S’il faut bien sûr reconnaître qu’être pris en otage est une circonstance éminemment douloureuse, elle permet parfois de mettre le nom de certains dans tous les médias.
Et s’il est vrai que cette médiatisation peut être utile pour permettre un dénouement heureux de la séquestration, il ne faut pas trop se leurrer : dans le cadre de la République française, cette médiatisation permet surtout d’engendrer soutien diplomatique et financier. Eh oui : si, en général, la France se tamponne allègrement de ses ressortissants à l’étranger, sauf pour les taxer, elle les aime tendrement lorsqu’ils sont très visibles ou quand ils deviennent l’enjeu d’un show politique d’importance.
C’est par exemple ce qu’avait fort bien compris Ingrid Betancourt dont on se rappelle qu’elle avait tout fait pour se faire victimiser par les FARC (avec succès et pendant de nombreuses années), et dont le tout Paris s’était niaisement ému alors que la péronnelle s’était volontairement fourrée dans une situation inextricable et, dans un monde normalement équilibré, n’aurait pas mérité deux minutes d’antenne. Finalement, on ne saura pas trop de quelles tractations elle fut l’objet entre la France et la Colombie mais on sait qu’à l’époque, elle avait trouvé en Sarkozy un frétillant politicien prêt à courageusement se mettre dans la lumière pour la faire libérer pendant son mandat.
D’une façon aussi mémorable, on pourra évoquer la prise en otage en Irak des journalistes Aubenas, Chesnot et Malbruno qui avaient permis à Chirac de briller lors de leur libération, dont on avait appris – sans grande surprise – qu’elle avait été négociée contre argent sonnant et trébuchant. La France pouvait alors se targuer de faire revenir ses compatriotes et d’aider le terrorisme irakien de l’époque dans un même mouvement décontracté.
L’épisode Pétronin que le contribuable et le citoyen français subissent dans la plus parfaite consternation n’est, finalement, qu’une énième occurrence d’une sordide habitude de la République de se servir de ces cas pour l’agenda purement politicien de certains petits marquis de la République.
Rappelons en effet que Sophie Pétronin avait été « libérée » en octobre dernier de sa « détention » au Mali, dans une médiatisation qui frisait allègrement le grotesque, en impliquant l’armée française dans une opération particulièrement délicate, et surtout, en échange de la libération de plus de 200 djihadistes du cru.
Or, on apprend récemment que l’ex-otage ne veut surtout pas rester en Suisse, où elle s’est installée (et où la prise en otage par un horloger radicalisé reste éminemment improbable) : ne s’avouant pas vaincue par un refus – pourtant logique – de visa pour le Mali, elle a donc décidé de se rendre avec son fils – complice donc – à Dakar d’où elle pourra rallier le Mali par différents moyens terrestres plus ou moins discrets dans une espèce d’aventure décrite comme rocambolesque faute de qualificatif plus acide…
…Qu’elle mérite amplement tant on sent déjà d’ici que cette incartade pourrait être une nouvelle occasion à l’un ou l’autre de nos polichinelles au pouvoir de se faire mousser encore une fois. La fois précédente, on sait que Macron et son équipe avaient été les dindons d’une farce dont la facture – particulièrement salée voire sanglante – a été envoyée aux Français (contribuables, citoyens et militaires) : refusant d’écouter les services de renseignements qui, ayant mis le fils sur écoute, savaient pertinemment que la septuagénaire ne voulait surtout pas partir du Mali et que toute opération menée serait probablement une ruine à court terme et un échec à long terme, l’actuel Président s’était obstiné à vouloir la faire « libérer » d’un joug dont tout montrait (et montre encore) qu’elle s’accordait fort bien.
Le résultat politique fut, comme on pouvait s’y attendre, catastrophique : non seulement cette libération n’aura apporté aucun prestige à Macron qui est passé pour un coq têtu, mais en plus la libération concomitante de plus de 200 djihadistes a constitué un échec tactique et diplomatique lamentable, ces derniers revenant bien vite à leurs exactions qui ont, depuis, coûté directement et indirectement des vies humaines, dont françaises.
Le sommet du ridicule est d’ailleurs atteint lorsqu’on se rappelle que Macron pérorait récemment sur le terrorisme islamiste au Mali, au point de menacer de retirer les troupes française déployées là-bas, et qui doivent se demander de plus en plus à quel petit jeu macabre elles prennent part.
À ce sujet, il est grand temps que la France arrête de se croire encore une grande puissance (coloniale ?) capable d’étirer ses ressources militaires, et à plus forte raison budgétaires, aux quatre coins de l’Afrique où les petites et grandes affaires continuent de beaucoup trop l’occuper. L’État français et tous les petits Macron à sa tête n’ont plus les moyens de ce genre d’ambitions qui consistent à tenter de pacifier l’autre bout du monde lorsqu’ils sont grossièrement infoutus de le faire à 10 km du périphérique parisien. Surtout, comme d’autres nations qui renvoient effectivement les individus adultes à leurs responsabilités, la France pourrait, devrait même clairement choisir de ne jamais négocier avec les terroristes.
Elle choisit, par ses dirigeants, les paillettes et l’émotion et nourrit ainsi les prochaines prises d’otages, les prochains terroristes, les prochains imbroglios diplomatiques.
Entre les irresponsables en goguette dont le risque, clairement annoncé et connu, ne devrait être supporté que par eux, et les irresponsables politiques qui profitent des déboires des premiers pour distribuer ressources financières, humaines et plateformes médiatiques à des factions terroristes directement ennemies du pays, il n’y a rien à sauver.
Ce pays est foutu.
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