Et voilà, c’est vendredi : c’est le jour du poisson et celui, tant attendu, de l’autorisation officielle d’acheter un sapin de Noël. Mais attention : pour les boules et les guirlandes, il faudra aller sur internet.
L’idée serait peut-être d’aller sur Amazon, le géant de la vente en ligne, pour se procurer ces décorations de sapin que l’État, dans son onctueuse générosité, ne nous permet pourtant pas encore d’aller acheter en magasin. Eh bien SURTOUT PAS !
Le Camp du Bien est formel : faire des emplettes sur Amazon, même et surtout lorsque les magasins ne sont pas autorisés à la vente, c’est plus que honteux, cela devrait être sinon interdit, tout au moins stoppé !
Dénonçant l’entreprise américaine directement responsable de la mort des ours polaires et dont le patron, ogre malfaisant dont le nez serait crochu si la bienpensance ne l’interdisait pas, semble prêt au cynisme le plus pur allant jusqu’à respecter le code de l’emploi français et pire encore, le code fiscal, les signataires de la fastidieuse tribune relayée par tous les médias franchouilles déjà acquis à leur cause enjoignent donc les Français à se rebeller farouchement contre le diktat capitaliste et consumériste.
Parmi les Organisation Non Gouvernables et les syndicalistes embués dans leur paléocommunisme qui ont pondu ce grand morceau de bravoure, on ne s’étonnera pas de retrouver de gros grumeaux d’indispensables thuriféraires de la pensée socialodécroissante comme Eric Piolle, le maire forcément écolo de Grenoble ; et dans ceux qui relayent bruyamment cet appel au boycott, on n’aura aucun mal à découvrir les inévitables harpies anticapitalistes comme Anne Hidalgo ou Delphine Batho.
Et si ces nombreuses célébrités du microcosme de la gauche outragée ont en commun d’avoir l’oreille attentive de toutes les radios et de tous les canards moites du pays, elles ont aussi la bonne fortune de pondre de nombreux pensums qu’elles vendent au travers… d’Amazon.
Apparemment, acheter au travers du vendeur américain, c’est caca, mais y laisser ses propres productions douteuses pour tenter de toucher un public aussi large que possible ne défrise pas nos hypocrites politiciens. La palme revient sans doute à Ségolène Royal, jamais en retard d’une ânerie et d’un combat idiot à mener tambour battant en se prenant les pieds dans le tapis.
Un tel appel au boycott, une si belle fronde du David français contre le Goliath américain, une si belle tribune fumante ne pouvait manquer d’attirer tout un tas de mouches dont l’existence politique, retombée dans l’oubli suite à quelque remaniement ministériel sans intérêt, ne pouvait souffrir plus longtemps l’anonymat. C’est probablement ce qui a poussé le petit Mounir Mahjoubi à ramener sa fraise une fois encore sur le sujet. Il ne le maîtrisait pas du tout l’année dernière (comme on pourra se le rappeler en relisant ceci), il ne le maîtrise pas mieux à présent.
Cancre un jour, cancre toujours qui déclare donc qu’Amazon détruit toujours plus d’emploi, s’appuyant toujours sur son étude boiteuse, ses petites règles de trois ridicules et ses approximations borgnes. Sacré Mounir.
Bien évidemment, cet appel véhément au boycott d’un côté et de nouvelles pluies de taxes de l’autre est complètement idiot, tant de la part de l’ex-bidule ministériel que de la palanquée d’inutiles papillotants sur les passions tristes des Français.
Il y a bien sûr la remarque évidente que la taxation d’un acteur de la vente en ligne suppose de taxer l’intégralité de l’activité, ce qui revient à bombarder de façon absolument indiscriminée aussi bien Amazon que CDiscount, Fnac ou tant d’autres. Le résultat serait aussi prévisible que stupide : on désavantagerait massivement cette filière, sans en tirer de réel bénéfice pour le consommateur puisqu’à la fin, seul ce dernier paye effectivement la taxe au travers du renchérissement des biens et services vendus.
