01 novembre 2021

Halloween, la veillée des sorcières

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Quand vous pensez à Halloween, quelle est la première image qui vous vient à l'esprit ? J'ai fait un petit sondage informel parmi mes amis, ma famille et mes collègues. Devinez quelle image est sortie en premier ? Les citrouilles ! Je parie que vous pensiez que j'allais dire « les sorcières ». Bon, je pensais vraiment que ce serait les sorcières, mais elles ne sont arrivées qu'en deuxième, au coude à coude !



Quand je pense à Halloween, je pense aux travaux manuels de l'école primaire, lorsque nous découpions des silhouettes de sorcières pour les coller sur de larges lunes jaunes en papier kraft. La sorcière était toujours à califourchon sur un balai, sa robe noire flottant au vent, accompagnée d'un chat noir assis sur l'arrière du balai. Déjà à l'époque, je me demandais comment le chat pouvait tenir sur le balai, et comment quiconque aurait pu imaginer qu'un balai pût faire office de siège un tant soit peu confortable.

Mais vous voyez où je veux en venir : de manière significative, Halloween est associé aux sorcières, femmes maléfiques qui fréquentent le diable et font des choses malveillantes - comme mettre les enfants perdus en cage pour les engraisser en vue de les manger, donner des pommes empoisonnées et se servir de rouets pour empoisonner des princesses abandonnées ou sans défense à la recherche du véritable amour.

Le mot « witch » [sorcière - NdT] nous vient du vieil anglais Wicca, nom masculin signifiant « sorcier ». La version féminine était wicce, prononcé « witch », qui vient du Moyen haut-allemand wicken - « ensorceler » - et même de plus loin : du Vieux haut-allemand wĭh, qui signifiait « sacré ». Le dictionnaire nous dit qu'une sorcière est une personne dotée de pouvoirs surnaturels maléfiques qui s'amuse à jeter des sorts avec l'aide d'un esprit malin ou d'un démon familier. Le mot fait aussi référence à une vieille femme laide, ou à une belle jeune femme. Le mot « witch » est utilisé comme épithète pour toute femme qui n'est pas encline à servir de paillasson, à se faire piétiner par quiconque veut la soumettre à sa volonté. Pour finir, une « witch » est une pratiquante de la Wicca.

La Wicca est une invention britannique qui nous vient d'un anthropologue amateur du nom de Gerald Gardner. Gardner prétendait avoir eu de nombreuses rencontres et expériences intéressantes dans le domaine de l'occulte et du paranormal au cours de sa vie. À un moment, il prétendit avoir des diplômes de docteur des universités de Singapour et de Toulouse, ce qui était un mensonge. Il prétendait avoir été initié à un coven de sorcières de New Forest (une survivance d'un culte païen de sorcières pré-chrétien). Des recherches ultérieures ont montré que ce prétendu coven ancien avait été établi au début du XXe siècle, et que ses idées reposaient essentiellement sur le folklore magique et les théories de Margaret Murray. On peut donc avoir des doutes sur l'honnêteté de Gardner.

Gardner intégra à la Wicca des éléments de franc-maçonnerie et de magie cérémonielle et les fantasmes d'Aleister Crowley (entre autres). Quand on examine attentivement ces éléments qui se sont combinés pour former la Wicca moderne, on remarque que dans l'ensemble, ils n'ont strictement aucun lien avec les religions anciennes telles qu'on peut les discerner par une étude approfondie. Au contraire, ces éléments sont vraisemblablement influencés par les descriptions des persécuteurs de sorcières durant l'Inquisition, descriptions apparemment utilisées comme « ligne directrice ». La compréhension du fait qu'il ne s'agissait là que de falsifications diffamatoires opérées par des psychopathes fait défaut. Il est plus vraisemblable que les femmes qui furent accusées de sorcellerie durant les persécutions suivaient des croyances apparentées à celles des cathares - le dualisme - , voire même des concepts dualistes encore plus anciens. Elles employaient aussi vraisemblablement un savoir ancien transmis depuis les systèmes chamaniques paléolithiques, qui n'avaient pas grand-chose à voir avec la « magie cérémonielle », les sorts ou un « code de moralité tolérant ». Malheureusement, ni Gardner ni Crowley n'avaient accès aux études archéologiques modernes, dont on peut tirer de vraies déductions quant aux capacités, croyances et pratiques de nos ancêtres véritablement remarquables.

Mon travail consiste avant tout à retracer les idées et les enseignements païens / chamaniques jusqu'aux périodes glaciaires - les peintres rupestres, les origines nord-européennes - pour trouver leurs fondements communs les plus originaux, les plus primordiaux. L'idée selon laquelle aurait existé une époque où l'homme était en contact direct avec les Êtres célestes est à la source de bien des mythes de l'Âge d'Or. Ces mythes nous parlent d'un temps où les « dieux se retirèrent » de l'humanité à la suite de quelque « événement » - c.-à-d. « La Chute » ; les communications furent coupées et les Êtres Célestes se retirèrent au plus haut des cieux.

Mais les mythes nous disent aussi que certaines personnes conservèrent la possibilité « d'ascensionner » et de communier avec les dieux pour le compte de leur tribu ou de leur famille. Par leur entremise, le contact fut maintenu avec les « esprits guides » du groupe. Les croyances et pratiques des chamans contemporains sont un vestige profondément modifié, voire même corrompu, de cette technologie archaïque de communications concrètes entre le ciel et la terre. Ce chamanisme semble être né en Europe de l'Ouest avec l'arrivée de l'homme de Cro-Magnon, et les mythes semblent avoir été réécrits de manière répétée, au point que nous avons pléthore d'affirmations sur des secrets occultes de toutes sortes prétendument ressuscités par tel ou tel - y compris la Wicca. Si cette hypothèse est juste, alors la véritable « sorcellerie » est en réalité le chamanisme, c'est-à-dire le druidisme, et bien plus encore, comme nous allons le voir. Mircea Eliade écrit :

Les recherches récentes ont clairement fait apparaître des éléments chamaniques dans la religion des chasseurs paléolithiques. Horst Kirchner a interprété le célèbre relief de Lascaux comme représentant une transe chamanique. [...] Pour terminer, Karl J. a reconsidéré le problème de « l'origine » et de la chronologie du chamanisme dans son importante étude. [...] Il fait apparaître l'influence des notions de fertilité (statuettes féminines ou « Vénus ») sur les croyances religieuses des chasseurs préhistoriques du nord de l'Asie ; mais cette influence n'a pas rompu la tradition paléolithique. [...] c'est dans ce « Vorstellungswelt » que plongent les racines du culte de l'ours d'Asie et d'Amérique du Nord. Peu après, probablement aux environs de 25 000 ans av. J.-C., l'Europe offre des preuves de l'existence des formes les plus anciennes de chamanisme (Lascaux) avec la représentation plastique de l'oiseau, de l'esprit protecteur et de l'extase.

[...] Ce qui semble être certain, c'est l'ancienneté de rituels et de symboles « chamaniques ». Il faudra encore déterminer si les documents mis à jour par les découvertes préhistoriques représentent les premières expressions d'un chamanisme in statu nascendi ou s'ils sont uniquement les premiers documents dont nous disposions aujourd'hui et concernant un complexe religieux plus ancien qui n'a, cependant, pas trouvé de manifestations « plastiques » (dessins, objets rituels, etc.) avant la période de Lascaux.

