La chute du Produit intérieur brut (PIB) français devrait être historique au deuxième trimestre: -20%. Un chiffre qui s'accompagne d'une montée record du chômage en avril. Pour l'économiste Bruno Tinel, «un drame économique et social» se dessine. L'occasion selon lui de repenser notre modèle économique. Il confie son analyse à Sputnik.
«Au deuxième trimestre, le PIB diminuerait ainsi de l'ordre de 20% après avoir reculé de 5,8 % au premier, soit la plus importante récession depuis la création des comptes nationaux français en 1948.»
L'Insee vient de confirmer les craintes qui pesaient sur l'économie française. Les mesures de confinement prises pour enrayer la propagation du Covid-19 ont eu un impact colossal sur l'activité de très nombreuses entreprises. Résultat: une récession historique qui s'accompagne d'une montée du chômage qu'il l'est tout autant.
«Nous nous dirigeons vers un drame économique et social inédit et je ne suis pas le seul à le dire. Nous n'avions jamais vu une telle diminution d'activité avec une rapidité aussi importante. Même constat du côté de l'augmentation du chômage. Le drame est donc à la fois économique et humain», prévient au micro de Sputnik France Bruno Tinel, Maître de conférences en économie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
En avril, le nombre de chômeurs inscrits en catégorie A à Pôle emploi a bondi de 22,6%. Un chiffre qui s'explique en partie par le transfert de nombreux demandeurs d'emploi précédemment inscrits en activité réduite (B et C). Sur l'ensemble des catégories, la hausse n'est «que» de 3,6%. C'est cependant la plus forte augmentation enregistrée depuis le début de ce type de calcul. La barre des six millions de chômeurs a été franchie. Plus inquiétant encore: toutes les régions et toutes les catégories d'âges sont concernées.
Avec le déconfinement, Insee constate une reprise, mais: «Compte tenu des estimations précédentes, le PIB français diminuerait d’environ 20% au 2ème trimestre (après –5,8% au premier). Ce serait la plus forte récession depuis la création des comptes nationaux français en 1948.» — Rémi Godeau (@remigodeau) May 27, 2020
«Pour la première fois depuis très longtemps, il va y avoir des gens qui n'auront plus rien à perdre», a prévenu auprès de l'AFP le député de la majorité Bruno Bonnell. Plusieurs parlementaires de La République en marche (LREM) ont anticipé des «temps très très difficiles». C'est notamment le cas de Laurianne Rossi, députée des Hauts-de-Seine qui craint «pour beaucoup de personnes des pertes d'emplois, de logements parfois». «Il faut qu'on soit au rendez-vous. Le travail est devant nous», a-t-elle déclarée.
«Au deuxième trimestre, le PIB diminuerait ainsi de l'ordre de 20% après avoir reculé de 5,8 % au premier, soit la plus importante récession depuis la création des comptes nationaux français en 1948.»
L'Insee vient de confirmer les craintes qui pesaient sur l'économie française. Les mesures de confinement prises pour enrayer la propagation du Covid-19 ont eu un impact colossal sur l'activité de très nombreuses entreprises. Résultat: une récession historique qui s'accompagne d'une montée du chômage qu'il l'est tout autant.
«Nous nous dirigeons vers un drame économique et social inédit et je ne suis pas le seul à le dire. Nous n'avions jamais vu une telle diminution d'activité avec une rapidité aussi importante. Même constat du côté de l'augmentation du chômage. Le drame est donc à la fois économique et humain», prévient au micro de Sputnik France Bruno Tinel, Maître de conférences en économie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
En avril, le nombre de chômeurs inscrits en catégorie A à Pôle emploi a bondi de 22,6%. Un chiffre qui s'explique en partie par le transfert de nombreux demandeurs d'emploi précédemment inscrits en activité réduite (B et C). Sur l'ensemble des catégories, la hausse n'est «que» de 3,6%. C'est cependant la plus forte augmentation enregistrée depuis le début de ce type de calcul. La barre des six millions de chômeurs a été franchie. Plus inquiétant encore: toutes les régions et toutes les catégories d'âges sont concernées.
