Rien de tel qu’un petit sommet entre copains pour se requinquer et c’est exactement ce qu’a fait une petite brochette de chefs d’États la semaine dernière à Bruxelles, avec Joe Biden, le président américain, en « guest star » dans une série de réunions que la presse s’est empressée de relater avec gourmandise. Et les conclusions sont unanimes : ça va aller de mal en pis.
Emmanuel Macron, inévitablement présent sur place, ne s’est pas fait prier pour expliquer comment il voyait la situation et ce qui nous attendait. Pour le chef de l’État français, les choses sont claires : les prochains mois qui viennent seront parsemés de difficultés croissantes.
Ainsi, comme le blé ne sera pas planté en Ukraine, comme les engrais ne seront pas vendus hors de Russie, comme les blés déjà plantés et ceux qui seront récoltés ne quitteront pas les producteurs, trop soucieux de ne pas manquer pour eux-mêmes, les mois qui viennent seront placés sous le signe de la pénurie pour laquelle Biden nous a tous averti avec une certaine appétence, en estimant lors d’un discours au siège de l’OTAN que ces pénuries alimentaires mondiales allaient « se concrétiser » à la suite de l’invasion de l’Ukraine.
Il s’est bien évidemment gardé de présenter le moindre plan ou la moindre solution de contournement ou d’organisation qui permettrait d’amoindrir le choc dont il nous a fait part : pour lui, c’est évident, on va manquer de nourriture dans quelques mois et… Et c’est tout, oh là, calmez-vous, il va falloir se débrouiller sans lui !
Heureusement, du côté du président français, on a sauté sur l’occasion pour justement fournir quelques pistes : certes, oui oui nous allons avoir des biscuits et des pâtes à prix record, une inflation galopante et très probablement des paquets de conflits dans les pays du Moyen-Orient voire en Afrique, mais ce n’est pas une raison pour ne pas lancer un truc, un machin, disons un Grand Plan Mondial. C’est un titre qui ronfle bien et qui va faire de la titraille putaclicable, ce qui en temps de campagne électorale est plus que nécessaire pour le candidat Macron.
Dans ce dernier, il entend donc lutter contre les pénuries à venir en proposant essentiellement de s’engager, au nom de l’Europe, à ne pas ajouter de nouvelles inepties à celles que lui et les institutions européennes ont déjà pondues, et à ne pas défavoriser les exportations de biens alimentaires à destination des pays demandeurs. Autrement dit, il s’agira de faire peu ou prou ce qui aurait été fait en temps normal, mais en battant des bras en l’air pour accroître l’impression que c’est exceptionnel.
Pour l’explosion du prix des matières premières en général et de l’énergie en particulier, le frétillant factotum de McKinsey a proposé de mutualiser les productions européennes actuelles afin de mieux les coordonner et les répartir, parce que d’une part, le marché libre est réputé ne pas savoir le faire sans l’insertion inopinée des petits doigts boudinés de Macron, et d’autre part parce que, c’est bien connu, l’Europe produit du gaz, surtout depuis que les recherches des compagnies énergétiques européennes ont été interdites ou rendues administrativement impossibles, et encore mieux depuis qu’on a interdit purement et simplement toute exploitation des gaz de schistes sur le territoire français, alors même que la France est un des pays les mieux fournis.
En somme, le président français propose de mutualiser les pénuries énergétiques européennes. La pensée Macron et son principe du « En Même Temps », c’est vraiment complexe, mine de rien.
Une inflation galopante, des pénuries, des kyrielles de nouveaux conflits et, à chaque fois, une promesse de morts par dizaines voire par centaines de milliers, décidément, nos dirigeants ont le sens du spectacle à gros, très gros budget et celui des chiffres qui font peur, à tel point qu’on ne peut pas ne pas voir la similitude avec les annonces qui furent faites pendant la pandémie, en nature et en cadencement : on prévient d’emblée d’un nombre de morts, hypothétiques, élevés, de souffrances à venir, on veut continuer à sidérer, à faire peur, à tenir en haleine dans l’effroi alors que la pandémie n’intéresse plus vraiment et que la guerre ukrainienne montre déjà des signes d’essoufflement auprès de l’opinion publique.
Oui, il y a un désir manifeste à vouloir continuer la même rengaine de la crise géante qui a besoin de traitement exceptionnel, en mettant tout ce qui se passe sur le dos de ce conflit entre l’Ukraine et la Russie. Mais voilà : ces pénuries, cette inflation ne sont pas le résultat de ce seul conflit, c’est aussi le résultat des sanctions, d’une part, et surtout d’une volonté de créer le plus de chaos possible dans les chaînes d’approvisionnement.
Oui, il s’agit bien d’une volonté parce que cette pénurie a été sinon planifiée au moins aggravée par les gesticulations des Européens, que ces gesticulations ont été poussées si ce n’est carrément pilotées par les Américains qui ont tout intérêt à voir l’Europe s’affaiblir et souffrir pour que les États-Unis conservent leur leadership (une Europe unie pourrait l’être contre eux, après tout, cela s’est déjà vu) et que les résultats sont sinon désirés au moins commodes et profitent directement aux pouvoirs en place.
Et comme pour la pandémie dont, heureusement, le bilan direct est bien moindre, alors que c’est bien sa gestion calamiteuse qui a provoqué le plus de dégâts, ces annonces cachent mal que ce seront encore une fois les pays les plus pauvres, les moins développés qui seront les plus touchés. Quant aux pays riches ou développés, sans surprise, cette nouvelle crise aura le plus d’impact sur les classes laborieuses et moyennes. Certes, le grignoteur de soja bio et le brouteur de quinoa devront payer plus cher leurs agapes bio-conscientisée et gaïa-compatibles, mais ce sont surtout les autres qui vont souffrir : les biens de consommation les plus courants vont voir leur prix exploser plus vite que toute réévaluation des salaires, et s’il doit manquer de quelque chose dans les rayons, ce sera d’abord ce qui est consommé le plus et en flux tendu (ou quasi tendu)…
Ne nous leurrons pas : pour conserver le pouvoir, pour conserver la peur ou la panique dans les populations afin d’en garantir l’obéissance, les dirigeants occidentaux, Macron et Biden en tête, sont prêts à tout et ils prophétisent maintenant voire, toute honte bue, créent des famines.
Et tant qu’on s’occupera de regarder là ils pointent leurs doigts, personne ne pensera à questionner leurs méthodes catastrophogènes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.