La direction a employé deux acteurs pour tester l’accueil dans six de ses services. Sauf qu’un comédien, qui est allé trop loin dans son rôle, a été démasqué. En plein Covid-19, cette initiative ne passe pas auprès de certains agents.
À l’hôpital de Brive, il y a le niveau 2 du plan Blanc activé depuis quelques jours face à la résurgence de l’épidémie de coronavirus et l’afflux de malades. Mais il y a aussi de faux patients. Du 15 au 25 novembre, deux comédiens ont été engagés pour être envoyés dans six services différents, révèle le quotidien régional La Montagne. Une mesure assumée et défendue par la direction mais qui ne passe pas du tout auprès des organisations syndicales qui ont été saisies.
« Un gars un peu ébouriffé a débarqué dans mon bureau et il ne demandait rien. On lui a posé des questions, on lui a demandé son nom, son prénom. Il a répondu qu’il s’appelait Pierre Pierre », raconte une agente, sous couvert d’anonymat, au journal local.
Perte de temps et d’efficacité ?
« Il n’y avait aucune agressivité, affirme un agent administratif qui a été confronté à ce test. C’est le procédé qui est agressif. En attendant, de vrais patients ont appelé, je leur ai demandé de rappeler plus tard. Et je sais que nous sommes difficiles à joindre », explique-t-elle. Car c’est bien là le problème, ces « patients mystères » n’ont pas amusé le personnel. Seuls les médecins chefs de pôle et les cadres de service étaient au courant, précise France Bleu.
Selon la radio, l’un des comédiens aurait un peu trop exagéré dans sa prestation au service psychiatrique et cet incident a mobilisé de nombreux agents qui ont même contacté les forces de l’ordre pour s’assurer qu’une personne désorientée, en réalité l’acteur, n’était pas recherchée. C’est lui-même qui a mis fin à sa prestation d’un homme « égaré » face aux proportions de son arrivée dans le service.
La direction assume un exercice « moins technocratique »
« Le patient ne jouait pas une personne égarée mais manifestait des troubles psychologiques sérieux pour ne pas dire sévères. Un infirmier a dû venir au secours de la secrétaire. Puis un médecin a dû abréger sa consultation pour venir en aide à l’infirmier. C’est une perte de temps. C’est regrettable, lamentable, minable d’agir ainsi » fulmine à France Bleu, Jean Pierre Salès, secrétaire de la section hôpital de Brive à la CFDT.
« Faire ce genre d’enquête, caché, avec des comédiens, c’est très mal venu. C’est écœurant comme pratique. Que l’on fasse des enquêtes utiles à tous, pourquoi pas ! Mais d’une manière ouverte et officielle. On prévient », peste-t-il encore, évoquant le contexte Covid et une décision de la direction qui « ajoute de la tension ».
La direction assume cette décision qui était une manière « moins technocratique » de se préparer pour tenter d’obtenir la certification « Experts visiteurs » en juin prochain. S’il le directeur adjoint, Michel Da Cunha, reconnaît qu’un acteur « a été trop loin » avec une « réaction disproportionnée », il se satisfait que « 90 % des interactions entre le personnel et les comédiens se soient ben passées ».
Obtenir la Certification 2020
Pour lui, cet exercice, qui était repoussé depuis deux ans, est « une méthode que l’on retrouve beaucoup dans le monde de l’entreprise ». « Ce programme a été mis en place pour auto-évaluer la prise en charge du patient avant la venue d’experts visiteurs en juin 2022 qui permettront au centre hospitalier d’obtenir la Certification 2020. C’est une obligation administrative. Le but n’était pas de mettre en difficulté les agents », termine-t-il.
« Il était prévu que ces acteurs reviennent en janvier février. Le personnel ne souhaite pas qu’ils reviennent », prévient déjà la CGT. Un sujet qui sera débattu, jeudi prochain, entre représentants du personnel et la direction lors de la réunion du comité technique d’établissement.
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