02 mars 2022

Quand le gouvernement français dénonçait l’extrême droite au pouvoir en Ukraine

Existe-t-il des groupuscules néonazis en Ukraine ? Lors de son allocution le 24 février dernier,  Vladimir Poutine a qualifié Volodymyr Zelensky et ses ministres de « clique de toxicomanes et de néonazis », ce qui a valu une levée de bouclier immédiate de la part du système médiatique en rappelant notamment les origines juives du président Ukrainien. Et si en réalité la Russie reprochait plutôt à l’Ukraine d’avoir intégré au sein de ses forces armées des unités proches de l’extrême droite ? Dans une note en date du 3 janvier 2016, l’OFPRA était loin de négliger l’action de l’extrême droite dans le pays.  

L’OFPRA – Office français de protection des réfugiés et apatrides – est un établissement public administratif sous tutelle du ministère de l’Intérieur, qu’on ne peut donc soupçonner de complotisme de bas étage (contrairement à nous).

La présence de l’Extrême droite au Parlement qui a le désir d’intégrer l’OTAN, l’UE et de se doter de l’arme nucléaire

Le document en question décrit l’ascension politique du parti Svoboda. 

Initialement intitulé Parti national socialiste d’Ukraine (SNPU) et maintenant Svoboda (liberté), cette mouvance qualifiée d’extrême droite s’est formée en 1991 sur un sentiment anti-russe et dont l’ennemi déclaré est l’idéologie communiste.

Jusqu’en 2000 l’influence de l’organisation reste très marginale. Le document (s’empresse) de relever la Coopération du mouvement avec l’EuroNAT – association européenne des partis nationalistes – et convie deux fois Jean-marie Lepen. A partir de 2004, un mouvement de dédiabolisation s’enclenche et toute référence des figure controversée telle que Stepan Bandera est abandonnée.

D’après la note de l’OFPRA, bien que s’étant rapproché du centre, le parti prône toujours des thèses d’extrême-droite comme le fait de restreindre la citoyenneté aux « ukrainiens de sang », mais son dirigeant Oleh Tyahnybok est immédiatement exclu du parti lorsqu’il déclare en 2004 que l’Ukraine est contrôlée par une mafia russo-juive.

En 2012, Svoboda recueille 10,5 % des voix aux élections parlementaires et remportent 37 sièges.

En matière de politique étrangère, Svoboda entend transformer de nouveau l’Ukraine en une puissance nucléaire, sortir de toutes les organisations post-soviétiques et rejoindre l’OTAN et l’Union européenne. « ce rapprochement avec l’union européenne est aussi perçu comme une barrière contre la Russie et sa sphère d’influence ».

L’existence de groupuscules néonazis ultra-violents en Ukraine

La note explique l’origine de la coalition Pravy Sektor (secteur droit) rassemblant plusieurs groupes radicaux, dont les deux suivants :

Les patriotes d’Ukraine ont pour symbole le Wolfsangel de l’Allemagne nazie et sont accusés de crimes haineux contre des migrants ou étudiants étrangers mais aussi soupçonnés d’être à l’origine d’attaques de kiosques à journaux dans la ville de Kharkiv.

Quant à l’assemblée nationale ukrainienne-autodéfense ukrainienne (UNA-UNSO), cette organisation paramilitaire « citoyenne » poursuit ouvertement une idéologie antisémite et fasciste, et s’oppose aux mouvements séparatistes dans l’est de l’Ukraine.

Les combattants (puisqu’il faut les appeler ainsi) participent à des marches paramilitaires et à des attaques armées pendant des rencontres politiques pro-russes.

Au début des années 90, des membres sont envoyés en Lituanie et Moldavie et certains reçoivent des décorations militaires Tchétchènes. En 2006, le procureur général Russe ouvre une procédure pénale à leur encontre pour avoir participé à la guerre de Tchétchénie en tant que mercenaires (le document ne fait cependant pas état de l’issue du procès).

En bref, il y a quelques années une administration française n’avait pas de mal à reconnaitre l’existence de groupuscules néonazis animés par un sentiment anti-russe très profond. Cette vérité n’est-elle plus bonne à dire ? Quelle est l’influence politique réelle de ces groupuscules sur le sol Ukrainien ? nous ne pouvons pas répondre à cette question – mais dire qu’il existe des groupes néonazis en Ukraine ne relève pas de la propagande pro-russe.

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