[...] Il est hors de doute que l'ascension céleste du chaman [...] est une survivance, profondément modifiée et parfois dégradée, de cette idéologie religieuse archaïque qui était centrée sur la foi dans un Être Suprême céleste et la croyance en les communications concrètes entre le Ciel et la Terre.
[...] Les mythes font d'ailleurs allusion aux relations plus intimes entre les Êtres Suprêmes et les chamans ; il est question notamment d'un Premier Chaman envoyé par l'Être Suprême ou par son substitut [...] sur la Terre, pour défendre les humains contre les maladies et les mauvais esprits.
C'est dans le contexte du « retrait » des « Êtres célestes » que la signification de l'expérience extatique du chaman se modifia. Auparavant, l'activité était centrée sur la communion avec le dieu et l'obtention de bienfaits pour la tribu. Le retrait du dieu/déesse bienveillant eut pour conséquence le changement de fonction du chaman, qui désormais fut de combattre « les maladies et les mauvais esprits ». Un exemple frappant de l'œuvre de Jésus, qui soignait les malades et chassait les démons - le modèle chamanique « après la Chute ».

Il y eut, semble-t-il, une autre conséquence à ce « glissement ». De plus en plus, les descentes dans le « monde souterrain » et les relations avec les « esprits » conduisirent à leur « incarnation », ou à la « possession » du chaman par des « esprits ». Il est clair qu'il s'agissait là d'innovations, pour la plupart récentes. Un élément frappant qui transparaît dans les recherches en historiographie des mythes et légendes, du chamanisme et ainsi de suite est la découverte des « influences du Sud, qui apparurent très tôt et qui altérèrent à la fois la cosmologie, la mythologie et les techniques d'extase ». Parmi ces influences venues du Sud, on trouve la contribution du bouddhisme et du lamaïsme, ajoutés aux influences iraniennes et, en dernière analyse, aux influences mésopotamiennes qui les avaient précédées.
[...] le schéma initiatique de la mort rituelle suivie de la résurrection du chaman est, lui aussi, une innovation, mais qui remonte à des temps beaucoup plus anciens ; elle ne saurait en aucun cas être imputable aux influences du Proche-Orient antique. [...] Mais c'est surtout sur la structure de ce schéma initiatique que ce sont exercées les innovations apportées par le culte des ancêtres. Le concept même de la mort mystique a été modifié à la suite des multiples mutations magico-religieuses provoquées par les mythologies lunaires, par les cultes des morts, et par l'élaboration des idéologies magiques.
Il est clair que le chamanisme tel qu'on le connaît a décliné par rapport à son système originel unifié et cohérent. L'une des raisons de cette affirmation est que, tandis qu'il existe de nombreux termes locaux pour désigner un chaman masculin, il n'y en a qu'un pour le chaman féminin. Le chamanisme, semble-t-il, était autrefois une activité féminine. Dans un dialecte tatar, utygan, mot désignant une femme-chaman, signifie aussi « ours ».
[...] le prestige magico-religieux de l'intoxication à fin extatique est d'origine iranienne. [...] pour l'expérience chamanique originaire [...]les narcotiques ne sont qu'un substitut vulgaire de la transe « pure ». [...] les intoxications [...] sont des innovations récentes et [...] elles accusent en quelque sorte une décadence de la technique chamanique. On s'efforce d'imiter par l'ivresse narcotique un état spirituel qu'on n'est plus capable d'atteindre autrement. Décadence ou [...] vulgarisation d'une technique mystique, dans l'Inde ancienne et moderne, et dans l'Orient tout entier, on rencontre toujours ce mélange étrange des « voies difficiles » et des « voies faciles » pour réaliser l'extase mystique ou telle autre expérience décisive.
Permettez-moi ici quelques remarques. La religion de la période glaciaire était si satisfaisante pour tous les peuples de la Terre qu'elle fut stable pendant plus de 25 000 ans, comme le prouvent les données archéologiques et historiques. Il y avait des chamans - des femmes - qui s'engageaient dans des ascensions extatiques qui apportaient des bienfaits à la tribu, puis, plus tard la défendaient contre les influences négatives. En bref, il semble que le paganisme, et même le druidisme, étaient le christianisme originel, et que les « Oints » originels étaient des femmes. De nombreux chercheurs soulignent de manière répétée les racines païennes du christianisme. Eh oui ; plus qu'on ne le suspecte. Et si la trame de recherche que j'ai présentée dans mon livre L'Histoire secrète du monde tient la route, alors les « sorcières » originelles étaient des Christs.

Ceci, bien sûr, nous pousse à nous demander comment les choses ont pu être inversées au point que nous avons fini par accorder foi à l'opposé de la vérité dans presque tous les domaines d'investigation ? Certes, nous pouvons nous écarter des religions consensuelles qui, nous le voyons bien, sont fausses et contradictoires, mais ce n'est que pour mieux retomber dans les bras des religions New Age, qui ne sont pas meilleures, n'étant que des variantes d'un système de contrôle conçu pour nous empêcher d'accéder au réel.

Le 31 octobre est censé être le jour de l'ancienne célébration celtique de la « Fin de l'Été » - Samain, Halloween, ou la veillée de la Toussaint [All Hallows Eve en anglais - NdT]. Comme je l'ai mentionné plus haut, nombre de gens pensent aux sorcières en entendant le mot « Halloween ». On se demande d'emblée pourquoi le 31 octobre devrait être associé aux sorcières et célébré comme la « fin de l'été », puisque c'est l'équinoxe d'automne, plus d'un mois plus tôt, qui marque la véritable fin de l'été.

Voilà le nœud de l'histoire !

Selon l'historien britannique Ronald Hutton, le festival de Samain célèbre la fin de la « moitié plus lumineuse » de l'année et le commencement de la « moitié plus sombre », et est parfois considéré comme le Nouvel An celtique. Selon le folkloriste John Gregorson Campbell et l'archéologue Bettina Arnold, les anciens celtes croyaient que le rideau séparant notre monde de l'au-delà devenait plus fin à Samain, ce qui permettait aux esprits (bons comme mauvais) de traverser aisément la barrière, d'ordinaire robuste. Les Celtes géraient la situation en invitant les bons esprits - habituellement des ancêtres familiaux - et en utilisant diverses techniques pour repousser ou effrayer les mauvais esprits. De là viendrait l'habitude de se déguiser en squelettes, fantômes et gobelins, le principe étant que si vous aviez une apparence suffisamment horrible, vous pouviez faire fuir le diable lui-même !

Samain était aussi le moment où les gens constituaient leurs stocks de nourriture, abattaient le bétail et les porcs, et préparaient les céréales et autres denrées alimentaires en prévision de l'hiver.

Les feux de joie étaient un élément important des célébrations. Les feux des foyers étaient éteints, les os du bétail abattu étaient jetés dans le feu de joie, et chaque maison rallumait son foyer à partir des braises du feu de joie. Parfois, on faisait deux feux de joie, entre lesquels les gens passaient avec leur bêtes à des fins de « purification ». Cette pratique est peut être un vestige des temps où les anciennes tribus se purifiaient en brûlant vif : a) tous ses membres imparfaits, de sorte que la tribu pût se purifier de ses éléments honteux, ou b) les membres vraiment parfaits qui étaient volontaires pour s'offrir en sacrifice aux dieux de sorte que le reste de la tribu pût vivre en paix une année de plus. Voilà qui constitue un indice intéressant.
Le nom « Halloween » est une ancienne variante écossaise de « All Hallows Eve », soit la nuit précédant « All Hallows Day », la Fête de tous les Saints/Toussaint.

Il est intéressant d'observer les vieilles coutumes du monde entier concernant cette fête, et tout particulièrement les deux jours suivants, qui furent plus tard christianisés mais qui représentent manifestement quelque chose de bien plus ancien.

