Il y a deux ans lorsque le mouvement des Gilets Jaunes a commencé, les Franciliens, les citadins, les « riches » de la capitale ne l’ont jamais vraiment compris.
Le bobo en trottinette électrique ne comprenait pas le problème du gars qui pue la clope et roule en gasoil.
Deux France, deux réalités sociales opposées qui en réalité ne se rencontrent jamais si ce n’est le temps d’un week-end partagé plus ou moins à la campagne.
Lorsque la crise du covid s’est manifestée j’ai tout de suite dit que ce serait une crise de « riches, et de citadins », que ce serait « la revanche » des Gilets Jaunes.
Pourquoi ?
Simple.
Continuons à schématiser entre les bobos en trottinette et ceux qui puent la clope et le diesel.
D’un côté nous avons les zones rurales ou semi-rurales qui depuis 30 ans ont pris de plein fouet toutes les crises, toutes les difficultés, n’ont eu aucune aide gouvernementale, les fonds étant siphonnés par les « politiques de la ville » (comprendre des banlieues), et qui ont perdu presque toutes les usines et leurs emplois.
De l’autre côté des villes « riches » vers lesquelles l’emploi qualifié lui s’est développé. Certes la production là bas aussi a diminué mais de nouveaux postes y voyaient le jour notamment dans la nouvelle économie, le digital en un mot « internet ».
Depuis 30 ans la France rurale s’est considérablement paupérisée, mais cela n’était pas franchement visible.
De large zone de notre territoire vivent finalement des RSA et des minimas sociaux.
Dans mon petit coin de Normandie, pourtant pas si loin de Paris, lorsque les deux Parents d’un enfant à l’école travaillent, c’est très rare. Au mieux un travaille. Pour beaucoup, c’est aucun. Effroyable. Vous n’avez pas idée. Dans notre petit club de foot dans lequel je transporte les gamins dont j’écoute avec autant d’attention que de discrétion les conversations, j’entends des gosses de 8 à 10 ans qui ont parfaitement intégré le fait d’être « chômeurs » quand je serais grand, parce que « y a pas de boulot », et puis « y a le RSA ». Misère sociale terrible que vous ne pouvez pas comprendre tant que vous ne vivez pas avec elle ou à côté d’elle.
Pas si loin de là, à Paris, disons en Ile-de-France c’est l’opulence, y compris pour les clubs de foot…
Pour la première fois, ce que je pressentais commence à se voir dans les chiffres.
La crise sera une crise de villes riches et d’emplois qualifiés.
Fini les ingénieurs en aéronautique, les informaticiens et les autres chasseurs de cases Excel dans les services de contrôle de gestion qui pinaillent les nomenclatures ou traquent le coût de la pièce et du bitoniau !
Terminé le spécialiste de la portière coulissante gauche au technocentre de Renault payé 100K€ pour faire coulisser la coulisse.
Pas mieux pour les avocats d’affaires spécialisés dans les gros « deals » où l’on fusionne conformément au droit de la concurrence européen pour éviter les « abus de position dominante »… L’Allemagne vient d’abroger un grande partie de ce droit où l’on s’invente nous-mêmes des contraintes.
Je ne vous parle même pas des restaurateurs et des « bougnats » qui étaient assis sur des tas d’or car la moindre brasserie parisienne c’est un chiffre d’affaires dépassant allègrement le million d’euro. Ils sont fermés. Fermés et ruinés, ou sinon sacrément paupérisés de même que tous les tenanciers de bars, ou encore les discothèques.
N’oublions pas les hôteliers.
Pensons à tous ceux qui travaillent dans ces secteurs. Ce sont des milliers d’emplois, de cadres plus ou moins grands.
Encore une fois je schématise. Je résume. Mais vous voyez l’idée.
De mon côté dans mon petit coin de Normandie, nous n’avons ni avocat d’affaires en droit européen, ni ingénieurs, ni technocentre, ni grandes industries de l’automobile aux avions qui souffrent et ferment, mettent au chômage partiel ou licencient.
Nous vivons la première crise pour riches.
Nous ici, les pauvres, nous n’avons déjà plus que le RSA pour beaucoup.
Alors, crise ou pas crise, dans les zones Gilets Jaunes, finalement, ce n’est pas là que la crise du covid y est la pire.
En un an, le chômage a explosé en Ile-de-France
Voici ce que dit cet article du Parisien : « La crise sanitaire explique la très nette dégradation du marché du travail dans la région, bien plus touchée que le reste du pays.
En Ile-de-France, le nombre de chômeurs n’exerçant aucune activité, même partielle (catégorie A), a bondi de 15,3 % au cours de l’année 2020. Ce qui représente 100 000 personnes de plus inscrites à Pole emploi. Au total, la région parisienne, qui comptait 655 000 hommes ou femmes à la recherche d’un emploi au 31 décembre 2019, en recense aujourd’hui 755 230.
Proportionnellement au nombre d’habitants à Paris et dans sa banlieue, cette hausse est supérieure à l’augmentation du nombre de chômeurs relevée au niveau national, qui s’établit à 7,5 %, soit 265 400 inscrits supplémentaires au quatrième trimestre 2020 par rapport au 4e trimestre 2019, selon les données publiées ce mercredi par Pôle emploi« .
Encore plus fort, « plus le département est riche plus le chômage y monte plus vite »!
« Paradoxalement, d’après les chiffres publiés par la préfecture de la région Ile-de-France ce mercredi soir, l’augmentation en 2020 du nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité est plus forte dans les départements les plus riches, très prisés des grandes entreprises qui y installent leurs sièges sociaux, comme les Hauts-de-Seine qui enregistrent une hausse de 16 % du nombre de chômeurs, Paris (+ 15,7 %) et même le Val-de-Marne (+ 16,1 %).
C’est en Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France où 17,5 % de la population (soit 280 000 personnes) vit sous le seuil de pauvreté (selon le rapport de l’observatoire des inégalités du 26 novembre 2020), que l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi (+ 13,9 %) est la moins forte en 2020. Dans tous les autres départements franciliens, la hausse du taux de chômage est supérieure à 15 %« .
Voilà, vous avez compris c’est la revanche des pauvres !
N’imaginez pas un seul instant que je me réjouisse des problèmes des riches.
Un pays qui perd ses classes moyennes et ses « petits » riches est un pays qui se meurt et c’est notre cas, c’est donc très grave.
Disons simplement et crûment, qu’il faut que les effluves désagréables arrivent jusqu’aux museaux habitués à des senteurs nettement plus élégantes pour que généralement, les « riches » se sentent un peu moins sûrs d’eux, et qu’ils se rendent compte, que finalement, la vie de pauvres, ce n’est pas si facile que cela.
C’est à partir de ce moment-là que l’on peut attendre des changements plus positifs pour tous.
C’est lorsque nous serons tous unis dans la misère que nous pourrons alors connaître un sursaut collectif et salutaire pour notre pays au service de notre population.
Restez à l’écoute.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
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