D'habitude si prompt à pourfendre "le jacobinisme", le philosophe médiatique Michel Onfray s'est mué en une sorte de commissaire politique vaccinal faisant la leçon aux français. D'autant plus révoltant de la part d'un homme qui ne respecte pas lui-même les préceptes civiques qu'il énonce.
Depuis son retour d’Arménie, Michel Onfray s’est fait le champion du vaccin et du passeport sanitaire. Le philosophe s’est mué en spécialiste des vaccins. Et sous prétexte qu’il a appris « la grande aventure de Pasteur » à l’école communale, alors il se croit habilité à juger de ce sujet pour les autres. Mais venant de la part d’un homme aussi incohérent, il y a quelque chose de plus révoltant encore.
Onfray s’est fait connaître d’abord en alertant sur la prétendue extrême dangerosité de la pandémie dès janvier 2020. Il explique que c’est en voyant les chinois confiner qu’il a pris conscience. « Si même les chinois confinent, alors que pour ces gens-là 100 millions de morts c’est rien ». C’était à peu près sa phraséologie à la télévision. Passons sur le relent douteux de racisme anti-chinois si répandu dans la nomenclature occidentale (en effet, le racisme anti-asiatique est un des racismes autorisés à gauche), mais imaginons si il avait fait la même phrase sur les noirs ou les musulmans... Le tout complété d’une bonne dose d’anti-communisme de base, avec son couplet sur « Mélenchon, Mao Tzédong, Xi JinPing et les Jacobins ». En attendant, il n’hésite pas à faire appel à « l’état jacobin » pour confiner et vacciner tout le monde. On a les opinions qu’on peut.
Onfray s’est ensuite fait connaître en prônant le confinement strict. En octobre-novembre dernier, il pestait contre « les jeunes » qui ne respectent pas le confinement. Il avait vu à la caisse de son supermarché des jeunes avec des bières et des pizzas, qui manifestement avaient prévu de passer une soirée « entassés dans leurs petits appartements ». Le sexagénaire pestait contre cette jeunesse égoïste qui ne respecte rien, et qui met en danger la vie de ses aînés comme lui. On se demandait où était passé le libertaire, le soixanthuitard, l’ami des jeunes, l’hédoniste, et le défenseur des Gilets-Jaunes.
Mais là où ça devient passionnant, c’est que dans la foulée, Onfray est parti faire un voyage en Arménie ! Alors le confinement pour les jeunes prolos normands (près de chez lui) oui, mais pour lui, l’aristo bobo c’est les safaris humanitaires. C’est incohérent ! Si la situation sanitaire est grave à ce point, alors rien ne justifie qu’il aille en Arménie. Car non seulement il se met en danger (au risque de « saturer nos hôpitaux »), mais en plus « il met en danger les autres » selon sa propre théorie. D’ailleurs, les arméniens qui venaient de signer un accord sous l’égide de la Russie n’avaient pas un besoin extrême d’Onfray pour faire connaître leur juste combat. En tous cas, pas si la crise sanitaire est aussi dangereuse que le dit Onfray. Problème de cohérence.
Onfray nous paye de détails. Il explique que le masque n’est pas porté en Arménie, ni les gestes barrières effectués. Et que, par une solidarité (fort compréhensible), il n’a pas porté de masque. Il nous explique chez Laurence Ferrari qu’il a attrapé le covid en lisant la carte de vins dans un restaurant à Erevan (la capitale arménienne) ! Ca ne s’invente pas ! On reste pantois. Monsieur se fait expliquer les vins en arrière de la ligne de front arménienne... tout cela pendant une crise sanitaire prétendument séculaire en France. C’est le cumul !
A ce stade, on aurait pu penser au moins que le citoyen Onfray, parangon de vertu républicaine, aurait décidé d’affronter courageusement la maladie en Arménie. Mais non ! Onfray décide de rentrer en France sciemment avec son virus ! Onfray met donc, dans sa logique, ses concitoyens en danger, et risque en plus de saturer notre système hospitalier. Et le pire, c’est qu’il franchit apparemment la frontière sans problème, malade, en pleine pandémie ! On croit rêver !
Pour finir, Onfray ne se soigne pas avec la ‘‘maudite hydroxychloroquine’’. Le voici donc chez lui pour trois semaines avec une fièvre « à lire Rimbaud ». Tout au plus, une alerte l’inquiète selon ses dires. Enfin, pas de quoi le faire hospitaliser. Alors la voici la terrible pandémie ? Cet homme de 61 ans, avec de lourds antécédents médicaux (infarctus et AVC multiples selon ses dires), grassouillet comme un intello sédentaire bon vivant, s’en tire avec trois semaines de chambre à domicile sans traitement particulier ! On pourrait avoir au moins le droit d'en débattre !
Onfray se met maintenant à promouvoir le vaccin et le passeport sanitaire sans vergogne. Lui d’habitude si pointilleux contre le « jacobinisme » a maintenant perdu toute prévenance. S’est-il demandé une seconde si ces vaccins (notamment à ARNm) pouvaient avoir un rapport bénéfice/risque négatif pour une immense majorité des gens, et notamment les jeunes ? Par ailleurs, les vaccins ne sont pas homologués pour empêcher la transmission. Il est donc vain d’en appeler à la responsabilité collective. On pourrait encore ajouter que si les gens sont protégés individuellement par le vaccin, alors ils n’ont rien à craindre de leur voisin non vacciné. De toutes façons, cette maladie ne sera jamais éradiquée par le vaccin (on ne peut pas éradiquer ainsi une maladie à réservoir animal). Tous ces arguments sont donc irrecevables. Ce qu’il faut, c’est revenir à une politique rationnelle, avec le consentement éclairé de la population. Et cesser ce délire techno-autoritaire en cours. Onfray est égaré sur ce sujet.
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