© A.D. 800 patients se présentent chaque jour pour être dépistés au Covid-19. Les marins-pompiers assurent un premier tri entre les patients symptomatiques et asymptomatiques.
À rebours de la stratégie nationale, l'IHU, machine de guerre pour le dépistage du Covid-19, met un peu d'espoir dans les statistiques, avec un taux de mortalité très faible à Marseille.
Ils sont descendus en voiture du Val d'Oise en pleine nuit. "On en pouvait plus de voir nos parents dans cet état. En région parisienne, on ne vous dépiste pas, on vous dit de rester chez vous, raconte Afaf. Ils pensaient que ce n'était qu'un rhume, ils ont vu plusieurs docteurs, personne n'a voulu les hospitaliser. On s'est dit qu'ici, au moins, ils seraient pris en charge". Le père d'Afaf, 66 ans, a été placé directement en coma artificiel en réanimation à la Timone, sa mère également positive au Covid-19, hospitalisée. Elle, attendait avec ses trois sœurs et son frère, dans la toujours aussi longue file d'attente pour se faire dépister. "On n'a pas de symptôme mais il faut que nous sachions si nous sommes porteurs..."
En région parisienne, aucune chance de se faire dépister en étant asymptomatique. À l'IHU de Marseille, les tests ont été mis au point avant même l'apparition du premier cas positif en France. Depuis 29 000 personnes ont été dépistées dont 20 987 Marseillais, premiers bénéficiaires de la stratégie hors norme phocéenne.
"3 486 Marseillais étaient positifs soit 16,6 % des dépistés. Ce n'est pas rien, vous voyez bien qu'on ne fait pas de dépistage pour le plaisir", glisse le Pr Didier Raoult, qui milite historiquement pour un dépistage massif. "C'est le BA-ba des maladies infectieuses : diagnostic et traitement", dit-il à l'envi à qui veut l'entendre. La focalisation sur la polémique de la chloroquine a jeté un voile sur la première étape d'un parcours de soins unique en France et ouvert à tous.
Alors que mi-mars, le président de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, implorait : "Testez, testez, testez, testez tous les cas suspects de Covid-19. (...) Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés. Et nous ne pourrons pas stopper cette pandémie si nous ne savons pas qui est infecté", la France, elle, atteignait péniblement les 4 600 tests par jour, en les restreignant aux formes les plus graves ou à risque. "En dépistant 2,5 % des Marseillais, on fait mieux que la Corée qui a dépisté 0,5 % de la population. Et on a 26 morts*. Cela fait un taux de mortalité de 0,7 %".
3 000 tests par jour
Arithmétiquement, plus on dépiste, plus le taux de mortalité est faible par rapport aux autres régions de France qui se concentrent sur les cas graves. Reste que la réalité marseillaise à l'instant T est bien celle-là. Et celle de l'IHU, véritable fourmilière à l'organisation martiale, semble échapper aussi à cette autre maladie française des hôpitaux français qui cumulent manque de moyens et de personnel. Le Pr Raoult élude : "Que voulez-vous, on travaille, on est très organisé : aujourd'hui, on peut faire 3000 tests par jour (contre 1 000 il y a encore quelques semaines, ndlr). Si on veut faire face à une crise, il faut l'anticiper. Les gens comprennent très bien et l'approuvent. Nous, on était prêt. Ce n'est pas faute d'avoir prévenu."
Didier Raoult fait notamment référence à un rapport remis en 2003 au ministre de la Santé Jean-François Mattéi. "Un nouveau mutant grippal est apparu en 1999 à Hong Kong. Ce virus, d'origine aviaire, fréquemment mortel, a rapidement pu être contrôlé mais le prochain mutant grippal pourrait ne pas l'être (...) Notre préparation face à ces événements chaotiques est faible", écrivait-il à l'époque dans un document de plus de 300 pages tombé aux oubliettes. Et alors qu'à Marseille, on dépiste en série, le ministre Véran annonce pour fin avril 50 000 tests par jour en France. La stratégie Raoult sauvera-t-elle Marseille du chaos ? Y mourra-t-on moins à l'instar de la Corée du Sud, qui explique en partie son faible taux de mortalité par un dépistage précoce et une anticipation féroce née de la crise du Mers en 2012 ? Ce genre de questions le hérissent au plus au point. "Je ne parle que de faits, je ne réponds pas à cela, je ne suis pas devin. La mortalité c'est très simple, c'est le nombre de morts par rapport au nombre de cas. Tout le reste ce sont des fantasmes. Aujourd'hui, elle est ce qu'elle est à Marseille". 0,7 % donc au 2 avril.