Au Portugal et en Espagne, on fait des offrandes à la Toussaint. Au Mexique, la Toussaint coïncide avec la célébration du Jour des Innocents, lié au Jour des Morts, et qui célèbre les enfants et nourrissons défunts. Au Portugal, les enfants font du porte-à-porte et reçoivent des gâteaux, des noix et des grenades. La fête est consacrée à des réunions de famille, où l'on évoque le souvenir des amis et des membres de la famille disparus et où l'on prie pour eux. Les traditions incluent : construire des autels en l'honneur des défunts, se gaver de crânes en sucre (dévorer la mort ?) et d'aliments et boissons préférées des disparus, décorer sa maison avec des fleurs de soucis ou les déposer sur les tombes comme présents. Les experts font remonter les origines de la fête moderne à des pratiques indigènes datant de milliers d'années, et à un festival aztèque consacré à une déesse nommée Mictecacihuatl, la Reine de Mictlan - ou monde souterrain. Selon la croyance , la Reine avait été sacrifiée lorsqu'elle était enfant ; elle est représentée avec un corps décharné et une mâchoire béante qui avale les étoiles durant la journée.

Aux Philippines, ce jour est appelé « Undas », « Todos los Santos » (littéralement « Tous les Saints »), et parfois « Araw ng mga Namayapa » (approximativement « Jour des Défunts »). Ce jour-là, ainsi que la veille et le lendemain, on visite les tombes des parents défunts. On offre des prières, dépose des fleurs, allume des bougies sur les tombes, et l'on nettoie, répare et repeint les tombes elle-mêmes. Les pratiques sont semblables dans la plupart des pays d'Europe.

Au Brésil, Dia de Finados est un jour férié que nombre de Brésiliens célèbrent en visitant les cimetières et les églises. En Espagne, il y a des festivals et des défilés et, à la fin de la journée, les gens se rassemblent aux cimetières et prient pour leurs chers disparus. Des célébrations à thèmes similaires apparaissent dans de nombreuses cultures d'Asie et d'Afrique.

Ces célébrations, qui se produisent les 1e et 2 novembre sous des formes indigènes que l'Église a assimilées, nous frappent par leur étrangeté. Apparemment, le point important est qu'elles ont lieu immédiatement après le 31 octobre. On est poussé à se demander pourquoi. Que s'est-il passé le 31 octobre pour que le jour suivant soit transformé en Jour des Morts ?

Les symboles associés à Halloween se sont construits avec le temps et, tout comme l'Église médiévale avait assimilé les anciennes images et pratiques macabres, nombre des coutumes contemporaines ont assimilé les pratiques médiévales. Dans les festivals celtiques traditionnels d'Halloween, on creusait de gros navets et on y sculptait des visages qu'on plaçait aux fenêtres pour chasser les mauvais esprits. La tradition américaine consistant à sculpter des citrouilles était à l'origine associée à la période de récolte en général, ne devenant spécifiquement associée à Halloween que durant la seconde moitié du XIXe siècle.

Alors que la plupart des chrétiens ne voient en Halloween qu'une fête profane permettant aux enfants (et aux grands enfants !) de revêtir des costumes stupides, de manger des friandises et, généralement, de se moquer de tout ce qui est normalement effrayant dans notre monde, d'autres chrétiens - fondamentalistes pour la plupart - attribuent une influence négative à cette fête qui, selon eux, célèbre le paganisme et l'occulte ; ou bien, ils estiment qu'elle banalise tellement l'occulte que ses participants ne manifestent plus la crainte appropriée envers les fantômes, les démons et le Diable. Les témoins de Jéhovah ne célèbrent pas Halloween : ils croient que rien de ce qui est issu d'une fête païenne ne devrait être célébré par de véritables chrétiens - ce qui est ironique, compte tenu de ce que j'ai écrit plus haut sur le christianisme originel. Comment, en partant d'une véritable spiritualité qui honorait les femmes, avec des femmes chamanes qui subvenaient aux besoins de la tribu, en sommes-nous arrivés à la vision chrétienne moderne de la femme en tant que créature à peine humaine ?

Nombre de ceux qui suivent la voie païenne considèrent le passage des saisons comme un moment sacré de l'année et, naturellement, les adeptes de la Wicca estiment que cette fête, telle qu'elle est célébrée généralement, est offensante en ce qu'elle associe les sorcières à l'autre liste « d'esprits mauvais » à repousser. Ils ont raison à ce sujet, mais l'essentiel de ce qu'ils considèrent comme relevant de la « Wicca » est aussi erroné que l'est le christianisme.
Cela nous ramène à la question à laquelle espère répondre cet article : quelle est l'origine d'Halloween, que commémore-t-il réellement, et pourquoi les sorcières y sont-elles associées ?

J'aimerais souligner en premier lieu que, lorsque nous examinons Halloween, nous percevons quelque chose de très ancien qui est filtré par de nombreux niveaux d'interprétation. Toutefois, un thème apparaît régulièrement : celui de la traversée facile de la frontière entre la vie et la mort, menant principalement à la mort. Cela suggère que, il y a très longtemps, la mort est survenue à une échelle massive lors d'Halloween. L'événement - quel qu'il ait été - fut tellement terrifiant, tellement étendu, que les cultures du monde entier le commémorent encore (ainsi que les jours qui suivent) d'une façon qui semble destinée à l'écarter, à prévenir la possibilité qu'un tel événement se reproduise jamais. En chemin, des choses se produisirent qui bouleversèrent tout, au point que les personnes - les sorcières véritables, sacrées - qui auraient pu connaître ces choses, apaiser ces frayeurs, furent assimilées à la cause de la mort et de la destruction.

Dans son ouvrage The Worship of the Dead, or the Origin and Nature of Pagan Idolatry and Its Bearing Upon the Early History of Egypt and Babylonia (La Vénération de la mort, ou l'Origine et la Nature de l'idolâtrie païenne et ses conséquences sur le début de l'histoire de l'Égypte et de Babylone), John Garnier affirme que les célébrations modernes des morts centrées autour d'Halloween (et des jours suivants) fut créée afin de commémorer ceux qui périrent dans le Déluge auquel Dieu livra un monde mauvais. Il appuie ses dires sur la Genèse 7 :11. Il écrit :
On ne trouve guère de nation ni de tribu dans le monde qui ne possède pas de tradition de la destruction de l'espèce humaine par un déluge, et les détails de ces traditions sont trop précisément en accord les unes avec les autres pour permettre la suggestion, faite par certains, qu'elles renvoient dans chaque cas à des inondations locales différentes.

Les mythologies de toutes les nations anciennes sont entrelacées avec les événements du Déluge, et sont expliquées par eux, ce qui prouve qu'elles sont toutes fondées sur un principe commun, et doivent avoir été déclinées à partir d'une source commune.

Au vu de ces remarques, il apparaît clair que l'un ou l'autre des deux grands événements de l'histoire du Déluge, à savoir le début de la montée des eaux et leur retrait, furent observés dans tout l'ancien monde, certaines nations observant un événement et certaines l'autre.

Il est également probable que la pratique de ce festival ait été étroitement liée, voire qu'elle soit à l'origine de ce culte des morts qui, comme nous allons le voir, était le principe central de l'ancienne idolâtrie.

La force de cet argument est illustrée par la célébration d'un grand festival des morts en commémoration de l'événement, non seulement par des nations communiquant plus ou moins les unes avec les autres, mais aussi par d'autres séparées par de longues distances, tant géographiques - les océans - que temporelles - plusieurs siècles.

Ce festival est, en outre, célébré par tous à la date précise - à quelques jours près - du Déluge (selon le récit mosaïque), à savoir le 17e jour du deuxième mois - le mois correspondant presque à notre novembre actuel.7
J'ignore lequel des nombreux calendriers juifs Garnier a utilisé, mais son argument est que les fêtes honorant les esprits des morts ne sont pas chrétiennes, parce qu'elles ont des racines païennes (qu'importe la vénération des saints et leur invocation - ils étaient chrétiens avant de mourir, du moins c'est ce qu'on dit) et qu'elles reposent sur la commémoration de la mort des gens mauvais qui avaient été à juste titre détruits par Dieu dans le Déluge de Noé. Cette orientation « chrétienne » donnée au paganisme est apparemment la raison pour laquelle Halloween met un tel accent sur les images démoniaques, les fantômes, les monstres et les choses macabres en général : en effet, comme le souligne Garnier, le Déluge signifiait la mort des enfants hybrides des démons, les Nephilim (cf. Genèse 6 : 1-4, 13 et le livre d'Hénoch).

