Son mari Dominique (1), rapport d’autopsie à l’appui, établit un lien avec le vaccin AstraZeneca. Il a déposé plainte « contre X pour homicide involontaire ». L’enquête s’annonce longue, car le lien entre la vaccination et le décès ne sont pour le moment pas établis.
Dominique, 64 ans, de Coulogne, est un homme anéanti par le chagrin. Son épouse, Bernadette, 61 ans, est décédée brutalement dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 avril. Elle venait d’être héliportée à l’hôpital Roger-Salengro à Lille, après son admission aux urgences du centre hospitalier de Calais. « Elle souffrait de douleurs terribles, de saignements », raconte Dominique, la voix nouée.
En quelques heures, il apprend avec effroi que sa femme « ne passera pas la nuit. » Dominique a juste le temps d’arriver pour accompagner sa femme dans les derniers instants.
Douleurs paralysantes
Dès la première prise en charge de son épouse, Dominique indique aux urgentistes que Bernadette, qui n’avait pas vu son généraliste depuis deux ans, ne présente selon lui ni pathologie ni allergie. Information notable, elle vient d’être vaccinée contre le Covid-19 avec l’AstraZeneca, autour duquel des doutes ont été émis en Europe.
« J’avais été informé par ma caisse de retraite que je pouvais me faire vacciner, détaille cet ancien conseiller bancaire. À la pharmacie, on m’a dit que ma femme, auxiliaire de vie auprès de personnes âgées, pouvait prétendre à la vaccination. » Voilà comment les époux reçoivent ensemble une injection le 26 mars.
« Ma femme a travaillé les jours suivants mais une semaine après, elle s’est plainte de douleurs au ventre, puis a eu diarrhées et vomissements. Elle allait un peu mieux ensuite, jusqu’au lundi de Pâques où les douleurs l’ont paralysée… » Jusqu’à cet instant, Bernadette n’avait pas consulté de médecin.
Multiples thromboses
À Roger-Salengro, on évoque l’hypothèse de thromboses et il est proposé de pratiquer une autopsie pour rechercher les causes de la mort. Fin juin, Dominique reçoit le rapport. Celui-ci conclut à un « infarctus, des thromboses de l’aorte et de branches de division, de thrombose de la veine porte ». De multiples caillots de sang entraînant une occlusion qui selon lui renforcent l’hypothèse d’un lien avec l’injection (2).
Dans une lettre d’AstraZeneca datée de mars aux professionnels de santé, on lisait sur les risques de thrombocytopénie que « les bénéfices l’emportent sur les risques malgré les liens possibles avec de très rares cas de caillots sanguins. Une association de thromboses, dans certains cas accompagnés de saignements, a été très rarement observée (…) certains cas ayant eu une issue fatale ».
La plainte « contre X pour homicide involontaire » a été déposée samedi 26 juin. Pascal Marconville, procureur à Boulogne-sur-Mer, confirme « l’ouverture d’une enquête », première procédure de ce type pour sa juridiction. « Le dossier pourrait aussi être géré par le pôle santé du tribunal de Paris. » On s’oriente vers l’ouverture d’une information judiciaire.
(1) Dominique, de son vrai prénom, n’a pas souhaité que son nom de famille soit publié. (2) Contactées, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), au motif des règles de confidentialité, et la société AstraZeneca, en raison de l’instruction en cours, n’ont pas souhaité apporter de commentaire.
Olivier Pecqueux
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