09 octobre 2020

Élection américaine : une presse française coûteuse, borgne et hémiplégique

Si l’on s’en tient à la presse, la course à la présidentielle américaine est particulièrement serrée, avec un président Trump distancé par un candidat Biden adulé de tous (imaginez ici une foule en délire, avec masques et distanciation sociale tout de même, ne rigolons pas avec ces choses-là, n’est-ce pas).

Cependant, la réalité est probablement plus nuancée...



Il est clair que certains Américains n’en peuvent plus d’un président qu’ils jugent grossier, arrogant, populiste et qu’ils ont généreusement affublé d’épithètes colorés (littéralement – « orange man » – ou plus métaphoriquement comme raciste, sexiste, etc.) pendant les quatre années passées. Beaucoup ont par exemple détesté sa gestion de la crise sanitaire, et la crise économique qui s’installe à sa suite, avec les difficultés qu’elle représente pour la classe moyenne américaine, ne lui sera probablement pas favorable au moment du vote.


 

Néanmoins et dans le même temps, le bilan économique de Donald Trump reste bien meilleur que celui d’une administration Obama qui avait laissé le pays pantelant. Beaucoup de citoyens américains en conviennent et ont pu directement ou indirectement profiter de la bonne santé américaine ces dernières années : avant la pandémie, le taux de chômage américain était ainsi affiché au plus bas.

En outre, beaucoup redoutent les programmes économiques mis en avant par les Démocrates, que ce soit la remise en cause des réductions d’impôts consenties par Trump, ou le Green New Deal dont on peut raisonnablement penser qu’il est un gouffre financier en plus d’être un positionnement stratégiquement douteux. Au passage, l’Europe, qui a ouvertement choisi un tel positionnement, devra faire les frais de ces politiques agressivement écologistes dont tout indique qu’elles se termineront par une casse sociale assez phénoménale, comme on la devine déjà du côté des avioneurs, des voyagistes et des constructeurs automobiles…

Enfin la montée des mouvements raciaux qui ont trop souvent dégénéré en violences et pillages donne un boulevard à un Trump qui se place résolument du côté de la loi et l’ordre : au contraire d’un Français qui semble toujours aussi peu regardant de ce qu’on peut bien faire avec ses impôts, l’Américain attend, lui, de son gouvernement une application ferme des principes régaliens et entend en avoir pour son argent. Les scènes invraisemblables qui ont eu lieu ces derniers mois n’ont fait que renforcer l’envie de retour à la normale pour une part croissante des citoyens américains qui le feront savoir dans les urnes en novembre prochain.

Autrement dit, la course à la Maison-Blanche est bien moins pliée que ce que certains sondages en disent… Et encore moins ce qu’en écrit la presse francophone, française en particulier, qui présente essentiellement Trump comme bon perdant dans cette épreuve.

Il ne se passe d’ailleurs pas une journée sans qu’elle fasse preuve d’une inventivité renouvelée pour tourner absolument tout ce qui peut se passer aux États-Unis de façon défavorable pour l’actuel président, souvent au mépris de toute déontologie journalistique même minimaliste, tant son dégoût pour le personnage est visible depuis ses titrailles souvent contraires au contenu de l’article, jusqu’à certaines tournures de phrases qui laissent songeur.

 

Ceci étant, reconnaissons que ce n’est pas nouveau : la presse française, massivement à gauche pour ne pas dire gauchiste, n’a jamais fait mine de soutenir systématiquement les Démocrates, ce qui donne un aspect comique à leurs reportages et autres chroniques américaines lorsqu’il leur faut couvrir l’actuelle campagne électorale. L’Amérique vue par les journalistes français est dès lors d’autant plus pittoresque qu’elle en devient souvent pour eux largement indéchiffrable : le filtre idéologique est si fort qu’il pousse le journaliste français à une hémiplégie lourdement handicapante.

Ces derniers jours cependant, on a dépassé de loin le stade du biais de confirmation habituel des médias français : alors que deux affaires majeures secouent et secoueront encore la politique américaine, force est de constater que les médias (français notamment) ont choisi de les oublier pudiquement. Et pour cause : elles desservent assez violemment l’agenda démocrate.

Ici, on se devra en effet d’évoquer le retour de l’affaire ukrainienne dans laquelle est mouillé le fils de Joe Biden, Hunter Biden, qui a bénéficié de la position influente de son père, vice-président durant l’administration Obama, pour se retrouver fort lucrativement dans le comité de direction de Burisma, une holding pour un groupe de sociétés d’exploration et de production d’énergie qui opère sur le marché ukrainien du gaz naturel depuis 2002.

En outre, l’enquête sénatoriale américaine montre de façon claire que Hunter Biden a reçu plusieurs millions de dollars de la veuve du maire de Moscou dans le cadre d’activités de consulting.

Ces différents éléments, qui auraient largement suffi à faire les gros titres s’il s’était agi d’un des fils de Donald Trump, n’ont guère défrayé la chronique française qui, en 2019, se contentait de trouver tout ceci très moyennement intéressant.

En outre, on découvre à présent, alors que plusieurs documents, portant sur l’ingérence russe dans la campagne électorale américaine de 2016 jusqu’à présents secrets et maintenant déclassifiés, qu’en réalité, Hillary Clinton a concocté le « Russiagate » pour salir Trump et détourner l’attention de ses propres turpitudes, notamment les emails stockés sur un serveur personnel. Apparemment, la candidate de l’époque a accepté un plan visant à salir Donald Trump, à l’époque son rival, en l’accusant de collusion avec les Russes dans leur tentative de piratage des élections. Pire : cette information a été portée à l’attention d’Obama par le directeur de la CIA de l’époque, John Brennan, ce qui montre que tant la CIA qu’Obama étaient au courant de ce qui se passait réellement.

L’affaire fait d’autant plus de bruit que le calendrier des événements décrits dans ces documents déclassifiés correspond plutôt bien au calendrier dans lequel le Russiagate fut à l’époque dévoilé au public…

De façon intéressante, ces deux affaires montrent d’assez copieuses casseroles trimballées par un parti Démocrate bien plus prompt à distribuer des barils de moraline qu’à en ingérer une seule cuillerée. Et dans ces deux affaires, le travail de reportage de la presse française est en dessous de tout puisqu’il faudra qu’elle soit acculée dans ses derniers retranchements pour en parler et admettre que le camp démocrate n’a absolument rien à envier au camp républicain en matière de petites et grandes crasses politiques.

Sur un plan plus français, cela indique une fois encore la profondeur abyssale à laquelle sont descendus les journalistes français des principaux médias qui ne font plus que des articles d’opinion. Il ne s’agit plus pour eux, auto-investis d’une mission, d’informer le public mais bien de l’éduquer à ce qu’il faut penser, en désignant les bons, les méchants et ce qu’il faut en penser.

De l’autre côté de l’Atlantique, les médias souffrent d’un lourd biais équivalent à la différence cependant qu’ils ne sont majoritairement pas payés par les deniers publics. Français comme Américains sont informés par une presse lourdement partisane, mais incroyablement, les Français paient pour ça (et fort cher, en plus !).

Pire : beaucoup en redemandent…

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