24 juillet 2020

USA2020 : Tiens, c’est vrai il y a une élection...


L’élection présidentielle USA2020 a évidemment essuyé de plein fouet le climat d’extrême désordre caractérisant aujourd’hui la situation aux USA. On n’en parle plus guère de manière objective ou mesurée, et même officiellement, du point de vue des deux candidats (?) et des deux partis, il n’est guère possible de donner une analyse sérieuse de la situation.

Par exemple, et pour justifier le point d’interrogation entre parenthèses, même si tout le monde en parle comme si c’était le cas on ne sait pas encore si Joe Biden sera le candidat démocrate. Il existe encore une possibilité très sérieuse, quoique non majoritaire certes, que Biden ne le soit pas, si l’on recyclait l’une ou l’autre Clinton d’occasion. La ‘convention’ démocrate où la candidature est proclamée, n’a pas encore eu lieu, et il est probable qu’elle aura lieu (courant août ?) sous forme virtuelle (‘convention virtuelle’), par écrans interposés, officiellement à cause de la pandémie Covid19 qui continue à être, ou à paraître hors de contrôle aux USA avec plus de 140.000 morts.

Le parti républicain, lui, tiendra une convention ‘réelle’, le 27 août. Mais dans ce cas également, une certaine confusion a régné, et peut-être n’est-ce pas fini : cette convention devait se tenir à Charlotte, en Caroline du Nord, mais à la demande de Trump, début juin, elle est transférée en Floride. Dans ce cas, encore et toujours de l’incertitude : certains jugent que rien n’est acquis du fait de l’évolution défavorable de la pandémie en Floride depuis six semaines ; et du fait, a joutons-le comme transition intéressante, de l’attitude de Trump vis-à-vis de Covid19.

En effet, grande nouvelle : Trump porte un masque et recommande à l’Amérique entière de porter des masques, tout en ayant le culot de demander fermement aux gouverneurs de renforcer une telle action dans leurs États respectifs. Jusqu’ici, Trump se battait contre les gouverneurs, dont la plupart recommandaient le masque, pour qu’ils ne le fassent pas ; désormais il leur demande de le faire en leur précisant qu’ils sont “responsables” dans leurs États, et cela impliquant qu’eux-mêmes devront payer cette campagne. Les gouverneurs, qui se battent depuis plusieurs mois, étaient sur le point de demander une aide fédérale, et ils tombent sur un Trump qui a viré vent arrière et qui ne se préoccupe pas une seconde de ce qu’il disait et pensait il y a deux semaines.

Moon of Alabama (MoA) pose justement la question, suite à ce revirement trumpiste : « Trump aurait-il enfin compris ? » ; et s’il ne répond pas directement, il le fait implicitement quand, terminant par ce que Trump devrait faire s’il avait compris, MoA conclue comme ceci : « Trump est-il capable de faire cela ? J’ai mes doutes à ce sujet. »

Nous n’avons, nous, aucun doute, simplement parce que nous partons du principe que Trump s’en fout. Une seule chose lui importe : battre Biden et humilier les démocrates, et donc être réélu. Trump a été ébranlé par divers chiffres et l’évolution de la situation et il fait le contraire de ce qu’il disait hier parce qu’il s’est convaincu que c’est son propre avis et qu’il a raison de le faire. Narcissique, Trump n’a qu’une seule personne à convaincre pour choisir une politique : lui-même, et cela en toute candeur et sincérité, – rien ne vaut la candeur et la sincérité du narcissique au-delà du mensonge. Quant à suivre MoA qui lui recommande d’être humain (« Il doit reconnaître que les gens ont peur et il doit leur assurer qu’ils ne sont pas seuls. »), c’est comme demander à une huitre bien entraînée de courir le cent mètres en un petit peu moins de dix secondes.

Tout cela ne signifie qu’une chose : que Trump est capable de s’adapter selon ce qu’il perçoit de ses intérêts, y compris de consulter la vérité-de-situation. Pour le reste, – qui implique une activité tourbillonnante à la TV et aux tweets, et la reprise des réunions publiques après la convention, – il continue à marteler que sa politique est excellente, que le paroxysme de la crise n’est jamais que le début de la fin de la crise, qu’il est le meilleur, lui-Trump, et qu’il va gagner.

Rien ne permet d’avancer qu’il a raison quant à sa ‘victoire’, et rien non plus qu’il a tort. C’est à ce moment qu’il faut se tourner vers son adversaire présomptif, qui est un cas autrement exotique. 

Joe dans son bunker

En effet, Joe Biden est toujours confiné dans sa cave luxueuse de sa maison du Delaware, avec quelques timides sorties dans le vrai monde, celui où aura lieu l’élection. Il mène dans les sondages avec une fabuleuse avance, que de plus en plus de commentateurs mettent en doute. L’argument, de ce point de vue et sur ce sujet est que la côte de Biden va s’écrouler dès lors qu’il mettra le nez dehors, précisément en face de Trump, pour les fameux duels télévisés : trois sont prévus, le premier le 29 septembre à l'Université de Notre Dame à South Bend (Indiana), le 15 octobre à Miami (Floride), et un débat final le 22 octobre à l'Université de Belmont à Nashville (Tennessee). (Le débat vice-présidentiel est prévu pour le 7 octobre à l'Université de l'Utah à Salt Lake City.)

