L’une d’entre elles est, bien sûr, comme dans cette vieille anecdote sur Chief The Sharp Eye qui, après un mois d’emprisonnement, a remarqué que la prison n’avait que trois murs, le quatrième ayant disparu et menant à la liberté, le Washington Post a maintenant « remarqué » :
De plus en plus, les Ukrainiens sont confrontés à une vérité inconfortable : l’impulsion compréhensible de l’armée à se défendre contre les attaques russes pourrait mettre les civils dans la ligne de mire. Pratiquement tous les quartiers de la plupart des villes ont été militarisés, certains plus que d’autres, ce qui en fait des cibles potentielles pour les forces russes qui tentent de mettre à mal les défenses ukrainiennes.
Non, abruti, quel que soit ton nom, Sudarsan Raghavan, ce n’est pas « pratiquement tous les quartiers… ont été militarisés », cela s’appelle utiliser les civils et les infrastructures civiles comme bouclier humain, parce que les gens ne sont pas autorisés à partir. Une langue de bois classique et un double sens de la part d’un tapis contrôlé par la CIA, qui a également du mal à « remarquer » le fait que les Ukrainiens bombardent sans cesse des quartiers civils dans toute l’Ukraine et le Donbass, avant, bien sûr, d’en rejeter la responsabilité sur les Russes.
Mais derrière cette découverte soudaine des crapules du Washington Post se cache une autre vérité importante, purement militaire, dont l’aveu par toutes sortes d’anciens hauts gradés crachant des conneries dans les médias grand public sur l’Ukraine reviendrait à commettre un seppuku, et ces princesses parfumées n’aiment pas la douleur. Évidemment, personne n’aime ça, mais quand la vérité fait mal, cela vous dit quelque chose sur le caractère des gens. Et la voici, tiré du blog du Saker :
Il est maintenant clair que les dirigeants du Pentagone ont vu les performances tout à fait lamentables du Javelin et veulent maintenant le retirer progressivement des forces américaines. Rappelez-vous, sur des milliers de Javelins fournis, des milliers de vidéos publiées par l’Ukraine, pas une seule utilisation réussie du système n’a jamais été enregistrée. En fait, la grande majorité des attaques ukrainiennes réussies contre les blindés russes sont le fait d’anciens systèmes soviétiques/russes, principalement de l’artillerie. Les forces russes continuent de trouver des unités Javelin complètement inutilisées parce que les troupes ukrainiennes les ont trouvées peu maniables et peu pratiques au combat – trop longues à mettre en œuvre et à utiliser, trop lourdes à transporter, et peu efficaces même lorsqu’elles sont utilisées.
Je suis surpris, NON. N’ai-je pas mis en garde contre toutes ces wunderwaffe fournies aux 404 par les États-Unis et l’OTAN ? Ils sont principalement destinés à la vente, pas à combattre dans une VRAIE guerre. L’accent est mis sur « vraie ». L’auteur de l’article (Nightvision) continue :
Dans un autre rapport soudain et inattendu, le Pentagone veut maintenant mettre au rebut des dizaines de F-22. Ils ont soudainement décidé qu’ils voulaient « détourner le financement » vers la plate-forme de prochaine génération. Il y a manifestement un lien avec ce que le Pentagone a vu en Ukraine et qui l’a poussé à repenser son approche de la guerre moderne. Vous voyez, toutes les guerres par procuration sont des laboratoires permettant aux grandes puissances de tester et d’évaluer leurs équipements. Le F-22 était le fleuron de l’armée de l’air américaine, le SEUL avion que le Congrès interdit de vendre à un allié, même en « version export ».
