Le Courrier des Stratèges publie une à deux fois par jour un bilan de l’évolution de la Guerre d’Ukraine. Avec une double perspective, croisée: la guerre sur le terrain; et le conflit stratégique global que les Etats-Unis essaient d’organiser contre la Russie – en prenant le risque très clair d’une escalade entre puissances nucléaires. Nous sommes dans une "crise des missiles de Cuba" au ralenti. L'instinct de survie et l'intelligence l'emporteront-ils sur le potentiel d'auto-destruction de l'humanité ?
Un peu de lucidité du côté occidental?
09h00:”Il y a des moments où nous aurions pu mieux réagir. Par exemple, nous avons proposé des choses que nous ne pouvions pas garantir, notamment l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Cela n’a jamais été réalisé. Je pense que c’était une erreur de faire des promesses que nous ne pouvions pas tenir“. C’est Josep Borell qui parle, Haut-représentant de l’Union Européenne pour la politique étrangère. Et il ajoute que l’Occident a commis des erreurs dans la construction de ses relations avec la Russie. “Ainsi, nous avons perdu l’occasion de rapprocher la Russie de l’Occident afin de la dissuader“
10h00: Non moins intéressante sur l’évolution des esprits dans le monde occidental, ce point de vue de Jeffrey Sachs paru mercredi 9 mars. L’économiste de Columbia est, de notre point de vue, ce que l’on fait de plus détestable, dans le monde académique occidental actuel. Il a contribué à l’introduction de politiques économiques prédatrices dans l’Europe de l’Est des années 1990, en étant le conseiller de plusieurs gouvernements. Ensuite, il s’est recyclé dans l’écologie; et lui que certains croyaient “ultralibéral” est aujourd’hui fanatique des normes à imposer aux économies au nom du “réchauffement climatique”. C’est un malthusien fou – il défend le point de vue que le point d’équilibre de la planète est sans doute à quelques centaines de millions d’humains. Jeffrey Sachs est conseiller du Secrétaire Général de l’ONU. Il fréquente régulièrement le Saint-Siège depuis que François est pape et ce dernier l’a nommé à l’Académie pontificale des Sciences.
On aurait pu s’attendre, donc, à ce que que Sachs soit du côté des jusqu’au-boutistes. Or il montre au contraire la voie d’une sortie diplomatique du conflit. C’est la raison pour laquelle nous restituons l’intégralité de son article. Les mises en gras et les commentaires sont de nous:
“La guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine est horrible et barbare. Pourtant, il est encore possible d’y mettre fin par une solution diplomatique dans laquelle la Russie retire ses forces en échange de la neutralité de l’Ukraine. Poutine a signalé son ouverture à cette possibilité lors de son récent appel avec le président français Emmanuel Macron : “il s’agit avant tout de démilitarisation et de neutralité de l’Ukraine, pour faire en sorte que l’Ukraine ne constitue jamais une menace pour la Russie.” Traduit en action, cela pourrait signifier que l’OTAN et l’Ukraine renonceraient à l’adhésion future de l’Ukraine à l’Alliance si la Russie se retire immédiatement d’Ukraine et renonce à de futures attaques.
Dans une solution diplomatique, aucune partie n’obtient tout ce qu’elle veut. Poutine ne pourrait pas restaurer l’empire russe et l’Ukraine ne pourrait pas rejoindre l’OTAN. Les États-Unis seraient contraints d’accepter les limites de leur pouvoir dans un monde multipolaire (une vérité qui s’appliquerait également à la Chine).“
Ce qui est intéressant, ce sont moins les bouffées émotionnelles de Sachs ou ses erreurs d’appréciation – où a-t-il vu que Poutine voulait rétablir l’Empire russe? Mais son acceptation de l’idée de neutralisation de l’Ukraine – un des objectifs de Vladimir Poutine. En fait, derrière les projections inexactes ou les indignations larmoyantes, Jeffrey Sachs semble avoir compris que l’Ukraine de Zelensky est sur le point de s’effondrer:
“Certes, un compromis diplomatique ne cadre pas avec l’humeur actuelle. Le monde est consterné par la perfidie de la Russie et ému par la résistance héroïque du peuple ukrainien. Pourtant, la survie de l’Ukraine (et peut-être même celle du monde) dépend en fin de compte de la prudence qui doit l’emporter sur la bravoure. L’Ukraine demande plus d’avions de chasse, plus d’armes lourdes et une zone d’exclusion aérienne de l’OTAN. Chacune de ces mesures augmenterait le risque d’une confrontation directe entre la Russie et l’OTAN, qui pourrait rapidement dégénérer en un affrontement nucléaire.