Avec le déconfinement, Insee constate une reprise, mais: «Compte tenu des estimations précédentes, le PIB français diminuerait d’environ 20% au 2ème trimestre (après –5,8% au premier). Ce serait la plus forte récession depuis la création des comptes nationaux français en 1948.» — Rémi Godeau (@remigodeau) May 27, 2020
«Pour la première fois depuis très longtemps, il va y avoir des gens qui n'auront plus rien à perdre», a prévenu auprès de l'AFP le député de la majorité Bruno Bonnell. Plusieurs parlementaires de La République en marche (LREM) ont anticipé des «temps très très difficiles». C'est notamment le cas de Laurianne Rossi, députée des Hauts-de-Seine qui craint «pour beaucoup de personnes des pertes d'emplois, de logements parfois». «Il faut qu'on soit au rendez-vous. Le travail est devant nous», a-t-elle déclarée.
Activité et rentabilité dégradées pour de nombreuses entreprises
De quoi risquer l'explosion sociale? Pas pour Bruno Tinel :
«De nombreuses personnes auront perdu beaucoup. Mais "plus rien à perdre", je ne sais pas ce que cela signifie. Les explosions sociales, par définition, sont imprévisibles. À chaque fois qu'on les annonce, elles ne se produisent pas. Il faut que les gens soient mécontents et aient des raisons de se mobiliser en même temps pour signifier leur mécontentement. Je ne sais pas si ces conditions sont actuellement réunies, car les Français sentent bien que cette crise n'a pas été créée par le gouvernement, même s'il a fait des erreurs dans sa gestion.»
«A-t-il fait pire que d'autres gouvernements? Sûrement. A-t-il fait mieux que d'autres? Aussi», ajoute l'économiste.
Romain Grau, député LREM des Pyrénées-Orientales, qui a vu sa permanence dégradée «deux fois» lors de la crise des Gilets jaunes, «craint» après le «matelas» du chômage partiel une «hécatombe pour les commerces de détail» et de nouvelles «friches» en villes: «Avant la colère sociale, ma grande peur c'est le risque du chômage».
«Si je ne crois pas une explosion sociale, certaines annonces du gouvernement qui pourraient être vécues comme des provocations par une partie du peuple seraient susceptibles de conduire à un phénomène de résistance et de mobilisation. Nous l'avons constaté avant la crise du coronavirus et une bonne partie des citoyens est plus lucide sur la situation que ce que l'on pense. Ils ne se laisseront pas duper par des mesures de politiques économiques prises pour faire plaisir toujours aux mêmes», prévient Bruno Tinel.
À partir du 1er juin, le dispositif de chômage partiel, qui a concerné jusqu'à plus de 12 millions de Français durant le confinement et qui permettait notamment aux salariés de toucher 84% de leur salaire net (100% dans le cas d'un Smic), va évoluer. Il deviendra moins généreux pour de nombreux travailleurs. Le gouvernement étudie cependant la possibilité de mettre en place un dispositif d'activité partielle de longue durée.
«Pour beaucoup d’entreprises, dont l’activité et la rentabilité vont être dégradées, la question du maintien de l’emploi va se poser et chacun devra prendre ses responsabilités. Le fait que l’État ait autant soutenu l’économie [...] donne à chacun des obligations. Notre boussole est claire: la préservation de l’emploi ou la reconversion des compétences pour répondre à des offres existantes ou à venir. Nous le ferons en utilisant les outils les plus pertinents. Le Président de la République abordera cette question la semaine prochaine avec les partenaires sociaux pour avancer sur la définition d’un contrat social renouvelé», a notamment expliqué la ministre du Travail Muriel Pénicaud.
Le gouvernement a d'ores et déjà mis 100 milliards d'euros sur la table pour aider à contrer l'impact de cette crise inédite. «Dans l'immédiat, ce que fait le gouvernement va dans le bon sens. Ce sont des mesures d'urgence. Il est nécessaire d'apporter une assurance de revenus à ceux qui perdent leur emploi et/ou se retrouvent en situation de grande précarité afin qu'ils achètent les biens de premières nécessités dont ils ont besoin pour survivre. D'un autre côté, il y a des problèmes au niveau de la production des produits, de l'offre, qu'il faut également résoudre», analyse Bruno Tinel.
