Selon eux, 30 % des entreprises de services du secteur automobile en risque de faillite.
Je vous laisse lire cette enquête si le cœur vous en dit, car cela en dit long sur le terrible massacre économique auquel nous assistons.
Au même moment, du côté du constructeur Renault, c’est plusieurs sites français qui devraient fermer… comme ceux de Choisy-le-Roi et des Fonderies de Bretagne ou encore l’usine de Dieppe qui produit l’Alpine. L’usine de Flins, qui a assemblé 160.000 voitures en 2019, pourrait, elle, abandonner la production de véhicules.
Charles SANNAT
« Dans la continuité d’une première enquête publiée en avril 2020 afin de mesurer l’impact économique de la crise sanitaire sur les services de l’automobile, le CNPA dévoile ce 18 mai les résultats d’une seconde enquête, qui accentuent la tendance observée. La situation des entreprises des services de l’automobile s’est fortement dégradée et nécessite un Plan de relance fort pour soutenir la filière et stimuler la demande à travers des mesures « coup de fouet ».
Ce sont aujourd’hui 30% des entreprises du secteur qui craignent la faillite, ce qui mettrait en jeu 40.000 à 50.000 postes, menacés de disparition si les mesures adéquates n’étaient pas mises en œuvre. Ce Plan se doit d’intégrer pleinement les différentes composantes de la filière, « l’aval » devant être soutenu au même titre que « l’amont industriel » dans sa transformation, notamment digitale.
Une reprise morose
Si la reprise est amorcée depuis le 11 mai, la crise a profondément affecté le moral des chefs d’entreprises, qui se montrent particulièrement inquiets pour leur avenir.
Ce sont 30% des chefs d’entreprises qui n’ont plus confiance en l’avenir et craignent la faillite – ce qui illustre la profonde sinistralité de la filière.
De 40 000 à 50 000 emplois des services de l’automobile pourraient être impactés par la crise du Covid-19.
64 % d’entre eux estiment que la reprise sera lente et progressive, en particulier dans le secteur du commerce automobile (76 %) et de la location de véhicules (92%). Rappelons que la chute d’activité des entreprises a oscillé entre 80 et 100 % pendant les deux mois de confinement.
Dans ce contexte, plus de 60 % des entreprises envisagent de prendre des mesures financières et sociales pour leur exploitation, en particulier les concessionnaires (70%) et les loueurs de courte durée (92%). 51% d’entre elles envisagent de reporter leurs investissements, tandis que 39% prévoient d’annuler totalement leurs investissements. Plus du tiers des entreprises envisagent un plan de restructuration, un plan social, voire des licenciements – elles sont plus de la moitié dans le secteur de la vente et de la distribution automobile.
Dans le commerce, la baisse d’activité avoisinait les 85% pendant la période de confinement. L’arrêt total de la production industrielle et les fermetures contraintes des commerces ont provoqué une chute brutale des ventes de véhicules et un effondrement du marché. En dépit de la réouverture des concessions le 11 mai, et la levée des restrictions de déplacements, les effets de la crise s’annoncent durables.
Au bout d’une semaine de reprise, il est à constater une fréquentation modeste dans les concessions automobiles, que ce soit pour la vente de véhicules d’occasion ou de véhicules neufs : les commandes de véhicules d’occasion restent faibles, en dépit des stocks très importants et des offres qui sont faites par les professionnels ; d’importantes disparités existent en matière de vente de véhicules neufs, notamment en fonction des régions, avec une meilleure situation cependant en Ile-de-France.
Une fréquentation plus soutenue est à constater dans le secteur de l’entretien-réparation, avec l’impératif d’entretien du parc automobile après la période de confinement. Les carnets de commande sont remplis jusqu’à début juin, mais les règles sanitaires mises en place ralentissent cependant le nombre d’entrées en atelier.
Ces premiers éléments génèrent inquiétudes et incertitudes quant à la reprise de la distribution automobile à moyen et plus long terme.
Un sondage commandé par AAA Data à l’institut OpinionWay, publié ce 14 mai, confirme cette tendance : l’intention d’achat est en berne, seuls 39% des Français comptant changer de voiture, et 51% d’entre eux reportant leur décision d’achat à plus de 12 mois. Pourtant, il apparaît également dans cette étude que les Français souhaiteraient que la mobilité et ses infrastructures soient repensées pour répondre aux exigences sanitaires tout en donnant à la voiture une place importante. 62 % des Français interrogés estiment ainsi que la crise sanitaire favorise le retour en grâce de la voiture, tandis que 35 % considèrent qu’elle permettra de développer une mobilité conciliant impératifs sanitaires et sobriété énergétique.
Il est donc impératif, face à ces attentes, de promouvoir des dispositifs permettant de stimuler la demande et de mettre en place des mesures « coups de fouet » à court terme pour relancer le marché automobile.
Des attentes fortes pour une prorogation des mesures de soutien aux entreprises et des exonérations de charges fiscales et sociales
L’enjeu est aujourd’hui la survie d’un tissu de TPE et de PME de proximité essentiel à la mobilité des Français. Rappelons que la mobilité constitue le point de départ des contestations sociales telles qu’elles se sont exprimées notamment lors du mouvement des Gilets jaunes. Elle est une source de préoccupation majeure, car elle est une condition essentielle à l’emploi et à la cohésion sociale, notamment dans les zones peu denses, ou non desservies par les transports publics.
