De nombreux observateurs du monde contemporain dénoncent le manichéisme professé par les États-Unis dans les interventions qu’ils pratiquent et font pratiquer à leurs alliés. Les occurrences en sont très nombreuses et bien connues, et nous n’en citerons que quelques-unes ici :
- Première guerre d’invasion occidentale de l’Irak en 1990, avec les fausses dénonciations des prématurés tués par l’armée de Saddam Hussein.
- Deuxième guerre d’invasion occidentale de l’Irak en 2003, avec les armes de destruction massive et la fiole brandie par Colin Powell devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
- En Libye, en 2011, pour justifier l’agression pratiquée par l’OTAN, Kadhafi mérite de mourir comme Ben Laden
- En Syrie, en 2012, Bachar El Assad ne mériterait pas d’être sur la terre
- Pas encore/à peine élu officiellement, Joe Biden promet déjà de s’en prendre aux « Castros et aux Poutines de ce monde »
Les circonstances varient, mais le cœur du fonctionnement est toujours le même : la cible est affichée, celle d’un dictateur sanglant, assimilé aux puissances du mal, dépourvu de la moindre humanité, et son extermination relève de la salubrité publique et du bien commun.
Une fois la poussière retombée, ces éléments sont dénoncés par les historiens, le grand public, et parfois même reconnus par leurs propres instigateurs. L’opinion comprend peu à peu, parfois péniblement, que tel conflit était motivé par des raisons géopolitiques et non plus de principes moraux de Bien et de Mal, mais une fois terminés.
Mais il reste une exception à ces remises en cause : le manichéisme absolu du récit de la seconde guerre mondiale. La thèse, unanime en occident, a été coulée dans le béton : un combat du Bien contre le Mal.
Voici quelques faits qui dérangent et remettent cette vision en cause. Ces faits sont facilement accessibles à quiconque s’intéresse aux récits officiels pratiqués par les dirigeants avant la seconde guerre mondiale.
Hitler admirait profondément l’Empire britannique, et n’a eu de cesse que de proposer la paix aux Britanniques – et aux Français, avant de les battre
On en trouve une indication parmi d’autres lors de l’évacuation de Dunkerque (fin mai, début juin 1940). Face à ses généraux médusés, et malgré leur opposition, Hitler s’entêta et ordonna strictement que les blindés allemands restent à distance et laissent l’armée britannique embarquer et rentrer en Grande-Bretagne. Voici à ce titre le témoignage du général Blumentritt :
Il nous sidéra alors en parlant de son admiration pour l’Empire britannique, de la nécessité de son existence et de celle de la civilisation que la Grande-Bretagne avait apportée au monde… Il compara l’Empire britannique et l’Église Catholique — affirmant qu’ils constituaient tous deux des éléments essentiels de la stabilité du monde. Il affirma que tout ce qu’il attendait de la Grande-Bretagne était qu’elle reconnût la position de l’Allemagne sur le Continent. Le retour des colonies allemandes perdues serait désirable mais non essentiel, et il se montrait même disposé à soutenir militairement la Grande-Bretagne, si elle devait se retrouver en difficulté en quelque lieu du monde. Il conclut en disant que son objectif était de faire la paix avec la Grande-Bretagne, sur une base qu’elle considérerait comme compatible avec son propre honneur.
(Sources : Russell Grenfell, Haine Inconditionnelle, 1953 – p174 & annexe 4 ; Voir également : B. H. Liddell Hart, The German Generals Talk (New York: William Morrow & Co., Inc., 1949), p. 135)
Hitler formula ensuite plusieurs propositions de paix à la Grande-Bretagne, qu’elle rejeta systématiquement, ou ignora totalement : en octobre 1939, après la défaite de la Pologne, et la suivante en juillet 1940, après la défaite de la France. Ces offres de paix résonnaient de manière logique avec la manière du chef d’État allemand de voir les choses. Son objet initial avait été d’écraser la Pologne et de récupérer le Couloir de Dantzig. Une fois qu’il l’eut accompli, il proposa aux garants de la Pologne (la Grande-Bretagne et la France), qui avaient été incapables d’honorer leur garantie, une cessation des hostilités, car ces deux pays avaient déclaré la guerre à l’Allemagne.