L’instinct des dirigeants européens et américains est d’écraser économiquement la Russie, afin de prouver de manière décisive que la barbarie ne paie pas. De ce point de vue, un compromis ressemble à un apaisement, mais le compromis consisterait à sauver l’Ukraine, pas à la céder. La guerre économique comporte également de profonds risques. Les bouleversements mondiaux seront énormes, et les demandes de passer de la guerre économique à une réponse militaire ne manqueront pas d’augmenter. Entre-temps, les combats se poursuivront, provoquant des effusions de sang massives et conduisant probablement à une occupation russe de toute façon”.
Jeffrey Sachs a compris deux points fondamentaux: d’une part, plus l’Occident reculera le moment de faire entendre la voix de la raison, plus l’Ukraine ressortira affaiblie du conflit et rétrécie: les Russes, en effet, rendront-ils les territoires qu’ils auront conquis? Donc il vaudrait mieux sauver les meubles….
Jeffrey Sachs est détestable mais intelligent. Il a bien compris ce qui est en jeu. Le monde est potentiellement dans une “crise de Cuba”. Elle a beau se déployer au ralenti, le danger est réel.
“La diplomatie peut fonctionner même dans les confrontations les plus dures. En fait, la diplomatie est essentielle pour résoudre les conflits entre grandes puissances à l’ère nucléaire. La crise des missiles de Cuba en est un bon exemple. Que l’on impute cet incident aux États-Unis, pour avoir soutenu l’invasion de Cuba en 1961, ou à l’Union soviétique, pour y avoir déployé des armes atomiques en 1962, le conflit a amené le monde au bord de l’Armageddon nucléaire.
Finalement, la crise a été désamorcée par la diplomatie et le compromis, et non par une victoire unilatérale. Le président américain John F. Kennedy accepte de retirer les missiles américains de Turquie et s’engage à ne plus jamais envahir Cuba, tandis que le premier ministre soviétique Nikita Khrouchtchev accepte de retirer les missiles soviétiques de l’île. Le monde a eu de la chance. Comme l’a montré plus tard l’historien Martin Sherwin, la guerre nucléaire entre les deux puissances a failli éclater malgré les efforts de Kennedy et de Khrouchtchev pour l’éviter.
Même lucidité de Jeffrey Sachs sur les sanctions, malgré les approximations (il oublie par exemple que la Banque Centrale Russe a des réserves en yen, en yuan et en or):
“En réponse à la guerre de Poutine, les États-Unis et l’Europe ont rapidement déployé un éventail impressionnant de mesures économiques pour déconnecter la Russie du commerce et de la finance mondiaux. Ces mesures comprennent le gel des réserves de la banque centrale russe et d’autres comptes d’actifs privés, la saisie de yachts, l’arrêt des flux technologiques, la fin de la couverture d’assurance et la radiation des titres russes.
Mais de telles sanctions dissuadent rarement, et encore moins font tomber, un régime impitoyable. Les États-Unis ont tenté des mesures similaires pour renverser le président vénézuélien Nicolás Maduro, mais n’ont réussi qu’à écraser l’économie. Selon le Fonds monétaire international, le PIB par habitant du Venezuela a diminué de plus de 60 % entre 2017 et 2021, et pourtant Maduro reste retranché (et est maintenant courtisé par les États-Unis pour que le Venezuela pompe davantage de pétrole). Les sanctions américaines n’ont pas non plus renversé les régimes de l’Iran et de la Corée du Nord.
En outre, les sanctions contre la Russie risquent de s’épuiser avec le temps. Après avoir provoqué d’énormes dégâts et une grande détresse à court terme dans le monde entier – avec la flambée des prix du pétrole et la perturbation des principales chaînes d’approvisionnement en matières premières – elles créeront d’innombrables possibilités d’arbitrage pour la Russie, qui pourra vendre ses précieuses matières premières à des entités hors de portée des sanctions américaines. La Chine et d’autres pays ne seront pas enclins à appliquer un régime de sanctions qui pourrait bien être utilisé contre eux ensuite. La Russie ne sera donc pas aussi isolée que les États-Unis et l’Europe semblent le penser. Après le choc initial des nouvelles sanctions, ses opportunités commerciales vont probablement augmenter, et non diminuer.”
