28 août 2020

Biélorussie – L’OTAN reconnaît que sa révolution de couleur a échoué



Le 15 août, nous avons expliqué pourquoi la révolution de couleur en Biélorussie échouerait. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko avait proposé au président russe Vladimir Poutine de mettre enfin en œuvre l’État de l’Union, longtemps retardé, qui unira la Biélorussie à la Russie. En échange, il voulait le soutien total de la Russie pour mettre fin à la révolution de couleur menée par les États-Unis et l’Otan contre lui. Poutine a accepté l’accord.

En conséquence :

Loukachenko et sa police ne seront pas suspendus à un lampadaire. La Russie s'occupera du problème et l'État de l'Union sera enfin établi. Cela ne veut pas dire que la tentative de révolution de couleur est terminée. Les États-Unis et leur laquais polonais ne vont pas simplement faire leurs bagages et partir. Mais avec le plein soutien de la Russie assuré, Loukachenko peut prendre les mesures nécessaires pour mettre fin aux émeutes.

Et c’est ce qu’il a fait. Loukachenko a continué à autoriser les manifestations, mais lorsque dimanche les manifestants ont reçu l’ordre de prendre d’assaut le palais présidentiel, ils ont vu une réponse théâtrale mais forte :

La chaîne Nexta Telagram dirigée par les Polonais - qui est le principal média utilisé par l'Empire pour renverser Loukachenko - a initialement appelé à une manifestation pacifique, mais à la fin de la journée, un appel a été lancé pour tenter de reprendre le bâtiment. Lorsque les émeutiers - à ce stade, nous avons affaire à une tentative illégale et violente de renverser l'État - donc je n'appelle pas ces personnes des manifestants - sont arrivés au bâtiment, ils ont été confrontés à un véritable «mur» de flics anti-émeute entièrement équipés : ce spectacle, vraiment effrayant,a suffi à arrêter les émeutiers qui sont restés un moment sur place, puis ont dû partir.

Deuxièmement, Loukachenko a fait quelque chose d'assez étrange, mais qui est parfaitement logique dans le contexte biélorusse : il s'est habillé avec un équipement de combat complet, a attrapé un fusil d'assaut AKSU-74, a habillé son fils (15 ans!) également avec un équipement de combat complet (casque inclus) et a survolé Minsk, puis a atterri dans le bâtiment présidentiel. Ils se sont ensuite dirigés vers les policiers anti-émeute, où Loukachenko les a chaleureusement remerciés, ce qui a abouti à ce que les forces de police au complet lui fassent une ovation. Pour la plupart d'entre nous, ce comportement peut sembler plutôt bizarre, voire carrément ridicule. Mais dans le contexte de la crise biélorusse, qui est une crise principalement combattue dans le domaine de l'information, cela est parfaitement logique.

Les manifestants, que la police avait précédemment identifiés comme « des enfants riches de la ville, les enfants de parents riches qui en ont assez de la vie bien nourrie », n’avaient pas les cojones pour attaquer une police bien armée et motivée.

La vitrine du lobby de l’OTAN Atlantic Council a également reconnu ce fait et le déplore :

Les manifestants sont généralement très gentils, polis et pacifiques. Beaucoup sont de jeunes Biélorusses de la classe moyenne qui travaillent dans l'industrie informatique du pays, en plein essor, et qui viennent à des rassemblements vêtus d'ensembles hipster moulants.

Contrairement aux événements de Kiev en 2013-14, il n'y a pas de militants casseurs dans les manifestations. En effet, cette révolution est si douce que parfois elle semble vraiment endormie. Pour le meilleur ou pour le pire, il y a une absence évidente de jeunes hommes rudes et vaillants capables de mettre les libéraux mal à l'aise ou de diriger la résistance si, et quand, l'État autoritaire décide de déployer la force.

Sans des SS nazis comme ceux que les États-Unis ont utilisés lors des émeutes de Maidan en Ukraine en 2014, il n’y a aucune chance de renverser Loukachenko. Avec de telles troupes, le combat se terminerait par un massacre et Loukachenko serait toujours le vainqueur. L’auteur conclut à juste titre :

La résistance du régime de Loukachenko se renforce de jour en jour. Alors que la Russie semble maintenant se tenir fermement derrière Loukachenko, des rassemblements photogéniques et des actions de grève sporadiques ne suffiront pas à provoquer un changement historique.

C’est fini. Les «grèves sporadiques» n’ont jamais été de véritables actions revendicatives. Quelques journalistes de la télévision d’État biélorusse ont fait une grève. Ils ont été licenciés sans cérémonie et remplacés par des journalistes russes. Quelques centaines de travailleurs du MTZ Minsk Tractor Works ont fait un petit cortège. Mais MTZ compte 17.000 employés et les 16.500, ou plus, qui n’ont pas participé savent très bien pourquoi ils ont toujours leur emploi aujourd’hui. En cas de chute de Loukachenko, il est fort probable que leur entreprise publique soit vendue pour quelques centimes et immédiatement remise «à la bonne taille», ce qui signifie que la plupart d’entre eux seraient sans travail. Au cours des trente dernières années, ils ont vu cela se produire dans tous les pays voisins de la Biélorussie. Ils n’ont aucune envie d’en faire l’expérience eux-mêmes.

Lundi, le chef du cortège de grévistes de MTZ, un certain Sergei Dylevsky, a été arrêté alors qu’il faisait de l’agitation pour de nouvelles grèves. Dylevsky est membre du Conseil de coordination autoproclamé de l’opposition qui exige des négociations sur la présidence. D’autres membres du conseil ont été appelés pour être interrogés par des enquêteurs de l’État sur une affaire pénale instruite contre le Conseil de coordination.

Pendant ce temps, la candidate de l’opposition, plutôt malheureuse, Sviatlana Tsikhanouskaya, qui a faussement prétendu avoir remporté les élections, est en Lituanie. Elle est censée être professeur d’anglais mais a des difficultés à lire le texte anglais pendant sa supplique (vidéo) pour un soutien «occidental». Elle a déjà rencontré divers politiciens « occidentaux », dont le secrétaire général du parti de l’Union chrétienne-démocrate allemande de la chancelière Angela Merkel, Peter Zeimiag et le secrétaire d’État adjoint américain Stephen Biegun.

Aucun des deux ne pourra l’aider.

Avec le soutien de la Russie, la stabilité militaire, politique et économique de la Biélorussie est pour l’instant garantie. Loukachenko sera à un moment donné évincé, mais ce sera à un moment et d’une manière qui conviennent à la Russie et non pas parce que certains malheureux hipsters informaticiens, financés par la National Endowment for Democracy, tentent de mettre en scène une révolution.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pou le Saker Francophone

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