La proposition de paix d’Hitler fut refusée par ces deux pays. Dès lors, Hitler poursuivit la guerre contre eux dans le but de briser la combinaison anglo-française contre l’Allemagne. Il y parvint également, décida de ne pas occuper toute la France (alors qu’aujourd’hui encore on nous le présente comme voulant conquérir le monde entier), et proposa une fois de plus à l’ennemi restant de s’accorder sur le fait que poursuivre la guerre n’avait pas beaucoup de sens. Cette offre de paix fut encore refusée.
Churchill et Roosevelt ne cherchaient pas la paix. Ils voulaient écraser l’Allemagne, et obtenir sa reddition sans condition
Pour reprendre les mots de M. Churchill aussi tard que le 21 septembre 1943 (face au Parlement britannique), « Les deux racines de tous nos maux, la tyrannie nazie et le militarisme prussien, doivent être expurgés. Et dans nos actions, aucun sacrifice ne sera trop grand, ni aucune violence exagérée, tant que nous n’y serons pas parvenus ». Encore aujourd’hui, cet homme est glorifié comme un héros pour cette pensée.
Pourtant, à peine la guerre terminée, à peine le tyrannie nazie et le militarisme prussien furent-ils annihilés – et à quel prix – de nouveaux maux, plus inquiétants encore, les remplacèrent immédiatement : la menace communiste, la séparation du monde en deux blocs opposés et dotés de l’arme atomique. Et depuis, chaque fois que l’un des « grands maux » dénoncé comme menaçant notre existence disparaît, il est remplacé par un autre, comme le terrorisme. La menace soviétique a été presque immédiatement remplacée par la menace d’armes de destruction massives de divers pays, et que n’entend-on pas de nos jours sur les présidents chinois, russe, cubain, iranien ou nord-coréen.
Quel intérêt, dès lors, y avait-il à vouloir extirper la tyrannie et le militarisme d’un pays?
En 1942, George Bell, l’Évêque de Chichester (il était également parlementaire britannique) rencontra à Stockholm deux Allemands anti-nazis, qui lui demandèrent de déterminer si les gouvernements britannique et américain négocieraient la paix avec un gouvernement allemand démocratique, si le régime de Hitler était renversé de l’intérieur. À son retour, l’évêque transmit la question à M. Eden, le ministre des affaires étrangères britanniques, mais le gouvernement britannique lui répondit fort brutalement, et bien tard, n’être pas du tout intéressé.
Voici un extrait du journal de James Forrestal, secrétaire à la Marine des États-Unis au moment où il écrit :
27 décembre 1945
Ai joué au golf ce jour avec Joseph P. Kennedy, qui fut l’ambassadeur de Roosevelt en Grande-Bretagne au cours des années précédent immédiatement la guerre. Je lui ai posé des questions quant à ses conversations avec Roosevelt et Neville Chamberlain à partir de 1938. Il a dit que la position de Chamberlain en 1938 était que l’Angleterre n’avait rien pour se battre, et qu’elle ne pouvait pas prendre le risque d’entrer en guerre contre Hitler. Point de vue de Kennedy : Qu’Hitler se serait battu contre la Russie sans conflit ultérieur contre l’Angleterre sans l’exhortation de Bullitt [William C. Bullitt, alors ambassadeur en France] à Roosevelt de l’été 1939, selon laquelle il fallait tenir tête aux Allemands quant à la Pologne ; ni les Français, ni les Britanniques n’auraient considéré la Pologne comme un motif d’entrer en guerre sans les constants aiguillons de Washington. Bullitt, dit-il, répétait sans cesse à Roosevelt que les Allemands ne se battraient pas ; Kennedy répétait l’inverse, et qu’ils allaient s’emparer de l’Europe. Chamberlain, dit-il, affirmait que les États-Unis […] avaient contraint l’Angleterre à entrer en guerre. Lors de sa conversation téléphonique avec Roosevelt à l’été 1939, le président ne cessa de lui dire de mettre du fer aux fesses de Chamberlain. la réponse de Kennedy fut toujours que mettre du fer à ses fesses ne faisait rien de bon, sauf si les Britanniques avaient du fer avec lequel se battre, et ils n’en avaient pas…
Ce que m’a révélé Kennedy lors de cette conversation colle très bien avec les remarques que Clarence Dillon m’avait déjà faites, affirmant dans l’ensemble que Roosevelt lui avait demandé de trouver moyen de communiquer par voie privée avec les Britanniques afin que Chamberlain fît preuve de plus fermeté dans ses relations avec l’Allemagne. Dillon m’affirma qu’à la demande de Roosevelt, il avait parlé avec Lord Lothian dans la même direction générale que Kennedy expose quant à Roosevelt l’exhortant à le faire avec Chamberlain. Lothian dut vraisemblablement communiquer à Chamberlain l’essentiel de sa conversation avec Dillon.