Bref, tout cela ne semble être que conjectures émises par un archéologue religieux de jadis ; circulez, il n'y a rien à voir. À moins que... Peut-être Garnier était-il sur une piste mais ne savait-il pas réellement de quoi il en retournait ?

En ce qui concerne le prétendu Déluge de Noé, nous pouvons dire qu'à plusieurs reprises au cours de notre Histoire connue, des civilisations et/ou des cultures se sont effondrées et/ou ont disparu, ou ont été détruites par Dieu sait quoi. L'empire akkadien de Mésopotamie, l'Ancien Empire d'Égypte, la civilisation de l'Âge de Bronze ancien en Palestine, en Anatolie et en Grèce, ainsi que la civilisation de la vallée de l'Indus en Inde, la civilisation Hilmande en Afghanistan et les Hongshan en Chine, sont tous tombés plus ou moins au même moment. Peu de temps après - en temps archéologique (bien que la chronologie soit un vrai bazar) - la destruction a frappé les Mycéniens de Grèce, les Hittites d'Anatolie, le Nouvel Empire égyptien, la Palestine de l'Âge du Bronze tardif et la dynastie Shang de Chine.

Les chercheurs en archéologie et en histoire sont déconcertés par l'absence de toute explication archéologique - directe ou écrite - des causes (par opposition aux effets), bien qu'on trouve un riche corpus de mythes et de folklores qui pourrait très bien fournir les réponses, s'il était analysé correctement. Puisque les « experts » en ces domaines ont relégué les mythes au rang de superstitions, tout en soutenant simultanément la croyance que les mythes historisés intégrés à la Bible relèvent de l'Histoire, ils ne vont pas loin avec leur problème, et attribuent généralement l'effondrement des civilisations à des invasions et des guerres sur une échelle gargantuesque.

Il y a plusieurs décennies, certains experts en sciences naturelles intrigués par le problème se rendirent compte, en se concentrant sur les effondrements de l'Âge du Bronze listés plus haut, que l'ampleur des preuves suggérait des causes naturelles plutôt que des actions humaines (invasions, guerres). Tous commencèrent alors à parler de changement climatique, d'activité volcanique et de tremblements de terre. À présent, ces types d'explications sont intégrées dans certains des comptes rendus historiques standards de la période de l'Âge du Bronze, bien que de nombreux problèmes subsistent encore : aucune explication unique ne semble prendre en compte toutes les preuves.

Immanuel Velikovsky irrita tout le monde en suggérant que l'Exode - mais seulement l'Exode - avait été provoqué par un bombardement de pierres, de poussières, de composés carboniques, etc., du fait d'un comportement erratique de Vénus au sein du système solaire. Il collecta un assortiment stupéfiant de mythes et de légendes du monde entier qui faisaient fortement songer à la description de quelque cataclysme global, mais quant à l'époque, au lieu et à la façon dont c'était arrivé, c'était plutôt vague. D'autres avant Velikovsky avaient évoqué ces questions - par exemple, Ignatious Donelly, qui mérite une mention honorable pour avoir associé les mythes au Déluge de Noé, qu'il affirmait être en fait la destruction de l'Atlantide telle que décrite par Platon. La question de savoir s'il y a ou non eu une civilisation avancée connue comme l'Atlantide n'est pas notre propos ici ; ce qui nous intéresse, c'est de savoir s'il y a ou non eu un déluge, et quand il a pu avoir lieu.

À la fin des années 70, les astronomes britanniques Victor Clube et Bill Napier, de l'université d'Oxford, commencèrent à examiner l'hypothèse d'un impact de comète comme cause ultime. En 1980, le physicien titulaire du prix Nobel Luis Alvarez et ses collègues publièrent un article dans Science qui affirmait qu'un impact cosmique avait provoqué l'extinction des dinosaures. L'article d'Alvarez eut une immense influence, bien que celle-ci se manifestât différemment sur les deux rives de l'Atlantique. Aux États-Unis, il y a l'école « wishful thinking » qui postule que seuls les impacts d'astéroïdes ont de l'importance, et qu'ils sont si rares qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Au Royaume-Uni, des recherches complémentaires par les astronomes Clube, Napier, le professeur Mark Bailey de l'observatoire Armagh, Duncan Steel de Spaceguard Australia, et l'astronome le plus connu de Grande-Bretagne, Sir Fred Hoyle, les conduisirent tous à soutenir la théorie de l'impact cométaire, sous l'appellation vague « d'École Britannique du Catastrophisme Cohérent ».

Selon Clube, Napier et al., de même que Jupiter fut frappée de manière répétée, en 1994, par les impacts en millions de mégatonnes de la comète Shoemaker-Levy, la Terre fut bombardée il y a 13 000 ans par les fragments d'une comète géante qui se fragmenta dans les cieux sous les yeux horrifiés de l'humanité. Les impacts multiples sur la planète en rotation produisirent des raz-de-marée, des incendies, des explosions de l'ampleur d'explosions nucléaires, l'extinction massive de nombreuses espèces préhistoriques comme le mammouth et le tigre à dents de sabre - et la majeure partie de l'humanité - , et laissa le monde dans les ténèbres pendant des mois. (cf. The Cosmic Serpent et Hiver cosmique de Clube et Napier. Cf. aussi The Origin of the Universe and the Origin of Religion, Anshen Transdisciplinary Lectureships in Art, Science, and the Philosophy of Culture, de Fred Hoyle).

Certains scientifiques américains rejoignent le groupe du Catastrophisme Cohérent. Le physicien Richard Firestone et les géologues Allen West et Simon Warwick-Smith écrivent dans leur livre The Cycle of Cosmic Catastrophes :
En 1990, Victor Clube, astrophysicien, et Bill Napier, astronome, publièrent Hiver cosmique, un livre dans lequel ils précisent avoir effectué des analyses orbitales sur plusieurs des pluies de météores qui frappent la Terre chaque année. Utilisant des logiciels sophistiqués, ils ont soigneusement examiné le passé sur des milliers d'années, retraçant les orbites des comètes, des astéroïdes et des pluies de météores, pour finir par découvrir une chose stupéfiante. De nombreuses pluies de météores sont apparentées les unes aux autres, comme les Taurides, les Perséides, les Piscides et les Orionides. En outre, de très grands objets cosmiques sont apparentés : les comètes Encke et Rudnicki, les astéroïdes Oljato, Héphaïstos, et une centaine d'autres. Ces corps cosmiques (une centaine) font tous au moins 800 mètres de diamètre, et certains font des kilomètres. Et qu'ont-ils en commun ? Selon ces scientifiques, chacun d'eux est un résidu d'une même comète massive entrée dans notre système solaire il y a moins de 20 000 ans ! Clube et Napier estiment que, étant donné la quantité de débris qu'ils ont trouvés éparpillés à travers tout notre système solaire, la comète originelle devait être énorme.

Clube et Napier ont également estimé qu'en raison de changements subtils dans les orbites de la Terre et des débris cosmiques résiduels, la Terre traverse la partie la plus dense des nuages de résidus de la comète géante tous les 2 000 à 4 000 ans. On peut distinguer ce pattern en observant l'historique du climat et des carottes glaciaires. Par exemple, l'iridium, l'hélium-3, les nitrates, l'ammoniaque et d'autres mesures-clés semblent osciller en phase, avec des pics notables il y a 18 000, 16 000, 13 000, 9 000, 5 000 et 2 000 ans. Ce pattern de pics qui apparaissent tous les 2 000 à 4 000 ans pourrait bien être la « carte de visite » de la méga-comète revenante.

