25 novembre 2021

Le prix du blé explose et pourrait donner lieu à des émeutes de la faim

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En un an, le prix du blé a bondi de 55%. Une tonne de la céréale se négocie désormais à plus de 300 euros, soit 340 dollars. Les raisons : la population mondiale a augmenté de 2 milliards en 20 ans alors que la production de blé ne décolle pas.

Un scénario proche de la crise de 2008

La situation s’est aggravée depuis 2 ans avec la crise du Covid. Les confinements ont stoppé net les productions. La météo capricieuse a handicapé les récoltes au Canada, en Russie, mais aussi aux Etats-Unis et le coût du transport maritime a explosé, alors que l’économie mondiale repart. Cette situation crée une véritable tension sur le marché mondial du blé et met en danger l’équilibre mondial. Le blé représente un quart de la consommation quotidienne mondiale de nourriture. Pourtant, seule une vingtaine de pays en produisent suffisamment pour couvrir les besoins de leur population. Une dizaine réussit à en exporter. Alors quand le prix du blé s’emballe, c’est la sécurité alimentaire des états les plus fragiles qui est en jeu.

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Selon Arthur Portier, ingénieur spécialiste des marchés agricoles : « on peut penser que si la situation reste telle quelle, on ait des soucis avec des émeutes de la faim. Certains pays importateurs comme l’Egypte, l’Algérie et le Maroc achètent la paix sociale avec la nourriture et notamment le blé ». En subventionnant par exemple l’achat de produits à base de blé pour éviter de faire peser la facture sur les populations et ainsi éviter que le scénario de 2008 ne se reproduise. Le blé avait alors atteint 450 dollars la tonne. Cela avait été un des déclencheurs, des printemps arabes

L’incertitude domine car le prix des engrais azotés, essentiels dans la culture du blé, s’est lui aussi envolé

Une insécurité alimentaire qui pourrait également frapper certains pays européens, comme « la Pologne, la Roumanie, ou la Hongrie » énumère l’économiste Thierry Pouch. La hausse du prix du blé combinée avec celle du gaz, de l’électricité et du carburant fait craindre une chute du pouvoir d’achat et nourrir des mouvements sociaux. Un cocktail explosif donc. Les craintes du marché mondial sont montées d’un cran récemment. En juin, la Russie, premier exportateur mondial, a décidé d’imposer des quotas d’exportation, favorisant ainsi sa propre population. Mais c’est aussi, un moyen de pression diplomatique pour Moscou, selon le géopolitologue Sébastien Abis : « la Russie ne se prive pas auprès des pays qu’elle fournit largement, de rappeler qu’elle tient le robinet céréalier de ce pays ».

Une stratégie que le Kremlin pourrait renforcer à l’avenir. Avec le réchauffement climatique, « des terres cultivables vont se libérer dans des régions comme la Sibérie », explique Thierry Pouch. Une aubaine pour Moscou qui pourrait ainsi asseoir sa position de première puissance du blé au monde. A l’heure actuelle, le marché mondial croise les doigts pour une bonne récolte cette année. Mais l’incertitude domine car le prix des engrais azotés, essentiels dans la culture du blé, s’est lui aussi envolé.

Eric Kuoch

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