30 mars 2022

Macron, le candidat d’un monde qui expire

Et pendant que les réseaux sociaux glosent (à raison et probablement pas assez) sur le #McKinseyGate, cette coûteuse irruption de cabinets de conseils privés utilisés pour monnayer de si judicieux conseils qui auront coûté plus de 2 milliards d’euros aux Français afin de – notamment – les obliger à boire leur café debout, la campagne électorale en vue du renouvellement présidentiel continue avec plus ou moins de bonheur et de pertinence alors que le pays continue joyeusement à s’embourber dans ses mauvaises habitudes collectivistes.

Alors que les promesses électorales alléchantes et plus ou moins farfelues s’empilent sur des professions de foi dont on sait déjà qu’elles ne seront pas lues (ou bien qu’elles n’intéresseront pas, ou bien qu’elles ne seront pas distribuées comme le veut maintenant la nouvelle tradition républicaine), on constate différents mouvements de troupes en ralliements aux uns et aux autres.

Dans cette course un tantinet sordide à l’échalote du pouvoir, on ne peut s’empêcher de noter l’obstination médiatique à nous relater tous les derniers ralliements pour le candidat Macron qui, si l’on s’en tient à ce que nous raconte la presse, semble ainsi récolter de belles prises.

En effet, après avoir dissout de fait le Parti Socialiste en 2016 et 2017 en venant lui siphonner ses cadres, ne laissant à Anne Hidalgo qu’une chance réduite de dépasser le prix de l’essence à la pompe, le frétillant Macron semble capable de rameuter à lui tout ce que le pays compte de caciques plus ou moins représentatifs de tous les bords politiques, à l’exception bien sûr de ce que la presse qualifie d’extrême.

C’est ainsi qu’on découvre un vieux Rebsamen un tantinet poussiéreux, qui déclare sans se cacher porter son vote vers Macron.

On a là sans grande surprise une illustration supplémentaire de ces représentants de la gauche nécrosée, prête à accepter absolument toutes les compromissions et toutes les torsions de leur idéologie tant qu’il s’agit de conserver le pouvoir quitte à rejoindre le « déclaré gagnant » avant le premier tour pour pouvoir ensuite réclamer l’une ou l’autre largesse.

Il en va donc de même pour d’autres « célébrités » oubliées de la politique, comme Marisol Touraine qui estime que le vote « utile et responsable » se trouverait chez Macron dont l’historique en matière d’utile et de responsable laisse songeur et alors même que l’historique de Touraine en matière de décisions judicieuses achève de solidifier l’ensemble de la décision.

L’ex-ministricule de Hollande est rejointe avec calcul par Elisabeth Guigou qui fait bien vite pareil et qui va plus loin puisqu’elle a même décidé d’aider la campagne de l’actuel président.

Au passage, on peut décemment se demander ce qui constitue justement cette campagne : entre les non-meetings où le candidat n’est pas là, les remplissages de sièges par des concours aussi puérils qu’inspirant une certaine pitié et ne respirant décidément par la gagne, les bricolages improbables (et qui laissent une impression de gêne un peu poisseuse) sur Minecraft, rien ne semble vraiment aller dans ce qui devrait normalement porter les foules qui sont, pour rappel et selon certains sondages à l’alchimie la plus précise, à près de 30% favorables à l’actuel locataire de l’Élysée.

Bref, Rebsamen, Guigou, Touraine, il manque encore quelques gros morceaux et lorsque Ségolène Royal s’y mettra, le bal sera complet à gauche.

Pour la droite, les transfuges de LR ne manquent déjà pas jusqu’au bras droit de Pécresse, Guillaume Larrivé, qui envisage dès à présent un ralliement à Macron. Pourtant, la campagne de sa patronne est de la même envergure et déclenche le même charisme d’abribus éteint que celle de Macron. Comme quoi…

Pas de doute en tout cas : Macron a réussi à attirer à lui… tous les déchets du Monde d’Avant, de la politique politicienne franchouillarde telle qu’on l’a toujours connue et qui s’étend depuis les remugles fétides des années 2000 jusqu’à l’actuelle « opposition » et ses actuels invertébrés.

Récupérant tout ce qui passe et ne sait pas avoir de vraie pensée alternative, cette aspiration par le vide montre surtout qu’il n’y a personne d’autre pour recueillir ces reliquats de l’ancien monde, les débris politiques de droite et de gauche dont les citoyens ne savaient déjà plus quoi faire il y a un, deux ou trois mandats et qui se déposent dans le débat électoral comme autant d’effondrilles de partis politiques sur-cuits et sur-infusés.

En fait, la startup nation s’est inexorablement muée, après un quinquennat honteux, en hospice du Vieux Monde, sorte d’EHPAD pour parti sous assistance médicalisée lourde.

Ces ralliements montrent à quel point Macron est devenu un véritable radeau de sauvetage des losers de droite et de gauche, qui ne font, une fois encore, qu’un petit calcul mesquin sur le mode « On sait de toute façon où se trouveront les places et le pognon, pas la peine de s’illusionner, rallions Macron. »

Cependant, toutes ces agitations pathétiques font vite oublier que le premier tour n’est pas fait, quoi qu’en disent des sondages aux marges d’erreur encore larges. Ainsi, Macron pourrait ne pas le passer. Oh, certes, ce n’est pas le plus probable, mais ce n’est pas impossible, tout comme il n’était pas le plus probable que Jospin ne soit pas au second tour en 2002.

À l’époque, il avait eu de mal à convaincre ses militants et ses sympathisants à voter, tant tout le monde l’avait présenté comme certain au second tour. Et le bonhomme ne déclenchait pas la moitié de l’irritation que Macron déclenche à présent. Douter qu’il parvienne au second tour n’est donc pas complètement lunaire et c’est une hypothèse intéressante : imaginez qu’il n’y soit pas.

Un second tour Zemmour/Marine Le Pen ou Zemmour/Mélenchon serait assurément un coup de tonnerre dans une France au bord de l’implosion, un retour de la politique de clivage après la soupe dépolitisée que Macron nous a vendue en 2017. Panique dans les rédactions. Horreur pour beaucoup.

Rassurez-vous, On rigole. Mais imaginez quand même et surtout n’oubliez pas : quels que soient les candidats au second tour, ce pays est foutu.

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