«Faire le maximum pour éviter les faillites»
Du côté de l'Union européenne, un plan de relance de 750 milliards devrait être mis en place. La France pourrait bénéficier de 40 milliards d'euros, mais de nombreux observateurs tels que Charles-Henri Gallois, responsable national à l’UPR en charge de l'économie, assure qu'un tel plan coûtera cher à Paris et conduira à «l'austérité».
En France, les débats seront vifs dans les prochains jours. Un nouveau projet de loi de finances rectificative est attendu courant juin avant le marathon budgétaire de l'automne. Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, propose notamment le développement de «l'actionnariat salarié» en entreprise qui permettrait aux salariés de bénéficier d'un intéressement en plus du salaire.
Le retour de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) est demandé par plusieurs partis d'opposition, mais fait toujours grincer des dents du côté de la majorité. Damien Adam, député LREM de Seine-Maritime souhaite «faire exactement l'inverse» et demande pour les entreprises une baisse des impôts de production transformés en «contribution climat». Cette taxe pourrait diminuer si les entreprises concernées font des efforts pour l'écologie.
«À court terme, il faut faire le maximum pour éviter les faillites. Concernant les grandes entreprises qui jouent un rôle moteur dans l'économie française, il est nécessaire de leur apporter les aides dont elles ont besoin afin qu'elles règlent leurs problèmes de trésorerie. Mais ces aides doivent être conditionnées», préconise Bruno Tinel. Et de poursuivre:
«Ces entreprises doivent répondre aux besoin de développement à moyen terme de la France: limiter les licenciements, faire des choix viables aux niveaux environnemental et social. Leur responsabilité concernant ces thèmes doit être engagée de manière plus vigoureuse que ce qui a été fait ces dernières années.»
Le gouvernement espère désormais une reprise de l'économie que permettrait les décisions annoncées par le Premier ministre Édouard Philippe le 28 mai.
«Incertitude très grande»
Après une première levée progressive du confinement le 11 mai qui a permis à de nombreux commerces de rouvrir, de nouvelles décisions ont été prises. Les bars et restaurants pourront reprendre leur activité le 2 juin dans les zones vertes et la limitation de déplacement à 100 kilomètres du domicile a été annulée. Dans les zones oranges, comme à Paris, terrasses, parcs et jardins pourront de nouveaux ouvrir, également le 2 juin.
«Il y aura une reprise d'activité, mais cela ne veut en aucun cas dire qu'elle sera suffisante pour effacer l'ampleur de la récession. La croissance sera quoi qu'il arrive négative en 2020 et le sera d'une manière inédite. La question est de savoir à quel point», explique Bruno Tinel.
«Le déconfinement va nous permettre de reprendre une vie à peu près normale», déclarait Édouard Philippe, soulignant que tout est dans l'«à peu près».
Car la réouverture des bars, restaurants et cafés s'accompagne de mesures de sécurité strictes, comme une distance d'un mètre entre chaque table, la limitation à 10 personnes pour les tablées ou l'interdiction de consommer debout à l'intérieur des salles. Les professionnels s'attendent d'ores et déjà à une perte de chiffres d'affaires de l'ordre de 40 à 50%.
L'Insee a prévenu :
«L'activité économique en juin pourrait être de l'ordre de 14% inférieure à la normale.»
«L'incertitude est très grande. De plus, de nombreuses personnes se trouvent en situation de chômage et de précarité. Ce ne sont pas eux qui risquent de consommer davantage. Je pense, comme la plupart de mes collègues que le rebond de l'économie sera modeste», alerte Bruno Tinel.
D'après l'économiste, le gouvernement doit profiter de cette crise pour changer de logiciel économique:
«C'est un équilibre subtil à trouver. L’État doit continuer à soutenir ses entreprises, mais exiger enfin en retour des orientations viables pour notre avenir. Il faut cesser de laisser le seul marché dicter les choix des entreprises. Au-delà de la crise sanitaire, qu'il est évidemment urgent de solutionner, on ne peut plus faire fi de problématiques comme le réchauffement climatique ou la responsabilité sociale des entreprises.»
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