Rien de tel qu’un tout début d’année pour se lancer dans les prospectives et les prévisions de boule de cristal à la graisse de hérisson, exercice au combien futile mais amusant et qui permet, en creux, de faire un bilan des mois passés. Et comme l’année 2021 fut particulièrement bien remplie, gageons que les prospectives pour 2022 ne manqueront pas de sel.
Prenons l’économie pour commencer.
À en juger par la mine réjouie, les joues rebondies et les déclarations joviales de notre Bruno de Bercy sur la croissance française, la France va entrer dans une ère de prospérité et de richesse absolument incomparable. Et il se pourrait que notre spécialiste du transit fiscal n’ait pas complètement tort : les chiffres pourraient lui donner raison puisqu’avec une inflation qui va, selon toute vraisemblance, galoper pendant l’année 2022, tous les indicateurs vont subitement partir vers le haut, à commencer par les prix.
Notons qu’on a déjà pu le noter pour ceux de l’énergie ce qui n’empêche pas notre clown ministériel de nous présenter un numéro de haute voltige fiscale dans lequel l’État se fera fort de vous aider à surmonter cet obstacle énergétique l’hiver venu avec une petite partie de l’argent qu’il vous aura prélevé avant, l’autre (plus grosse) partie étant copieusement cramée pour les habituelles futilités que le gouvernement entend – réjouissez-vous ! – financier fastueusement.
Et alors que toute la clique politique semble faire semblant de croire à une année 2022 pétillante et pleine de richesse, on peut raisonnablement parier sur des mouvements boursiers violents – un krach semble même l’option la moins folle de nos jours – qui serviront certainement de nouveaux prétextes pour ne surtout faire aucune économie et permettront de nouvelles envolées sur base de « finance déconnectée » tout en proposant de sauver (avec votre argent) l’une ou l’autre entreprises du capitalisme de connivence. Si vous avez des ronds en bourse, peut-être est-il temps de miser sur les stratégies les moins risquées.
Enfin, il serait étonnant que cette inflation et ces mouvements boursiers violents ne soient pas entretenus et entretiennent à leur tour les pénuries et problèmes d’approvisionnements qui se font jour dans toutes les chaînes logistiques un peu étendues. Si la situation américaine est maintenant caricaturale tant l’administration Biden a accumulé les erreurs, la situation européenne ne saurait être franchement meilleure et on peut donc s’attendre, tout au long de 2022, à découvrir les bienfaits du collectivisme et de la connivence appliquée n’importe comment un peu partout.
Sur le plan politique, 2022 s’annonce là aussi agité.
En France, les gesticulations et les improvisations, maintenant
placées en mode panique hystérique, continueront de plus belle. La
présidentielle, déjà visible sur les mines tendues de nos élus et de
ceux qui aspirent à l’être, occupera évidemment les esprits dans les
prochains mois et ce d’autant plus que la chasse aux signatures promet
des surprises. Si Marine Le Pen devrait les avoir, Zemmour en
disposera-t-il à temps ? Reconnaissons que si Macron décide – malgré son
bilan et ses perspectives atroces – de se représenter, LREM aurait beau
jeu de tout faire pour que l’éditorialiste en récolte suffisamment pour
gêner la Marine, voire la Valérie Trétresse, alter-égo masculin
féminin de Macron. C’est un calcul délicat, car le vibrant tribun
pourrait s’en trouver conforté et dépasser l’une et l’autre au premier
tour ce qui ne mettrait pas forcément Macron dans de bonnes
dispositions.