Il est en soi décisif qu’un économiste de l’establishment annonce l’échec des sanctions! Evidemment, il s’agirait de mesurer qul impact peut avoir Jeffrey Sachs par ce point de vue. A première vue, la puissance de ses réseaux donne à penser qu’il s’avance avec la certitude d’avoir une influence – sans prendre de risques inutiles pour le maintien de son appartenance à ce que David Rothkopf appelle “superclasse”:
“Outre les sanctions économiques, les États-Unis et l’Europe acheminent également des armes vers l’Ukraine. Là encore, il est très peu probable que cela empêche une occupation russe, mais il est plus probable que l’Ukraine devienne un autre champ de bataille perpétuel, comme l’Afghanistan, la Libye et la Syrie avant elle. Plus inquiétant encore, l’afflux d’armes en Ukraine risque de provoquer une confrontation militaire directe entre la Russie et l’OTAN. Alors que l’Afghanistan, la Libye et la Syrie n’avaient pas d’armes nucléaires, la Russie en possède près de 6 000, dont environ 1 600 actives et déployées.
La diplomatie pourrait bien échouer. Mais cela ne signifie pas qu’il ne faut pas essayer. Comme l’a déclaré le célèbre Kennedy, “Ne négocions jamais par peur. Mais n’ayons jamais peur de négocier”. Ce sentiment a sauvé le monde en 1962, et il pourrait le sauver à nouveau aujourd’hui.
Les observateurs de la Russie sont profondément divisés quant aux véritables motivations de Poutine. Beaucoup pensent qu’il ne reculera devant rien pour recréer l’Empire russe. Si tel est le cas, que Dieu nous aide. D’autres pensent qu’il vise à détruire la démocratie ukrainienne et à étouffer son économie, afin qu’elle ne puisse pas devenir un phare pour le peuple russe. D’autres encore affirment que l’opposition véhémente de Poutine à l’élargissement de l’OTAN – et à l’ingérence politique des États-Unis en Ukraine (notamment son soutien au soulèvement contre le président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch en 2014) – est authentique.”
C’est la première fois depuis le début de ce conflit que nous voyons un membre de l’establishment américain mentionner au moins ce qui est la motivation réelle de Vladimir Poutine !
“Il est temps de tester cette proposition. Et si la neutralité ukrainienne était vraiment la clé de la paix ? Poursuivre la diplomatie n’est pas de l’apaisement ; c’est de la prudence, et cela pourrait sauver l’Ukraine et le monde d’une catastrophe sans nuances“.
On ne saurait sous-estimer l’impact d’un tel point de vue. Et cela d’autant plus que le Pape François – qui n’a pas de compréhension géopolitique à la différence de ses prédécesseurs et qui écoute beaucoup Jeffrey Sachs – est néanmoins enclin à une médiation.
Aperçus sur le front
11h00: De notre source habituelle sur le terrain militaire:
“Ukraine, mise à jour de la carte, soirée du 11 mars :
Ligne de front des LDNR :
Progression depuis le sud et conquête russe de Volnovakha.
Prise de contrôle de tout le nord de la LNR et augmentation de la pression sur les positions kiéviennes (Kramatorsk-Severodonetsk).
Izyum : la partie sud de la ville (sud de la rivière Seversky Donets) reste contrôlée par Kiev.
Région de Kherson
Contrôle étendu vers le nord et le sud.
Les villes en rouge sur fond jaune sont contrôlées par les forces russo-LDNR. Celles en bleu sont contrôlées par Kiev. Celles en noir sont neutres ou sous contrôle conjoint”.
– Les pertes kiéviennes ont légèrement augmenté sur les dernières 24 heures, d’après le renseignement Russe, à ~15 500 tués/blessés graves/disparus. Le nombre de prisonniers reste stable à 860.
Le nombre de drones et d’avions détruits passe à plus de 120 dans chaque cas.
– A Vasilkov, au sud-ouest de Kiev, le dépôt pétrolier près de l’aérodrome et le dépôt de munitions de l’aérodrome ont été détruits par l’artillerie Russe (roquettes multiples), vraisemblablement depuis le nord-ouest de Kiev.