Heureusement, les pics les plus anciens représentent les bombardements les plus massifs, et les choses se sont calmées depuis, à mesure que les restes de la comète se brisent en morceaux encore plus petits. Le danger n'a toutefois pas disparu. Certains des morceaux restants, larges de plusieurs kilomètres, sont assez gros pour endommager sérieusement nos villes, notre climat et notre économie globale. Clube et Napier (1984) ont prédit qu'à partir de 2000 et pendant 400 ans, la Terre entrerait dans une nouvelle période de dangerosité, durant laquelle les modifications de son orbite la mèneraient sur une trajectoire susceptible de collision avec les parties les plus denses des nuages, qui contiennent de très gros débris. Vingt ans après leur prédiction, nous venons juste d'entrer dans la zone de danger. C'est un fait reconnu que certains de ces gros objets se trouvent en ce moment même sur des orbites qui vont croiser celle de la Terre, et la question de savoir s'ils vont nous rater - le plus probable - ou s'ils vont s'écraser sur telle ou telle partie de notre planète reste ouverte.9
Nous voyons donc que ce nouveau type de « catastrophe naturelle » commence à être considéré par nombre de chercheurs comme la plus probable explication globale aux effondrements culturels généralisés et simultanés à plusieurs reprises au cours de notre Histoire. Ces idées ont été en grande partie avancées par les astronomes et les géologues, les dendrochonologues, etc., et restent presque totalement inconnues des archéologues et des historiens, ce qui pénalise considérablement leurs efforts d'analyse des données historiques.

La nouvelle théorie pose l'existence de traînées de débris cométaires qui rencontrent la Terre de manière répétée. Nous connaissons la plupart de ces traînées sous forme de pluies de météores - petites particules de matériau cosmique dont l'impact est insignifiant. À l'occasion, toutefois, on trouve dans ces traînées de débris des morceaux mesurant d'une à plusieurs centaines de mètres de diamètre. Lorsque ceux-ci frappent la Terre ou explosent dans l'atmosphère, les effets sur notre écosystème peuvent être catastrophiques. Des explosions de bolides de plusieurs mégatonnes peuvent rayer des éléments naturels et culturels de la surface de la Terre, via des raz-de-marée (si les débris atterrissent en mer), des incendies et des dégâts sismiques ne laissant aucune trace de cratère - seulement une terre brûlée et ravagée. Dans le cas d'un bombardement massif, un petit pays tout entier pourrait être rayé de la carte, complètement vaporisé.

Un exemple récent, connu sous le nom d'Événement de la Toungouska, eut lieu en 1908 au dessus de la Sibérie, où un bolide explosa à environ 5 km de la surface du sol, dévastant complètement une zone de quelque 2000 km² via des explosions météoriques. Ce corps cosmique, d'une taille estimée à 60 m de diamètre, avait une énergie d'impact de 20 à 40 mégatonnes, l'équivalent de l'explosion d'environ 2 000 bombes nucléaires du type de celle d'Hiroshima, bien qu'il n'y ait eu aucun impact physique terrestre. Autrement dit, s'il y a eu des civilisations anciennes et avancées, et si ces civilisations ont été détruites par de multiples événements similaires à celui de Toungouska, il n'est pas surprenant qu'il n'y ait aucune trace, ou très peu. Lorsqu'il y en a, elles sont généralement attribuées à des « anomalies ».

Pendant des années, le consensus astronomique a hautement critiqué Clube et Napier et leur hypothèse de comète géante. Toutefois, les impacts de la comète Shoemaker-Levy 9 sur Jupiter, en 1994, ont amené un changement d'attitude plutôt rapide. Les observatoires du monde, qui observaient la comète, l'ont vue se scinder en 20 morceaux et s'écraser à plusieurs endroits de la planète sur une période de plusieurs jours. Un événement similaire impliquant notre planète aurait été dévastateur - c'est un euphémisme. Récemment, l'augmentation du nombre de météores et de comètes et le fait que Jupiter a subi de multiples impacts rien que cette année nous suggèrent que Victor Clube et Bill Napier ont raison de dire que nous vivons dans une période très dangereuse.

Dans Rain of Iron and Ice, John Lewis, professeur en sciences planétaires à l'observatoire lunaire et planétaire, co-directeur du centre de recherche en ingénierie spatiale de la NASA et de l'Université d'Arizona et commissaire à la commission spatiale de l'État d'Arizona, nous apprend que la terre est régulièrement frappée par des objets extraterrestres, et que, comme à Toungouska, nombre de ces corps explosent dans l'atmosphère sans laisser de cratères ni de preuve visible durable d'impact par un objet venu de l'espace.

Ces impacts ou explosions atmosphériques peuvent provoquer des tremblements de terre ou des tsunamis sans qu'aucun témoin ne soit conscient de la cause. Après tout, la terre est à 75% constituée d'eau, et tout témoin oculaire potentiel d'un tel événement aurait de très bonnes chances d'être grillé et de ne jamais en parler, donc nous n'avons vraiment aucun moyen de savoir si les tremblements de terre sur notre planète sont ou non de nature tectonique.
En bref, les travaux de Lewis présentent l'idée que certains tremblements de terre historiques bien connus aient pu être causés par des impacts. Les dates que ces chercheurs donnent à des événements discernables dans les relevés scientifiques sont : 12 800, 8 200, 5 200 et 4 200 avant le présent. Ces dates pourront être ajustées lorsque des méthodes de datation plus précises seront développées ou appliquées.

L'événement d'il y a 12 800 ans est le plus intéressant de tous, car c'est celui qui, apparemment, détruisit pratiquement toute vie sur terre. À tout le moins, il détruisit la faune géante sur tous les continents. Dans ses écrits, Platon mentionne la destruction catastrophique d'Atlantis en un jour et une nuit, il y a environ 11 600 ans - ce qui est sacrément proche. Firestone, West et Warwick-Smith traitent de cet événement de manière exhaustive dans leur livre The Cycle of Cosmic Catastrophes. Ils y listent un grand nombre de mythes amérindiens qui décrivent l'événement, et les mettent en parallèle avec leur propre analyse scientifique des preuves.

Comme je l'ai déjà dit, Clube et Napier ont identifié comme source du complexe des Taurides une comète géante propulsée sur une orbite à période courte (environ 3,3 ans), quelque part au cours des vingt à trente mille dernières années. Le complexe des Taurides comprend actuellement le flux de météores des Taurides, la comète Encke, des « astéroïdes » tels que 2101 Adonis et 2201 Oljato, et des quantités énormes de poussière spatiale. Les astéroïdes du complexe des Taurides semblent être associés à des pluies de météores, ce qui signifie que nombre d'astéroïdes sont probablement des comètes éteintes. Autrement dit, une comète peut comporter plus que de la poussière et de la neige - elle peut avoir un important noyau rocheux, ainsi qu'une grande quantité de gaz et de produits chimiques toxiques.

Nous arrivons maintenant à l'élément de preuve qui pourrait bien faire le lien entre ces histoires de comètes et Halloween. Il se trouve que la fin du mois de juin et la fin du mois d'octobre / le début du mois de novembre sont les moments où la Terre passe à travers le flux des Taurides. Ce qui veut dire que l'événement qui marqua la frontière entre le Pléistocène et l'Holocène (époque actuelle) dut avoir lieu fin octobre. Ce fut un jour où la frontière entre les vivants et les morts devint très mince - puisque presque toute vie sur la planète fut détruite; et la mémoire de cet événement nous est parvenue via cette commémoration de la « Fin de l'été » que nous appelons Halloween et que, dans la Bible, on appelle le Déluge de Noé.

