05 avril 2020

Épidémie : comment la peur en impacte certains



Le but de cet écrit n’est pas de faire le procès de la situation actuelle et du paradigme qu’elle incarne mais plutôt de proposer un éclairage différent de ce que nous avons l’habitude d’entendre et de lire. Ce que nous sommes en train de vivre à l’échelle mondiale est une manifestation de plus d’un phénomène qui n’a rien de nouveau : notre connaissance trop faible des mécanismes du traumatisme, de la peur et du fonctionnement étroitement lié de nos émotions et de notre corps, par le biais de notre système nerveux.


Rappelons que notre système nerveux autonome (ou neurovégétatif) est la partie du système nerveux qui gère de main de maître tous les processus métaboliques de notre corps à chaque seconde qui passe. Héritage biologique de l’évolution de la vie sur terre, il est également l’élément majeur de notre organisme dans notre capacité à réagir à un stress ou à un danger.
Lorsqu’une solution efficace est rapidement trouvée, l’activation de cette partie du système nerveux n’est que passagère et sans conséquence. À l’inverse, lorsque l’évènement qui nous prend à contre-pied reste sans solution et que nous le vivons dans l’impuissance, ou pour reprendre les termes d’Henri Laborit dans « l’inhibition de l’action », cette sur-activation du système nerveux est plus durable et entraîne des conséquences au niveau de notre corps sous la forme de symptômes physiques notamment.

Regardons d’un peu plus près les symptômes les plus courants dans le « fléau » qui touche actuellement la plupart des pays du globe et voyons quels peuvent être les conflits biologiques et peurs vitales qui se cachent derrière. Cette interprétation est bien évidemment à pondérer en fonction de chaque individu, de ses symptômes et de ses ressentis propres. Les symptômes sont variables de même que leur apparition dans le temps, mais voici néanmoins un schéma qui semble être assez classique, une « chronologie » de ressentis qui paraît bien refléter l’évolution des atteintes organiques.

Dans un premier temps, face au contexte de peur véhiculée en masse, je pourrais par exemple ressentir :
  • Une dévalorisation et une peur impuissante suite à une information qui me menace et dont je ne peux me protéger efficacement, que je ne peux éliminer. Cela me met dans une anticipation et un sentiment d’insécurité. » Au niveau du corps cela peut alors se traduire par une baisse des lymphocytes.
  • Un danger proche que je pressens, un danger que je ne peux identifier clairement. Le danger peut-être réel ou virtuel, car le cerveau ne fait pas la différence entre une information qui me menace et un danger réel. Le corps aura tendance à réagir sous forme de symptôme nasal (rhinite, perte de l’odorat et par conséquent perte subjective du goût). Le virus peut intervenir pour réparer la muqueuse nasale lorsque je relâche de manière passagère ma peur.
  • Une information que je n’ai pas pu « recracher », que j’ai été contraint « d’avaler ». Toute peur d’une transmission microbienne par « gouttelettes » peut déclencher et entretenir ce ressenti. De plus, tout contexte de dispute ou de vif débat autour d’un sujet si délicat ne fera souvent qu’aggraver l’impact au niveau du corps de ce ressenti. Lequel impact sera au niveau de la gorge (douleur, toux, inflammation). Ici aussi le virus interviendra très souvent dans la réparation de la muqueuse bucco-pharyngée.
  • Une incapacité, une impuissance à éliminer, à digérer une information dans un contexte où j’ai peur de manquer de quelque chose de vital (argent, nourriture,…). Le corps réagira alors au niveau du système digestif, ce qui se traduira par des symptômes tels que des nausées, des vomissements ou des diarrhées.
  • Une peur que tout ce que j’ai construit ne s’écroule, une peur de perdre tous mes points de repères, de manquer de liquidités (finances personnelles, entreprise,…) Le contexte médiatique et politique peut aggraver cette peur, d’autant qu’elle est vécue dans l’isolement. L’atteinte organique sera ici rénale.
  • La fièvre, symptôme presque systématiquement présent dans le tableau clinique, et ce d’autant que les peurs concerneront les tissus dits vitaux (estomac, intestins, reins,…), sera accompagnée d’un « syndrome grippal » (frissons, grande fatigue, douleurs musculaires,…)
Dans un second temps, tous ces symptômes peuvent renforcer ma peur dans un ressenti vital de type « Je suis atteint ». Il y a donc une grande composante iatrogène à cette « maladie ». Cette peur peut se traduire principalement sous deux formes :
  • Une angoisse panique d’étouffer : Les informations concernant les décès font état de détresse respiratoire. Mon cerveau imagine alors le pire, et par identification, les cellules calicielles des bronches, éventuellement accompagnées des muscles bronchiques, vont réagir à leur tour. Les symptômes iront de la dyspnée jusqu’à la détresse respiratoire. De plus, les difficultés respiratoires sont telles qu’elles nécessitent la mise du patient sous respirateur, tant sa capacité respiratoire est réduite.
  • Lorsque je ressens que « la mort est en moi », l’atteinte respiratoire sera très souvent également pulmonaire. L’atteinte alvéolaire se traduira par un tableau clinique de pneumonie.
Enfin, cette aggravation de l’état clinique se traduit typiquement par un renforcement de l’isolement et de l’inhibition (impuissance à réagir à ce que je vis). Cela se traduira très vraisemblablement par un ressenti de dévalorisation et de distension dans les liens de sang (je suis éloigné de ceux qui me sont chers). Au niveau cellulaire, une chute des plaquettes (thrombopénie) et des lymphocytes (lymphopénie) est dès lors très probable.

