07 avril 2020

Gouvernement : l’essentiel est d’agir, pas de prévenir et encore moins de soigner...

Panique et absurdité politique face à la pandémie

Chaque grande épidémie a bouleversé le cours de l’histoire, non pas forcément en anéantissant des populations, mais en provoquant des révoltes et des changements de régimes politiques. Sous l’effet de la panique, nous sommes incapables de réfléchir et nous nous comportons collectivement de manière animale. Bien des sociétés n’ont pas survécu aux décisions stupides qu’elles ont prises alors.

Dans l’Histoire, les grandes épidémies qui anéantirent les économies nationales furent presque toutes suivies de nombreux renversement des exécutifs. Celle de Covid-19 ne devrait pas faire exception à cette règle, indépendamment du nombre de décès qu’elle pourra occasionner. C’est pourquoi, un peu partout dans le monde, les dirigeants politiques prennent des décisions qu’ils savent inutiles, juste pour montrer à leurs concitoyens qu’ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir.

La psychologie sociale montre que la peur n’est pas proportionnelle au danger, mais au fait de ne pouvoir ni l’évaluer, ni le maîtriser.

Lorsque survient une maladie inconnue dont on ne sait combien d’hommes elle tuera, la Science tente de la connaître en doutant de tout. Les responsables politiques, eux, doivent prendre des décisions sans en savoir plus que les chercheurs. Certains s’entourent donc de personnalités ayant fait progresser la Science par le passé, les nomment « experts » de ce qu’il ne connaissent pas encore, et les utilisent pour dire tout le bien qu’ils pensent de leur politique. Pour eux, l’objectif n’est pas de sauver des vies, mais d’agir pour garantir leur Pouvoir.

Confinements

Les médias tentent de convaincre leurs concitoyens que leur propre Exécutif a pris les mêmes mesures que les autres et ne sauraient donc être accusé de laxisme. Ils obscurcissent le débat en affirmant mensongèrement que 3 milliards d’humains sont simultanément confinés pour raison médicale. C’est amalgamer des situations très différentes et mentir sur leurs objectifs.

Le terme « confinement » est utilisé aujourd’hui aussi bien pour désigner :
  • Une quarantaine. C’est-à-dire l’emprisonnement dans un sas, généralement un bateau, par les douanes, le temps qu’elles soient sûres de ne pas autoriser des sources de maladie d’entrer dans le pays. L’invention de cette mesure revient au duc de Milan, en 1374. C’est ce que le Japon a fait en février avec le paquebot Diamond Princess.
  • Un cordon sanitaire. C’est l’isolement d’un pays voisin malade ou d’un groupe de population malade afin qu’il ne transmette pas la maladie au reste de la population. Les personnes saines risquent alors d’être infectées par les malades. Au XVIIème siècle, l’Italie et l’Espagne firent isoler par l’armée des groupes de population malades, avec ordre de tirer à vue si des individus tentaient de sortir. C’est que la Chine a fait avec la population du Hubei, remplaçant l’ordre de tirer par des amendes, voire de la prison.
  • L’enfermement des personnes à risque. C’est la désignation d’une catégorie de citoyens comme potentiellement malade et son interdiction de rencontrer le reste de la population afin qu’elle ne puisse pas être infectée, ni infecter les autres. C’est ce que fait par exemple la France en interdisant de pénétrer dans les institutions pour personnes âgées et aux résidents d’en sortir.
  • L’assignation de toute une population à domicile sans distinction. Cette mesure n’a pas été requise par des médecins infectiologues, mais par des statisticiens épidémiologistes afin de ne pas saturer les hôpitaux avec un afflux massif de malades dans un temps court. Elle n’a pas de précédent historique.
Seules les mesures visant à empêcher une maladie d’infecter un territoire ont parfois obtenu des résultats, comme en 1919 aux îles Samoa états-uniennes qui se protégèrent efficacement de la grippe espagnole qui ravagea les Samoa néo-zélandaises. Cependant, fermer une frontière n’a plus aucun intérêt lorsque la maladie est déjà là.