Mais certains flairent une affaire de dimension dans cette situation, une affaire correspondant bien à la folie de l’’actuelle saison USA-2020. C’est le cas de Robert Bridge, bon chroniqueur politique qu’on peut lire chez RT.com ou chez Strategic-Culture.org. Pour le cas, qu’on retrouve sur le second le 20 juillet, cela donne ceci

« Dans une initiative rappelant leur technique de faire refuser toutes les interventions contradictoires du discours-PC de gauche sur les campus universitaires du pays, les démocrates sont déterminés à mettre fin au programme de la série de trois débats prévus entre le candidat démocrate présomptif, Joe Biden, et le républicain sortant, Donald Trump. S’ils y parviennent, ce serait le couronnement de la gauche radicale.
» La stratégie des démocrates pour faire entrer Joe Biden à la Maison Blanche sans jamais sortir de son bunker en sous-sol de sa maison est un coup de génie maléfique. Voici comment cela fonctionne : avec le soutien inconditionnel des grands médias, la gauche a promu la narrative, construit sur la base de sondages d’opinion sans doute biaisés (ici, ici et ici, par exemple), selon laquelle l'héritier présumé de l’investiture présidentielle démocrate jouit d'une avance insurmontable sur Trump.

» Cela permet au camp Biden de soutenir qu'il serait plus raisonnable pour leur candidat de 77 ans de snober carrément les débats, qui font officiellement partie du processus électoral américain depuis l'épreuve de force épique de 1960 entre John F. Kennedy et Richard Nixon. Ce n’est que dans le climat actuel du Politiquement-Correct, où la ‘Cancel Culture’ a désintégré toute pensée rationnelle, qu'il est possible d'imaginer un scénario dans lequel le public pourrait se voir refuser le droit de peser les résultats d'un choc formel d’idées entre deux hommes d’État chevronnés, dont l’un dirigera à partir de janvier 2021 une nation de plus de 300 millions d'âmes.
[...]
» Dans l’ensemble, les marxistes culturels [officiellement connus sous le nom de parti démocrate] disposent de toute une série de méthodes pour poursuivre leurs tactiques d’annulation, au point d’annuler [‘to cancel’] éventuellement la capacité de Trump à prouver une fois pour toutes les capacités cognitives de Biden, ainsi que ses propres qualités présidentielles. Le peuple américain mérite d’en être témoin, mais il risque de ne pas être à la hauteur du cirque itinérant de la ‘Cancel Culture’. »

Sans doute transportera-t-on Joe de sa cave à la Maison-Blanche en civière, s’il s’en venait à gagner... Avons-nous jamais vu une campagne des élections présidentielles de la sorte aux USA ? Du coup, la description des complots en cours n’a strictement rien pour nous effrayer.

En effet et bien entendu, on entend l’argument inverse de celui de Bridge. Il s’agit de l’argument qui dit que les démocrates-globalistes ont lancé Biden sur son orbite de folie douce pour que la Maison-Blanche reste à Trump, tandis qu’ils activeront les feux grâce aux hordes gauchistes et antiracistes de profession (BLM), pour miner décisivement les USA de l’intérieur et faire porter le chapeau de l’effondrement des USA pseudo-souverains à Trump-II. Enter les USA-globalisés, ou ce qu’il reste des USA, ou bien s’agit-il des USSA après tout ? Hugh Brandon Smith nous explique tout cela.

... D’autres encore guettent bien entendu la désignation du candidat vice-président, qui serait une candidate vice-présidente. On s’est déjà attardé à ce problème évidemment capital, puisque Biden est promis à nous quitter bien rapidement, lui-même s’étant qualifié curieusement de « président de transition ». Patrick Buchanan, qui nous décrit la fin des USA “as we know it” avec une photo du soleil se couchant sur la Statue de la Liberté, s’il annonce une crise existentielle pour le parti républicain (RIP, Great Old Party), poursuit en annonçant que la direction démocrate, qui manœuvre pour verrouiller une majorité de la ‘diversité’ pour les décennies à venir, pourrait bien avoir beaucoup d’ennuis parce que cette direction est quasi-exclusivement blanche alors qu’elle veut s’appuyer sur toutes les autres couleurs de l’arc-en-ciel multiculturel et LGTBQuiste.

« D’où le problème des démocrates avec le choix par Biden d'un colistier. Bien qu’il y ait une forte pression pour que soient représentées les minorités, qui regroupent la moitié des voix démocrates, on dit que Biden penche pour une femme blanche, Elizabeth Warren.
» En choisissant Warren, ce ticket démocrate deviendrait comme tous les autres en 220 ans, à l’exception de celui de Barack Obama, – un ticket entièrement blanc. Il passerait au-dessus d’une demi-douzaine de femmes de couleur et mettrait une femme blanche en tête de liste pour la succession à la présidence. Et le jeune Biden, 77 ans, promet d’être un président de transition.
» Si Biden oublie qu’une femme de couleur doit être préférée comme colistière et choisit une femme blanche, le grondement de la rébellion des minorités au sein du Parti démocrate se fera entendre haut et fort. »


Car Joe, qui a l’équilibre factice, pourrait bien parvenir à oublier les consignes.

... Et une fois de plus résonneront haut et fort les paroles inoubliables sinon éternelles de Joseph de Maistre : « On a remarqué, avec grande raison, que la révolution [...] mène les hommes plus que les hommes ne la mènent. Cette observation est de la plus grande justesse...[...] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments ; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement. »

Quoi qu’il en soit, il faut observer que l’on parle aujourd’hui de la révolution aux USA comme l’on parle de la canicule au mois de juillet; avec naturel et comme si les choses suivaient leur cours quasiment “selon le plan prévu”. Les dieux s’en réjouissent à grands rires.

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