Le Professeur Didier Raoult va-t-il être suspendu par le conseil national de l'Ordre des médecins ?

Le Professeur Didier Raoult de l'Institut hospitalo universitaire (IHU), à Marseille, pourrait-être menacé par le conseil national de l'Ordre des médecins à cause de l'emploi de la chloroquine pour combattre le coronavirus. L'organisme professionnel de défense et de régulation de la profession médicale parle de "suspension immédiate de l’activité de ces médecins" pour les praticiens qui administreraient des traitements "non validés" par les instances médicales.

Que risque le Professeur Didier Raoult pour avoir administré de la chloroquine à ses patients atteints du coronavirus et fait la promotion de son protocole controversé par le corps médical ? Sans le nommer, le conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) fustige les "protocoles de recherche clinique illégaux" (dont celui du Pr Raoult) et les prescriptions hors autorisation de mise sur le marché (AMM) "non justifiées".

Dans une communication datée du jeudi 23 avril, le conseil national de l'Ordre des médecins, critique par rapport aux préconisations de l'infectiologue de l'IHU de Marseille, annonce que "la mise en danger des patients, s’il apparaissait qu’elle puisse être provoquée par des traitements non validés scientifiquement, pourrait justifier dans ces circonstances la saisine du Directeur général de l’ARS pour demander une suspension immédiate de l’activité de ces médecins". Une menace extrêmement grave pour Didier Raoult même si son nom n'est pas mentionné dans le communiqué de l'Ordre.

Utilisation d'anti-histaminique, d'azithromycine, de zinc

L'Ordre des médecins met notamment en garde "une vingtaine" de médecins libéraux qui testent sur leurs patients un cocktail de traitements contre le Covid-19 dont l'efficacité n'est pas prouvée. Plusieurs médecins se sont exprimés publiquement ces derniers jours dans la presse pour affirmer l'efficacité du traitement prescrit "de manière empirique" à leurs patients présentant des symptômes de Covid-19: pour certains, un anti-histaminique, pour d'autres, un cocktail combinant l'antibiotique azithromycine (utilisé dans le protocole Raoult), du zinc et un traitement de l'asthme.

"Le conseil national de l’Ordre des médecins (Nota : à la solde des laboratoires), rappelle fermement à l’ensemble des médecins qu’en cette période de vulnérabilité particulière et face à l’inquiétude de nos concitoyens, leur parole prend un sens encore plus important. Il serait inadmissible dans ce contexte de susciter de faux espoirs de guérison. Les Français, nos patients, vouent une confiance importante au corps médical, qui se doit d’en être à la hauteur pendant cette crise sanitaire sans précédent. Le CNOM a informé l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) de ces protocoles qui s’inscrivent en dehors de la législation en vigueur et tirera le cas échéant les conséquences de l’avis de l’ANSM", écrit le CNOM.

"Sur un plan humain, on peut comprendre la détresse autour de cette pandémie qui engendre une mortalité qu'on n'a pas connue depuis fort longtemps, (...) pour autant il ne faut pas faire courir au patient un risque injustifié, pour des bénéfices non documentés", argumente le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du CNOM. Il ne faut pas que la compassion entraîne des dérives dans la prescription". Les médecins sont "libres de leurs prescriptions", y compris hors des indications pour lesquelles les médicaments ont été mis sur le marché, mais cette liberté est encadrée par plusieurs principes qui figurent dans le code de la santé publique.

La France a adopté une position timorée sur l'hydroxychloroquine

L'infectiologue français de réputation internationale, Didier Raoult, prône depuis le début de l'épidémie l'utilisation de l'hydroxychloroquine (dérivé de la chloroquine, un médicament contre le paludisme, NDLR) et d'azithromycine, pour combattre le coronavirus. Il a soigné ainsi de nombreux malade du Cov-19.

Certains médecins, certains pays et des élus appellent à administrer largement ce médicament. En Italie 1.500 pharmacies proposent gratuitement la chloroquine aux malades. Mais une certaine partie de la communauté scientifique et des organisations sanitaires appellent à attendre une validation scientifique rigoureuse, mettant en garde contre les risques possibles pour les patients, notamment cardiaques.

En attendant les résultats, la France a adopté une position prudente : l'hydroxychloroquine est autorisée à l'hôpital uniquement, et seulement pour les cas graves, ce qui ne correspond pas au protocole du Professeur Raoult, qui précise que son traitement doit être délivré dès le début de la maladie, afin justement d'en éviter les complications.

Un collectif de professionnels de santé qui se nomme "FakeMed", dont le président est Cyril Vidal, deniste, qui promeut une médecine "fondée sur les preuves scientifiques", avait invité mardi les "instances ordinales et gouvernementales" à "dénoncer avec fermeté" les pratiques de ces médecins et à "les sanctionner". 

D'après : https://www.ladepeche.fr/2020/04/25/coronavirus-chloroquine-le-professeur-didier-raoult-va-t-il-etre-suspendu-par-le-conseil-national-de-lordre-des-medecins,8862467.php