Cette chronologie, certes schématisée, permet notamment de donner une piste d’explication au fait que lors de l’hospitalisation en soins intensifs pour détresse respiratoire aigüe, le virus soit déjà presque absent (dans cette analyse des choses, il était très vraisemblablement et de manière logique davantage présent au début des symptômes : nez, gorge, fièvre,…
Cela donne aussi un éclairage quant au fait que les décès font souvent suite à une décompensation d’organes vitaux dans un tableau biochimique sanguin très compliqué.

Mais que pouvons-nous alors faire ?

Il me semble important de mettre certaines choses au clair et de donner quelque pistes de réflexions et d’action pour faire suite à ces constats. Voici ceux qui me paraissent les plus importants dans ce contexte.
Renforcer son système neurovégétatif plutôt que son système immunitaire :

  • À l’heure où la plupart des gens ont une vision guerrière du système immunitaire dont le rôle principal serait de lutter contre les microbes, alors qu’on sait qu’ils sont des milliards à vivre chaque seconde de notre vie dans notre corps, et que cette cohabitation est profitable à chacun, il me semble urgent de voir que le système immunitaire a principalement un rôle de mémoire acquise. Il est en quelques sorte un « bureau des archives » dans lequel le corps va puiser pour lui permettre de réagir plus rapidement lorsqu’une situation se répète.
Lorsqu’on sort de cette vision « d’armée qui lutte contre les innombrables ennemis », on comprend qu’il est avant tout profitable de renforcer notre système nerveux autonome car, comme nous l’avons vu, c’est lui qui face à un stress met en route les mécanismes d’adaptation pour que l’organisme trouve une réponse rapide et efficace. Le système nerveux autonome a évolué avec l’adaptation des espèces et est le plus efficace quand il doit réagir à des stress courts mais intenses. La vie moderne à l’inverse nous plonge dans des stress « chroniques » et face auxquels nous ne pouvons pas grand-chose. Notre système neurovégétatif se met alors en mode « freeze » et nous attendons que la réponse vienne de l’extérieur.

Comment renforcer notre système neurovégétatif ?

Tout ce qui va de manière courte mais plus ou moins intense nous mettre en « stress biologique » va renforcer notre réactivité neurovégétative. C’est ce qu’on appelle l’hormèse. Peter A. Levine, docteur en psychologie et fondateur de la Somatic Experiencing, le dit avec ces mots : « Il est possible de reprendre contrôle de notre corps. Cela est possible en stimulant délibérément le système nerveux afin de l’activer et ensuite de décharger doucement cette activation. Pour citer quelques pistes :

  • Le froid (prendre des douches froides, nager en eau froide, prendre des bains froids).
  • L’effet bénéfique peut être renforcé par l’alternance de chaud et de froid « extrêmes » : Passer du sauna au bain froid par exemple.
  • Faire des exercices d’apnée et de respiration. L’apnée va également mettre notre système nerveux autonome en activation et lui permettre ainsi de réagir plus promptement ultérieurement.
  • De manière générale, inclure plus « d’inconfort » dans notre quotidien : marcher et courir pieds nus, s’asseoir sans chaise en « deep squat », opter pour un exercice physique naturel et dit « physiologique », c’est-à-dire avec le moins de matériel possible, et qui se rapproche le plus possible de notre façon d’évoluer en nature. Ceci va progressivement réhabituer notre corps à réagir d’une manière instinctive et plus adaptée aux stress que nous rencontrons en réactivant les ressources innées que nous avons tous.
Travailler sur les peurs et les émotions de stress quand elles apparaissent pour aider l’organisme à rétablir plus rapidement son rythme de base :
  • Lorsque nous ressentons un stress, une peur, une émotion « désagréable » ou bien que nous nous voyons réagir de manière disproportionnée, il est fort utile de prendre quelques minutes au calme pour comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur de nous. La manière la plus directe, rapide et efficace est de regarder ce qu’il se passe aux trois niveaux suivants : mental, émotionnel et physique. Sous forme de question, je regarde ce que je ressens comme sensation au niveau de mon corps, l’émotion que je vis à ce moment et les pensées qui l’accompagnent. Ensuite j’observe et j’attends que cela s’apaise. Toute tentative de refouler ces « signaux » de mon système nerveux est inutile puisqu’il s’agit de sa manière de nous prévenir d’un danger. Plus vite nous les observons et les écoutons, plus vite ils disparaissent.
Accepter notre héritage :