Les mesures d’urgence pour faire face à la crise étaient, dans ce contexte, nécessaires et bienvenues. Les entreprises des services de l’automobile ont sollicité massivement les dispositifs d’accompagnement mis en place par l’Etat : à titre d’exemple, 50 % d’entre elles bénéficient actuellement du Fonds de solidarité.
Toutefois, au regard de la sinistralité de la filière, ces mesures d’urgences ne suffiront pas à court terme pour assurer une reprise pérenne de l’activité. 62 % des entreprises demandent ainsi la prorogation des mesures d’urgence jusqu’à l’automne (chômage partiel, prêts garantis par l’Etat, Fonds de solidarité), tandis que 84% des entreprises demandent une exonération totale de charges fiscales et sociales. Les Prêts Garantis par l’Etat doivent avant tout permettre aux entreprises de consolider leurs fonds propres et d’investir, plutôt que de combler les déficits de trésorerie générés par la crise.
L’apprentissage doit également faire partie des mesures d’urgence faisant l’objet d’un soutien du Gouvernement.
Une forte baisse des contrats en alternance est à redouter en septembre, le recrutement des jeunes étant fortement corrélé à l’emploi dans le secteur. Compte-tenu des perspectives économiques et sociales, le CNPA appelle à un effort particulier de l’Etat sur l’emploi des jeunes. Faute de plan dédié, la dynamique en faveur de l’alternance risque d’être brisée alors que les services de l’automobile formaient et recrutaient jusqu’à 35 000 alternants chaque année.
Le risque d’une chute importante du nombre d’apprentis engendrerait des conséquences sociales importantes sur le long terme, ainsi que pour les entreprises elles-mêmes, qui se priveraient d’un renouvellement de leurs compétences. Il est par conséquent vital de prévoir des mesures juridiques et financières volontaristes en la matière.
La relance de la filière doit passer par les services de l’automobile
Dans le cadre d’une relance de l’activité, les entreprises plébiscitent le retour à l’ancienne prime à la conversion, avant sa réforme en juillet 2019, pour stimuler la demande des ménages et permettre l’écoulement des stocks de véhicules récents. Actuellement, la masse de véhicules en stocks représente une immobilisation de trésorerie de l’ordre de 10 milliards d’euros, ce qui place les entreprises dans une situation économique particulièrement difficile.
L’enjeu immédiat est de stimuler la demande et les chefs d’entreprises nourrissent des attentes fortes en la matière.
La relance de la filière automobile repose, non seulement sur l’amont, mais également sur l’aval de la filière, qui apparaît, à certains égards, comme encore plus fragilisée que l’amont. L’aval de la filière représente 500 000 emplois implantés dans l’ensemble des territoires, il est impératif de préserver ces activités générant des retombées économiques importantes au niveau local.
Plusieurs priorités apparaissent :
– Une prorogation du dispositif du chômage partiel, prenant en compte le niveau d’activité réel des entreprises : si le chômage partiel n’était pas prolongé, en l’adaptant à l’activité des entreprises, cela les contraindrait à opérer des licenciements massifs avec des conséquences particulièrement négatives sur l’emploi des jeunes et l’apprentissage. Le CNPA, particulièrement inquiet, demande une prorogation du dispositif avec un point d’étape en septembre prochain, tout en soulignant la part importante de la main d’œuvre dans la valeur ajoutée des entreprises du commerce et des services. La filière aval a besoin d’un dispositif stable et flexible.
– Une exonération de charges pour les entreprises des services de l’automobile : les charges ont pu être reportées par le Gouvernement, mais à ce stade, aucune exonération n’a été actée. Rappelons que la chute d’activités a été drastique, y compris pour les activités autorisées à ouvrir, comme le souligne l’enquête économique, avec une baisse entre 80% et 100%. Pour certaines activités, les ouvertures des sites ont généré des charges supplémentaires, qui sont venues s’ajouter à l’absence de clients. Il est indispensable de prévoir des exonérations de charges pour ces activités, faute de quoi le risque de faillites se réalisera à court terme.
Un soutien de l’alternance à la rentrée 2020, juridiquement et financièrement :
- Un soutien financier auprès des entreprises pour l’emploi des apprentis et des jeunes en contrats de professionnalisation est primordial, via un élargissement du régime d’exonération de charges sociales concernant les jeunes en alternance, ou un crédit d’impôt centré sur cette population ; un allègement de charges sociales et patronales pour les nouvelles embauches en alternance ; l’application de l’aide unique à l’embauche d’un jeune en alternance (contrat d’apprentissage et contrat de professionnalisation), pour toutes les entreprises quelle que soit leur taille, avec une prime annuelle de 4000 € / jeune non dégressive.
- Le lancement d’une réflexion avec les pouvoirs publics et les employeurs pour créer de nouvelles aides au logement ou à la mobilité, pour faciliter l’accès à un premier emploi.
Ce plan doit être également équilibré entre les différentes composantes de la filière : les services doivent être accompagnés dans la transformation, notamment digitale, qui est à l’œuvre. L’accès aux différents fonds de modernisation et de restructuration prévus pour accompagner en particulier la sous-traitance industrielle doit être en ce sens élargi aux métiers du service.
Le CNPA présentera en ce début de semaine les mesures clé de son Plan de Relance R3, afin de permettre un réel redémarrage de l’activité automobile en France, du commerce de véhicules à leur recyclage, en passant par l’entretien et la réparation, la sécurité routière et toutes les offres de services aux automobilistes.
Bon courage à tous »,
Source CNPA ici
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