30 mars 2022

De Ukrisis à ‘McKinseygate’ & retour - Peut-on payer ‘McKinseygate’ en roubles ?

S’accumulent les ‘lignes rouges’ et les échéances très pressantes et urgentes, au moment où les décisions nécessaires se bousculent et où les incertitudes dramatiques interfèrent les unes les autres avec brutalité. Le sort est injuste avec le bloc-BAO.

Par exemple : on avait dit péremptoirement que Ukrisis avait annulé la campagne présidentielle française, – terme très prisé, “annuler”, venu de ‘Cancel Culture’, qu’on emploiera ici parce qu’il détermine toutes les lignes de la “politiqueSystème”... Eh bien, l’on pourrait désormais et modestement se proposer de dire que McKinsey est en train, dans cette campagne présidentielle, d’annuler indirectement Ukrisis, voire peut-être de l’annuler directement. A la vitesse d’un éclair, – ‘blitzkrieg’ réussie, – McKinsey est aujourd’hui le facteur dominant de la campagne, plus du tout Ukrisis, et même McKinsey est-il peut-être en train de torpiller Ukrisis-dans-son-aspect-le plus-sexy, – celui de cause morale qui se justifie par elle-même et qui doit donc triompher grâce à ce seul aspect moral, et au bénéfice de Macron institué président-de-guerre... Comment en est-on arrivé là ?

... Comme dit Charles Gave, dont on reparlera plus loin :

« Mais je crois – je ne suis pas du tout certain de ce que je vais dire – que nous sommes maintenant dans un monde qui est géré́ selon des critères quasiment religieux, moraux. On est atteints de moraline aiguë. Ce qu’il se passe, c’est qu’on pense que ce que fait l’autre est pas bien et donc on a le droit de l’en empêcher. C’est très mal d’avoir envahi l’Ukraine mais je ne juge pas, mais il y en a des pays qui ont été́ envahis depuis tant d’années ! »

Nous et moi également et plus encore, nous sommes du genre “presque certains” qu’ils sont « atteints de moraline aiguë ». C’est-à-dire totalement impuissants à appréhender la réalité. Il s’avère qu’entretemps elle (la réalité) se montre de plus en plus furieuse de cette impuissance et le démontre de plus en plus.

Le feu d’artifice ‘McKinseygate’

On croyait la France complètement tombés sous l’empire d’Ukrisis pour ce qui était de la fin de la campagne présidentielle ; alors, “les choses étant ce qu’elles étaient”, Macron, plus que jamais en grande représentation dans une crise qui prenait tout le monde à contrepied du fait d’un incroyable simulacre de la réalité (toujours elle) du bloc-BAO et de la presseSystème suivant comme un toutou son maître , Macron régnait désormais en “maître des horloges bidouillées” (bidouillage, – s’entend une démoniaque manipulation). Bref, tout était dit et bien dit, les jeux faits avant même de lancer la bille sur la roue de la fortune.

Puis vint, sous forme d’une traîtresse torpille, l’“affaire McKinsey”, du nom de ce cabinet de conseil qui règne depuis quasiment un siècle (fondation en 1926) pour l’empilement de sa propre fortune et à partir de la Guerre Froide à l’avantage d’officines du type-CIA (j’en sais quelque chose depuis 1978, moi l’auteur, personnellement et pour mon infortune professionnelle). J’ignore si quelqu’un vint venir la chose, dans tous les cas je n’y pris garde en rien du tout, préoccupé d’autres horizons (Ukrisis). Quoi qu’il en soit nous y sommes et l’“affaire McKinsey” acquiert ses lettres de noblesse en devenant ‘McKinseygate’.

