24 avril 2020

Pourquoi, alors que l'épidémie se termine, l'hystérie ne retombe-t-elle pas ?


La diminution du nombre de morts, le désengorgement des hôpitaux et l'annonce de la fin du confinement devraient normalement avoir atténué la peur du virus. On peut donc se demander pourquoi on continue, sur les plateaux de télévision, à entretenir l'hystérie, à grand coups de propagande anxiogène. Comme les médias dominants sont la voix de leurs maîtres, c'est sans doute que l'oligarchie a intérêt à maintenir un certain niveau d'hystérisation.

A mon avis, il y a deux raisons, à cela. D'une part il ne faut pas perdre le contrôle de la population et d'autre part il faut la préparer à de plus grandes souffrances.

Noémie Klein a expliqué tout ça dans la Stratégie du choc. Une population submergée par des émotions fortes ne peut plus penser logiquement. Ses défenses tombent et elle accepte de se soumettre à des mesures restrictives et/ou abusives qu'elle n'aurait jamais acceptées autrement. Tétanisée, elle se laisse dépouiller de ses libertés, de ses droits, de ses biens collectifs ou personnels, en échange de vagues promesses de sécurité.

Le gouvernement par la peur et la haine, dans sa version hystérique, a commencé, pour l'Occident, après les attentats du 11 septembre 2001 avec la guerre de Georges W. Bush contre le terrorisme, une guerre sans fin, puisque l'ennemi est à la fois partout et nulle part.

Les Etats-Unis peinaient à maintenir sur le monde une hégémonie remise en cause par la Chine, la Russie, et les Républiques bolivariennes. La guerre contre le terrorisme a permis aux Etats-Unis d'entraîner la nation et ses satellites dans des guerres de pillage tous azimut. Cerise sur le gâteau, les dirigeants étasuniens ont pu imposer le Patriot Act, et les dirigeants français l'Etat d'urgence à leurs populations.

A l'époque, on nous a répété sur tous les tons qu'il fallait nous habituer à vivre avec le terrorisme et, aujourd'hui, on nous rabâche qu'il faut s'habituer à vivre avec le coronavirus. Nos dirigeants ne cessent de nous désigner des ennemis, au dehors et au-dedans, qui changent tout le temps. On ne peut s'empêcher de penser à 1984 de Georges Orwell :

« Au sixième jour de la Semaine de la Haine ... Alors que « la haine générale contre l'Eurasia avait atteint son point culminant ... juste à ce moment, on annonça qu'après tout l'Océania n'était pas en guerre contre l'Eurasia. L'Océania était en guerre contre l'Estasia ... Il n'y eut naturellement aucune déclaration d'un changement quelconque. On apprit simplement, partout à la fois, avec une extrême soudaineté, que l'ennemi c'était l'Estasia et non l'Eurasia ... L'orateur, qui étreignait encore le tube du microphone, les épaules courbées en avant, la main libre déchirant l'air, avait sans interruption continué son discours. Une minute après, les sauvages hurlements de rage éclataient de nouveau dans la foule. La Haine continuait exactement comme auparavant, sauf que la cible avait été changée.»

La Macronie veut que nous comprenions bien qu'il n'y aura pas de « retour à la vie normale ». Nous serons en liberté surveillée, un peu comme des prisonniers qui viennent de finir leur peine. Et la réinsertion ne sera pas facile. Car le monde que nous allons retrouver dehors n'a rien de réjouissant !

Pendant que nous étions en prison, les Ehpad ont été décimés. Cela a beaucoup choqué à l'étranger. "Sacrifiées", "abandonnées", "stigmatisées" :
le drame des personnes âgées en France a titré le journal québécois, le Devoir : « L'un des exemples les plus flagrants de ce que l'on pourrait qualifier de mépris à l'égard des aînés est le fait que les autorités françaises, notamment, n'ont pas comptabilisé le nombre de décès résultant du Covid-19 dans les maisons de retraite [au début de la crise]. Faut-il en conclure que leurs décès étaient insignifiants par rapport à ceux des jeunes adultes ? »

En France on est habitué. Depuis que les maisons de retraites ont été bradées au privé par des gouvernements aux ordres de la finance, les scandales succèdent aux scandales dans l'indifférence générale. L'essentiel étant que les profits des actionnaires augmentent sans cesse. Il y a un an, on lisait sur France Inter :

« Personnel insuffisant et désemparé, tarifs élevés, seniors livrés à eux-mêmes et rationnés... Le groupe Korian, qui affiche des bénéfices record, est à nouveau pointé du doigt depuis la mort de cinq personnes dans une de ses maisons de retraite, des suites d'une probable intoxication alimentaire ... En 2016, il avait déjà doublé les dividendes versés à ses actionnaires, en l'espace de cinq ans ».

Et on vient d'apprendre, dans un article titré : Dépistage : les salariés de Korian payent leur protection :
« Le groupe Korian instaure une campagne de dépistage de ses salariés, conformément aux instructions et annonces gouvernementales pour les EHPAD. Mais il impose à tous ses salariés de régler la facture du dépistage à travers leur carte Vitale et leur mutuelle, donc au frais de la princesse et de la Sécurité sociale. »

Et le journaliste de s'indigner naïvement : « Le traitement et la pilule sont durs à avaler mais jusqu'où la marchandisation de la santé va-t-elle aller? » Eh bien, je peux lui répondre sans difficulté : jusqu'où nous les laisserons aller !

