06 janvier 2021

Ô connards de l’an II !

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Pour clôturer une année bizarre, nous ne pouvions pas faire moins qu’une Saint-Sylvestre insolite. Moi, je m’en fous un peu, vous savez, du passage de relais entre un an périmé à un autre tout neuf, finalement on ne perçoit pas la différence, un peu comme les frontières dans la cambrousse, j’en connais plein comme ça, vous changez de pays et ça reste pareil…tout cela n’est que conventions et artifices, rien qui vaille la peine de festoyer. Alors, bon, 2021 ça ressemble furieusement à 2020, avec juste, pour les privilégiés des départements concernés, un couvre-feu avancé à six heures du soir…faut faire avec, on n’est pas à une ânerie près.

Cela dit, on sait déjà grosso-modo ce que nous réserve le nouveau millésime: le règne du coronavirus pendant encore au moins six mois, voire plus pour peu qu’on se loupe sur une vaccination qui, même pas commencée, semble déjà trimballer un paquet de plombs dans l’aile. Suivant comment ce coup-là va tourner, on n’aura plus qu’à passer toute l’année à moitié confinés, masqués et gélifiés…oui, parce que le gel hydroalcoolique, invention tout à fait géniale, nous ne sommes pas près de nous en défaire, ce sera notre compagnon des mauvais jours, même quand on en aura fini avec les mesures les plus contraignantes, ça va rester, ça; le masque j’en suis moins sûr, mais le truc plus ou moins gélatineux dont on s’enduit les pognes je lui pressens un avenir long et radieux, y a pas de raison! Une fois qu’on est bien habitué à se désinfecter, je vois mal comment on s’arrêterait, avec toutes les saloperies qui se baladent (non, je parle juste des microbes et des virus, nos amis de la Diversité n’ont pas grand chose à voir là dedans). Rien que la gastro, tenez, l’hydroalcoolisation nous en préservera à coup sûr, faut juste continuer, et si ça ne marche pas avec le SIDA, pour des raisons évidentes, ça peut nous faire aussi d’autres trucs. Et pourquoi pas la grippe, pas vrai, depuis le gel hydro et les masques on n’en parle même plus…remarquez heureusement parce que pour le coup, si on comptait sur le vaccin idoine, si vivement conseillé naguère par les comiques qui nous gouvernent, on en serait déjà tous claqués! Plus une seule dose disponible depuis le moins de Novembre, dites donc, à croire qu’il ont mieux à faire que le vaxigrip, nos labos…il est vachement plus cher, non, le covivaxid…la question ne se pose même pas…Plaît-il? Ah oui, les types qui pètent du Covid, si ça se trouve c’est de la grippe? Bon, moi vous savez je n’en sais que ce qu’on veut bien m’en dire dans les media…oui, des mensonges, vous avez tout à fait raison mais cela ne fait pas avancer le schmilblick, vu que si nous connaissons le mensonge, la vérité, en revanche, bien malin qui pourrait la débusquer, c’est réservé à une élite, vous savez…et encore…

Donc, pour en revenir à mon propos initial, je vous parlais d’une Saint-Sylvestre insolite, pour vous introduire (m’enfin, laissez moi donc finir avant de persifler fielleusement!), pour vous introduire, vous disais-je au récit de ma fin d’année personnelle. Que vous vous en foutiez ou pas, du reste, vous y aurez droit! Mais vous allez voir, rien de bien méchant, rassurez-vous, tristounet, certes, j’en conviens… Pour tout vous dire c’est l’ami Blaise Sanzel qui nous a lancé les invitations. Proprio d’un vaste appartement -il est bien le seul, nous autres donnons plutôt dans le deux-pièces étriqué- l’ami Blaise nous convia donc à un apéro dînatoire, le 31 Décembre à 17 heures pétantes vu qu’il convenait de cesser toute hostilité vers les sept heures et demie, le temps pour tout le monde de rentrer à la maison avant les 135 balles d’amende. Ce soir-là il fallait en effet numéroter ses abattis, les forces de l’ordre étant sur le pied de guerre, prêtes à dégainer le carnet à souche à la moindre silhouette vacillante de vieillard perdu dans les rues après les vingt heures fatidiques. Et croyez moi si vous voulez mais un cacochyme déambulant à huit heures cinq, ça se coxe beaucoup plus facilement que deux-mille teufeurs, camés à bloc, occupés à raver deux jours et deux nuits consécutifs. La consigne apparaissait donc tout à fait claire, la fiesta blaisienne s’achèverait quatre heures et trente minutes avant 2021…voilà la rançon du Covid et de l’élection de Présipède, deux calamités de ce calibre comment voulez vous qu’on s’en sorte indemnes, pas vrai?