Et si l'heure n'est pas encore au solde de tout compte, reste un paramètre qui ne rentre pas dans les statistiques : la folle lueur d'espoir que représente l'IHU dans l'ambiance anxiogène du moment. Jusqu'à 800 personnes se présentent spontanément chaque jour, avec des symptômes ou pas pour un dépistage. 300 y sont suivis en consultation. "À Paris, on nous demande juste de rester chez nous et c'est tout. Si on est positif, au moins, ici, on prendra un traitement", assure Afaf. C'est l'autre exception marseillaise : 1677 patients suivent la bithérapie associant hydroxychloroquine et azythromycine.
* Sur les 26 morts à Marseille, deux patients avaient intégré pendant plus de trois jours le protocole hydroxychloroquine + azythromycine. Dans les Bouches-du-Rhône, on comptabilisait hier 65 décès et 141 en Paca.
En région parisienne, aucune chance de se faire dépister en étant asymptomatique. À l'IHU de Marseille, les tests ont été mis au point avant même l'apparition du premier cas positif en France. Depuis 29 000 personnes ont été dépistées dont 20 987 Marseillais, premiers bénéficiaires de la stratégie hors norme phocéenne.
"3 486 Marseillais étaient positifs soit 16,6 % des dépistés. Ce n'est pas rien, vous voyez bien qu'on ne fait pas de dépistage pour le plaisir", glisse le Pr Didier Raoult, qui milite historiquement pour un dépistage massif. "C'est le BA-ba des maladies infectieuses : diagnostic et traitement", dit-il à l'envi à qui veut l'entendre. La focalisation sur la polémique de la chloroquine a jeté un voile sur la première étape d'un parcours de soins unique en France et ouvert à tous.
Alors que mi-mars, le président de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, implorait : "Testez, testez, testez, testez tous les cas suspects de Covid-19. (...) Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés. Et nous ne pourrons pas stopper cette pandémie si nous ne savons pas qui est infecté", la France, elle, atteignait péniblement les 4 600 tests par jour, en les restreignant aux formes les plus graves ou à risque. "En dépistant 2,5 % des Marseillais, on fait mieux que la Corée qui a dépisté 0,5 % de la population. Et on a 26 morts*. Cela fait un taux de mortalité de 0,7 %".
© IHU Marseille
3 000 tests par jour
Arithmétiquement, plus on dépiste, plus le taux de mortalité est faible par rapport aux autres régions de France qui se concentrent sur les cas graves. Reste que la réalité marseillaise à l'instant T est bien celle-là. Et celle de l'IHU, véritable fourmilière à l'organisation martiale, semble échapper aussi à cette autre maladie française des hôpitaux français qui cumulent manque de moyens et de personnel. Le Pr Raoult élude : "Que voulez-vous, on travaille, on est très organisé : aujourd'hui, on peut faire 3000 tests par jour (contre 1 000 il y a encore quelques semaines, ndlr). Si on veut faire face à une crise, il faut l'anticiper. Les gens comprennent très bien et l'approuvent. Nous, on était prêt. Ce n'est pas faute d'avoir prévenu."
Didier Raoult fait notamment référence à un rapport remis en 2003 au ministre de la Santé Jean-François Mattéi. "Un nouveau mutant grippal est apparu en 1999 à Hong Kong. Ce virus, d'origine aviaire, fréquemment mortel, a rapidement pu être contrôlé mais le prochain mutant grippal pourrait ne pas l'être (...) Notre préparation face à ces événements chaotiques est faible", écrivait-il à l'époque dans un document de plus de 300 pages tombé aux oubliettes. Et alors qu'à Marseille, on dépiste en série, le ministre Véran annonce pour fin avril 50 000 tests par jour en France. La stratégie Raoult sauvera-t-elle Marseille du chaos ? Y mourra-t-on moins à l'instar de la Corée du Sud, qui explique en partie son faible taux de mortalité par un dépistage précoce et une anticipation féroce née de la crise du Mers en 2012 ? Ce genre de questions le hérissent au plus au point. "Je ne parle que de faits, je ne réponds pas à cela, je ne suis pas devin. La mortalité c'est très simple, c'est le nombre de morts par rapport au nombre de cas. Tout le reste ce sont des fantasmes. Aujourd'hui, elle est ce qu'elle est à Marseille". 0,7 % donc au 2 avril.
Et si l'heure n'est pas encore au solde de tout compte, reste un paramètre qui ne rentre pas dans les statistiques : la folle lueur d'espoir que représente l'IHU dans l'ambiance anxiogène du moment. Jusqu'à 800 personnes se présentent spontanément chaque jour, avec des symptômes ou pas pour un dépistage. 300 y sont suivis en consultation. "À Paris, on nous demande juste de rester chez nous et c'est tout. Si on est positif, au moins, ici, on prendra un traitement", assure Afaf. C'est l'autre exception marseillaise : 1677 patients suivent la bithérapie associant hydroxychloroquine et azythromycine.
* Sur les 26 morts à Marseille, deux patients avaient intégré pendant plus de trois jours le protocole hydroxychloroquine + azythromycine. Dans les Bouches-du-Rhône, on comptabilisait hier 65 décès et 141 en Paca.
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