« J’ai peur pour ce week-end, pour ce soir, pour demain. Chaque jour c’est un exploit », les mots de Stéphane Gaudry, médecin en réanimation à l’hôpital Avicenne (Bobigny) et à Jean-Verdier (Bondy), résument la situation catastrophique des établissements de santé en Seine-Saint-Denis. Il a accepté de témoigner en répondant aux questions d’Actu Seine-Saint-Denis.
Face à l’épidémie du coronavirus Covid-19, les soignants du département tentent tant bien que mal de gérer l’afflux de patients, le manque de lits en réanimation, le manque de respirateurs…
« La diffusion du virus est plus rapide ici »
Selon Stéphane Gaudry, la situation est bien plus critique en Seine-Saint-Denis que dans le reste de l’Ile-de-France.
En Seine-Saint-Denis, c’est plus compliqué, la diffusion du virus est beaucoup plus rapide ici à cause d’une part de la promiscuité des habitants et du non-respect du confinement mais d’autre part, des facteurs de risque qui sont plus fréquents. Par exemple, l’obésité, le diabète ou encore la tension artérielle.
Le médecin le constate tous les jours, avec un nombre de contaminés et de décès sans cesse croissant dans le département. Le nombre important de patients entraîne un « dépassement des moyens ». Il indique que les « moyens sont déjà dépassés en Seine-Saint-Denis. Tout le monde est en difficulté mais encore plus ici ».
« Il faut l’armée dans les rues, ce n’est plus possible »
Heureusement, une solidarité s’est mise en place entre les hôpitaux de la région et des patients de Seine-Saint-Denis sont pris en charge ailleurs.
Ici on n’accueille pas de patient de l’extérieur du département car nous n’avons pas de places. C’est saturé. Par contre, il y a des dizaines de malades que nous envoyons en dehors du département.
Pour Stéphane Gaudry, les caractéristiques du département sont une raison mais il insiste sur une seconde qui est pour lui inacceptable : « les habitants ne respectent pas le confinement, maintenant il faut l’armée dans les rues. Ce n’est plus possible ».
Face à l’épidémie du coronavirus Covid-19, les soignants du département tentent tant bien que mal de gérer l’afflux de patients, le manque de lits en réanimation, le manque de respirateurs…
« La diffusion du virus est plus rapide ici »
Selon Stéphane Gaudry, la situation est bien plus critique en Seine-Saint-Denis que dans le reste de l’Ile-de-France.
En Seine-Saint-Denis, c’est plus compliqué, la diffusion du virus est beaucoup plus rapide ici à cause d’une part de la promiscuité des habitants et du non-respect du confinement mais d’autre part, des facteurs de risque qui sont plus fréquents. Par exemple, l’obésité, le diabète ou encore la tension artérielle.
Le médecin le constate tous les jours, avec un nombre de contaminés et de décès sans cesse croissant dans le département. Le nombre important de patients entraîne un « dépassement des moyens ». Il indique que les « moyens sont déjà dépassés en Seine-Saint-Denis. Tout le monde est en difficulté mais encore plus ici ».
« Il faut l’armée dans les rues, ce n’est plus possible »
Heureusement, une solidarité s’est mise en place entre les hôpitaux de la région et des patients de Seine-Saint-Denis sont pris en charge ailleurs.
Ici on n’accueille pas de patient de l’extérieur du département car nous n’avons pas de places. C’est saturé. Par contre, il y a des dizaines de malades que nous envoyons en dehors du département.
Pour Stéphane Gaudry, les caractéristiques du département sont une raison mais il insiste sur une seconde qui est pour lui inacceptable : « les habitants ne respectent pas le confinement, maintenant il faut l’armée dans les rues. Ce n’est plus possible ».
« Les gens se tuent les uns les autres »
Ses mots sont forts tout autant que sa détermination pour que les habitants comprennent que la situation est très grave dans les hôpitaux du département. Selon ce médecin, il faut que l’armée confine totalement les dionysiens pendant trois semaines complètes pour que le virus arrête de se diffuser.
Quand vous avez des personnes qui meurent tous les jours sous vos yeux, on s’en fout des histoires de « on est en démocratie on ne peut pas mettre l’armée ». Si ça peut permettre de sauver la vie de 100 gamins, il faut le faire coûte que coûte. »
Le médecin aimerait que son message soit bien entendu et que les habitants respectent ce confinement, cela faciliterait le travail des soignants. « On vit un enfer ici. Il faut que ça s’arrête, les gens se tuent les uns les autres en sortant. Oui, le coronavirus touche tout le monde », ajoute Stéphane Gaudry.
