27 avril 2020

Le gouvernement autorise les industriels à modifier les ingrédients sans l'écrire sur l’étiquette


Confrontée à des difficultés d’approvisionnement, l’industrie agroalimentaire peut temporairement modifier ses recettes sans le préciser sur l’étiquette, s’inquiète vendredi l’ONG Foodwatch, qui appelle les autorités et les marques à plus de transparence.

«Foodwatch a découvert que des règles ont été très assouplies pour les fabricants. Au point qu’ils sont autorisés à produire des denrées dont la composition diffère de ce qui est indiqué sur l’étiquette. (...) Alors, comment savoir ce que nous mangeons réellement ?», interpelle l’ONG.

Contactés, les services de la répression des fraudes (DGCCRF) confirment appliquer une «tolérance ponctuelle» sur l’étiquetage des aliments du fait de la crise sanitaire.

"Au cas par cas"

«Dans ces circonstances exceptionnelles, au cas par cas», des produits peuvent être «formulés de façon légèrement différente qu’à l’accoutumée ou fabriqués dans un site de production différent du site habituel, sans que cela ne soit reflété avec exactitude sur leur étiquetage», détaille la DGCCRF.

«Les modifications d’étiquetage sont en effet impossibles à satisfaire dans un laps de temps aussi court et l’activité des fournisseurs d’emballages est elle-même affectée par la crise du Covid-19», ajoute le service de l’Etat.

Il s’agit de tenir compte des difficultés d’approvisionnement en matières premières des industriels et de l’"impératif majeur d’assurer l’approvisionnement des supermarchés», a souligné Loïc Tanguy, porte-parole de la DGCCRF.

«On ne va pas empêcher la mise sur le marché d’un produit parce qu’il y a une modification temporaire d’approvisionnement qui fait que la recette a un peu évolué», a-t-il poursuivi, citant l’exemple d’un ingrédient dont l’origine était mentionnée sur l’étiquette et qui vient temporairement d’ailleurs.

Pas de danger pour les allergiques

«On est sur des modifications mineures qui ne vont pas mettre en danger la sécurité des consommateurs», notamment allergiques, a-t-il insisté.

Les industriels doivent soumettre leurs changements à la DGCCRF qui dira «si une modification peut être tolérée ou non», a-t-il précisé.

Interpellée par Foodwatch, la DGCCRF prévoit de donner prochainement la possibilité de consulter la liste des produits concernés sur son site internet.

«Nous souhaitons maintenant que les distributeurs et les marques soient aussi transparents en diffusant largement l’information détaillée dans les rayons des magasins, sur leurs sites et réseaux sociaux», a commenté Camille Dorioz, de l’ONG.Dans un rayon de supermarché. 

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