Pour votre été, nous allons publier une liste de livres concernant les ruptures économiques, les frictions géopolitiques et les évolutions idéologiques et technologiques de notre société. Cela permet, essentiellement à partir de livres qui ne s’inscrivent pas dans le court terme, de regarder la réalité telle qu’elle est aujourd’hui ou de faire apparaître de nouveaux angles d’évolution. Voici une première liste concernant la mondialisation.
L’économie mondiale fait l’objet de nombreux préjugés. Jacques de Larosière ancien Gouverneur de la Banque de France en a dressé la liste dans son dernier livre « Les dix préjugés qui nous mènent au désastre économique et financier ». Selon lui, les plus répandus sont: 1/ Plus on émet de la monnaie plus on favorise la croissance; 2/ Plus les taux d’intérêts sont bas, voire nuls ou négatifs mieux c’est pour le financement des investissements ; 3/ Le déficit budgétaire prolongé et la montée de l’endettement public ne sont guère des menaces; 4/ Le problème des retraites est le résultat de la trop grande diversité des régimes; 5/ L’absence de vrai système monétaire international n’a guère de conséquences graves sur la stabilité de l’économie mondiale. Il avait déjà publié en 2017 « Les lames de fonds se rapprochent »
Les pistes pour éviter le pire avaient aussi déjà été proposées par Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI dans « Vers le monde de 2050 »: 1/ Éradiquer la grande pauvreté qui aggravée par la croissance des inégalités est le risque systémique ultime; 2/ Amener la finance à se comporter en servante de l’économie au lieu de chercher surtout à servir ses propres intérêts; 3/ Mettre en place la gouvernance globale nécessaire à un monde multipolaire; 4/ Adopter les modes de vie nouveaux qu’exige la préservation de la planète; 5/ Susciter un changement en profondeur des cultures incompatibles avec l’avenir que nous cherchons à construire.
Écrire des livres de 900 pages ne suffit pas pour penser juste
La mondialisation selon Thomas Piketty serait un échec comme le montrerait l’épidémie de covid. Pour l’auteur de « Capital et Idéologie », l’objectif c’est désormais “la construction d’un nouvel horizon égalitaire à visée universelle et internationaliste. Cette révolution ne passe plus par la dictature du prolétariat mais par un socialisme participatif ». En clair il veut réaliser l’euthanasie du capital avec un impôt très progressif et des taux allant jusqu’à 70 ou 90%. Il souhaite également une socialisation de la propriété et la circulation du capital à travers une dotation universelle de 120 000€ donnée par l’Etat à tout individu âgé de 25 ans ! Écrire des livres de 900 pages ne suffit pas pour penser juste. Plus grave encore, afin de justifier ses théories, Piketty s’appuie sur des statistiques complètement inventées. Contrairement à ce qu’affirme Piketty sur les inégalités, François Bourguignon, Directeur de l’École d’Economie de Paris dans « La mondialisation de l’inégalité »rappelle que les inégalités dans le monde diminuent depuis une vingtaine d’années grâce à la mondialisation, ce qui est dû selon lui en grande partie aux performances des pays émergents. La mondialisation appauvrit les pauvres des pays riches et enrichit les riches des pays pauvres fait remarquer également Jacques Sapirdans son livre « La démondialisation ».
Thomas Piketty remet au goût du jour, au nom de l’égalitarisme, un marxisme à la manière du XXIe siècle, condamnant les “riches” et tous ceux qui ont réussi, condamnation que Marx lui-même n’aurait peut-être pas approuvée… L’égalitarisme avec lui devient une obsession assortie d’une haine farouche de la réussite sociale. On est en présence d’une forme revisitée du marxisme qui revient à faire fonctionner l’économie dans un système où l’argent gagné par les citoyens est taxé par les Etats chargés d’en disposer selon leur bon vouloir.
Monsieur Piketty confond rentabilité du capital et taux de croissance des profits dans tous ses calculs. Dans une faculté de sciences économiques, il aurait une note très en dessous de la moyenne pense Charles Gave dans sa chronique « De l’ignorance économique dans les journaux spécialisés». Pour tout bon Marxiste, le capitalisme ne peut être qu’en crise ou en train de rentrer dans une crise, mais il est hors de question qu’il ne soit pas en train d’agoniser. Dans le fonds, le Keynésianisme est au Marxisme ce que le coca light est au coca. Premièrement, la crise serait bien entendu une crise du capitalisme, si ce n’est LA crise du capitalisme que tous les vrais croyants attendent depuis 1840. Dans la réalité, Il ne s’agit en rien d’une crise du capitalisme, mais d’une crise d’incompétence de la part des banquiers centraux en général et de la FED en particulier. Deuxièmement cette crise qui est en partie la conséquence de taux d’intérêts proches de zéro ou négatifs est à l’origine de l’accroissement des inégalités qui sont surtout concentrées en Chine, en Inde, aux Etats-Unis et en Russie mais sont stables en Europe et surtout en France.
Les donneurs de leçons veulent formater nos esprits
Les donneurs de leçon ne cessent de nous dire ce que nous devons penser, ce en quoi nous devons croire et surtout ce que nous devons espérer. Laurent Fidès dans « Face au discours intimidant. Essai sur le formatage des esprits à l’ère du mondialisme » décrit très bien un monde sans frontières, sans peuples, enfin libéré des vieilles traditions et débarassé des vieilles identités, peuplés de citoyens du monde…. Olivier Babeau dans « Éloge de l’hypocrisie » ajoute qu’une civilisation qui ne voit aucun objectif plus digne que de s’abolir court à sa perte. A l’individu sans racines ni attaches correspond une existence qui ne veut plus laisser aucune trace.
Supprimer les Nations ou revenir au protectionnisme
Selon les technocrates il est impossible d’être gouverné efficacement depuis l’échelon national. Le clivage se fait entre les “Anywhere” ceux qui valorisent l’ouverture, l’autonomie et la liberté et les “Somewhere”au niveau d’études plus bas, plus enracinés et plus ancrés dans leurs valeurs. C’est ce que constate David Goodhart, qui enseigne à l’Université d’York et à l’Eton College, dans son livre « Les deux clans . La nouvelle fracture mondiale »
Revenir au protectionisme est l’idée mise en avant par François Lenglet dans « La fin de la mondialisation ». Il vante les bienfaits du protectionnisme, ce qu’aucun économiste de renom à l’exception de Maurice Allais vieillissant n’a fait depuis Friedrich List (1789-1846)
Ce débat est important car dans le duel de géants entre Chine et Etats Unis, les pays européens mais aussi asiatiques sont des mouches qui essayent de ne pas tomber du dos des éléphants. Le livre de Sophie Boisseau du Rocher, « La Chine est le monde. Essai sur la sino mondialisation » est aussi utile pour regarder en face l’ambition hégémonique du grand rival de l’Amérique. Il permet de comprendre très bien la folle rivalité mimétique des chinois.
Jean-Jacques Netter
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