Cela fait plus de quatorze ans que je dis aux lecteurs de placer leurs économies dans l’or et l’argent, et pendant cette période, les métaux précieux ont connu des rallyes spectaculaires ainsi que de sévères corrections. Depuis un certain temps, les mains faibles vendent et les mains fortes achètent et conservent. Nous avons fait cela dans l’attente de quelque chose de bien plus qu’un simple événement allégorique; certains d’entre nous ont prédit une crise économique comme on n’en a pas vu depuis près d’un siècle.
Plus précisément, en 2018, j’ai averti qu’il y avait un changement radical dans la politique de la Réserve fédérale qui allait crever l’énorme bulle d’endettement qu’elle était en train de construire depuis 2008. L’effondrement de la « bulle de tout » allait inévitablement entraîner une flambée du prix des métaux précieux.
Dans un article publié en janvier 2018, j’ai averti que la Fed accélérerait la réduction de son bilan et la hausse des taux d’intérêt et que cela déclencherait une première implosion de la bulle de la dette américaine et du dollar, ainsi que des flirts avec le bord du gouffre des marchés boursiers. C’est exactement ce que nous avons vu à la fin de 2018.
À la mi-2019, la Fed avait inversé ses politiques de resserrement budgétaire, mais bien sûr, il était trop tard ; la boîte de Pandore était déjà ouverte et l’instabilité économique augmentait. Je continue à croire que cette action de la Fed était absolument délibérée et qu’elle savait qu’elle amorçait le début d’une crise. Le compte-rendu du Comité fédéral de l’open market d’octobre 2012 révèle même que Jerome Powell a ouvertement discuté de ce qui allait se passer, des années avant qu’il ne devienne le président de la Fed.
J’avais prédit qu’une fois ce processus engagé, le prix des métaux précieux seraient fortement revalorisés. Il est certain que l’or a presque doublé depuis le troisième trimestre 2018, et que l’argent commence à rattraper son retard. Il est important de couper court à la propagande et à la désinformation pour comprendre pourquoi cela est important.
Dans un autre article publié en février 2018, j’ai souligné certaines idées fausses sur les métaux précieux pendant la crise économique. Cela inclut le mensonge toujours présent selon lequel les métaux « ne font que suivre l’inflation » et ne génèrent donc jamais de profit. J’ai montré comment en temps de crise, y compris pendant l’événement hyper-inflationniste de Weimar en Allemagne, le prix de l’or a en fait augmenté à un taux double de celui de l’inflation, donc le profit est plus que possible.
L’idée que l’or n’est rien d’autre qu’un substitut à la dévaluation du dollar est, je pense, destinée à dissuader les gens d’y investir ; comme si protéger son épargne n’était « pas suffisant ». Une campagne proactive et agressive est menée depuis des années pour effrayer les Américains et les dissuader d’investir dans les métaux précieux. L’ancien président de la Fed, Ben Bernanke, a attaqué l’or avec véhémence en 2012 lors d’une série de conférences à l’université George Washington, canalisant les affirmations de John Maynard Keynes selon lesquelles il s’agissait d’une « relique barbare ». Ron Paul avait crucifié Bernanke sur l’or quelques mois auparavant lorsqu’il avait demandé pourquoi, si les banquiers centraux pensent que l’or n’est pas de la monnaie, continuent-ils à en stocker ? La réponse malhonnête de Bernanke, selon laquelle il ne s’agissait que d’une « tradition », fut un échec épique.
En fait, on peut prédire quand une crise économique est sur le point d’éclater simplement en observant les banques centrales du monde entier et leur politique d’achat d’or. Elles savent exactement ce qui se passe et se préparent. J’ai examiné cette tendance dans mon article « Est-ce pour cela que les banques centrales se précipitent pour acheter de l’or ? », publié en janvier de cette année.
Vous pouvez également deviner dans une certaine mesure quelles nations vont mieux survivre à la crise économique en fonction de la quantité d’or qu’elles ont acheté et de la date à laquelle elles ont commencé à se préparer. Ces dernières années, les plus gros acheteurs d’or ont été la Russie et la Chine, tandis que de nombreuses banques centrales se sont précipitées pour rapatrier les réserves d’or détenues à l’étranger. Ma position a toujours été la suivante : si les banques centrales achètent des métaux précieux pour se prémunir contre un effondrement, nous devrions faire de même, car elles savent peut-être que quelque chose est sur le point de se produire, que nous ne faisons que soupçonner.
Comment les banques centrales pourraient-elles savoir qu’un effondrement est imminent ? Comme je l’ai dit, elles le savent parce qu’elles le provoquent.