Il y a aussi le fait indéniable et qu’oublient nos petits agités de la pétition, à savoir qu’Amazon n’a pas généré la crise du petit commerce en France puisque cette dernière existait bien antérieurement à son arrivée sur le territoire ; là encore, il y a plus à chercher du côté de problèmes structurels profonds que du seul côté d’une concurrence qui n’est déloyale que parce qu’elle est moderne.
Il y a enfin ce simplisme un peu débile de ces adulescents protestataires lorsqu’ils partent en guerre contre un grand méchant capitaliste dont le fond de commerce est en réalité les petits commerces, oui, ceux-là mêmes que ces freluquets prétendent aider : Amazon est avant tout une plateforme permettant à des clients d’acheter auprès de commerçants de toutes tailles, du monde entier certes mais de France aussi.
Boycotter Amazon, l’agonir de taxe, c’est taxer ces vendeurs et empêcher ces commerçants dont le magasin physique a été fermé (par les mêmes excités, du reste) de réaliser quelque chiffre d’affaires salvateur en ces temps de crise.
Pire : c’est priver d’emploi des centaines d’intérimaires qui n’ont pour tout horizon que le chômage si Amazon ferme ses portes, et qui se plaignent ouvertement de ce genre de pétitions ridicules.
En réalité, la brochette de paléo-collectivistes auteurs de cette lamentable tribune ne sont, comme d’habitude, absolument pas motivés par une injustice ou un défaut du marché mais par les éternels moteurs du socialisme le plus crasse, à savoir la xénophobie, la jalousie et l’inculture.
En effet, il n’est jamais plus facile pour ces gens de haïr une grande firme que si elle est étrangère. Amazon est américaine, et quoi de mieux qu’accuser un étranger lorsqu’on subit une crise pourtant nourrie et développée par ses propres dirigeants, bien français, eux ?
En effet, il est bien plus facile d’ignorer l’économie, d’ignorer les règles de la concurrence et de jalouser les réussites d’autrui que se remettre en question : Amazon a d’autant plus de succès que le service client a été, depuis trop longtemps, oublié en France. Ce n’est certes pas vrai tout le temps, ni de tous les commerces, mais les écarts de qualité, les entorses des uns et des autres dans la fourniture d’un bien ou d’un service ont été autant de coups de canif dans les contrats commerciaux des clients de tous horizons et des commerçants lambda.
À la fin, d’écart en écart, Amazon s’est retrouvé avec un boulevard qui n’est que le résultat d’un abandon de la qualité et du service client, directement concommittant avec l’alourdissement des charges, impôts, taxes et contraintes administratives imposées par l’État (et ses coreligionnaires qui signent fiévreusement des pétitions).
Là où beaucoup de commerces et de groupes français se retrouvent à devoir faire des partenariats avec des services publics médiocres (coucou la Poste qui perd des paquets, merci Chronopost et son service de livraison d’avis de passage), de la bureaucratie partout, des complexités inutiles et souvent lourdauds ou empotés dans leurs processus de vente, Amazon a utilisé la puissance de sa logistique et l’agilité de ses méthodes d’adaptation rapides pour pénétrer un marché essentiellement laissé en jachère.
Mieux : Amazon a même utilisé la force de l’adversaire pour l’emberlificoter un peu plus (on se rappellera de l’épisode aussi hilarant que grotesque pour la députaillerie de l’obligation de facturer les coûts de livraison, ce qu’Amazon a fait pour 1 centime).
Plutôt qu’afficher leur jalousie et leur inculture crasse en économie en tentant d’empêcher Amazon de fonctionner sur le territoire français, ce qui ne manquera pas de déclencher une nouvelle bordée d’effets de bords économiques désastreux, nos ridicules pétitionnaires feraient mieux de réclamer une réouverture des magasins, un abaissement des contraintes administratives, des charges sociales délirantes et des impôts mortifères qui bousillent tout le pays.
Mais ne rêvez pas : l’occupant intérieur a faim, encore et toujours plus, et la jalousie paye mieux politiquement parlant.
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