Je ne trouve rien d’inattendu dans cette annulation. Beaucoup de gens doivent faire le rapprochement entre ces deux événements : Décembre 2005, l’acceptation officielle du F-22 en service et cette date – avril 2007, le déploiement de combat du système de défense aérienne S-400. Pour ceux qui ont la mémoire courte, je vous rappellerai que tout au long des années 2000, les Russes ont affirmé que le F-22 était déjà obsolète au moment où il sortait des ateliers de Lockheed et que le concept de « furtivité » tel qu’envisagé aux États-Unis était un gadget marketing grossièrement surestimé. Depuis lors, le S-400 a non seulement acquis mais mérité la réputation de meilleur système de défense antiaérienne au monde et, lorsque la guerre aérienne est envisagée dans le cadre des capacités de défense antiaérienne de la Russie, et non de l’Irak ou de l’Afghanistan, qui sont mises en réseau de manière redondante, soutenues par des capacités de détection précoce, de guerre électronique et de satellite, et sont très profondément intégrées de haut en bas, tout le concept de la guerre aérienne américaine et du F-22 commence soudain à perdre de son glamour et de son aspect hi-tech.
En d’autres termes, l’AD russe, comme je le signale sans cesse, ne se contente pas de voir toute cible « furtive », mais la suit et développe et, si nécessaire, distribue le ciblage. Il s’agit d’un environnement complètement différent et, comme l’ont montré les événements du dernier mois dans ce pays 404, une force aérienne relativement moderne et nombreuse, telle que celle du pays 404, cesse très rapidement d’exister en tant que force et est réduite, à la fois par des frappes sur les aérodromes et par des opérations anti-aériennes, à une collection de « survivants » aléatoires dont le taux de sortie diminue précipitamment et dont les chances d’accomplir quoi que ce soit et de revenir à la base sont proches de zéro. Et tout cela, dans le contexte de ce que je décris depuis des années comme la meilleure défense aérienne de troupes (Voyskovaya) au monde.
Une brigade de fusiliers russes « moyenne », sans parler d’une division, peut se targuer d’avoir une capacité de défense aérienne organique qui n’est tout simplement pas égalée par l’Occident, sans parler, bien sûr, des formations de défense aérienne de troupes séparées qui sont déjà capables aujourd’hui d’effectuer de sérieuses actions antibalistiques et hypersoniques de « transporteurs lourds », ce qui a été pleinement démontré en Ukraine, si quelqu’un avait des doutes à cause de la capacité délibérément limitée démontrée en Syrie. Les capacités de quelque chose comme le S-300V4 donnent l’eau à la bouche, et il ne s’agit pas d’un gadget marketing ou d’un argument de vente. Donc, de manière générale, le problème pour l’OTAN (et les États-Unis, bien sûr) est que son principe fondamental de « taux de réussite élevé – pertes faibles » se renverse et devient « pertes élevées – taux de réussite faible ». Ce n’est pas un paradigme que l’OTAN est capable de gérer et cela fait voler en éclats tout le concept des opérations SEAD américaines, car il s’effondre complètement.
Les bonnes vieilles idées consistant à lancer des centaines de TLAM du milieu ou de la fin des années 2000 contre des défenses aériennes des années 1960, puis à « polir » ce qui reste avec des HARM et des munitions à guidage laser, sont révolues depuis longtemps. Pour commencer, toute salve sera accueillie par une réponse beaucoup plus dévastatrice. Et si théoriquement les E-3 Sentry (ceux qui seront autorisés à voler) peuvent détecter, suivre et développer le « vecteur » contre les 3M14 et X-101 lents, contre les Iskanders, les P-800 Onyx sans parler des Kinzhals, cela n’aurait aucune importance. J’omets ici le 3M22 Zircon, qui est une toute autre histoire. A quoi sert l’alerte précoce quand vous n’avez rien pour les arrêter. Soudain, elle ne fonctionne que pour un seul objectif : courir pour sauver sa vie. Le problème de l’OTAN est donc entièrement vertical, il est tactique, opérationnel, stratégique et technologique. Vous ne pouvez pas vous battre avec des F-22 contre la défense aérienne moderne (disons-le, de pointe) d’un « opposant » tel que la Russie. Il est difficile de lutter contre la technologie du 21eme siècle et le concept de gestion de l’espace de bataille avec des reliques de la guerre froide des années 1980 comme le F-22 ou, d’ailleurs, avec un système d’armes douteux et tout aussi coûteux que le F-35.