Rétrospectivement, il y a sans aucun doute matière à étayer ce que pense Kennedy : l’attaque Hitler aurait pu être déviée vers la Russie.
Source : The Forrestal Diaries, publié par Walter Millis et E. S. Duffield (New York: Vanguard Press, 1951), pp. 121-22.
Mentir comme un arracheur de dents pour motiver sa population à la guerre
Voici une annonce de Franklin Delano Roosevelt :
Lien vers la vidéo : worldofvids.com
En voici la traduction :
Hitler a souvent protesté pour affirmer que ses projets de conquête ne s’étendaient pas jusqu’à l’autre côté de l’Océan Atlantique, mais ses sous-marins et ses radars prouvent le contraire ; tout comme l’ensemble du dessein de son nouvel ordre mondial.
Par exemple, j’ai en ma possession une carte secrète, établie en Allemagne par le gouvernement de Hitler, par les concepteurs du nouvel ordre mondial. Il s’agit d’une carte de l’Amérique du Sud, et d’une partie de l’Amérique centrale, présentant la manière dont Hitler se propose de réorganiser ces lieux.
Aujourd’hui, dans ces régions, on compte quatorze pays séparés.
Mais les experts géographiques de Berlin ont brutalement oblitéré toutes les lignes frontalières existantes ; ils ont divisé l’Amérique du Sud en cinq États vassaux, amenant l’ensemble du continent sous leur domination.Et ils ont également [inaudible] que le territoire de l’un de ces États fantoches intègre la République du Panama, et notre ligne de vie si importante, le canal du Panama.
Et voici la carte qu’il dénonce (source : express.co.uk). Bien entendu, le gouvernement d’Hitler n’avait jamais, ni de près ni de loin, considéré l’invasion de l’Amérique latine ; cela était de toute évidence bien au-delà de ses moyens, même en rêve.
Enfin, M. Roosevelt dévoila avoir connaissance du fait qu’Hitler avait pour projet d’interdire toutes les religions en Allemagne, et « si il gagnait », d’en faire autant dans le monde entier.
Conclusion
Est-il normal qu’un homme politique ayant proféré des âneries aussi grossières pour faire peur à son peuple et l’amener dans une guerre terrible soit, des dizaines d’années plus tard, toujours glorifié comme un héros ?
70 ans après le conflit mondial, peut-être serait-il souhaitable que le récit manichéen, digne de Picsou magazine, qui a été retenu par l’histoire officielle, prenne en compte ces éléments, à tout le moins quant aux raisons de ce conflit. Cela permettrait de réfléchir sur des bases plus saines quant à la manière de limiter les conflits, car le bilan des politiques mondialistes qui ont été menée alors et depuis lors n’est pas brillant en la matière.
Comment les peuples des pays ayant pris part à la seconde guerre mondiale peuvent-ils penser librement si l’histoire de leur passé récent est aussi déformée ?
José Martí
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