Ce sont les semaines à venir qui détermineront l'importance de la nouvelle vague de Covid de la rentrée. La mission d'information sénatoriale en charge de l'évaluation des mesures de lutte contre l'épidémie en est persuadée. Son président Bernard Jomier a présenté ce jeudi ses « recommandations ». A cette occasion, il a demandé au gouvernement d'agir sans tarder, et notamment de prendre une décision « d'ici la mi-juillet » sur la mise en place éventuelle d'une obligation vaccinale pour les adultes.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a déjà menacé de rendre obligatoire la vaccination des soignants, particulièrement en Ehpad , si le taux de primo-vaccination n'atteint pas 80 % à la rentrée. « La question de l'obligation vaccinale est légitime pour les soignants, mais même s'ils sont vaccinés à 100 %, on n'évitera pas une quatrième vague », prévient Bernard Jomier.
Dans leur rapport, les sénateurs proposent donc d'aller plus loin, et d'envisager la vaccination des adultes de 24 à 59 ans. Le Sénat va saisir pour avis le Haut Conseil de santé publique. Et Bernard Jomier a écrit au Premier ministre, Jean Castex, afin de lui demander de réunir la Conférence nationale de santé.
Une quatrième vague est probable
Depuis le début de la campagne vaccinale, Emmanuel Macron et son Premier ministre ont cherché l'apaisement et évité d'ouvrir un front avec les « antivax » en répétant que la vaccination contre le Covid ne serait pas obligatoire. Mais Bernard Jomier juge que « le débat a pris une tournure étonnante ». Il rappelle que le Parlement a étendu l'obligation vaccinale des nourrissons à 8 nouveaux vaccins en 2018 « pour mettre fin à quelques centaines, voire quelques dizaines de formes graves chaque année ». Pourquoi reculer face à un virus qui a déjà tué 111.000 Français, sans compter les dégâts économiques et sociaux ?
Transformer la vague en vaguelette
De plus, l'étude commandée par la mission et rendue publique cette semaine montre qu'une quatrième vague est probable d'ici deux à trois mois, avec ou sans variant Delta, car l'immunité collective ne sera pas atteinte faute de vaccination. « L'hypothèse moyenne, c'est qu'elle provoquera un afflux dans les hôpitaux comparable à l'automne dernier, pas une vague de cas bénins chez des jeunes en bonne santé », pointe Bernard Jomier, qui demande des mesures rapides pour « transformer la vague en vaguelette ».
Gagner quelques points de pourcentage
Pourquoi rendre la vaccination obligatoire pour cette classe d'âge intermédiaire ? Parce qu'elle est « très contributrice à la circulation du virus », et insuffisamment vaccinée, répond Bernard Jomier. Ce médecin ne se fait d'ailleurs pas d'illusion sur l'obligation vaccinale : chez les nourrissons, elle n'a permis de gagner que quelques points de pourcentage.
Les 18-24 ans ont été omis, sans doute parce qu'au moment où les statistiques ont été arrêtées pour boucler le rapport, leur taux de primovaccination était supérieur à celui des quadragénaires, témoignant de l'enthousiasme des débuts. Depuis, les choses sont revenues dans l'ordre (41 % à 18-24 ans ; 56 % à 40-49 ans).
Vacciner dans les collèges et les lycées
Quant aux adolescents de 12 à 17 ans, éligibles à la vaccination depuis le 15 juin, la mission ne recommande pas l'obligation vaccinale. Cela n'empêche pas de développer les incitations. Bernard Jomier demande « que les services de santé scolaire vaccinent les adolescents à la rentrée », dans les collèges et les lycées, comme le recommandait le président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer .
Par ailleurs, il souhaite que le gouvernement « ne mise pas tout sur la vaccination », et « que le ministre de l'Education nationale cesse sa politique parcellaire, aléatoire, incompréhensible » et mette en place dans les écoles un dépistage systématique, hebdomadaire voire deux fois par semaine, par test salivaire.
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