06 avril 2022

Guerre d’Ukraine – Mardi 5 avril 2022 – Jour 41

Chronique de la destruction consentie de l'Europe. - Depuis trente ans, les États-Unis n'ont qu'une obsession sur notre continent: empêcher l'émergence de cette "Europe européenne", que le Général de Gaulle appelait de ses vœux, fondée sur une sécurité qui devait aller "de l'Atlantique à l'Oural". La guerre d'Ukraine est à la fois le sommet de la capacité de division américaine et le moment d'un potentiel retournement. Nous assistons non seulement à une révolution militaire russe (grâce aux armes hypersoniques) mais aussi à l'émergence d'un monde multipolaire dont le centre de gravité sera en Eurasie, au cœur du triangle constitué par la Russie, l'Inde et la Chine. La France a un énorme atout - elle est à la fois européenne et présente sur tous les océans du monde. Nous aurions toutes les raisons de jouer un rôle majeur dans le nouvel équilibre des puissances. Mais avant cela, il nous faut d'abord analyser et comprendre ce qui se passe sous nos yeux: le déclin inéluctable de la puissance américaine du fait de la dédollarisation du monde; l'auto-destruction de l'Union Européenne qui pousse les sanctions contre la Russie sur un mode "plus américain que les Américains"; le déclin de la puissance allemande qui a oublié la vieille sagesse de Bismarck, Willy Brandt et Gerhard Schröder - l'Europe va mal quand l'Allemagne et la Russie ne s'entendent pas ; mais aussi le réveil politique de l'Inde qui tient à distance le monde anglo-saxon; la remise en selle, malgré le COVID-19, que cela nous plaise ou non, de la Chine néo-léniniste; et, bien entendu, la résistance de la Russie aux sanctions. C'est à condition de comprendre le monde qui vient que la France saura y trouver sa place.

La campagne militaire en Ukraine

Le bataillon Azov livre ses derniers combats à Marioupol. Voici la carte à jour: 

Au sud d’Izioum, la poussée russe se poursuit lentement pour finir d’encercler Slaviansk et Kramatorsk: 

+ Les frappes balistiques russes ont concernés les secteurs de Kharkov, Dnepropetrovsk, Lvov, Vinnitsa, Novomoskovsk et Odessa. 

+ La rumeur s’amplifie concernant la présences d’officiers de l’OTAN à Marioupol: des officiers de l’OTAN de France, d’Allemagne, de Grande-Bretagne et de la Suède “neutre” seraient bloqués à Azovstal, à Marioupol. Ils ont contacté les troupes russes, leur demandant de les aider à partir, d’organiser un couloir pour sortir.

En fait, ce dont on obtient la confirmation jour après jour, c’est de l’implication d’acteurs OTANiens dans la guerre. 

+ Si vous voulez faire le point sur Bucha, il faut absolument lire l’article de Christelle Néant.  Vous verrez comme il faut être prudent. (Si vous avez besoin de traduire les tweets ou autre textes cités en russe, nous conseillons le logiciel DeepL: www.deepl.com ) 

En tout cas, il faut bien prendre conscience de ce que les Ukrainiens sont prêts à faire n’importe quoipour discréditer la Russie, jeter de l’huile sur le feu et attirer des pays occidentaux dans le conflit. 

+ Il y a eu l’attaque des hélicoptères ukrainiens sur Belgorod. Bucha. Une bombe lâchée par les Ukrainiens sur l’usine chimique de Rubejnoïe. Rappelons-nous au début du conflit les tentatives de manipulation pour faire croire que les Russes visaient les centrales nucléaires. 

On n’est sans aucun doute pas à la fin des montages. Et il faut espérer qu’aucun d’entre eux ne déclenchera une catastrophe de grande ampleur. 

Le conflit géopolitique

+ Le gouvernement du monde, tels que les États-Unis l’ont exercé de Nixon à Obama, leur a échappé. Trump avait intelligemment réduit la voilure et suggéré un seul objectif, contenir la puissance communiste chinoise. Avec Biden, le gouvernail est cassé. Vous vous en rendrez compte en lisant l’article que Frederick Kempe consacre au sommet de Dubaï sur la gouvernance. 

+ Les États-Unis menacent la Russie de la déclarer en faillite. En effet, la Russie considère que les emprunts qu’elle a  contractés auprès de créditeurs américains peuvent être remboursés à partir de leurs avoirs gelés dans les banques américaines. Les Américains, eux, ne veulent pas que l’argent du remboursement soit prélevé sur ces avoirs.  