Par contre, jamais des mesures visant à ralentir une épidémie ne sont parvenues à faire baisser le taux de mortalité. Pire, en étalant la propagation de la maladie dans le temps, elles rendent la population vulnérable à une deuxième, puis une troisième vague de contamination, jusqu’à mise à disposition massive d’un vaccin lequel nécessite au moins 18 mois de préparation. Tandis que les populations qui refusent d’être assignées à résidence acquièrent progressivement une immunité de groupe qui les protège lors de nouvelles vagues de contamination. Contrairement au discours dominant, les formes actuelles de confinement sont donc susceptibles d’augmenter considérablement à terme le nombre de décès. Dans la mesure où certains pays ne pratiquent pas ces mesures, telles la Corée du Sud, l’Allemagne ou la Suède, il sera possible de comparer les résultats lorsque de nouvelles vagues de contamination surgiront. La politique hyper-précautionneuse des dirigeants politiques risque alors de se retourner contre elle.

Déchéance de la civilisation

Il n’est pas possible de vivre ensemble si nous avons peur les uns des autres. La civilisation ne peut pas être basée sur la défiance. Il n’est donc, par exemple, pas humainement acceptable d’interdire d’accompagner des malades sur leur lit de mort. Nous ne pouvons accepter d’être privés de notre liberté sans raison valable.

Le Convention européenne des Droits de l’homme, du 4 novembre 1950, qui a été signée par tous les États du continent européen du Royaume-Uni à la Russie, autorise « la détention régulière d’une personne susceptible de propager une maladie contagieuse » (article 5e), pas pour gérer les afflux de patients dans les hôpitaux.

Les Traités de l’Union européenne mettent la barre plus haut encore en affirmant que le « droit de circulation des personnes » est constitutif de l’identité de l’UE. De facto, plusieurs États-membres se sont placés hors de cette règle fondamentale, amorçant la désagrégation de l’État supranational.

Certains gouvernements ont choisi de transformer des citoyens en ennemis. Ce faisant, ils privent l’État de légitimité à leur égard puisque celui-ci devient aussi leur ennemi.

En France, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a déclaré que les gens qui sont aujourd’hui en réanimation étaient ceux qui hier avaient violé les consignes de confinement.

D’ores et déjà dans une autre région du monde, le président des Philippines, Rodrigo Duterte, a ordonné à sa police de « tuer par balles » tout citoyen qui tenterait de s’affranchir des règles de confinement avant de se raviser.

Si chacun a conscience du coût économique exorbitant de la politique actuelle et si chacun découvre son impact psychologique destructeur sur les personnes faibles, peu de gens ont conscience de la facture politique à venir. 

Mesures placebo

Ignorant tout de la nouvelle maladie, les autorités médicales et politiques préconisent des mesures placebo pour garder le moral de leurs concitoyens.

Au XVIIème siècle, les médecins de peste portaient une sorte de combinaison en lin, en cuir ou en toile cirée et un masque à nez long qui permettait de respirer au travers de diverses fumigations de menthe, de camphre etc. Inventé par le médecin du roi de France, il se répandit à travers toute l’Europe. Aujourd’hui certains portent également des combinaison de plastique ou de caoutchouc contre le coronavirus avec des masques chirurgicaux. Le port de ces masques a débuté pour le grand public lors de l’épidémie de grippe espagnole, en 1918 au Japon. On redonna confiance à la population en l’accoutrant comme des chirurgiens occidentaux. Effet garanti, reproduit ici et là. Par la suite, le costume de chirurgien s’imposa progressivement en Asie et se répand dans le reste du monde à l’occasion de l’épidémie de 2020 de Covid-19. Cependant, jamais l’efficacité du costume des médecins de peste pas plus que celle des combinaisons et masques chirurgicaux pour tous n’a pu être démontrée contre une épidémie.

Peu importe, en recommandant l’usage du costume de chirurgien pour se prémunir de la maladie les autorités médicales chinoises, puis les dirigeants politiques du monde entier, proposent une solution à un problème que nul ne peut résoudre actuellement. L’essentiel est d’agir, pas de prévenir et encore moins de soigner.

Thierry Meyssan
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