Où les sorcières entrent-elles en scène ? Eh bien, attendez une minute, nous y venons. Clube et Napier écrivent :
... Les flux de météores sont des preuves fossiles d'intersections passées avec des orbites de comètes... les flux majeurs sont d'une grande antiquité...
La source de la comète Encke et des Taurides, en supposant qu'elle ait fait environ 20 km de diamètre aurait, lors de sa plus grande approche de la Terre, atteint une magnitude de - 12, approchant ainsi celle de la Lune et suffisante pour projeter des ombres la nuit. Elle aurait eu l'apparence d'un intense point lumineux jaune entouré d'un halo circulaire probablement plus grand que la pleine Lune, avec une queue s'étirant sur une grande partie du ciel... d'une couleur passant progressivement d'un blanc bleuté près du noyau à un rouge profond... En supposant que le scénario de désintégration révélé par les débris actuels se soit produit à la vue des hommes, il y aurait alors eu des occasions où des comètes résultantes, voire même une formation, furent observées. ... Il y aurait eu de fortes augmentations d'activité météorique saisonnière s'élevant à des niveaux énormes à des intervalles périodiques qui correspondent à une forte corrélation entre les périodes orbitales de la Terre et d'Encke ; et le risque d'impacts de type Toungouska aurait été maximal. Sur une orbite périodique, le moment d'approche maximale aurait été manifestement prévisible. En effet, si, lors de ces approches maximales, la Terre avait heurté des débris du type que nous avons évoqué, il serait devenu urgent de faire de la prédiction...

L'auteur de la Genèse (15 :17) a écrit : « Quand le soleil fut couché, l'obscurité devint profonde ; alors une fournaise fumante et une torche de feu passèrent... » La description semble être celle d'une comète, mais sa représentation est celle d'une vision de Dieu à Abraham. Ou encore, dans le 1er livre des Chroniques (21 :16) : « David leva les yeux et vit le messager du Seigneur qui se tenait entre la terre et le ciel, son épée tirée, tendue au-dessus de Jérusalem. Alors David et les anciens, couverts d'un sac, tombèrent face contre terre. » Une fois encore, l'objet est vu comme un être divin, « messager du Seigneur », et une interprétation religieuse est attachée à un phénomène naturel.
Clube, Napier, Hoyle et d'autres ont de bons arguments pour attribuer les origines du judaïsme à un phénomène céleste que, plus tard, des prêtres déformèrent et dénaturèrent pour en faire la superstition qu'on connaît aujourd'hui. Christopher Knight et Robert Lomas ont écrit un livre fascinant : Uriel's Machine, qui traite des structures mégalithiques et dans lequel ils suggèrent que les cercles de pierres furent construits en tant qu'observatoires astronomiques - non pour savoir à quel moment planter les céréales, mais plutôt pour garder un œil vigilant sur des comètes errantes. Ils ont d'excellents arguments.

Les débuts du christianisme pourraient avoir été la conséquence de rencontres cosmiques similaires. Burton Mack écrit :
Josèphe décrit les années soixante comme une période de famine, d'agitation sociale, de détérioration institutionnelle, d'amers conflits internes, de guerre de classes, de banditisme, d'insurrections, d'intrigues, de trahisons, de bains de sang, et de dispersion des Judéens à travers toute la Palestine. [...] Il y eut des guerres, des rumeurs de guerre pendant presque 10 ans, et Josèphe rapporte des présages, y compris une lumière brillant comme le jour en pleine nuit !
Josèphe donne plusieurs présages à propos du mal sur le point de frapper Jérusalem et le temple. Il décrit une étoile ressemblant à une épée, une comète qui « continua toute une année », une lumière brillant dans le temple, une vache donnant naissance à un agneau au moment où elle allait être sacrifiée dans le Temple de Jérusalem, des armées combattant dans le ciel, et une voix sortant du Saint des Saints et déclarant : « Nous partons ». (Manifestement, la voix était apocryphe).

Certains de ces présages sont mentionnés par d'autres historiens contemporains, Tacite par exemple. Cependant, Tacite, dans le livre cinq de ses Histoires, fustige les juifs superstitieux parce qu'ils n'ont pas reconnu les présages ni offert d'expiations pour éviter les désastres. Il met la destruction de Jérusalem sur le compte de la stupidité ou de l'ignorance délibérée des juifs eux-mêmes qui n'avaient pas offert les sacrifices appropriés.

En bref, il se pourrait bien que les écrits eschatologiques du Nouveau Testament, la formation même du Mythe de Jésus, aient été basés sur des événements cométaires de l'époque, y compris sur un souvenir de « l'étoile d'Orient ». La destruction du Temple de Jérusalem pourrait bien avoir été un « acte de Dieu », comme rapporté par Marc dans son Évangile, bien que pas tout à fait dans le sens où l'entendent les vrais croyants.
Cela nous amène évidemment à la transition : l'imposition du christianisme à l'Europe par Constantin. Paul K. Davis écrit :
La victoire de Constantin lui donna le contrôle total de l'Empire romain d'Occident, ce qui ouvrait la voie au christianisme comme religion dominante de l'Empire romain, et en définitive de l'Europe.14
On dit communément que, le soir du 27 octobre, tandis que ses armées se préparaient à la bataille, Constantin eut une vision qui le conduisit à se battre sous la protection du dieu chrétien. Les détails de cette vision, cependant, diffèrent selon la source qui la rapporte.

Lactantius, un auteur chrétien de l'époque, déclare que, la nuit précédant la bataille, Constantin se vit ordonner dans un rêve de « tracer le signe du ciel sur les boucliers de ses soldats »15. Il obéit à cette injonction et marqua les boucliers d'un signe représentant le Christ. Lactantius décrit ce signe comme un « staurogramme », ou une croix latine enroulée comme un P à son extrémité supérieure. Il n'existe pas de preuve certaine que Constantin ait jamais utilisé ce signe - par opposition au signe plus connu du Chi-Rho décrit par Eusèbe - mais ce dernier est très évocateur : en effet, il ressemble un peu à un nuage en champignon.

Le New Scientist du 21 juin 2003 (volume 178, n° 2400, p. 13) rapporte la découverte d'un cratère d'impact de météorite datant du quatrième ou cinquième siècle de notre ère, dans les Apennins. Ce cratère est désormais un « lac saisonnier », vaguement circulaire, d'un diamètre de 115 à 140 mètres, avec un rebord surélevé prononcé et aucun cours d'eau entrant ni sortant. Il n'est alimenté que par les eaux de pluie. On trouve une douzaine de cratères beaucoup plus petits à proximité, du genre de ceux qui seraient créés si une météorite d'un diamètre d'une dizaine de mètres se fracassait à son entrée dans l'atmosphère.

Selon une équipe dirigée par le géologue suédois Jens Ormo, ce cratère fut causé par une météorite atterrissant avec un impact d'une kilotonne - l'équivalent d'une très petite explosion nucléaire - et produisant des ondes de choc, des tremblements de terre et un nuage en champignon. Des échantillons prélevés sur le rebord du cratère ont été datés de l'an 312, mais de petites contaminations par des matériaux récents pourraient expliquer une date bien plus tardive.

La légende d'une étoile filante circule dans les Apennins depuis l'époque romaine, mais l'événement qu'elle décrit demeure un mystère. D'autres récits du IVe siècle décrivent les Barbares se tenant aux portes de l'Empire romain alors que celui-ci était menacé de l'intérieur par un mouvement chrétien. L'empereur Constantin eut une vision stupéfiante dans le ciel, se convertit sur-le-champ au christianisme et mena son armée à la victoire sous le signe de la croix. Mais qu'avait-il vu ?