+ Les Etats-Unis ont simulé aujourd’hui une attaque nucléaire par bombardement contre la base russe de Hmeimim en Syire. 

+ Par leur russophobie fanatique, les Occidentaux ont remis en selle une Chine communiste pourtant discréditée par le COVID-19. La Chine ne cesse de réaffirmer son rôle central. Et quoi qu’on pense du régime néo-maoîste de Xi Jinping, l’organe du PCC en langue anglaise livre ces jours-ci des analyses d’un profond réalisme, absolument sans concessions pour l’absence de vision de l’Europe: ainsi, aujourd’hui, un article qui devrait faire réfléchir sérieusement nos gouvernants explique qu’une “crise énergétique européenne se profile dans un contexte de tensions entre la Russie et l’Ukraine, entraînant une perte de PIB estimée à 1 ou 2 % pour l’ensemble du bloc“. 

Et le quotidien chinois de décrire avec acuité la crise qui se joue autour de l’Allemagne: “L’Allemagne, poids lourd économique de l’UE, qui dépend fortement des importations d’énergie russe, a vu son prix de l’énergie de mars augmenter de 129,5 % par rapport à celui de février. En mars, les dépenses des consommateurs allemands en matière d’énergie et de carburants pour les ménages ont augmenté de 22,5 % en glissement annuel, selon les données publiées par l’Office fédéral de la statistique d’Allemagne.

L’Allemagne a déclaré mercredi une alerte précoce dans le cadre de son plan national d’urgence pour le gaz, exhortant ses habitants à réduire leur consommation d’énergie. Les secteurs à forte consommation d’énergie du pays, notamment la sidérurgie, la papeterie et la logistique, auraient été touchés. Certaines activités ont dû être suspendues, car elles ne pouvaient pas se permettre de supporter la hausse vertigineuse du prix de l’énergie.

Selon les médias, le plan d’urgence de l’Allemagne comporte trois étapes, et l’étape finale n’est activée que lorsque “la demande de gaz est exceptionnellement élevée ou que l’approvisionnement en gaz est fortement perturbé, que toutes les mesures basées sur le marché sont mises en œuvre et que l’approvisionnement reste insuffisant.”

“Lorsque l’étape finale est déclenchée, la crise énergétique faisant boule de neige, la consommation d’énergie donnera la priorité à l’utilisation civile, et l’approvisionnement à des fins industrielles pourrait être totalement interrompu dans ce cas, ce qui aurait un effet dévastateur non seulement sur l’Allemagne, mais aussi sur l’économie européenne, qui a été mise à mal par la pandémie”, a averti M. Cui, tout en estimant que de telles crises énergétiques pourraient réduire l’expansion du PIB de l’Europe d’environ 1 à 2 points de pourcentage“.

+ Cette situation n’empêche pas Ursula von der Leyen et quelques autres dirigeants européens de réclamer un durcissement des sanctions contre la Russie et en particulier l’arrêt des importations de charbon russe. Ce sont les mineurs américains qui vont se réjouir que leur emploi soit ainsi garanti ! 

+ Les Chinois sont même allés plus loin: ils ont explicitement refusé de soutenir l’UE en matière de sanctions: “La Chine poursuivra ses échanges commerciaux “normaux” avec la Russie, a-t-elle déclaré, un jour après que l’Union européenne a exhorté les dirigeants chinois à ne pas compromettre les sanctions occidentales.

“La Chine n’est pas une partie liée à la crise de l’Ukraine. Nous ne pensons pas que notre commerce normal avec un autre pays doive être affecté”, a déclaré Wang Lutong, directeur général des affaires européennes au ministère chinois des affaires étrangères, à Pékin samedi (2 avril), rapporte Reuters.

Wang s’est exprimé un jour après que de hauts responsables de l’UE eurent exhorté le président chinois Xi Jinping à ne pas aider la Russie à contourner les sanctions occidentales.

Le haut diplomate chinois a réitéré la ligne de conduite adoptée de longue date par Xi Jinping, à savoir : “Nous nous opposons aux sanctions”.

“Les effets de ces sanctions risquent également de se propager au reste du monde, entraînant des guerres de devises, des guerres commerciales et financières et risquant également de mettre en péril la chaîne d’approvisionnement”, a déclaré Wang”

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