Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), alerte le gouvernement face à l'embolie du système de dépistage.
Record de contaminations et records de tests dans le pays.
La poussée du variant Omicron, qui est très contagieux, a largement mis sous tension le système de tests dans le pays. La nouvelle stratégie concernant les cas contact, en particulier dans l'Education nationale, a encore aggravé la situation*. Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset, appelle le gouvernement à changer sa stratégie de tests à l'école et explique que les pharmaciens ne pourront pas tester davantage.
On a l'impression qu'on arrive à une sorte de saturation du système de tests? Est-ce que c'est aussi l'analyse que vous faites?
Oui. Ce que le ministre de la Santé a annoncé dans le JDD, on était capable de le faire. On a travaillé la semaine dernière avec les équipes du ministère de la Santé autour de cette nouvelle stratégie d'isolement et de dépistage de la population adulte. En revanche, on a appris lundi en lisant l'interview du ministre de l'Education nationale dans Le Parisien qu'on allait devoir s'occuper des scolaires, et ça on ne le savait pas.
Vous n'aviez pas été prévenus?
Non. Le système explose. Quand on a 30 gamins qui arrivent dans la pharmacie parce que toute la classe est cas contact et doit se faire tester, cela ne marche pas. Il faut qu'on revienne en arrière sur ce dispositif. Il faut que les scolaires soient gérés dans les écoles. Nous appelons le ministère de la Santé et de l'Education nationale à changer rapidement le protocole parce que sinon ça ne sera pas tenable.
"On est arrivé au sommet de ce que l'on pouvait faire"
Comment cela fonctionnerait-il?
Il faut réaliser des autotests. Ceux-ci pourraient être supervisés par des professionnels de santé. Il faut que l'Education nationale se procure les autotests. Autant nous étions très défavorables au fait que les autotests soient disponibles en grande surface parce qu'on savait qu'on allait en avoir besoin, autant cela ne nous pose aucune difficulté que le ministère de l'Education nationale ou des mairies achètent des autotests pour des actions collectives.
Combien de tests sont aujourd'hui effectués chaque jour?
Lundi, 1,3 million de tests antigéniques ont été effectués.
Peut-on faire plus?
Non. En plus, en raison de la contagiosité du variant Omicron, des pharmaciens sont également malades, et de manière croissante. On est arrivé au sommet de ce que l'on pouvait faire. Il faut continuer le dépistage des adultes en pharmacie et en laboratoire mais pour les enfants, il faut s'en occuper différemment.
D'autres personnes pourraient vous aider à réaliser des tests?
Les élèves pharmaciens nous aident déjà. Ce qu'on avait demandé et ce qui n'a pas été possible, c'est de faire une coopération avec les infirmiers. Mais l'ordre des infirmiers y est opposé et le gouvernement n'a jamais tranché.
"L'autotest est un produit de santé, ce n'est pas un produit de protection"
Rencontrez-vous des problèmes sur les rendus des résultats?
Hier, la plateforme Sidep du ministère de la Santé a de nouveau buggé entre 17 heures et 20h30. Cela veut dire que les pharmaciens doivent rester jusqu'à 23 heures pour appeler les gens qui sont positifs.
Plusieurs pays ont commencé à prioriser les tests. Y êtes vous favorables?
Ce n'est pas moi qui vais prendre la responsabilité du tri. Il y a quelqu'un qui peut le faire, c'est le Directeur général de la santé. Celui-ci doit évaluer la situation et s'il estime qu'une priorisation est nécessaire, il doit le dire. On respectera évidemment les consignes.
Vos stocks d'autotests sont-ils suffisants?
Lundi, il y avait 3 millions de stocks dans les officines françaises. Les pharmaciens avaient commandé 6 millions d'autotests. Est-ce que les fournisseurs seront en capacité de fournir ces approvisionnements? Je ne peux pas vous le dire. Mais, ils avaient été prévenus en amont du nouveau dispositif.
Comprenez-vous que l'opposition des pharmaciens à la vente des autotests dans les grandes surfaces a pu parfois interroger?
Ce que nous disons, c'est qu'il faut que les décisions des pouvoirs publics s'inscrivent dans une logique sanitaire. Ce que j'ai reproché fortement à cette décision de mardi dernier, c'est qu'on ne savait pas pourquoi cette décision avait été prise. Dans leur conférence de presse, Jean Castex et Olivier Véran n'ont pas du tout abordé cette question.
Plus il y a d'autotests, mieux c'est, non?
Non, car l'autotest n'est pas un remède. Cela avait un intérêt ponctuel pour Noël et pour le jour de l'An parce que ça permettait d'avoir ce geste barrière supplémentaire pour les 65 millions de Français qui allaient se retrouver en petit groupe. Aujourd'hui, cela ne sert à rien puisque l'idée c'est que l'autotest soit gratuit et distribué dans les officines. L'autotest est un produit de santé, ce n'est pas un produit de protection comme les masques. C'est un matériel de diagnostic.
Est-ce que cela toujours du sens de tester massivement la population quand on a 200.000 cas par jour en moyenne?
Oui, c'est quand même très bien de savoir si on est atteint du Covid-19 ou pas parce que la prise en charge médicale dépend de ça. En revanche, il faut qu'on arrive à mettre en place des dépistages collectifs quand c'est possible. Et c'est le cas en milieu scolaire.
*Après la publication de cette interview, le protocole scolaire a été légèrement assoupli. Les élèves n'auront plus à réaliser un nouveau parcours complet de dépistage si un nouveau cas positif apparaît dans leur classe dans un délai inférieur à sept jours après un premier cas.
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