La médecine libérale, elle aussi, a été abandonnée. Le président de la fédération des médecins des Bouches-du-Rhône, dans un article intitulé : Il y a de quoi se jeter d'un pont » la détresse des médecins libéraux, alerte sur la détresse et l'angoisse des généralistes et médecins libéraux face au manque de moyens pour lutter contre le coronavirus.

Le tourisme est en perdition. Cette activité, non essentielle, est actuellement généreusement renflouée par le contribuable. Elle était pourtant la fierté de nos dirigeants, tous acharnés à transformer la France en un gigantesque Disney Land, où nous serions tous réduits à vendre des souvenirs fabriqués en Chine à des touristes chinois.

A vrai dire, il n'y a quasiment plus rien qui marche en France. Les petites entreprises sont en train de faire faillite en cascade, les salariés et indépendants vont se retrouver au chômage sans indemnités puisque Macron les a supprimées, et les Français vont glisser toujours plus dans la précarité, la pauvreté, la morosité, la dépression.

La crise sanitaire a, bien sûr, fait quelques gagnants, les mêmes que d'habitude, les multinationales et les mafias :

Les multinationales, parce que la situation leur profite (nouvelles technologies, surveillance, formation, armement, big pharma, etc.) ou que, « too big to fall », elles bénéficient de la « solidarité nationale ». C'est le capitalisme socialiste à usage exclusif des multinationales que nous connaissons bien puisque nous en faisons les frais : privatisation des profits et socialisation des pertes.

Les mafias, parce qu'elles remplacent des gouvernements défaillants, en distribuant nourriture et matériel médical, pour redorer leur image et laver leur argent.

Au plan politique, un événement capital s'est produit, selon Politis, pendant que nous étions en prison :
« L'abandon des contre-pouvoirs ». Politis s'en prends naïvement au Conseil d'État : « Ultime recours administratif vanté comme le garant des libertés fondamentales, le Conseil d'État, assailli de requêtes contre l'action du gouvernement, agit tel un soutien indéfectible du pouvoir et rejette à tour de bras. Son échec traduit celui des contre-pouvoirs français ... Au 15 avril : 41 rejets avaient été prononcés sur 46 requêtes, soit 90% ».

Nous, ça fait longtemps qu'on le sait que « l'ensemble des contre-pouvoirs vacillent » dans les régimes dits démocratiques et tout particulièrement en France. Nous écoutons assidûment les Pinçon-Charlot et la corruption et la collusion des soi-disant « élites » n'ont plus de secret pour nous. Nous savons parfaitement que l'élite médiatique fricote avec l'élite entrepreneuriale qui fricote avec l'élite de la fonction publique, qui fricote avec l'élite judiciaire, qui fricote avec l'élite politique. Tout ce joli monde se tient par la barbichette et s'entend comme larrons en foire pour nous esclavagiser et nous dépouiller à qui mieux mieux. La seule question qu'on se pose encore, c'est jusques à quand ? Jusques à quand les gens vont-ils supporter ça ?

Il y a quand même quelque chose qui m'a fait plaisir, aujourd'hui, en dehors de prendre un peu le soleil à la fenêtre. La côte de popularité de la Macronie a encore dégringolée, selon un sondage que même Macron ne peut pas contester car il vient d'un institut de Sciences Po : « Méfiance et peur sont au maximum dans le pays et les Français ont du ressentiment envers leur gouvernement qu'ils jugent inefficace ». Tiens donc ! « Seulement 32% des français ont confiance dans le gouvernement contre 60% des Allemands et des Britanniques ». Voilà ce qui arrive quand on érige en doctrine l'incohérence et l'amateurisme !

Nous savions déjà que nous entretenions le plus grand nombre d'élus du monde (618 384 soit 1/108 hab) mais, pendant que nous étions enfermés, le Conseil d'Etat nous a appris que tous ces élus ne servent absolument à rien, que ce sont des incapables, et que seule la Macronie sait ce qu'il faut faire. Les maires ne sont pas d'accord et franchement, moi non plus je ne vois pas comment on pourrait être plus incapable que la Macronie.

D'ailleurs, nos élus, infatigables et imaginatifs, ne ménagent pas leurs efforts pour résoudre les problèmes de transport et de pollution. « La présidente de la région Valérie Pécresse, travaille « avec le RER-vélo », un collectif d'associations qui a imaginé neuf lignes cyclables, jusqu'à Mantes-la-Jolie ou Melun ». Vous voyez, on est sauvé !

Pour finir, je ne saurais trop vous conseiller de regarder Ruy Blas, une merveilleuse pièce de Victor Hugo, le grand pourfendeur de « Napoléon le petit », qui n'a pas pris une ride, et dont la tirade contre les ministres vous rappellera sûrement quelque chose :

« Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure !
Donc vous n'avez ici pas d'autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe !
...

Tout se fait par intrigue et rien par loyauté.
L'Espagne est un égout où vient l'impureté
De toute nation. - tout seigneur à ses gages
...

L'alguazil, dur au pauvre, au riche s'attendrit.
La nuit on assassine, et chacun crie : à l'aide !
- Hier on m'a volé, moi, près du pont de Tolède ! -
La moitié de Madrid pille l'autre moitié.
Tous les juges vendus. Pas un soldat payé.

(salaireavie.fr)

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