Ce travail revient en quelque sorte à accepter et à reconnaître l’intelligence de ces mécanismes d’adaptation qui sont apparus au fil de l’évolution de la vie sur terre. Ce n’est qu’en voyant qu’ils sont une puissante force naturelle intrinsèque à notre nature que nous pouvons les transcender.
Étant donné notre mode de vie moderne, beaucoup d’entre nous se sont séparés de leur nature instinctuelle, de cette part de nous-même que nous pouvons avec fierté appeler notre « part animale ». En tant qu’être humain, nous pouvons, par la pensée, transcender petit à petit notre héritage instinctif de survie. Mais cela demande d’avoir accepté cette part animale et d’en tenir compte au quotidien. En la refoulant, elle ne fait que grandir.

Pour citer à nouveau Peter A. Levine : « Pourquoi les êtres humains ne peuvent-ils pas entrer et sortir de ces réponses de figement aussi naturellement que les animaux ? Entre autres à cause de la complexité et de la puissance de leur néocortex (cerveau rationnel) qui peut, par la peur et le contrôle excessif, interférer avec les subtiles impulsions instinctuelles, et les réponses générées par le cerveau reptilien pour s’adapter à la situation. »

2. La peur du problème est souvent plus dangereuse que le problème lui-même.

Une peur saine nous maintient en vie et en cela est positive. Mais la panique et l’angoisse ne font que nous empêcher de réagir de manière lucide et réfléchie à une problématique. Prenons soin de ne pas nous laisser envahir par la peur, même quand elle est vitale, car alors elle nous paralyse et inhibe notre possibilité de réponse à ce que nous vivons.

Passer de la survie à la vie :

En anglais, le mot peur (fear) dérive d’un terme de vieil anglais signifiant « danger » alors que le terme anxieux (anxious) dérive d’une racine grecque qui exprime la compression ou l’étranglement.
Cette peur, entretenue par notre mental, sous la forme d’un angoisse panique, nous paralyse. Elle renvoie bien sûr à la peur fondamentale de la mort.
Lorsque nous avons fait le travail d’introspection et regardé ce qui était à l’origine de nos peurs et de nos émotions, nous pouvons faire un pas supplémentaire afin d’apprendre à les vivre pour ce qu’elles sont, sans leur donner plus de pouvoir qu’elles n’en ont, en les voyant comme de précieux signaux que mon corps me donne dans un instinct de survie, et je peux alors en conscience, décider d’y réagir ou non.
Pour reprendre une phrase de Jean-Philippe Brébion, nous pouvons alors progressivement « passer de la survie à la vie ».

Les mots de Gangaji illustrent bien ce travail de rencontre de la peur de la mort :
« Rencontrer la mort alors que le corps est toujours vivant semble contraire à la logique, au conditionnement de notre organisme, celui-ci étant programmé pour éviter la douleur et la peur. Chaque personne en temps normal fait confiance à la peur car celle-ci fait partie du mécanisme de survie du corps. Nous pouvons faire le choix de rencontrer cette peur profonde enfouie en nous, ce n’est qu’en rencontrant la peur de la mort que nous pouvons commencer à vivre pleinement ! »

3. Ne pas lutter contre mais travailler pour !

Comment pouvons-nous créer et entretenir un environnement non anxiogène, propice à un bien-être intérieur et à une meilleure santé physique ?
Ce que nous vivons actuellement reflète bien une fâcheuse tendance qui caractérise habituellement la plupart d’entre-nous : celle d’utiliser une grande part de notre énergie à réagir à ce que nous vivons, plutôt que d’être dans la « proaction ».
Face à un problème, qu’il soit d’ordre relationnel, écologique, économique ou de santé, la meilleure façon d’opérer un changement en profondeur est bien souvent de chercher à voir comment nous pouvons améliorer la situation, à notre échelle et avec ce qui est en notre pouvoir, plutôt que d’utiliser la majeure partie de notre temps et de notre énergie à lutter contre une situation sur laquelle nous avons peu ou pas d’impact possible. Car la lutte inefficace renforce notre impuissance, notre inhibition de l’action et par conséquent nos peurs. Cela demande également de choisir en conscience un environnement qui n’alimente pas notre anxiété mais plutôt qui nous maintient dans une énergie et une dynamique de croissance et de contribution.

Le choix de « travailler pour » ce qui nous tient à cœur, à l’inverse de la lutte, nous emplit d’un sentiment d’accomplissement et de gratitude. Nous cessons alors de seulement réagir et devenons proactifs. La question qu’il est à mon sens bon de se poser régulièrement est la suivante :
« Que puis-je faire aujourd’hui pour que la situation que je vis soit un déclic, un nouveau départ qui aura un impact positif non seulement dans ma vie mais aussi dans celle des autres ? »

Wyane Frisée

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