Il faut comprendre que le ralentissement économique actuel n’est que partiellement accéléré par la situation de pandémie et les confinements. En réalité, le crash actuel a commencé fin 2018, après des années de mesures de relance qui n’ont finalement pas réussi à faire léviter l’économie. Depuis, le krach n’a cessé de s’amplifier. Dans l’intervalle, les banques ont consolidé leurs propres avoirs en métaux tout en cherchant à masquer les prix du marché par le biais d’ETF papier.
Dans mon article « L’or physique va bientôt se libérer du marché de l’or-papier de manière spectaculaire », publié en mars de cette année, j’ai averti que la tentative de masquer les prix à l’époque était un signal que les prix étaient en fait sur le point de monter en flèche. Dans l’article, j’avais déclaré :
Je crois que nous sommes actuellement au stade de la dissimulation des prix, ce qui peut amener des mains faibles à vendre. Je vous recommande non seulement de vous accrocher à vos métaux, mais aussi d’utiliser les baisses de prix comme une occasion d’acheter du physique pendant que vous le pouvez…
La pandémie va probablement accélérer le passage de la dissimulation au découplage physique. Ce qui a pris quelques années pour se développer en un rally massif de l’or après le crash de 2008 ne prendra peut-être que quelques mois aujourd’hui avec les changements rapides des conditions géopolitiques et économiques. Observer le comportement des banques centrales peut nous éclairer sur le timing.
Le prix de l’or sur le marché a bondi de plus de 500 dollars l’once depuis mars et le prix dans la rue a grimpé plus haut que cela. Mais qu’en est-il maintenant ?
Je soupçonne une fois de plus que les prix physiques vont se découpler complètement du prix du marché de l’or-papier, même si le prix des ETF est maintenant en train de courir pour rattraper la réalité. Le fait est que les barres et les pièces physiques commenceront à disparaître à l’approche de la fin de l’année 2020. Les fondeurs de monnaies du gouvernement étant maintenant partiellement en service [du fait du virus, NdT], il est peu probable que de nouvelles pièces soient disponibles avant un certain temps, et entre-temps, les investisseurs intelligents vont acheter des pièces physiques, même à un prix élevé. Une fois les métaux disparus, le prix de la rue sera bien supérieur aux valeurs suggérées par le Comex et le groupe CME.
À court terme, je prédis que l’or continuera à grimper bien au-delà de ses sommets actuels pour atteindre environ 2150 dollars à la fin de l’été, mais c’est l’argent qui sera le plus performant, avec des augmentations plus importantes en pourcentage. L’argent devrait atteindre 35 à 40 dollars d’ici la fin de l’été.
Voici le problème : une dévaluation extrême du dollar est désormais intégrée dans la tendance actuelle, mais il ne s’agit pas seulement du dollar. La pandémie, les troubles civils et les tensions géopolitiques sont autant de facteurs qui stimulent la demande de métaux précieux.
La Chine et les États-Unis étant désormais sur la trajectoire d’une guerre économique totale, je m’attends à ce que les Chinois passent d’une vente discrète des bons du Trésor américain à une attaque en règle contre le statut de réserve mondiale du dollar, il faut s’attendre à ce que cela se produise après les élections américaines. Si cela se produit, beaucoup de leurs principaux partenaires commerciaux suivront leur exemple, ce qui signifie que des milliers de milliards de dollars détenus à l’étranger reviendront aux États-Unis par divers canaux. La situation de stagflation aux États-Unis sera déjà assez mauvaise avec le coronavirus et les perturbations intermittentes de la chaîne d’approvisionnement, mais elle sera cent fois pire si le dollar perd sa position de monnaie de réserve.
Alors que beaucoup de gens répéteront le vieil argument fatigué et paresseux selon lequel « vous ne pouvez pas manger de l’or », vous pourrez certainement échanger de l’or et de l’argent contre une monnaie de grande valeur et acheter beaucoup plus de nourriture que vous n’auriez pu le faire autrement avec des dollars en papier [qui ne se mangent pas non plus, NdT]
Je tiens à préciser que la plupart des partisans de l’or ne considèrent pas l’effondrement économique comme une simple « opportunité de profit » ; mais nous sommes fiers du fait que nos conseils contribuent à sauver les gens des difficultés financières et de la pauvreté potentielle pendant cette catastrophe. Les métaux ont encore un long chemin à parcourir ; je suggère que si vous n’avez pas au moins une petite épargne en or ou en argent, vous devriez le faire maintenant.
Brandon Smith
Traduit par Hervé, relu par jj, pour le Saker Francophone
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