C’est ce que les Russes ont dit pendant près de deux décennies, mais les États-Unis ont rejeté cette idée en la qualifiant d’« intox » russe et de raisins aigres. Et cela nous amène au point le plus important : Les Russes, à tort, jusqu’à très récemment – 5 ans plus ou moins – pensaient que l’adversaire doté d’une pensée rationnelle et d’une bonne conscience comprendrait ce qu’on lui dit et ce qu’on lui montre. Une grande partie était basée sur l’hypothèse (erronée) que les États-Unis comprennent les implications militaires et les ramifications de ce que j’ai appelé la véritable révolution dans les affaires militaires. Non, pas la « révolution » annoncée prématurément à la suite d’une défaite facile et unilatérale de l’armée de Saddam Hussein, totalement incompétente, surpassée en armes et en tactiques, en 1991, mais une révolution qui s’écarte radicalement des anciens concepts de la guerre moderne et qui se manifeste non pas par l’autosatisfaction nauséabonde d’une brute de 20 ans qui vient de réduire en bouillie un enfant de 5 ans dans un bac à sable, mais par la corrélation de la force contre un adversaire égal, voire supérieur.
C’est pourquoi, dès la cinquième semaine de l’opération russe en Ukraine, nous pouvons voir les formes de la guerre à venir en termes d’avance technologique et c’est la raison pour laquelle l’utilisation au combat du Kinzhal a provoqué un véritable choc à l’OTAN, sans parler du fait que nous ne disposons pas encore de toutes les données sur les opérations de défense antiaérienne de la Russie en 404 et que, croyez-moi, elles seront impressionnantes. Dans des nouvelles connexes et réjouissantes, Vladimir Poutine a signé hier un document extrêmement important :
L’ordre retire du Conseil scientifique du Conseil de sécurité de la Russie certains véritables uber-Atlantistes tels que Sergei Rogov, Alexander Panov, le petit-fils d’Andrei Gromyko et d’autres pacifistes qui n’ont pas apprécié que la Russie décide d’en finir avec l’ukraine-404 et qui ont écrit une lettre pour une résolution pacifique. Eh bien, l’un de ces signataires est M. Kortunov qui est une coqueluche de RT. Le fil conducteur ici est que ces personnes sont toutes directement liées au MGIMO et que, malgré leurs impressionnantes références en sciences humaines, elles sont totalement ignorantes des réalités militaro-politiques du moment et, comme c’est le cas pour la majorité des « scientifiques » politiques, elles ne parviennent pas à se faire une idée de la dimension militaire de ce dont elles aiment parler – la sécurité nationale. Voici la « lettre » que j’ai mentionnée ci-dessus (ha, ça vient du site Yabloko –surprise, surprise). Comme on peut s’y attendre, elle est pour tout ce qui est bon, contre tout ce qui est mauvais.
Déclaration commune du Dialogue d’experts sur la réduction des risques de confrontation militaire entre la Russie et l’OTAN en Europe.
Dans cette lettre creuse, c’est la liste des signataires qui est très remarquable. J’ai eu beaucoup de plaisir à la lire, elle explique également l’ampleur des « purges » (qui n’ont rien à voir avec celles de Staline) de toutes sortes de têtes parlantes discréditées, dont je n’autoriserais pas la plupart à tondre ma pelouse en raison de leur incompétence, mais là encore, la plupart de ces « experts » étaient en passe d’être écartés des véritables leviers du pouvoir depuis un certain temps déjà, il est bon qu’ils soient maintenant, eux et leur « expertise », écartés de l’environnement intellectuel entourant les centres de décision russes. C’est une nouvelle aussi importante que la performance des armes russes et le manque de performance des armes américaines.
Andrei Martyanov
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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