Menée avec brio par quelques alliés de circonstance (une sénatrice communiste, quelques “réseaux sociaux”, l’ardeur des ‘Patriotes’ de Philippot), ‘McKinseygate’ est devenue une bombe nucléaire dans la campagne française, avec un Macron soudain renvoyé dans son côté sombre, arrogant, agioteur des combines et des privilèges, le “sachant-friqué” occupé de ses seuls intérêts d’imposteur et d’apostat de sa fonction. J’ignore ce que vont en dire les sondages : soit ils restent dans la ligne et tout le monde les conchie, soit ils marquent la dégringolade du candidat. Dans les deux cas, c’est la menace d’un “Dien Bien-Phu électoral”, l’héroïsme des défenseurs en moins ; pour ce qui est du principal intéressé, il est extrêmement nerveux et insupportable de suffisance, lui qui doit rassurer les électeurs-pépères qu’un être d’exception tient bon la barre.

Il faut bien avouer que les 100.000 venus au Trocadéro saluer leur héros, le surnommé ‘Z’ (également lettre-code d’une partie des unités de l’attaque russe dans Ukrisis, – vous voyez qu’il y a de quoi faire son petit job de délateur), – ces 100 000-là semblaient présents dans leur forêt tricolore, comme pour adouber et béatifier ‘McKinseygate’ comme arbitre des légitimités.

La cacophonie de l’Apocalypse

Or il se trouve qu’en même temps, selon la stratégie affectionnée par nos Pieds-Nickelés, l’affaire Ukrisis prend, du côté du bloc-BAO, un tour brusquement et urgemment pressant, – pour tout dire, pour dire comme nos amis anglophoniques qui savent tout, – un tour “out of control”. Considérez ces quatre points :

• L’OTAN est soudain plus qu’incertaine dans le cadre pourtant strict de son simulacre...L’avisé ‘ZeroHege.com’ nous l’explique :

« Quelques jours après que Joe Biden ait salué l'OTAN comme étant “plus unie que jamais”, une division apparaît sur le fait de parler à Poutine ». Et là, comme vous l’imaginez et comme ça se trouve, Macron, l’homme qui continue à parler, est sous le feu des antirussistes de premières ligne, Baltes et Polonais en déploiement type-commando (sans parler de l’héroïque Zelenski).

• L’incroyable et impayable ‘Ol’white Joe’ n’en finit pas de nous expliquer en faisant des ronds dans l’eau ce qu’il a voulu dire sans le dire tout en le disant lorsqu’il parla de ‘regime change’ pour Poutine, avec “la corde pour te pendre, être indigne”. C’est l’EPHAD en folie.

• Alors qu’au début, les masses populaires semblaient tout gober de la narrative-Système sur Ukrisis, des signes de plus en plus nombreux montrent que ce n’est plus exactement le cas. La France, par exemple, toujours elle, où un sondage IFOP-CNews dit que 52% des Français seraient « convaincus par certains arguments russes » alors qu’ils étaient 88% à condamner l’“opération militaire spéciale” il y a un mois... Mais les sondages, vous savez ! Bien sûr qu’on sait, mais il s’agit d’un climat, alors les communicants marchent et les sondages, entre bidouillages et éclairs de franchise, finissent par nous dire des choses... Vous vous dites : c’est donc à l’avantage de Macron s’il continue à parler à Poutine puisqu’on commence à entendre les arguments du Russe ; oui mais : peut-il, Macron, risquer de se fâcher avec les amis de l’OTAN, risquer de mortellement contrarier son amie Ursula et sa Commission, risquer d’entendre Biden réclamer un ‘regime change’ à Paris, à moins de trois semaines du premier tour ?

• ... D’autant qu’il y a l’affaire du rouble, manœuvre assez sympa de Poutine-le-dingue. Là, c’est d’abord l’UE et sa co-cheffe, la terrible Ursula van der Leyen, qui sont vent debout contre l’incroyable impudence de l’horrible dictateur, qui ose riposter aux sanctions que réclame la grande cause ukrainienne ? Le “Camp du Bien” en suffoque d’indignation et de juste colère mais en attendant Poutine ne discute pas vraiment, se contentant de faire dire par son porte-parole : “A partir du 31 mars minuit, on paye le gaz et le pétrole russe en roubles. Sinon, on ferme les robinets, point final.”

Peut-on payer ‘McKinseygate’ en roubles ?

