La fortune cumulée des 41 Français les plus aisés dépasse les 100 milliards d’euros, en progression de 11 % sur un an. Certains préfèrent prendre la nationalité suisse.
Gérard et Alain Wertheimer, les propriétaires de Chanel, n’ont pas vraiment à se plaindre. Leur bas de laine a augmenté cette année de 4 milliards de francs suisses (3,84 milliards d’euros) pour atteindre entre 27,8 et 28,8 milliards d’euros. Les magazines Bilan (francophone) et Bilan (alémanique), qui recensent chaque année les 300 plus riches de Suisse, nous apprennent que les frères Wertheimer possèdent également plusieurs prestigieux châteaux viticoles, dont Château Rauzan-Ségla, une écurie de courses et, accessoirement, les fusils de chasse Holland & Holland.
La famille Castel (vins, bières, boissons, sucre, immobilier de luxe), qui arrive ensuite dans le palmarès des Français les plus fortunés, doit se contenter d’un gain de 1,44 milliard d’euros. Ses économies sont estimées entre 13,4 et 14,4 milliards d’euros. En revanche, les avoirs de Patrick Drahi (télécoms, communication), établi à Zermatt, dans les montagnes du canton du Valais, sont restés stables (entre 9,6 et 10,6 milliards d’euros).
La Suisse n’a apparemment pas accueilli de nouveaux Français très riches cette année (ces derniers sont souvent difficiles à dénicher et ne souhaitent pas véritablement que la presse mette la lumière sur eux). Toutefois, aucune des grandes fortunes n’est revenue dans l’Hexagone. Elles estiment que le fameux « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron pour gérer la crise va forcément tôt ou tard apparaître sur le devant de la scène. Quand il faudra rembourser les milliards dépensés pour lutter contre le Covid.
Les Rothschild auraient perdu un milliard
« Actuellement, la priorité est de sauver l’économie ainsi que l’élection présidentielle, mais il est probable que les grandes fortunes devront passer à la caisse lorsque la crise sanitaire sera passée », écrit Bilan. Ainsi, la famille Frey, originaire de Reims, établie dans le canton de Berne, active dans l’immobilier, le vin et les assurances (670 à 770 millions d’euros), a-t-elle préféré abandonner la nationalité française pour adopter le passeport suisse. « Il apparaît ainsi que non seulement nos grandes fortunes françaises ne rentrent pas au pays, mais qu’en plus certaines renoncent à la nationalité », constate le magazine.
Parmi les riches tricolores installés de l’autre côté du Jura, nous trouvons également Nicolas Puech, à la tête d’Hermès, domicilié dans le Valais. Sa fortune a bondi de 3 milliards d’euros en un an, pour atteindre entre 8 et 9 milliards. La famille Despature, à Genève, à la fois distributeur des vêtements Damart et leader mondial des systèmes de fermetures automatiques Somfy, a tout de même gagné un milliard supplémentaire. Elle est entrée dans le club des plus de cinq milliards. En revanche, la famille Lescure, également établie à Genève, championne de l’électroménager (Seb, Tefal, Rowenta), doit se contenter de 3 à 4 milliards. Seul perdant, la famille Edmond et Benjamin de Rothschild : elle aurait perdu un milliard ! La banque ne serait plus tout à fait ce qu’elle était depuis la disparition de Benjamin de Rothschild en janvier 2021 à l’âge de 57 ans. Il leur reste malgré tout entre deux et trois milliards.
Mystérieuses fondations
Bilan propose également quelques chiffres concernant les mystérieuses fondations qui fleurissent dans la Confédération. Il y en aurait plus de 13 000. Si la loi sur le blanchiment se montre dorénavant très stricte vis-à-vis des banques, et si la justice suisse répond favorablement aux commissions rogatoires internationales, en revanche, il n’en va pas de même pour les « fondations philanthropiques », en faveur des bébés phoques ou des orphelins du Mali.
Le Conseil fédéral (gouvernement) a rejeté « le besoin de révision du droit suisse des fondations ». Il refuse même « l’introduction d’une haute surveillance pour les fondations ». En conséquence, plutôt que d’ouvrir un compte, il est devenu beaucoup plus judicieux de créer une fondation où votre nom n’apparaîtra même pas. Il y en a ainsi 2 211 à Zurich, 1 378 à Berne, 1 375 dans le canton de Vaud et 1 275 à Genève. On ne saura pas combien sont détenues par de riches Français…
Pandémie médiatique, à qui profite le crime ?
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