Des centaines de feux sont toujours actifs au Canada, enfumant la population de particules fines et obligeant des milliers d’entre eux à être évacués. Sans pluie prévue, la situation risque de s’intensifier.
Le deuxième plus grand pays du monde a un chat dans la gorge. Les feux qui embrasent la Colombie-Britannique, à l’ouest, le Manitoba, au centre et l’Ontario, à l’est, dégradent la qualité de l’air du Canada d’un océan à l’autre. Assez pour que le Québec, à des milliers de kilomètres des incendies ontariens, vive son pire épisode de smog en huit ans.
Près de 200 feux sont toujours actifs en Colombie-Britannique. Le nord de l’Ontario, lui, en compte plus de 140, dont le plus imposant frôle les 150 000 hectares. Au vu de la taille des panaches de fumée, Simon Legault, météorologue chez Environnement Canada, explique à Reporterre que le smog qui s’est déposé à Montréal provient des feux ontariens, situés pourtant à plus de 2 000 kilomètres de la métropole québécoise. « Avec le vent, la fumée parcourt de grandes distances. Les quantités de particules fines de suie dans l’air, le PM 2.5 [les particules en suspension], sont très importantes. Leur concentration a augmenté, car l’intensité des feux ne ralentit pas. »
Dans ce Montréal enfumé, la visibilité est faible et le soleil prend parfois des allures de boule rouge incandescente. L’agence fédérale canadienne prévient que la population touchée par le smog peut ressentir des symptômes comme une forte toux, la gorge irritée, des maux de tête ou un manque de souffle. Les enfants et les personnes âgées sont particulièrement à risque, car « ces particules fines peuvent pénétrer assez profondément dans les poumons », précise Simon Legault.
Évacuations par milliers, aucune pluie prévue
Avec le dôme de chaleur qui a accentué la sécheresse dans l’ouest du pays, les conditions étaient propices à une saison de feux estivaux d’anthologie. « On voit des phénomènes plus violents cette année, plus longs aussi. Les changements climatiques amplifient la vague de chaleur. On peut commencer à anticiper, pas chaque année, mais plus régulièrement, des événements du genre au Canada », observe le météorologue.
Selon lui, le climat canadien est en roue libre : « On est face à une boucle de rétroaction. Les boucles de rétroactions positives amplifient une situation de crise. Par exemple, la fonte du pergélisol émet des gaz, qui accentuent l’effet de serre, ce qui favorise la sécheresse et par conséquent les incendies. Quand la chaîne accélère, il est difficile d’aller chercher les freins. Plus ces schémas s’établissent, plus ils sont difficiles à combattre. »
En Ontario, plus de 3.000 personnes ont dû quitter leur domicile menacé par les flammes. Parmi eux, trois communautés des Premières Nations : celle de Poplar Hill, de Deer Lake et de Cat Lake. Certains se retrouvent accueillis dans des centres d’hébergement à 400 kilomètres de chez eux. Ils pourraient être 5.000 de plus à devoir évacuer leurs maisons dans les prochaines heures. Car même s’il est tombé quelques gouttes ces derniers jours, l’Ontario n’a pu voir d’effet significatif sur les feux.
En Colombie-Britannique également, les prévisions météo en vue ne sont pas réconfortantes : il n’y aura pas de pluie d’ici ce week-end. Pour combattre les feux, des pompiers mexicains sont déjà venus en renfort, et la délégation australienne va arriver dès ce mardi.
C’est maintenant que tout se joue…
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