Se pourrait-il que l'impact d'une météorite sur les Apennins italiens, ou qu'une explosion cométaire de type Toungouska - c'est-à-dire en altitude - aient été le signe dans le ciel qui encouragea l'empereur Constantin à invoquer le dieu chrétien dans sa bataille décisive en 312, lorsqu'il vainquit son rival l'empereur Maxence au pont Milvius ?

La conversion de l'empereur au christianisme ne pouvait certes pas changer les croyances et les pratiques de la plupart de ses sujets. Mais Constantin pouvait choisir d'accorder des faveurs et des privilèges à ceux dont il avait accepté la foi - et c'est ce qu'il fit. Il fit bâtir des églises pour eux, exempta le clergé de taxes et de devoirs civiques, accorda un pouvoir séculier aux évêques dans les affaires judiciaires, et fit d'eux des juges contre lesquels il n'y avait pas d'appel. Cela ressemble à une prise de contrôle par un régime fasciste, n'est-ce pas ?

Récapitulons donc : le dieu des juifs fit irruption sur la scène de l'Histoire - probablement en tant qu'événement cométaire mémorisé comme les plaies d'Égypte et reformulé comme une « histoire d'Exode » héroïque. Des siècles après l'événement, alors que la réalité du « dieu » avait été oubliée, ce dernier - par le truchement de ses prêtres - promit à son peuple quelque chose de nouveau et de différent : la destruction de tous ceux qui étaient « méchants » avec eux. Et seuls ceux qui suivaient scrupuleusement les règles de ce dieu survivraient et pourraient gouverner tous les autres. Remarquez que cela ne signifiait pas nécessairement la résurrection : il devait s'agir d'un royaume terrestre physique, avec les juifs aux commandes.

Le christianisme des débuts avait des idées neuves et très spécifiques qui furent greffées sur le judaïsme. Le christianisme, en retour, conserva et transmit de manière virulente certains idéaux du judaïsme qui posèrent les fondations sur lesquelles repose notre culture actuelle.

Le canevas principal du christianisme - directement reçu du judaïsme - est celui du péché. L'histoire du péché, de cette époque à nos jours, est celle de son triomphe. La conscience de la nature du péché donna lieu à une industrie florissante d'agences et de techniques pour y faire face. Ces agences devinrent des centres de pouvoir économique et militaire, comme elles le sont aujourd'hui.

Le christianisme, en promouvant les idéaux du judaïsme sous un mince vernis de « Nouvelle Alliance », changea la façon dont les hommes et les femmes interagissaient les uns avec les autres. Il changea l'attitude envers la seule certitude de la vie : la mort. Il changea les degrés de liberté dont disposaient les gens pour choisir de manière acceptable leurs croyances et leurs idées.

Les cultes païens s'intéressaient aussi aux problèmes de la souffrance et des difficultés. La grande différence était que, pour les païens, si les difficultés s'abattaient sur une personne, c'est parce qu'elle n'avait peut-être pas réussi à amadouer le dieu ou la déesse appropriés. La souffrance et les difficultés résultaient des actions des dieux (des dieux inconstants et étonnamment similaires aux humains) et non d'un « défaut » intérieur, personnel, qui condamnait l'individu.

Une autre grande différence entre les cultes païens et monothéistes était que les païens n'étaient pas investis dans des croyances révélées, au sens absolument chrétien du terme. Autrement dit, la foi n'était ni approuvée, ni encouragée. Les païens pratiquaient des rites, mais ne professaient ni credo ni doctrine. Les rites comprenaient des rituels détaillés impliquant l'offrande de victimes animales à leurs dieux, mais il n'y avait rien de comparable à la « foi » du judaïsme ou du christianisme.

Être un « fidèle de la religion païenne » ne requérait nullement d'accepter la théologie philosophique, ni d'appartenir à un « culte des mystères » où mythes et rituels étaient étroitement entremêlés. Tout cela était « optionnel ». L'effet des mythes était de confirmer la conscience permanente de la colère potentielle des dieux, les incertitudes de la Nature. Pausanias, un géographe grec du IIe siècle apr. J.-C., n'acceptait pas les histoires extravagantes de la mythologie. Mais il y avait une chose dont il ne doutait pas : les récits de la colère passée d'un dieu qui s'était manifestée par des famines, des tremblements de terre et des cataclysmes. Il nous rappelle combien la civilisation est fragile face aux dangers constants de la géologie et du climat.
Bref, « suivre la religion païenne » signifiait en essence accepter cette tradition de la colère passée des dieux exprimée dans la violence de la nature, et également accepter que les dieux pouvaient être apaisés. Et c'est précisément cette peur de la nature elle-même - des dieux qui s'exprimaient dans les forces de la nature - qui conduisit les païens à rejeter les juifs et les chrétiens, qui proclamaient être immunisés contre de telles choses parce que leur dieu avait autorité sur la nature et les sauverait des calamités.

Ceci nous amène à une autre différence entre les mythes et cultes anciens et le judaïsme, le christianisme et l'islam : là où les cultes païens offraient des mythes de leurs dieux, les juifs et les chrétiens produisirent une Histoire vivante et récente. Les cultes païens avaient des « mystères » auxquels très peu - voire personne - avaient accès. Le monothéisme offrit une « révélation » directe en provenance de Dieu. Peu importait que l'histoire consistât en plagiats de mythes d'autres cultures qu'on avait parés d'atours historiques et présentés comme « l'Histoire d'Israël ».

Les païens avaient été intolérants vis-à-vis des juifs et des chrétiens dont les religions ne toléraient pas d'autres dieux que les leurs. La domination croissante du christianisme créa un conflit bien plus aigu entre les religions, et l'intolérance religieuse - intégrée par le christianisme - devint la norme et non l'exception. Le christianisme apporta la coercition ouverte en ce qui concerne les croyances religieuses. On pourrait même dire que, d'après la définition moderne d'une secte en tant que groupe utilisant la manipulation et le contrôle mental pour induire la vénération, le christianisme est la Mère de toutes les Sectes - au service des idéaux misogynes et fascistes du judaïsme.

La hiérarchie chrétienne en essor aux Âges Sombres ne tarda pas à mobiliser des forces militaires contre ceux qui croyaient en d'autres dieux - tout particulièrement contre d'autres chrétiens qui promouvaient des systèmes de croyances moins fascistes. Étaient probablement inclus les chrétiens originels et les enseignements originels. On s'interroge évidemment sur toutes les histoires de martyrs chrétiens. S'agissait-il d'histoires apocryphes qu'on avait légèrement remaniées et qui concernaient en fait des païens qui avaient résisté à l'imposition du christianisme ?

Un troisième groupe d'individus existait également durant l'époque de transition : les platoniciens païens. Il y avait deux voies platoniciennes : l'une enseignait qu'on ne pouvait approcher dieu qu'en contemplant sa propre âme et en se connaissant soi-même ; l'autre mettait l'accent sur la beauté du monde en tant que moyen de connaître dieu. Les gens éduqués de l'époque, y compris les juifs et les premiers chrétiens, s'approprièrent ces deux idées. Toutefois, ce fut parmi les juifs intellectuels d'Alexandrie que ces idées subirent une subtile distorsion : un homme ne pouvait se connaître lui-même, et par conséquent connaître dieu ; il devait abandonner toute perspective de jamais se connaître lui-même, et s'en remettre à la « grâce » de Dieu. Dieu pouvait choisir un homme et lui appliquer la grâce, mais l'homme ne devait jamais penser qu'il pouvait choisir Dieu et obtenir la grâce. Les théologiens chrétiens s'emparèrent de cette idée et la façonnèrent pour qu'elle corresponde à leurs nouvelles conceptions du Christ et de la Rédemption.

