L’Agence américaine des médicaments a recommandé ce mardi une pause dans l’utilisation de ce vaccin aux Etats-Unis. Dans la foulée, le laboratoire a annoncé retarder son déploiement en Europe et notamment en France, où 200.000 doses devaient être livrées cette semaine.
Une tuile de plus pour la campagne vaccinale. La France devait recevoir une première livraison de 200.000 doses du vaccin Johnson & Johnson cette semaine. Pas de chance, l’Agence américaine des médicaments (FDA) «est en train d’enquêter sur des cas rapportés aux Etats-Unis de personnes ayant développé des cas graves de caillots sanguins après avoir reçu ce vaccin». En attendant la réunion des centres américains de lutte et de prévention des maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique du pays, mercredi, la FDA a recommandé ce mardi une pause dans l’administration de ce produit. Dans la foulée, le groupe pharmaceutique américain a indiqué qu’il avait «pris la décision de retarder le déploiement» de son vaccin unidose contre le Covid-19 en Europe.
Quels effets secondaires ?
Six cas graves de caillots sanguins ont été rapportés aux Etats-Unis sur les 6,8 millions de doses distribuées du vaccin Johnson & Johnson (aussi connu sous le nom de sa filiale européenne Janssen). Il s’agit de six femmes de 18 à 48 ans, dont les symptômes sont apparus six à treize jours après l’injection. Une personne est morte et une autre est dans un état critique.
Il ne s’agit pas de thromboses banales, comme les phlébites. Elles sont atypiques par leur localisation, sur des veines du cerveau, et s’accompagnent de chute des plaquettes. De plus, les traitements habituellement utilisés pour soigner les caillots sanguins, comme l’héparine, peuvent se révéler dangereux. Elles requièrent donc un traitement alternatif, préviennent les autorités sanitaires américaines.
Ces caillots sanguins pourraient être causés par une réaction exceptionnellement forte du système immunitaire au vaccin, mais le lien n’est pas encore formellement établi.
Quelles conséquences en Europe ?
L’Union européenne a autorisé ce vaccin mais n’a pas commencé à l’utiliser. Depuis vendredi, une enquête sur des liens entre le vaccin anti-Covid de Johnson & Johnson et des cas de caillots sanguins est ouverte par l’Agence européenne des médicaments (EMA). Sa commission pour la sûreté avait «lancé une étude» destinée «à évaluer des informations sur des incidents thrombo-emboliques» concernant des personnes ayant reçu le vaccin du laboratoire Johnson & Johnson.
La société a décidé de retarder son déploiement en Europe le temps d’analyser ces cas. «Nous travaillons en étroite collaboration avec les experts médicaux et les autorités sanitaires, et nous soutenons fermement la communication ouverte de ces informations aux professionnels de la santé et au public», affirme-t-elle à l’AFP.
Les risques d’aggravation observés restent bien en deçà du risque lié au Covid. Une restriction d’usage serait un coup dur pour la campagne vaccinale française. Ce vaccin, qui serait efficace avec une seule dose, doit permettre de protéger 8,1 millions de personnes d’ici à juin.
Quelles similitudes avec AstraZeneca ?
Après celui d’AstraZeneca, développé avec l’université d’Oxford, c’est le deuxième vaccin sous surveillance après des cas rares de thromboses graves chez des personnes injectées. Selon l’ANSM, en France, il y a eu 12 cas au total depuis le début de la vaccination par AstraZeneca, dont 4 décès. En Europe, on compterait 222 cas de ces thromboses atypiques dont 18 décès sur 34 millions d’injections.
L’EMA a ouvert un nouveau front sur les effets secondaires. Elle a indiqué vendredi enquêter sur d’éventuels liens entre le vaccin AstraZeneca, qui connaît aussi des problèmes de livraison, et des problèmes vasculaires. L’agence étudie cinq cas d’un syndrome de fuites capillaires, qui est «caractérisé par la fuite de liquide des vaisseaux sanguins, causant le gonflement des tissus et une chute dans la pression sanguine».
Les vaccins Johnson & Johnson et AstraZeneca utilisent à peu près la même technologie vaccinale. Il s’agit d’utiliser un autre virus (de la famille des adénovirus) pour faire rentrer l’information génétique du Sars-CoV-2 dans le corps humain. On parle de vaccin à vecteur viral. Les deux labos n’utilisent cependant pas le même adénovirus. AstraZeneca a opté pour un adénovirus de chimpanzé quand Johnson & Jonshon a privilégié un virus habituel des humains.
Le fait que ces cas graves arrivent avec des vaccins Johnson & Johnson et AstraZeneca mais pas avec ceux de Pfizer et Moderna, qui insèrent directement l’ARN messager du virus dans le corps humain sans passer par un véhicule de quelque sorte, laisse penser que le vecteur adénoviral pourrait être responsable de ces réactions.
Une possibilité qui pourrait être vérifiée en s’intéressant aux réactions au vaccin russe Spoutnik V et au chinois CanSinoBio, qui utilisent aussi des adénovirus comme vecteur dans leur produit.
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