Les forces kiéviennes continuent d’amener du renfort dans les quartiers nord-est de Kharkov. La valeur symbolique de cette ville pour les Kiéviens est confirmée.
– La République de Donetsk vient d’abattre le 14ème missile balistique Toshka-U kiévien (14 depuis le début de l’opération Russe).
– Les satellites Starlink, officiellement déployés pour apporter Internet à la population, sont utilisés dans l’ouest du pays par les gardes-frontières kiéviens, en substitution des systèmes de communication Ukrainiens qui ont été gravement endommagés par les frappes des forces Russes.
Et si les Russes attaquaient soudainement Paris?
12h00: Un bon exemple de la facilité avec laquelle on peut fabriquer une vidéo qui a l’air plus vrai que vrai: il se confirme que la guerre de l’information pro-ukrainienne est efficace.
Pourquoi l’opinion russe soutient Vladimir Poutine
13h00: Les premières enquêtes menées en Russie montrent un soutien de plus des deux tiers de la population russe à Poutine, qui augmente depuis le début de la guerre. Extraits d’un article russe datant du 8 mars 2022 sur le sujet:
“Selon le sondage VCIOM, réalisé du 25 au 27 février, 68 % des Russes ont soutenu la décision de M. Poutine de mener une opération militaire spéciale en Ukraine. Vingt-deux pour cent n’ont pas soutenu l’opération. 10% ont trouvé qu’il était difficile de répondre. (Un sondage VTsIOM réalisé le 3 mars a montré une augmentation du soutien à l’opération à 71%)”.
Et la sociologue Maria Matskevich commente ainsi:
- “Tous les collègues s’accordent à dire que les chiffres des sondages ne sont pas truqués. Le VCIOM a mis en place un ensemble d’informations statistiques – toute personne disposant des compétences et des logiciels appropriés peut calculer tout cela par elle-même.
- Pour ceux qui ont peur, il est plus facile de ne pas répondre du tout. Et ceci est vrai non seulement pour les discussions sur les opérations militaires, mais aussi en général pour tout sujet. On sait qu’en moyenne, 10 % des personnes interrogées ne disent pas aux sociologues ce qu’elles pensent vraiment.
- VCIOM a demandé quel était l’objectif de la Russie. Les réponses sont intéressantes. 10% de ceux qui l’approuvent l’attribuent à des “ambitions impériales”, conventionnellement parlant. 7% citent la dénazification comme objectif (bien que le mot “dénazification” lui-même ne soit pas tout à fait clair). Et tous ceux qui ont approuvé l’opération ont déclaré que les objectifs de la Russie étaient les plus nobles : soit nous nous défendons, soit nous défendons les peuples qui nous sont favorables. C’est-à-dire que nous sommes les défenseurs.
- Non seulement la cote de Poutine a augmenté (elle était déjà élevée), mais aussi celle du gouvernement (la tendance a changé de façon spectaculaire – il y a 1,5 fois plus de personnes qui approuvent le gouvernement que de personnes qui le désapprouvent). Une certaine augmentation de l’approbation de la “Russie unie” (parti présidentiel). Et pas de croissance pour tous les partis d’opposition.
- C’était exactement la même chose dans la situation de la Crimée. C’est l’effet du ralliement autour du leader.
- Les gens ont le sentiment que nous avons raison. Ils sont heureux que l’ennemi ait été nommé. Et cet ennemi n’est pas l’Ukraine, l’ennemi est l’Occident. Il n’y a plus de maudite ambiguïté. L’Occident est contre nous. Ce qui est renforcé par des déclarations de l’extérieur – regardez : même nos chats ne sont pas autorisés à entrer dans l’exposition. Il y a une guerre sainte en cours, où c’est nous contre tout le monde”.
A la question de savoir si le soutien à Poutine pourrait baisser, le sociologue Mikhail Sokolov répond:
“Je ne pense pas. Ceux qui ne l’ont pas soutenu auparavant souffriront le plus. En outre, le matériel ne va pas à l’encontre de l’idéal. Les personnes qui approuvent la confrontation avec l’Occident comprennent qu’elles ne souffrent pas pour rien, mais pour quelque chose – cela donne un sens à leur vie. C’était le cas de l’autre partie de la population pendant la perestroïka : l’intelligentsia des sciences humaines et techniques a soutenu toutes les transformations de la fin des années 1980 et du début des années 1990, même si elle en a elle-même beaucoup souffert“
Le plus intéressant, sans doute dans ce sondage est le sentiment de soulagement qu’ont beaucoup de Russes interrogés à propos d’une clarification. A présent on sait que l’Occident est un ennemi, sans aucune ambiguïté. Et on sait pourquoi on se bat.