De nombreuses idées païennes furent intégrées à la théologie chrétienne, mais la différence majeure, comme je l'ai noté, était l'idée de péché en tant que chose personnelle, faute personnelle, sorte de « principe du bouc émissaire » appliqué à l'âme humaine. Les païens ne considéraient jamais comme nécessaire de mourir avec ses péchés pardonnés ; les dramatiques scènes de lit de mort du christianisme, avec toutes les prières pour la vie de l'individu dans l'au-delà, étaient une nouveauté qui se répandit rapidement. Les païens avaient prié les morts, les juifs et les chrétiens priaient pour eux. Craignant leur propre faute inévitable et leur nature pécheresse, les chrétiens priaient aussi pour que les morts intercèdent en leur faveur auprès de Dieu. Les chrétiens, comme les païens, continuèrent de fêter et de célébrer la mort, en y ajoutant l'élément de « l'intercession » qui donnait un nouveau sens à l'événement.

Encore plus tard, un autre événement eut lieu dans le monde païen européen qui favorisa la domination du christianisme sur l'Europe de l'Ouest, et qui amena un autre acteur sur la scène : l'islam.
C'était une après-midi chaude et claire dans la capitale. L'agitation commerciale et touristique de la métropole emplissait les rues. À portée de vue des bâtiments gouvernementaux, de petites embarcations à voiles parsemaient les eaux abritées, poussées par une douce brise du sud. Le Soleil scintillait sur l'ondulation paisible de la houle et des sillages, nimbant d'une aura lumineuse les coquelicots et les tulipes ondoyant dans les parcs le long de la rive. Tout était en ordre.

Mais soudain, le ciel s'illumina comme s'il y avait un second soleil, plus brillant. Les ombres se dédoublèrent et leurs doubles, d'abord allongés et ténus, se raccourcirent et devinrent rapidement nets. Un étrange son sifflant, ronflant, semblait venir de partout à la fois. Des milliers de gens levèrent la tête et regardèrent en l'air, cherchant le nouveau Soleil dans le ciel. Au-dessus d'eux, une formidable boule de feu blanche s'épanouit, comme une vaste fleur de papier en train de se déplier, mais elle était maintenant d'un éclat aveuglant. Pendant plusieurs secondes, la boule de feu intense domina le ciel, écrasant le Soleil. Le ciel devint incandescent, puis s'estompa du jaune à l'orange, pour finir par un rouge cuivre hostile. L'horrible sifflement cessa. Les observateurs, aveuglés par le flash, brûlés par sa chaleur cuisante, se couvrirent les yeux et reculèrent de terreur. Les occupants des bureaux et des appartements se précipitèrent aux fenêtres, cherchant dans le ciel la source de l'éclair brillant qui avait illuminé leurs pièces. Une grande nappe de nuages turbulents et cuivrés emplit la moitié du ciel au-dessus de leurs têtes. Pendant une dizaine de battements de cœur, la ville fut frappée de crainte, paralysée et silencieuse.

Et puis, sans préavis, une formidable explosion frappa la ville, projetant les piétons au sol. Portes et fenêtres volèrent en éclats ; les clôtures, murs et toits gémirent et craquèrent. Une onde de choc parcourut la ville et ses canaux, faisant chavirer les voiliers. Un vent chaud, sulfureux, semblable à une porte ouverte sur l'enfer, au souffle de la fournaise d'un forgeron cosmique, descendit du ciel, empli de la réverbération infinie de glissements de terrain invisibles. Ensuite, le souffle chaud ralentit et cessa, la brise normale reprit avec une vigueur accrue, et de l'air frais souffla à travers la ville depuis le sud. Le ciel s'assombrit, passant d'un gris sombre à un noir de mauvais augure. Un nuage noir turbulent semblable à un drap froissé sembla descendre du ciel. Une fine poussière noire commença à tomber, doucement, délicatement, suspendue et tourbillonnant dans la brise. Pendant une heure ou plus, la poussière noire tomba, jusqu'à ce que, dissipé et dispersé par la brise, le nuage disparût à la vue.
Beaucoup pensèrent que c'était la fin du monde...
Cette citation, tirée de Rain of Iron and Ice de John S. Lewis, est une reconstitution des événements de Constantinople en 472 apr. J.-C. Selon le docteur Lewis, à qui l'on doit ce scénario imagé de ce qu'aurait pu éprouver le témoin de l'explosion aérienne d'un fragment de comète, notre Terre fait en réalité l'expérience de ce genre d'événements assez souvent, bien que de façon assez irrégulière. Pour Lewis et nombre de scientifiques, ces explosions dans le ciel - énormes pour certaines - ont profondément affecté l'histoire de l'humanité. L'un des cas possibles est le grand tremblement de terre d'Antioche en 526 apr. J.-C., décrit par Jean Malalas :
... ceux retenus sous terre, sous les bâtiments, furent incinérés et des flammèches apparurent spontanément dans l'air et brûlèrent tous ceux qu'elles frappaient comme la foudre. La surface de la terre entra en ébullition, et les fondations des bâtiments furent frappées d'éclairs projetés par les tremblements de terre et réduites en cendre par le feu... C'était un prodige formidable et incroyable, avec du feu éructant de la pluie, de la pluie tombant de fournaises formidables, des flammes se dissolvant en douches... En conséquence, Antioche fut désolée... Dans cette terreur, jusqu'à 250 000 personnes périrent.17
Étrangement, les historiens - en tant que groupe - ne parlent pas de ces choses. Mais les preuves s'accumulent :
L'analyse des anneaux de croissance des arbres montre qu'en 540 apr. J.-C., dans différentes parties du monde, le climat changea. Les températures chutèrent au point d'entraver la croissance d'arbres aussi largement dispersés qu'en Europe du Nord, en Sibérie, dans l'ouest de l'Amérique du nord et dans le sud de l'Amérique latine.

Une recherche dans les documents historiques et les histoires mythiques indique une visite désastreuse venue des cieux pendant la même période, prétend-on. On trouve une référence à une « comète en Gaule si vaste que le ciel entier semblait embrasé », en 540-41.

Selon la légende, le roi Arthur mourut vers cette époque, et les mythes celtiques associés à Arthur font allusion à des Dieux célestes radieux et des éclairs de feu.

Dans les années 530, une pluie de météores inhabituelle fut enregistrée à la fois par des observateurs méditerranéens et chinois. Les pluies de météores sont produites par l'incinération dans l'atmosphère de la fine poussière des comètes. En outre, une équipe d'astronomes de l'Observatoire Armagh, en Irlande du nord, publia en 1990 des recherches affirmant que la Terre avait dû connaître des risques de bombardements cométaires entre les années 400 et 600 apr. J.-C.

La famine succéda aux mauvaises récoltes, et, sur ses talons, la peste bubonique qui ravagea l'Europe au milieu du VIe siècle.

[...] À cette époque, l'empereur romain Justinien tentait de régénérer l'Empire romain décadent. Mais le plan échoua en 540 et fut suivi des Âges sombres et de la montée de l'islam.18
La conversion du monde occidental païen au monothéisme - judaïsme, christianisme, islam - changea effectivement la manière dont les gens se voyaient eux-mêmes et interagissaient avec leur réalité. Nous vivons aujourd'hui avec les fruits de ces changements : la guerre infinie. La victoire de Constantin ouvrit la voie à la reconnaissance du christianisme par l'Empire romain et à l'union de l'Église et de l'État, union qui dura presque 1500 ans ; il se pourrait que cet étrange concubinage subsiste encore, bien qu'ils aient tiré les rideaux pour cacher leur relation. Une inscription citant un ancien roi hittite nous informe qu'un grand prince a besoin des prêtres pour instiller la peur des dieux chez le peuple afin qu'il fasse la volonté du roi, et que la religion a besoin de la protection du dirigeant pour imposer sa pratique. Ainsi en a-t-il été pendant des millénaires.

Laura Knight-Jadczyk

Le texte ci-dessus est tiré du Tome quatre de L'Onde : Dans un miroir obscur

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