Le dernier des quatre points est le plus pressant, le plus concret, le plus menaçant. Une partie d’un commentaire de ‘SouthFront.org’ est intéressant à lire, beaucoup plus intéressant évidemment que les commentaires de madame van der Leyen. Tout aussi évidemment, les ministres de l’économie du G7 ont soutenu la ferme position de van der Leyen. Impavide, Moscou répond : « Nous ne faisons pas la charité », des roubles ou on ferme les robinets le 31 mars.

Ce qui est le plus impressionnant dans cette affaire est la capacité exceptionnelle des Européens à ne pas comprendre l’évidence logique opérationnelle de la situation, c’est-à-dire à refuser absolument à penser autrement qu’en termes moralinesques qui encombrent et s’empilent dans le “Camp du Bien”. Les analystes de ‘SouthFront.org’ disent que l’Occident a « détruit sans réfléchir presque tous les moyens d’interaction, et donc sa capacité de pression sur Moscou par ses propres moyens... » ; ne savent-ils donc pas, ces analystes, que, lorsqu’on est le “Camp du Bien”, nul n’est besoin de réfléchir et d’ailleurs l’on ne s’embarrasserait pas une seconde de cette fonction évidemment inutile... Dieu le fera bien pour eux !

« L’Europe est outrée que Moscou prenne des mesures de rétorsion contre les sanctions imposées.

» Le chef de la Commission européenne a déclaré que les compagnies pétrolières et gazières russes “ne seront pas autorisées à exiger le paiement du carburant en roubles”, alors qu’il n'existe aucun moyen plus efficace de faire pression sur les entreprises russes.

» L’hystérie des dirigeants occidentaux face à la transition de la Russie vers des paiements pour la fourniture de ressources énergétiques en roubles démontre que les dirigeants occidentaux ne peuvent toujours pas réaliser et accepter la nouvelle réalité. Aujourd'hui, les cris de Washington, Londres et Bruxelles ne sont plus perçus que comme un grincement gênant par la Russie, ainsi que par un certain nombre de centres politiques mondiaux.

» Au départ, la raison de l'ensemble du conflit en Ukraine était la tentative de l'Occident de résoudre ses propres problèmes économiques au détriment des ressources russes. Les économies des pays occidentaux se dirigent lentement mais sûrement vers l'effondrement. L’une des rares façons d'en sortir est d'avoir accès à de grandes quantités d'énergie, de ressources naturelles et de denrées alimentaires bon marché. Cela ne peut se faire qu’en divisant la Russie en plusieurs petites parties qui sont en état de conflit permanent sous le contrôle de l'Occident.

» L’Occident a détruit sans réfléchir presque tous les moyens d’interaction, et donc sa capacité de pression sur Moscou par ses propres moyens... »

Eh bien et pour en revenir à notre héros, tout cela met un peu plus Macron dans l’embarras lorsqu’on met cette fâcheuse occurrence “en interaction” avec ‘McKinseygate’. Peut-il risquer de passer pour un mauvais Européen en refusant de suivre la consigne sans réplique, – la dame est teutonne, comprenez-vous, – de l’Ursula ? Peut-il s’en laver les mains et dire “oui-non” en même temps et à tout le monde, pour ne fâcher ni les Européens ni les Français qui sont très sensibles aux retombées économiques catastrophiques pour les sanctionneurs (« Non pas une grosse balle dans le pied mais dans la tête ») que recèlent les sanctions-canon prises contre les Russes, telles que les décrit Charles Gave ? (*) Peut-il passer un coup de fil hyper-discret à Poutine pour lui demander, sans rien dire à personne (surtout pas à Ursula), de le classer dans les “pays non-inamicaux” qui ont le droit de payer dans la devise qu’ils veulent (sauf l’euro et le dollar) ; par exemple, payer sa quote-part en anciens ‘nouveaux francs’ dont la Banque de France a gardé quelques palettes de billets [des 500F avec Blaise Pascal en couverture], stockées dans ses caves, pour avoir du papier à brûler pour se chauffer en hiver, par exemple si on leur coupait le gaz ? Voyez l’imbroglio.