Cela dit, à l’heure prescrite nous étions tous là, le ban et l’arrière ban de DERRIERE NAPOLEON, non seulement le noyau dur, je veux dire les trois mous-à-terre, Foupallour, Grauburle, le vieux Maurice et votre serviteur, mais encore dame Thérèse, toute pomponnée, comme au temps de sa splendeur prostitutive, mais avec un effet nettement moins vendeur, les deux pétroleuses Marlène et Pompy, Maître Jean Trentasseur toujours fringant derrière sa rosette, et même notre ami Yves Rognes, descendu de son ermitage Trounazéen en dépit d’une météo un peu disgracieuse. Tout ce petit monde s’employa donc à déquiller sans barguigner, les Cristal-Roederer du père Blaise. Es qualité de puissance-invitante, ce dernier ne manqua pas de monopoliser le crachoir, il adore se raconter, Blaise Sanzel, c’est là son moindre défaut. L’ennui c’est que nous savons d’avance ce qu’il va nous déballer- enfin c’est ce que nous croyions- mais en même temps, à quatre-vingt-quinze balais on peut gâtouiller un peu, le contraire paraîtrait presque inquiétant. Et puis, c’est tout de même un personnage! Un type qui est fier d’avoir fait son beurre, c’est le cas de le dire, dans le marché-noir! Tout jeune, il préférait déjà ramasser un max de blé plutôt que d’aller se faire trouer la peau en compagnie de communistes abrutis et malodorants. Mais content de lui aussi quand il raconte son prompt retournement de veste au moment opportun juste avant la libération, ses aventures africaines inavouables aux derniers temps coloniaux et tout le reste aussi, notamment sa conversion au mitterandisme quand il lui apparut opportun de se placer du côté où ça pourrait payer. Bref, toute une vie de honteuses compromissions que la plupart enterrerait sous plusieurs couches d’oubli avec la seule inquiétude de tomber sur des affranchis capables de ressortir le fumier de sous le tapis. Blaise, lui, il ne craint plus rien de ce genre, vu que tous les témoins sont cannés depuis belle lurette, et de toute façon il s’en fout et s’en est toujours foutu: sa vie il y tient, il la trouve chouette, il vous la fait donc partager sans tact ni mesure…et après tout il a bien raison, il a tout traversé le mec, avec un sens de l’équilibrisme qui, non seulement lui a toujours sauvé la mise mais encore l’a rendu absolument plein aux as, pété de thunes à ne savoir qu’en faire! Son fils unique et sans descendance se révélant désormais trop vieux pour profiter sainement du pactole, il nous a annoncé sa décision de créer une fondation pour venir en aide aux petits africains issus des amours coloniales…il imagine qu’il en existe forcément des dizaines, voire des centaines, au bout de cinq bonnes générations, qui trimballent ses propres gènes au cœur de l’Empire perdu de la Répupu. Sur le tard ça le travaille, ce sacré Blaise, voilà ce que c’est que de devenir trop vieux, on se pose des questions, on se découvre des remords, on voudrait réparer si c’était encore possible, ne pas laisser pisser le mérinos, partir le cœur plus léger, en somme…tout le monde ne se contente pas d’une bonne absolution pour se dégrever la conscience.
Bref, du coup il nous aurait plutôt coupé la chique, l’ancêtre fondateur de la tribu des Sanzeliens, qu’aurions nous pu raconter après ce genre de révélation? Pas facile…nous vîmes bien le Maître Trentasseur proposer ses services pour l’aspect juridique des choses, mais trop tard, le vieux avait déjà tout réglé par l’entremise d’un cabinet parisien spécialisé dans ce genre de montage. La Fondation Sanzel a pris corps, elle existe, il n’y a plus qu’à l’arroser afin qu’elle pousse vigoureusement, ce que nous fîmes jusqu’à 19h30 en cette Saint Sylvestre de l’an 2020, dit également l’An 1 du Covid. La parole appartient désormais aux soldats de l’an 2, armés de leurs piquouses à vaccin surgelé.

Ô connards de l’an 2! Ô guerre! Ô bastringue!
Contre le corona tirant ensemble leurs seringues,
Ministre branquignols,
Confinement maudit, couvre feu de mes burnes,
Présipède ahuri, erreur sortie des urnes,
Suivi de ses guignols!
………………………………………………………………….

Chacun de son côté regagna ses pénates,
De ce premier janvier nous oublierons la date,
Et pour finir la nuit privée de réveillon,
Sans le moindre bisou, le moindre cotillon,
Je m’en fus me coucher tout seul dans mon plumard
Avec un vieux bouquin de Frédéric Dard,
Même s’il manque un pied je n’en ai rien à foutre,
Vu le covid ambiant je préfère passer outre,
Pour ce coup-ci voilà , vraiment ce sera tout,
De cet an à la con je suis venu à bout!

Bonne année à tous et ne vous en faites pas trop pour l’an 2, il n’y aura peut être pas d’an 3…enfin, espérons-le…

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

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