La réalité est qu’il est à peu près impossible de voir de quoi le premier et le second tour de ces élections seront composés : toutes les options sont sur la table, y compris les changements de tête ou les désistements au dernier moment, une fillonade de candidat pouvant intervenir à propos. Le tableau est tellement confus, le pays tellement divisé que rien n’interdit d’imaginer un second tour totalement baroque Le Pen contre Zemmour, qui bien qu’improbable n’est même plus impossible. De nos jours, les quatre mois et demi qui nous séparent de la date du vote semblent si longs, si riches en rebondissements…
Cette incertitude va même plus loin : comment ne pas imaginer que l’actuel pouvoir, s’il ne parvient pas à repousser les élections aux calendes grecques, ne tentera pas absolument tout et n’usera pas de tous les artifices et de tous les prétextes débiles (et sanitaires) pour instaurer le vote électronique et par correspondance pour garantir une totale opacité des résultats du vote ? Rassurez-vous : peu importe le résultat, des fact-checkers et des décodeurs affûtés sauront nous prouver que non, les 119% de votes en faveur de Macron ne sont pas une preuve d’un dérapage démocratique mais bien la démonstration d’une nouvelle vigueur du civisme français…
De la même façon, difficile de savoir à quelle géopolitique mondiale tourbillonnante l’année 2022 sera assaisonnée.
On passera pudiquement sur la présidence française de l’Union, qui achèvera de donner une occasion au petit coq élyséen de se boursoufler un peu plus au frais des Français. Parallèlement, les velléités de fédéralisation forcée de l’Allemagne pour toute l’Europe ont des chances de déclencher de l’urticaire dans les pays de l’Est qui ne veulent pas en entendre parler.
Difficile de ne pas évoquer l’Ukraine et la Russie qui pourrait bénéficier des atermoiements de l’OTAN devenue quasiment inutile pour aller l’envahir dans une décontraction assez visible… Peut-être même pendant que la Chine occupera l’Oncle Sam en chatouillant Taïwan ? On comprend déjà que si 2022 doit marquer l’avènement d’un « new world order », ces deux éléments peuvent à eux seuls le déclencher. Du reste, il n’y a pas besoin d’être devin pour s’apercevoir que l’Amérique de Biden n’a pas l’éclat des présidents passés. L’actuel vieillard tiendra-t-il un an de plus ou Kamala Harris, aussi incompétente qu’impopulaire, parviendra-t-elle à prendre sa place ? Avec les élections de mi-mandat outre-Atlantique, voilà qui promet là encore quelques moments croustillants.
Enfin, difficile de terminer ce tour d’horizon sans évoquer l’éléphant enrhumé dans le salon.
La situation sanitaire ne peut pas évoluer de façon sereine : les politiciens (d’à peu près tous les pays dits démocratiques) se sont maintenant tellement enferrés dans l’idée qu’ils parviendraient à mettre en place leur petit gadget numérique afin de pister toute la population qu’ils ne renonceront ni à la picouse généralisée et obligatoire, ni à l’imposition d’une numérotation définitive du cheptel pour enfin maîtriser ces masses qui, trop souvent, ne votent pas comme on le leur dit.
Ils accumuleront donc les vexations et les contraintes qui, non content de s’empiler sur le dos des non-vaccinés, boucs-émissaires pratiques du moment, transformeront progressivement et chaque jour un peu plus des vaccinés obéissants en désobéissants, de dose en dose, de perte de pass en perte de pass, d’absurdité administrative en absurdité administrative.
Eh oui : en France, comme la multiplication des picouses ne résout rien, que le choix a été décidément « tout sur le vaccin » et rien d’autre, le gouvernement ne pourra plus reculer. Les violences qui vont s’accumuler contre les anti-passes et ceux qui refusent l’onction covidique n’en seront que plus fortes à mesure que l’hystérie gagnera les dirigeants. Et même si, jadis, ces non-vaccinés et ces objecteurs de conscience étaient considérés comme humains, ils ne le seront bientôt plus. Du reste, moyennant une loi ou deux, ils seront officiellement fous et incarcérables à merci.
C’est donc sans grande difficulté qu’on peut imaginer un gros dérapage d’ici à la fin 2022, suite à (panachage possible) une action policière outrancière, un accident suivi d’un décès au mauvais endroit, au mauvais moment, et qui pourrait mettre le pays en émoi, voire le sortir de sa torpeur hypnotique dans laquelle nos Milgram modernes l’ont plongé.
Bref, sur tous les plans, 2022 ne pourra pas être une année calme. Souhaitons donc que ceux qui auront la chance de la traverser sans trop d’encombres prennent des notes.
Cela sera utile pour les générations qui viendront.
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