plus jamais remis en cause. Le fond reste le même, puisque c'est bien le même combat qui est mené depuis que la Russie a relevé la tête, mais désormais les choses sont dites.
La publication de ce matin dans le NYT est d'une tonalité encore plus guerrière que d'habitude, et ce après le passage de Blinken et Austin à Kiev. C'est en fait le Secrétaire à la Défense, Llyod Austin, qui a déclaré depuis la Pologne :
"Nous voulons voir la Russie affaiblie à un point tel, qu'elle ne puisse pas faire le genre de choses qu'elle a faites en envahissant l'Ukraine"
La Russie ne doit donc pas, à l'avenir, avoir le droit de réagir lorsqu'un conflit militaire est entretenu par les Etats-Unis à sa frontière, comme ce fut le cas pendant 8 ans dans le Donbass, suite au coup d'Etat du Maidan et à l'attaque des forces armées ukrainiennes contre les populations russophones de l'Est. La Russie ne doit donc plus être en état, à l'avenir, de réagir si une attaque militaire est dirigée contre elle.
Bref, la Russie comme État, doit ainsi disparaître, si on lit entre les lignes.
Et ce durcissement de la ligne est formulé par le NYT dans sa première phrase des annonces du jour :
"Dans un changement majeur, les États-Unis ont durci leur message sur la guerre en Ukraine hier, affirmant que l'objectif américain n'était pas seulement de contrecarrer l'invasion russe, mais aussi d'affaiblir la Russie, afin qu'elle ne puisse plus mener une telle agression militaire nulle part."
Le monde global ne permet qu'un centre de décision politique, qui lui doit pouvoir souverainement, et uniquement lui, décider des combats à mener et des intérêts à défendre. Un monde, un pouvoir, donc un seul Etat souverain. Si on laisse de côté la rhétorique de "l'agression", bien utile pour légitimer le soutien militaire apporté à ce gouvernement fantoche de Kiev, la véritable question en jeu est bien celle du droit des États, autres que les États-Unis, à être souverains. Et cela ne se négociera ni en Turquie, ni ailleurs. Ce droit va devoir se gagner sur le terrain, puisque les États-Unis veulent remporter sur terrain de guerre leur droit au monopole du pouvoir.
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