Le mois d’août s’achève mais il sera difficile de revenir sur ces cinq dernières semaines de puissants délires qui se sont multipliés en République du Bisounoursland : trop d’absurdités se sont enchaînées au Cerfaland, et obligent l’observateur extérieur à ne retenir qu’une écume passagère… Qui n’en reste pas moins significative de l’air du temps.
Air du temps qui ne sent décidément pas très bon. C’est en effet dans une odeur fortement soufrée qu’on apprend
que la violence en France, puissamment combattue par notre gouvernement
et notamment Gérald Dardmalin, son extraordinaire ministre de
l’Intérieur, n’en finit pas de diminuer pardon d’augmenter :
la période après le confinement de janvier à juin de cette année a ainsi
vu le nombre d’homicides et d’agressions dépasser celui d’avant la
crise sanitaire sur la même période (de 16% tout de même), et ce alors
que s’accroissent aussi les tensions sociales, exacerbées par les choix
ségrégationnistes subtils du président Macron.
Et alors que, déjà, une exquise joute rhétorique s’organise entre médias pour établir pourquoi cette augmentation des agressions, des homicides et autres petites billevesées du quotidien n’est finalement pas si importante, on s’empressera de ne surtout pas s’occuper de la question des violences en France ainsi que de leur gestion (ou absence de gestion, disons) ainsi que de l’évaporation de toute politique un minimum cohérente et de toute solution opérationnelle.
Que voulez-vous, ces thèmes comportent bien trop de points épineux alors que se rapproche à grands pas une nouvelle élection et qu’il est donc urgent d’occuper les esprits avec autre chose. Ce serait dommage de focaliser les esprits sur une gestion calamiteuse de la Justice en France, sur des questions d’immigration (comme celle, par exemple, des mineurs non accompagnés, de sans-papiers et autres réfugiés pas trop compatibles avec nos mœurs), ainsi que, plus généralement, sur la place du régalien dans le pays.
Tout ceci doit être oublié, tant côté budget (en France, sur 1000€ de dépenses publiques, 60€ seulement sont consacrés au régalien) que du côté opérationnel, afin de ne pas évoquer le fait pourtant assez visible qu’on retrouve maintenant les personnels justement chargés d’appliquer les lois et garantir l’ordre en République à des endroits de plus en plus incongrus…
En effet, en République du Cerfa Joyeux, il n’est guère temps d’aller remettre un peu d’ordre dans certains quartiers turbulents. Les cités émotives n’ont pas besoin de la loi républicaine. En revanche, pour les terrasses de bistrots, c’est une autre affaire.
Clairement, après les brochettes de mimes et de clowns (oui, oui, cela a bel et bien existé), on se retrouve maintenant avec de solides Brigades de la Limonade garantissant enfin (ENFIN !) que les consommations se font dans le respect de la ségrégation sérologique, des gestes barricades et d’une saine distanciation socialiste permettant aux individus purs d’être sanitairement séparés de la masse grouillante des pouilleux envirussés.
Ce déploiement d’une police et d’une gendarmerie de très grande proximité (au point qu’elles pourraient picorer dans votre assiette), jamais vu en France depuis la Seconde Guerre Mondiale, n’est pas le seul élément qui fasse quelque peu tiquer les citoyens, notamment ceux qui paient des impôts : pendant que nos gardiens de la paix s’enquièrent de notre dossier médical et que les trafics, violences et agressions grimpent en flèche, les entrées dans les hôpitaux sont à leur tour finement filtrées pour les mêmes motifs si judicieux.
Il faut donc fournir rapidement ces établissements en indispensables cerbères, ce qui ne manque pas d’interpeler le citoyen payeur, alors que ces mêmes établissements n’arrêtent pas de se plaindre d’un manque cruel de personnel et de moyens pour traiter les malades.
En effet, avec une facture évaluée à 60 millions d’euros par mois (720 millions d’euros à l’année, une broutille – c’est l’État qui paye, hein), combien de lits auraient pu être ouverts ou conservés, combien de services améliorés, quelles primes ou augmentations salariales les personnels stressés auraient-ils pu obtenir ? On n’en saura rien : grâce à ces sommes dont les financements sortent, comme à peu près tout dans le pays depuis mars 2020, du cul de licornes républicaines, de nouveaux postes seront créés permettant à des vigiles de s’assurer que les patients qui entrent à l’hôpital ont avec eux une preuve solide de bonne santé officielle. Malin.
Pour résumer, il n’y a donc aucun argent pour améliorer le sort du personnel hospitalier, la police et la gendarmerie n’ont pas assez de moyens pour lutter contre délinquance, criminalité et agressions du quotidien, mais on trouve de belles sommes dodues pour coller des vigiles à l’entrée des CHU et des volées de policiers aux terrasses estivales.
Si vous avez deux sous de bon sens et encore une vague motivation (futile, mais admirable) à voir vos impôts employés correctement, voir que le régalien est à ce point méprisé, que le moquage de visage permanent permet aux mêmes hydrocéphales de pleurnicher sur le sort des hôpitaux et, dans le même souffle, de consacrer une part importante de leur budget à une tâche ridiculement décalée de leurs besoins, vous ne pourrez que sentir la proverbiale moutarde vous monter au nez tel un écouvillon de PCR introduit par un laborantin un peu trop enthousiaste.
La tentation serait forte, dès lors, d’aller défiler dans la rue pour réclamer la fin de ces absurdités et, sur un coup de tête, de tenter quelques violences à l’égard de ces clowns qui font semblant de nous gouverner.
Ce serait, cependant, une grossière erreur.
Pendant qu’un budget important n’était absolument pas consacré à déployer les forces de l’ordre là où elles sont vivement attendues, pendant qu’on claquait des fortunes à ne pas équiper les hôpitaux en lits et personnels, ces petits clowns coûteux n’oubliaient pas de renouveler le matériel de répression indispensable à disperser du factieux à coups de LBD dans l’œil.
Autrement dit, vos impôts vont clairement servir à vous faire rentrer dans le rang, à coup de matraques, de lacrymogènes et de LBD s’il le faut. Vous payez pour qu’on vous fasse bien sentir que le système de santé n’intéresse pas tant le gouvernement que s’il peut s’en servir pour raccourcir toujours un peu plus votre laisse. Et alors que, déjà, se pointent des petits rappels de piqûres sans lesquels les sésames électroniques seront invalidés, ceux qui applaudissaient des deux mains la ségrégation sanitaire vont, cocus, devoir se résigner à voir la facture (financière et liberticide), grimper sans fin.
Ne vous inquiétez pas, cela va très bien se passer.
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