Macron est en train de devenir un candidat kafkaïen, assuré de gagner mais en ignorant quelle porte il faut ouvrir, dans l’imbroglio des territoires sans nombre du ‘Château’ ; pour éviter ‘Le Procès’ où il lui faudrait faire comparaître Benalla pour tenter de dénoncer les monstrueuses machinations que ‘McKinseygate’ a développées à son encontre, par pure jalousie ; pour l’empêcher, McKinsey désormais dénoncé, d’accomplir cette destinée lumineuse dont la France a tant besoin pour la sortir des calamités des quinquennats précédents, et surtout le plus terrible, celui de 2017-2022.

En effet, c’est la seule chance de l’honnête Macron, son arme suprême : dénoncer son prédécesseur du quinquennat 2017-2022 ! Lui dire ses très-nombreuses vérités, qu’il aurait dû, comme lui-Macron l’aurait fait bien sûr, faire appliquer Minsk-2 et nous éviter Zelenski qui commence à nous truffer ; qu’il aurait ainsi aisément pu convaincre l’Ours-Poutine, si besoin est en l’admonestant comme il faut, jusqu’à le rendre piteux, – il aurait convaincu l’ours-Poutine de rester dans sa cage, lui, Macron, s’il avait exercé le pouvoir. Et la paix régnerait en Europe.

Qu’attendent-ils donc pour voter pour lui ? Qu’attendent les Russes pour commencer à se retirer d’Ukraine, qu’attendent les Ukrainiens pour faire de Macron 2022-2027 leur président d’honneur ? Qu’attend-on pour faire entrer McKinsey dans l’OTAN ? Pour donner à Ursula van der Leyen le titre de Miss-Rouble 2022 ? Qu’attend-on pour s’amputer du pied où l’on pourrait se tirer la balle de Charles Gave ?

Tourbillon Crisique (T.C.) en grand apparat

On peut alors observer, convaincu de se trouver devant une des plus belles et glorieuses manifestations de l’univers en expansion dans la sublimité, le grandiose “tourbillon crisique” qui nous emporte avec sa déferlante irrésistible. Ukraine-2014 et sa démocratie de couleur, Trump-2015 et son insurrection-2016, Macron-2017 sorti d’une pochette-surprise, Trump-2019 liquidé par des isoloirs liquides et postaux, Biden-2020 toussotant et crachotant, Covid et ses masques, le ‘Freedom Convoy’ de Justin, Ukrisis, McKinsey ! Une présidentielle 2022 pliée d’avance, accouchant du monstre-Zemmour aussitôt emporté avant de reparaître, une présidentielle sans enjeux ni programmes avec un Macron triomphant sur le front ukrainien, et enfin la “cerise sur le gâteau” du jour, ‘McKinseygate’ et le gaz payé rouble sur l’ongle, et Macron soudain interdit, presque ‘cancelled’ ma paroile... Oh, j’en oublie sans doute mais j’ai le souffle bien court de cette course effrénée...

Qu’est-ce qui relie mystérieusement toutes ces choses, – à part les complots bien sûr, – qui n’en laisse aucune s’achever, au contraire qui empile les crises les unes sur les autres, chacune restant furieuse et gardant toute sa flamme. dans son tremblement de tonnerre ? Il y a, dans ce “tourbillon crisique“ déferlant sur lui-même comme un torrent précipité dans un Trou Noir, quelque chose d’insoupçonnable et d’insaisissable, de léger et d’immense à la fois, quelque chose comme une sorte de lien spirituel, d’une haute spiritualité, qui nous dépasse et nous emporte ; il y a, comme on dit selon une expression un peu pédante et ampoulée, et si snob de nos temps aux vertus médiatiques, “quelque chose qui fait sens”.

De quel “sens” s’agit-il et dans quel sens faut-il le voir, sous le regard des “Ides de Mars” du “mois des fous” ? On peut toujours dire que j’ai mon idée.

Note

(*) TV-Liberté vous propose l’envoi gratuit du verbatim de l’interview de Gave du 25 mars 2022. La vidéo de l’émission a dépassé un million de vues sur Youtube.  

Source

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