« Pour l’instant, il faut être là »
Epuisé physiquement et psychiquement, les soignants du département travaillent tous les jours pour sauver des vies comme ils peuvent. « On verra notre épuisement après, pour l’instant il faut être là. Cette crise va laisser des traces psychologiques importantes », ajoute Stéphane Gaudry.
Il souligne la solidarité et le professionnalisme des équipes soignantes. « Toutes les équipes sont très organisées, elles ont conscience de la mission qu’elle doivent accomplir ».
Désormais, ce médecin d’Avicenne s’inquiète de la diminution des effectifs dans les hôpitaux à cause de plusieurs cas de contamination parmi le personnel soignant. « C’est le stress de ne plus avoir d’équipe. C’est un challenge parmi les autres challenges. »
« A Saint-Denis (93), l’impossible confinement d’une capitale » : « une fable de Blancs »
Dans l’ancienne ville sacrée où reposent les rois de France, le remplacement de population a eu lieu il y a un moment comme vous le savez sûrement.
Il y a donc d’autres mœurs, doublées d’un solide mépris pour les lois et l’autorité.
Le confinement ? « une fable de Blancs » (bon, par contre la CAF, la CMU, le RSA, les urgences, etc., ce ne sont pas des fables de Blancs).
La police avoue avoir renoncé à faire respecter la loi.
Lu chez Le Temps :
« Les deux vigiles qui gardent l’entrée du principal bureau de poste de Saint-Denis sont découragés. Costaud, Pierre tente d’imposer un mètre de distance entre les clients. Impossible. La queue traverse la rue. Des grappes d’hommes discutent. […]
A l’intérieur d’un bar-tabac, huit gaillards discutent et demandent un café que, devant nous, le patron n’ose pas servir.
Catherine, vendeuse dans la pharmacie voisine, râle derrière son masque de couleur bleue. Juste avant, quatre clients sont arrivés ensemble et ont bloqué, en parlant bruyamment, l’entrée de son officine. Là aussi, le vigile de service est désolé. «Ils ne comprennent rien. Certains disent même que ce virus, c’est une fable de Blancs pour les obliger à déserter la rue», s’énerve le gardien. Bonne nouvelle: cette pharmacie vend du gel hydroalcoolique et de l’alcool désinfectant. Mauvaise nouvelle: les «mesures barrières» préconisées par le gouvernement français sont ignorées de la population: «Moi-même, j’ai peur explique Catherine. J’ai repris le travail ce matin. Je ne m’attendais pas à ça…»
Le centre-ville de Saint-Denis, ville populaire de 110 000 habitants, d’ordinaire bigarré et saturé par les étals ambulants, les devantures remplies de clients et les piétons, vit au ralenti comme le reste du pays. La résistance au confinement y est en revanche endémique. Ici, au pied du centre commercial Basilique, un groupe d’adolescents noirs, certains portant un masque et d’autres non, prend son temps pour discuter malgré les remontrances d’une mère de famille voilée, pressée de rentrer chez elle avec sa fille dans la poussette. […]
Les flics, justement. Deux d’entre eux passent devant nous… en trottinette électrique. Contrôler? «Impossible, nous n’en avons pas les moyens.» Dissuader? «C’est ce qu’on essaie de faire, en visant surtout les mères et les personnes âgées.» Verbaliser et infliger les fameuses amendes à 135 euros? Silence gêné et regards qui en disent long. Le ministre de l’Intérieur français Christophe Castaner a annoncé mercredi soir 4095 contraventions. A Saint-Denis? «Ce n’est pas jouable, reconnaît l’un des policiers. Si une dispute commence, on ne pourra pas gérer et le risque de contamination deviendra encore plus grand.»
Un tramway arrive tout juste. Il débarque ses passagers, nettement plus nombreux qu’à Paris où bus et métros circulent à vide. Le port des masques, dans le wagon, est assez généralisé. A l’évidence, du matériel chirurgical. D’où viennent-ils? «L’entraide, des amis quoi», lâche Ahmed, qui dit se rendre au supermarché discount, juste à côté. La vérité: les points de vente clandestins de masques dérobés dans les hôpitaux existent. Certaines épiceries en vendent sous le manteau. […] »
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