Point diplomatique et stratégique
14h00: Le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Ryabkov déclare que Moscou pourrait reprendre un dialogue sur la sécurité avec les États-Unis si Washington est prêt à le faire. La Russie est également prête à discuter de la question du nouveau traité START, de réduction des armes nucléaires stratégiques qui avait également été mis en suspens. Le Ministre russe a parallèlement souligné que l’envoi d’armes à l’Ukraine par d’autres pays était une initiative dangereuse. Etr il a expliqué que la Russie n’aurait aucune hésitation à frapper des convois de livraison ayant pénétré sur le territoire ukrainien.
15h00: Hier, l’Ambassade de Russie en France avait publié ce communiqué:
“Préoccupations concernant la prolifération sans précédent de systèmes portatifs de défense aérienne (MANPADS) et de systèmes de missiles antichars (ATGM)
Plusieurs pays occidentaux ont commencé des livraisons massives des MANPADS Stinger à l’Ukraine, ainsi que d’autres systèmes portatifs tels que des ATGM Javelin, NLAW et Carl Gustaf. Ces armes ont la capacité de frapper les cibles terrestres et navales à une portée de 8 km et à une altitude pouvant atteindre 3,5 km.
Les commanditaires de ces approvisionnements doivent se rendre compte d’une menace croissante de voir des armes de haute précision tomber aux mains des groupes terroristes et des criminels, ceci non seulement en Ukraine, mais aussi dans toute l’Europe. Le détournement de ces armes vers des marchés illicites et des réseaux terroristes n’est désormais qu’une question de temps. Les MANPADS présentent un grave danger pour l’aviation civile, alors que les ATGM mettent en péril le transport ferroviaire.
Par conséquent, la prolifération de ces armes crée des risques énormes pour les infrastructures des transports en Europe et au-delà“.
Effectivement, derrière le discours romantique sur la nation ukrainienne en armes et unanimes derrière un président nouveau Churchill, il faut se rendre compte de la réalité du pays: on ne sait pas où se trouve réellement le Président Zelensky; on ignore la capacité du gouvernement à gouverner et maîtriser ce qui se passe sur le terrain; les autorités locales et les commandants militaires ou paramilitaires des régions en guerre ne respectent pas la volonté du pouvoir. Par exemple les couloirs humanitaires convenus lors des négociations avec les Russes n’ont pas été, sauf exception mis en place. Le pays est entré en situation d’anarchie, dans de nombreuses régions du centre et de l’ouest car les distributions d’armes ont permis à des délinquants de s’équiper; des bandes de miliciens traquent les soutiens à la Russie en faisant régner une véritable terreur.
Bref, le pays est en situation croissante d’anomie. Les Occidentaux prétendaient, il y a quelques années, faire du “nation-building”. En fait, comme l’ont montré le Kosovo, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, l’apparition de Daech (finalement écrasé par la Russie), ils ne savent que détruire des Etats et livrer les sociétés à l’anarchie.
16h00: Le boomerang diplomatique (1) La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne redécouvrent qu’il y a une réalité qui s’appelle la diplomatie et une autre qui s’appelle l’équilibre des puissances. Paris, Berlin et Londres feignent l’étonnement et le mécontentement: les Russes ont mis comme condition à leur soutien à l’accord sur le nucléaire civil avec l’Iran que les relations économiques russo-iraniennes restent hors sanctions.
17h00: Le boomerang diplomatique (2) – Lu dans le Global Times (journal chinois de langue anglaise très proche du Parti Communiste Chinois) (c’est nous qui soulignons):
“Le 15e cycle de réunions entre la Chine et l’Inde au niveau des commandants de corps d’armée s’est achevé vendredi, poursuivant l’atmosphère positive qui règne depuis le 14e cycle de discussions. Les deux parties sont parvenues à un consensus sur le maintien du dialogue par les voies militaires et diplomatiques afin de parvenir le plus rapidement possible à une résolution mutuellement acceptable des problèmes restants.
