- En France, trois vaccins sont actuellement administrés contre le Covid-19 : ceux de Pfizer, de Moderna et d'AstraZeneca, dont la réputation a récemment été entachée par sa suspension temporaire pour de rares cas de thrombose.
- Selon une brève séquence de débat diffusée sur CNews ce lundi, le vaccin de Pfizer aurait pourtant des effets indésirables « plus importants » que ceux « des autres vaccins ».
- 20 Minutes fait le point sur cette affirmation.
Le vaccin AstraZeneca contre le Covid-19, un temps suspendu puis réautorisé, souffrirait-il à tort d’une mauvaise réputation auprès du public alors que ses alternatives, Pfizer et Moderna, donneraient lieu à autant, si ce n’est plus, d’effets indésirables ?
C’est ce qu’a semblé affirmer, lundi 12 avril, lors d’un débat sur Cnews autour des vaccins, le docteur Jean-Michel Cohen : « On ne raconte jamais les effets secondaires du vaccin Pfizer […] Les effets indésirables de Pfizer sont plus importants que les effets indésirables des autres vaccins. » Et le médecin de recevoir, dans la foulée, le soutien de la députée LREM Anne Genetet, selon qui ces effets du vaccin Pfizer se feraient « notamment [ressentir] à la seconde injection ».
« Des effets indésirables "plus importants", ça veut tout dire et rien dire à la fois. Si, par plus important, on entend "plus nombreux", oui, il y a eu plus d’effets rapportés avec le vaccin de Pfizer qu’avec les autres, mais il a été bien plus administré que ceux de Moderna et d’AstraZeneca », nuance auprès de 20 Minutes le professeur Antoine Pariente, responsable du Centre Régional de Pharmacovigilance (CRPV) de Bordeaux, qui assure, avec le CRPV de Marseille, le suivi hebdomadaire des effets indésirables déclarés du vaccin de Pfizer.
Avec 13.485 cas comptabilisés au 1er avril 2021 pour ce dernier, contre 9.336 pour celui d’AstraZeneca et 730 pour celui de Moderna – selon les données de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) arrêtés au 1er avril 2021 –, le vaccin de Pfizer est en effet largement en tête des effets indésirables recensés.
Mais ce chiffre reste à relativiser par le nombre de doses utilisées depuis le début de la campagne de vaccination : Pfizer dépasse de loin les deux autres vaccins avec ses plus de 8.513.000 injections au 1er avril 2021, contre 2.454.000 pour AstraZeneca et 801.000 pour Moderna.
« Une comparaison directe entre les vaccins n’est pas pertinente »
« Si, par "plus important", on veut dire "des effets indésirables plus marqués", en vérité, c’est impossible à dire », poursuit Antoine Pariente. « Une comparaison directe entre les vaccins, en ce qui concerne les effets indésirables graves, n’est pas pertinente car les populations ciblées dans un premier temps par chacun est très différente : il s’agissait des résidents d’Ehpad et du personnel de santé âgé pour celui de Pfizer, alors que celui d’AstraZeneca concernait le personnel de santé jeune », explique le responsable du CRPV de Bordeaux et directeur de l’équipe de recherche « Pharmaco-épidémiologie et évaluation de l’impact des produits de santé sur les populations » à l’Inserm.
Dans son dernier bilan en date, l’ANSM note que « la majorité des effets indésirables [du vaccin Pfizer] sont attendus et non graves », qu’un « grand nombre de cas [du vaccin Moderna] concerne des réactions retardées locales non graves » alors que « la grande majorité des [effets indésirables d’AstraZeneca] concerne des syndromes pseudo-grippaux, souvent de forte intensité (fièvre élevée, courbatures, céphalées). »
Mais l’instance nationale ne manque pas de noter dans le même temps que ces effets indésirables touchent plus ou moins certaines catégories de population : « La réactogénicité était généralement d’intensité plus légère et rapportée moins fréquemment chez les adultes âgés ([plus de] 65 ans). »
« La typologie des risques dépend des catégories de personnes concernées »
« Les vaccins ARN [de Pfizer et de Moderna] sont globalement très bien tolérés, ils ont des effets indésirables que l’on connaît : accès d’hypertension, zonas… », abonde auprès de 20 Minutes Mathieu Molimard, pharmacologue et pneumologue, membre du conseil scientifique du site de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), tout en soulignant : « La typologie des risques dépend des catégories de personnes concernées : les rares cas de thrombose, dans le cas d’AstraZeneca, ont été observés chez les jeunes, mais pas chez les personnes âgées. »
Sur son site, l’ANSM confirme en revanche le deuxième point soulevé sur CNews : « La fréquence des réactions systémiques, et particulièrement de la fièvre, de la fatigue et des maux de tête, est plus importante lors de l’administration de la deuxième dose [du vaccin de Pfizer] par rapport à la première dose » – au même titre que pour le vaccin de Moderna.
« Les effets de réactogénicité sont en effet plus importants avec la deuxième dose de Pfizer qu’avec la première. Mais sont-ils plus importants avec la deuxième dose de Pfizer qu’avec celle d’AstraZeneca, par exemple ? On n’en sait rien », conclut Antoine Pariente.
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