Le dernier cycle de discussions au niveau des commandants de corps d’armée s’est déroulé malgré l’agitation des États-Unis, ce qui, selon les analystes chinois, a renforcé la détermination de la Chine et de l’Inde à consolider les acquis et à gérer les différences.
Depuis le 14e cycle de pourparlers en janvier, les deux parties ont activement maintenu les acquis existants et continué à renforcer la gestion et le contrôle des troupes de première ligne, a déclaré Qian. “Il n’y a pas eu de nouveaux incidents qui ont interféré avec les relations bilatérales et l’escalade de l’impasse frontalière.”
Toutefois, avant la réunion, le commandant du commandement indo-pacifique américain, l’amiral John Aquilino, a déclaré mercredi que les tensions entre la Chine et l’Inde le long de la ligne de contrôle effectif sont les “pires” depuis plus de quatre décennies, ont rapporté les médias indiens.
Pour certains politiciens américains qui considèrent la Chine comme un rival stratégique, la discorde entre la Chine et l’Inde ne peut qu’apporter des avantages à Washington : elle draine les ressources de l’armée chinoise et fait la cour à l’Inde en termes de défense et de sécurité, ont déclaré les analystes.
La crise ukrainienne a permis à davantage de pays, dont l’Inde, de voir clairement l’approche des Etats-Unis en matière d’équilibrage offshore : contrôler l’Europe en termes de sécurité, de finances et d’économie en incitant au conflit entre la Russie et l’Ukraine, a déclaré Qian.
M. Qian a ajouté que certains analystes indiens ont déjà fait entendre des voix inhabituelles contre le plan des Etats-Unis, en disant que les politiques indiennes devraient promouvoir une plus grande prise de conscience du fait que la Chine et l’Inde devraient mettre en avant les intérêts généraux et les intérêts fondamentaux, au lieu de se laisser agiter par les Etats-Unis.”
18h00: Churchill doit se retourner dans sa tombe. Le Daily Telegraph illustre un article sur la nécessité de relancer l’effort de défense du pays par une photo de membres du Bataillon Azov.
Etat des lieux sur le plan militaire
19h00: Voici la carte diffusée ce jour par le Ministère des armées. Elle confirme les autres cartes que nous utilisons ici. Les militaires français savent la lire. Et comme l’a révélé Le Figaro, le Chef d’Etat-Major des Armées avait écrit dès le 9 mars dans un courrier interne: “…je considère que malgré la remarquable résistance dont elles font preuve, les forces ukrainiennes, confrontées à la difficulté de tenir un dispositif étiré, sans réserve opérative, pourraient connaître un effondrement subit“.
20h00: La réalité du monde dirigeant ukrainien, c’est cela:
“Il s’avère que (…) nous avons des réserves stratégiques de nourriture au minimum à cause des combines corrompues des fonctionnaires qui ont exporté des céréales du pays jusqu’au dernier jour, plutôt que de se préparer à la guerre (…).
Une distraction, une occasion de gagner de l’argent ou les deux ? Selon les données des ports ukrainiens pour la période du 11 au 14 février, les expéditions de céréales à partir des terminaux maritimes en Ukraine ont atteint le chiffre record de 867 000 tonnes, ce qui dépasse largement les expéditions de l’année dernière. Les céréales ont été exportées malgré le fait qu’aux mêmes dates, la Fédération de Russie a annoncé la fermeture des zones de navigation dans la mer Noire et la mer d’Azov pour des exercices militaires, et a établi de facto un blocus naval de la région.
En fait, l’Ukraine se retrouve aujourd’hui sans céréales : les stocks de la réserve d’État sont négligeables et fortement altérés par les moisissures et les souris – les entrepôts stockent les céréales de la récolte 1999-2018, ce qui dépasse largement la période de stockage autorisée de 2 ans. Comment le Conseil national de sécurité et de défense a-t-il pu autoriser l’exportation des céréales avant l’attaque de la Fédération de Russie est une grande question“.
21h00: Une anticipation de ce que sera la politique d’après la victoire militaire? “Les policiers présents dans les villes libérées de la République Nationale de Lougansk seront autorisés à exercer et à porter leur arme de service s’ils le souhaitent, s’ils passent les contrôles adéquats, et s’ils prêtent le serment d’allégeance à la RNL. Un commentateur sérieux pose la question de bases militaires russes dans le pays.
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